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EAN : 9782226189882
347 pages
Albin Michel (04/03/2009)
3.74/5   71 notes
Résumé :
Chatoyante et fragile, désopilante et meurtrie, voici Virginia Woolf dans le récit bouleversant donné par Viviane Forrester.

La présence de Virginia nous fait trembler d'émotion, souvent ployer de rire, parfois la détester. Elle est avant tout différente de la légende tramée par son mari Léonard, qui se forgeait une carapace en projetant sur elle ses propres troubles.

Dans la ronde brillante et mouvementée de ceux qui l'entourent au l... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (15) Voir plus Ajouter une critique
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Depuis ma rencontre avec Virginia Woolf grâce à la lecture d'Une chambre à soi, j'ai pour elle une attirance que je n'arrive pas toujours à expliquer, même à moi-même. J'ai lu plusieurs de ses livres (et il m'en reste encore à découvrir) et à chaque fois c'est une admiration pour l'écriture, sa beauté, sa précision et la recherche du mot juste et également un univers très différent dans chacun de ses récits même si on y retrouve toujours un petit "parfum" commun..... 

Alors je me faisais une joie d'avoir sur mes étagères cette bibliographie de Viviane Forrester que l'on m'avait vivement conseillée, que j'avais trouvé dans un désherbage de bibliothèque et j'en ressors très partagée.

En effet sur le fond j'ai découvert des facettes de cette écrivaine auxquelles je ne m'attendais pas (et là l'auteure n'y est pour rien) comme sa haine des juifs et quel couple elle formait avec son mari, Leonard, qui, même si je savais que le couple avait une relation assez particulière, faite de respect, d'amitié mais pas forcément d'amour dans tous les sens du terme, j'ai trouvé cette partie de l'ouvrage assez violente et à charge. Certes elle dévoile un Leonard assez sombre, menteur et manipulateur dès le début de leur mariage et il y sûrement une part de colère de la part de Viviane Forrester devant l'injustice faite à l'écrivaine anglaise et  pour rétablir les faits avec force arguments. On se demande d'ailleurs comment le couple a pu rester soudé pendant plus de 20 ans.

Mais finalement il s'agissait plus d'un mariage de raison pour les deux parties plus que d'amour. Viviane Forrester débute sa biographie avec ces points capitaux pour elle et qui auraient en partie jouer dans le mal-être et peut-être son suicide de l'écrivaine (entre autres).

Viviane Forrester retrace ensuite son enfance marquée par les deuils successifs, les agressions sexuelles, puis sa vie dans le groupe de Bloomsbury où elle a sûrement passé ses plus belles années  laissant libre cours à sa créativité, son originalité, à son humour et ses relations amicales avant de rentrer dans le rang en se mariant. Elle termine son ouvrage en évoquant une autre piste sur les raisons de son suicide.

Venons-en à la forme du récit ...... J'ai eu beaucoup de mal avec l'écriture de Viviane Forrester. Une écriture alternant les styles, parfois fluide, parfois plus "hachée" avec laquelle elle fait de nombreux aller-retours qui peuvent être nécessaires pour comprendre les implications psychologiques de certains événements dans la vie et l'oeuvre de Virginia Woolf, des redites nombreuses sur certains faits, certes importants mais qui alourdissent la lecture. J'ai aimé découvrir tout ce qu'il y a de personnel dans certaines de ses romans comme Vers le phare  mais aussi Orlando, Mrs Dalloway ou Trois Guinées, les romans que j'ai lus jusqu'à maintenant.

Une écriture à charge, violente parfois dans le comportement de Leonard, sur la manière dont il entourait sa femme, assurant la protéger mais lui ôtant toute autonomie et liberté. J'avais déjà eu des soupçons sur son rôle à travers le Journal d'un écrivain, car légataire de son oeuvre, il a créé un mythe et a laissé que ce qu'il souhaita qu'il restât, ayant sélectionné ce qu'il voulait qu'on sache, de savoir qui était vraiment Virginia Woolf.

Ici la biographe "casse" l'image que l'on peut avoir du couple, du tempérament de chacun, de ses réactions et comment Leonard à soumis son épouse, les blessures morales ou psychologiques infligées à celle-ci et comment l'image que l'on attribue à cette écrivaine peut être tout autre, surtout quand on évoque ses amitiés et sa vie au sein de groupe de Bloomsbury. 

Pour résumer j'ai trouvé parfois que l'ensemble était brouillon, me perdant dans les relations amicales, extra-conjugales certes très nombreuses et parfois collatérales entre les couples, ami(e)s et autres. Ayant déjà lu beaucoup sur elle, j'en connaissais beaucoup comme la complicité qui unissait Virginia à sa soeur Vanessa, teintée parfois de jalousie et de non-dits.

Qui était Virginia vraiment ? Des suppositions, des pistes, mais une femme dont on connaîtra peut-être jamais la vraie personnalité, ses troubles et surtout leurs origines et comment ne pas penser que toute personne ayant traversé de telles épreuves en ressorte indemne. Folie, peur, mélancolie finalement peut-être un peu de tout cela mais cela ne m'empêche pas de lui garder toute mon admiration, comme d'ailleurs Viviane Forrester, pour la qualité de son écriture, ses combats (le féminisme en autres) et également pour la femme qui se cachait derrière ce visage mélancolique mais qui a été également une femme forte de ses convictions, de ses choix amoureux et littéraires.
Lien : https://mumudanslebocage.wor..
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Viviane Forrester s'était déjà penchée sur l'oeuvre de V.W. dans sa préface de " Trois guinées " qui était très marquée par une féminisme assez radical des années 70. Cette biographie est plus " grand public ", le ton est plus mesuré, mais la fascination pour le personnage de Virginia Woolf est toujours là, avec un questionnement très intéressant sur la place réelle de Léonard dans la vie - mais surtout dans la construction de l'histoire officielle de Virginia. Forrester a l'avantage de connaître toute l'oeuvre de Virginia et elle sait faire entrer en résonance ses livres et sa vie. Quelques bémols toutefois : des répétitions, une construction aléatoire (pas de chapitres, pas de notes, beaucoup de digressions), et une insistance un peu lourde sur l'inceste. le lecteur, même averti sur le sujet, glane certaines informations peu connues et est amené à considérer la vie de Woolf sous un angle un peu différent. Sûrement la meilleure des biographies de Virginia Woolf en français : elle insiste notamment sur son travail d'éditrice, ce qui n'est pas le cas des biographies moins fouillées de A. Lemasson ou de A. Desarthe et G. Brisac.
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Dans cet ouvrage collectif, des écrivains mais aussi des universitaires se proposent de revenir sur la vie et l'oeuvre de Virginia Woolf. Publié aux éditions du Magazine Littéraire, ce livre revient sur des éléments biographiques précis mais contient aussi des analyses d'oeuvres écrites par Virginia à travers 24 articles.

L'ouvrage se divise en 3 grandes catégories: la vie de Virginia, son ancrage dans son époque, l'analyse de ses oeuvres. Si la dernière partie est peut-être la plus difficile à saisir parce qu'il faut avoir lu les livres de Virginia, les deux premières sont passionnantes. En effet, chaque écrivain ou universitaire donne son point de vue, son analyse sur ce qui a été dit de Virginia.

Dans la première partie, consacrée à sa vie, les auteurs de l'article s'appesantissent tour à tour sur son enfance, ses débuts dans la vie littéraire, sa vie de femme et son suicide. Virginia est née dans une famille nombreuse. Elle perd sa mère à l'âge de 13 ans et fait une première dépression. Elle est élevée par un père qui lui laisse accès à sa bibliothèque et c'est grâce aux livres qu'elle dévore, qu'elle va se construire une pensée, une culture. Virginia et sa soeur Vanessa n'iront pas à l'université car celle-ci n'est autorisée qu'aux hommes. Peu importe, Virginia est bien décidée à étudier, à se cultiver et surtout à écrire. Un peu plus tard, elle emménagera avec sa soeur et son frère Adrian à Londres. La chose est scandaleuse à l'époque car ils n'ont pas de chaperon! Ils fonderont un club où des peintres, des penseurs, des écrivains se réuniront pour parler d'art, de littérature et de sexualité! En effet, Virginia avait un esprit ouvert et curieux et sentait qu'il était de sa génération de faire changer les choses.

Plus tard, encouragée par son époux Léonard, elle se mettra à écrire et connaîtra le succès. Les deux époux fonderont la célèbre Hogarth Press, publieront T.S Eliot mais refuseront le Ulysse de Joyce!! Loin de l'image de la femme hystérique ou complètement folle que les médias ont peut-être parfois véhiculé, Virginia était une femme certes fragile et malade mais consciente de son état. Et c'est toujours consciente de la folie qui la guette qu'elle décide de se suicider dans la rivière Ouse en 1941.

Les auteurs des articles tissent chacun à leur manière une petite partie de la vie de Virginia et la font apparaître comme une femme fragile et forte à la fois, libre, entêtée mais surtout géniale! Elle a du génie dans son écriture, bien sûr, puisqu'elle invente une certaine manière de dire le monde. Elle a du génie dans la manière d'aborder les choses et de voir que la société anglaise se sclérose. Elle n'hésite pas à encourager l'impressionnisme, à prendre partie pour l'éducation des femmes. La deuxième partie du livre nous offre la vision d'une femme moderne, curieuse de tout.

La dernière partie de l'ouvrage s'intéresse aux ouvrages de Virginia Woolf. Les articles rendent hommage à son talent, à son génie mais m'ont apparu parfois obscurs et trop techniques. le jargon universitaire de certains auteurs est employé à toutes les sauces et rendent parfois les propos incompréhensibles.

Cette étude sur Virginia Woolf reste cependant très intéressante et stimulante. A noter en fin d'ouvrage, une biographie synthétique mais très fidèle et une bibliographie très enrichie.

Pour en savoir plus, je vous conseille la lecture de la superbe biographie sur Virginia Woolf écrite par Viviane Forrester que j'ai d'ailleurs chroniquée.
Lien : http://carolivre.wordpress.c..
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Viviane Forrester ne craint pas la polémique et c'est ce qui fait la force de ses livres. La complexe personnalité de Virginia Woolf a largement imprégné tous ses livres. Sa souffrance s'immisce dans chaque phrase, dans chaque mot et je comprends que Viviane Forrester ait voulu la préserver et même la soigner mais pourquoi la déresponsabiliser à ce point ?! Son mari, Leonard Woolf, n'a certainement pas été un compagnon idéal mais de là à le rendre presque coupable de tous les maux de Virginia ne m'a pas vraiment convaincu. C'est cependant un point de vue exposé avec force et avec une argumentation solide et sans compromis. Certains passages sont restés illisibles pour moi. A lire par les grands admirateurs de Virginia Woolf pour ne pas dire par ses spécialistes.
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Étonnante biographie qui nous permet de découvrir avec plus de justesse l'univers woolfien. Viviane Forrester revisite la légende sans reconstruire un mythe. Les gens heureux ne font pas d'histoire.. ...voici donc l'histoire de Virginia Woolf.

Astrid Shriqui Garain
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Leonard ne la voit pas, épuisée, solitaire, aller à la dérive ; il ne la voit pas se laisser aspirer par les lignes qu'elle trace. Il trouve normal de la voir frotter les parquets pour atténuer son angoisse. Il ne la voit pas dépérir loin des autres, isolée avec lui. Il insiste au contraire pour la faire demeurer au calme et dans l'isolement suscité par la guerre. (...)
Il ne l'observe pas, la surveille seulement, au nom de ses vieilles théories ; le verre de lait demeure, liturgique, scellé dans leur routine. Elle est sans appui. Leonard poursuit la vie qu'elle lui a permis de mener, qu'il a su conduire, qui le comble et qu'il a poursuivie avec constance près d'elle, à une distance jusqu'ici propice. Mais à présent, il ne la voit plus, semble lassé d'elle.
Et puis... et puis... le prestige de Virginia Woolf ne la défend plus, aujourd'hui sans écho, sans audience, du moins perceptibles comme avant. L'entourage est dispersé, qui permettait à la femme brillante d'étinceler (sous le regard réprobateur mais impressionné de Leonard), et de s'affirmer, de compter aux yeux de tous, protégée par eux. Le rempart du public, de Bloomsbury a disparu. Elle est seule avec son mari, et semble s'estomper à ses yeux. (...)
Si Leonard connaît, et comme nul autre, la valeur de l'oeuvre, elle est à ses yeux le produit du "génie" de sa femme, et le génie étant lié pour lui à la folie, cette oeuvre ne la protège pas.
Impensable : en janvier 1941, Harper's Bazaar retourne à Virginia Woolf une nouvelle qu'il lui avait commandée. Refusée. "Je bataille contre la dépression, et la mets en déroute (j'espère) en nettoyant la cuisine. En envoyant un article (nul) au N.S. (New Statesman) et en me jetant pour deux jours dans P.H. (Point'z hall) ou dans mes souvenirs. Cet accès de désespoir ne m'engloutira pas, je le jure. La solitude est grande." Et, déjà, ce qu'elle répétera dans trois mois à Leonard : "Nous vivons sans futur. Le nez pressé contre une porte close."

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"Tonique, vigoureuse même, dynamique, elle a souffert d'états de dépression, de désespoir, traversé les "horreurs" qu'elle redoutait; elle a subi des maux de tête, s'est évanouie deux ou trois fois, elle a vécu des problèmes récurrents de santé, mais rien d'analogue à "la folie". Mais la tension de n'avoir pas écarté la souffrance ou l'extase, de les avoir subis pour aller, démunie de toute défense, à vif et à nu, vers son travail, sa quête, ont sollicité ses nerfs à l'extrême. Elle a vécu de toutes ses fibres. Telle quelle. Et elle était fragile."
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Tyrannique, l'écriture est libératrice des obsacles, qu'elle traite de secondaires une fois qu'elle les a absorbés pour les définir. Elle a possédé Virginia comme aucun homme ni aucune femme ne l'a jamais possédée.
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De ces lieux avariés, les auteurs doivent-ils tous être des étrangers candides ? Des observateurs exonérés, préservés du mal qu'ils observent ? Jamais ses acteurs, toujours ses témoins, ses juges. Les juges de ce qu'ils ne commettent pas ? Ou sont-ils avant tout des êtres imbriqués, incertains, à la merci du pire, qui peut les habiter ?
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Video de Viviane Forrester (7) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Viviane Forrester

Patrick Lapeyre Prix Femina
Patrick Lapeyre Prix Femina 2010 pour "La Vie est brève et le désir sans fin" paru aux éditions POL - Remise du Prix le 2 novembre 2010 à l'Hotel Crillon -Paris : Membres du Jury Femina : Diane de Margerie - Viviane Forrester - Claire Gallois - Benoîte Groult - Paula Jacques - Christine Jordis - Mona Ozouf - Danièle Sallenave - Chantal Thomas -Paule Constant - Camille Laurens - Solange Fasquelle - Prix Femina Etranger: Sofi Oksanen "Purge" éditions Stock - AFP TV
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