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"Les réceptions de l'ambassadeur sont réputées pour le bon goût du maître de maison"... on y sert des pyramides de pépites en chocolat de la marque - tut tut pas de marques !!

Chez Gwen, qui s'imagine complaisamment être l'un des très nombreux ambassadeurs de la littérature, on sert également des pépites mais elles ne sont pas en chocolat, elles sont faites d'une matière plus rare et, de ce fait, plus recherchée : le talent. Bref, c'est de la pépite de compet' !

Tout ça pour dire que ce roman de Forster est une PE-PI-TE !

Bien, il est nécessaire de faire un rapide retour en arrière, allez, on rembobine. (bruit du magnéto VHS)

Voilà, nous y sommes. 1985.
J'avais cinq ans, c'est émouvant. Ah, non, pardon, ça, vous n'en avez rien à faire et vous avez bien raison. On reprend, un peu de concentration, surtout dans le fond, les deux là-bas, "vous n'arrêtez pas de bavarder, faites attention, faites trèèès attention !*"

Je disais : 1985. James Ivory réalise son chef-d'oeuvre. Que dis-je son "chef-d'oeuvre" ? James Ivory réalise LE chef-d'oeuvre du 7ème art, j'ai cité (sous vos applaudissements)... "Chambre avec vue".

En lisant (ENFIN !) le roman à l'origine de cette superbe adaptation, primo je mettais un terme à l'état de honte dans lequel je vivais jusque là, très consciente de cette lacune, et secundo je me sentais libre de donner à Lucy et à George les visages d'Helena Bonham-Carter et de Julian Sands.

Cette oeuvre romanesque de Forster est à la fois forte de par l'écriture et le style, belle de par la remarquable profondeur psychologique de chaque personnage et lucide vis-à-vis de la société dont elle décortique les codes. En un mot, elle est puissante.

L'humour et l'ironie sont présents tout au long de la narration mais ne nuisent pas une seconde à l'intensité dramatique du récit qui propose de voir évoluer dans le carcan des principes rigides d'une bonne société déclinante une histoire d'amour passionnée et passionnante. Tout est décrit ici avec subtilité : paysages, personnages, relations, protocoles sociétaux, sentiments. L'auteur, sans jamais le délaisser, ne mâche pas tout le travail à son lecteur ; il le pousse à explorer par lui-même la personnalité des protagonistes et la nature de leurs émotions. le lecteur s'interroge, doute, espère et vibre. C'est beau, c'est vrai, c'est enthousiasmant et on en redemande.

Lucy représente le type de femme qui, en ce début du XXème siècle, étouffe encore sous les conventions quand autour d'elle le monde s'ouvre et que les routes s'élargissent sous ses pas. de Florence à Londres en passant par la délicieuse campagne anglaise, son parcours initiatique est touchant de sincérité et de pureté et on souffre avec elle des élans retenus, des pieux mensonges et des désirs contrariés.

George est l'archétype (non le stéréotype) du jeune homme de ce début du XXème siècle, ne se nourrissant que d'illusions, découvrant avec passion et curiosité le progrès des techniques et l'avancée laborieuse des idées et qui, résolument attaché à ses idéaux et à sa propre philosophie, ne sait pas encore où trouver sa place et n'a qu'une certitude : il lui faut vivre à fond ou mourir vite.

La rencontre entre ces deux jeunes gens, c'est l'alliance de la belle et la bête, le choc de la tradition et de l'espérance, le conflit de deux courants de pensée en mouvement... Ces deux jeunes rivières en crue finiront-elles par se joindre à une confluence ?

Allez, je vais revisionner le film ; je le connais par coeur, et alors ? C'est beau, c'est vrai, c'est enthousiasmant et j'en redemande.

*Dixit Louis de Funès, "la Grande Vadrouille".
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A room with a view… une vie avec vue sur l'Arno ou bien une vie avec vue sur cour ?
Tel est le choix que devra faire Lucy Honeychurch, jeune anglaise de bonne famille, tiraillée entre deux prétendants qui lui offrent des horizons bien différents.

Le petit monde de Lucy est plein de convenances et de préjugés, de cette conception étriquée de l'ordre social où il y a ceux qui sont fréquentables et ceux qui ne le sont pas, de cette phallocratie qui enferme le désir féminin. Rien ne l'a prédisposée à le remettre en cause ce monde, si ce n'est peut-être cette façon passionnée de jouer Beethoven… et puis son voyage en Italie et sa rencontre avec les Emerson, père et fils, anglais anticonformistes et athés. Alors l'esprit et les sens de Lucy s'éveillent et les doutes et les interrogations l'assaillent.

Forster raconte avec subtilité le combat intérieur de la jeune fille pour dépasser les conventions sociales et affirmer sa liberté de choix. Héroïne emblématique des sentiments et conflits qui caractérisent les adolescents, Lucy est un personnage très attachant et intemporel.
Dotée d'émotions et de réflexions, elle contraste avec la bonne société de la pension Bertolini qui avance dans la vie comme elle voyage à l'étranger, avec un guide Baedeker à la main pour ne pas risquer de s'écarter du droit chemin. Les personnages secondaires dont les comportements et jugements stériles apportent beaucoup d'humour au récit, servent la critique sociale, voir la dimension politique du roman de Forster.

Publié quelques années après la mort de la reine Victoria, l'auteur oppose une société britannique encore engluée dans les conventions victoriennes et qualifiée de moyenâgeuse, à la « renaissance » italienne et à l'hypothétique « renaissance » édouardienne, représentée par les Emerson et Lucy, libres de pensées et d'actions, mais encore bien seuls et marginalisés.

Forster mêle avec beaucoup d'habileté le roman sentimental et le roman d'apprentissage à une critique sociale mordante et j'adore ça ! Cette relecture d' « Avec vu sur l'Arno » m'a comblée une fois de plus : j'en « pince » pour ce roman c'est indéniable !
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Voici un roman que je voulais lire depuis très longtemps ! J'ai beaucoup aimé le personnage de Lucy Honeychurch qui, en voyage à Florence en compagnie de sa cousine et chaperon Charlotte Bartlett, va rencontrer grâce à un malentendu M. Emerson et son fils, George. de là va suivre une sublime histoire d'amour entre George et Lucy à travers des baisers passionnés mythiques dans les violettes de Fierone ou dans un sentier étroit...

Délicieux roman que j'ai véritablement adoré, E.M.Forster nous décrit avec humour cette société très diversifiée, mais toujours avec des personnages charmants, qui ont chacun des caractéristiques plus ou moins symphatiques (j'ai apprécié Freddy, Lucy et George, M.Emerson, Miss Lavish et parfois M.Beebe), ses paysages merveilleux et son histoire fascinante !

Je vous conseille de voir le film de James Ivory aussi passionnant et délicieux que ce roman, avec un casting de rêve (Helena Bonham Carter, Daniel Day-Lewis, Julian Sands, Maggie Smith, Judi Dench...) avec un petit coup de coeur, je l'avoue pour la si romantique scène du baiser dans les champs...

A lire absolument !!
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La question centrale de ce roman est de savoir ce que choisira la jeune héroïne Lucy Honeychurch : une chambre avec vue sur l'Arno ou les murs aveugles d'une société conventionnelle ?
Ce choix est symbolisé par les deux hommes qui rivalisent pour ravir son coeur. George Emerson, attentionné et passionné ou Cecil Wyse, arrogant et sophistiqué...
Ce roman traite des difficultés et des choix qui caractérisent le passage à l'âge adulte, la tentation de l'aveuglement, les tensions entre ses propres désirs et le conformisme familial.
Satire brillante de l'Angleterre moyenne du début du 20ème siècle et de ses conventions sociales, ce roman est simplement délicieux une fois que le lecteur s'est habitué au style désuet de l'écriture de Forster . ( il faut dire que je l'ai lu après Kinderzimmer, le changement de style fut difficile. Note 3,5 sur 5)
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La jeune Lucy Honeychurch voyage en Italie avec sa vieille cousine Charlotte Bartlett. Elles sont descendues dans une pension à Florence et se désespèrent que leurs chambres ne donnent pas sur l'Arno. MM. Emerson père et fils leur proposent de changer d'appartement. C'est ainsi que commence le chassé-croisé amoureux entre Lucy et le jeune George Emerson. de retour en Angleterre, Lucy se fiance pourtant avec le distant et très conventionnel Cecil Vyse, mais l'ombre de George Emerson ne tarde pas à planer sur le couple. Qui donc Lucy épouser-elle ? « Se souvenant qu'elle était fiancée à Cecil, elle se contraignait à mal se souvenir de George ; il ne lui était rien, il n'avait jamais rien été pour elle. » (p. 220)

À mon sens, ce roman pourrait être de Jane Austen, mais il y manque deux aspects essentiels : le talent et la qualité ! Tout m'a semblé faux et maladroit. Lucy est une jeune personne qui bout d'énergie et qui rêve d'aventures tandis que George est un jeune homme cynique, athée et un brin mélancolique. Voilà déjà deux bons gros clichés. Il faut y ajouter une cousine pauvre, sotte et bornée qui est parfaitement agaçante avec sa manie affectée de présenter des excuses pour tout et n'importe quoi, mais aussi avec sa façon de se comporter en société. « Je suis une femme du monde à ma petite façon, je sais où conduisent les choses. » (p. 21) N'oublions pas le possible gendre idéal qui devient de moins en moins idéal à mesure qu'on le découvre : Cecil est atrocement désagréable et aucunement attachant. « Depuis ses fiançailles, Cecil affectait un cosmopolitisme de mauvais garçon qu'il était loin de posséder. » (p. 133) Enfin, il y a toute une cohorte de personnages secondaires, de la vieille fille aventurière au pasteur bedonnant, qui m'ont prodigieusement agacée.

J'en viens au titre : parce que Lucy et Charlotte se sont senties lésées (et ont fait un caprice, grosso modo) en n'obtenant pas les chambres qu'elles attendaient, MM. Emerson père et fils les ont obligées en leur offrant leurs appartements. Mais finalement, les deux femmes ne passent que très peu de temps dans ces chambres et admirent bien peu la vue, d'autant plus que leur séjour à Florence est brusquement écourté avec un départ précipité pour Rome. L'incident liminaire est un prétexte d'une banalité affligeante pour justifier la rencontre entre les deux femmes et les Emerson. En effet, puisque tous ces touristes logeaient dans la même pension, il est fatal qu'ils auraient fini par se rencontrer dans les pièces communes. J'en suis venue à penser que le sens du titre est le suivant : si l'amour ne peut pas entrer par la porte, il entre par la fenêtre. Oui, cette formule manque d'élégance, mais c'est à l'image du roman.

Entre mauvais romantisme, situations bouffonnes et coquilles à répétition, ce roman a mis ma patience à rude épreuve. On m'en avait pourtant dit grand bien, de même que du film. J'hésite maintenant à ouvrir le boitier DVD…
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J'ai vu (évidemment) le film de James Ivory (plusieurs fois). Je me souviens que je me repassais( en boucle) sur mon vieux magnétoscope la scène du fameux baiser (en soupirant).
Cela faisait longtemps que je me disais qu'il faudrait absolument que je lise le roman à l'origine de mes fantasmes romantiques d'adolescente...c'est maintenant chose faite.
Et j'ai bien aimé.
MAIS...mais je crois que ma lecture a été tout sauf objective, comme le sera, en conséquence, ma note.
Je pense que j'ai aimé parce que j'ai vu le film qu'en a tiré Ivory. Que quand Forster écrit une scène, un dialogue, j'en apprécie tout le sel parce que j'ai dans les yeux et dans la tête les acteurs et leurs expressions.
Je crois que, sans cela, ce livre m'aurait paru plus terne, avec peu de relief.
J'ai l'impression que c'est parce que je vois Daniel Day Lewis, étriqué dans son costume et paré de son sourire mesquin, que je ne supporte pas Cécil ou encore parce que je vois toute la puissance de la fameuse scène du baiser dans le champ que j'ai ressenti une émotion à la lecture du passage concerné...
Bref, j'ai aimé, vraiment, mais je ne sais pas dans quelle mesure c'était lié au livre lui même. C'est assez étrange comme impression
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"L'Italie, enfin !"
Début XXe siècle, au temps des guides Baedeker, et dûment chaperonnée par sa cousine miss Bartlett, Lucy Honeychurch séjourne, comme il se doit, à Florence, dans une pension. Elle est déçue de ne pas disposer d'une chambre avec vue. Un des autres pensionnaires, Emerson, au mépris de toutes les conventions sociales, lui propose cavalièrement un échange. Dès lors s'installe une relation d'un genre nouveau entre Lucy, ce vieux monsieur charmant quoique grossier selon les codes du monde de Lucy, et son fils George, un jeune homme dépressif.

"Les coudes au parapet, elle considéra l'Arno dont le grondement évoquait à son oreille une mélodie inattendue". Finalement, c'est bien l'Italie qui fait l'apprentissage de la naïve Lucy, laquelle y mûrit considérablement. Pourtant, à son retour, elle se fiance au riche et beau Mr. Vyse. Cette vie convenable et sans passion paraît faite pour elle, et pourtant ... "Trop de Beethoven", dirait le pasteur, Mr. Beebe. "Est-il logique qu'elle joue si merveilleusement du piano en menant une vie si calme ?"

En maître de l'âme humaine, E.M. Forster sait que le diable se niche dans les détails ; aussi le livre se révèle-t-il plutôt qu'il ne séduit d'emblée. Qui oublierait, pourtant, après l'avoir lu, les tapis de violettes de l'excursion à Fiesole ? En auteur habile, Forster dresse par touches subtiles le portrait de personnages plus vivants que les vivants, tout en subtilité et en complexité ; et l'apparent calme de la vie bourgeoise bascule sur une phrase, ou sur un mot ("il avança rapidement et l'embrassa"). Avec Vue sur l'Arno fascine par sa rare justesse psychologique. "Le désavantage du secret, c'est qu'il détruit en nous le sens des proportions puisque nous ne pouvons exprimer même son degré d'importance". Très beau et profondément troublant, un petit bijou de littérature britannique contribuant au défi God save the livre.

"La beauté avouée de cette fille contenait-elle davantage : le pouvoir de susciter les passions bonnes ou mauvaises et de les porter rapidement à leur terme ?"
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Je suis assez déçue car j'attendais beaucoup plus de ce roman. Je voulais un roman qui sonde le coeur humain, qui décrive la ville de Florence et les paysages italiens. Je m'attendais à lire une satire sociale avec une toile de fond romantique (autant dans l'histoire que dans l'écriture). Pour moi, le problème majeur est le point de vue externe du narrateur. Petit rappel des différents points du vue en littérature :

- le point de vue omniscient : le narrateur sait tout, voit tout.

- le point de vue interne : souvent lors d'un récit à la première personne, le narrateur est une personne de l'histoire et le roman est abordé selon ses connaissances et interprétations des faits.

- le point de vue externe : le narrateur est comme une personne extérieure au roman qui décrit uniquement ce qu'il voit : il ne connait pas les idées des personnages, ni leur passé, ni leurs sentiments (etc.) sauf quand ceux-là les expriment à voix haute.

Dans Avec vue sur l'Arno, E. M. Forster a choisi un point de vue externe qui limite considérablement son roman et qui ne lui permet pas d'exploiter les personnages. Lucy doit en effet choisir entre deux hommes : Georges Emerson, impulsif et entier mais refusant le poids des convenances, et Cecil Vyse, arrogant, distant et fiancé à Lucy avec l'accord des deux familles. Bien sûr, on ressent la critique sociale d'une société anglaise guindée et ultra-conventionnelle, mais avec beaucoup de lenteur et une avarice extrême pour les descriptions !

J'avais apprécié le film, Chambre avec vue, avec Helena Bonham Carter, Maggie Smith et Daniel Day-Lewis et j'imaginais un roman qui s'épanche plus sur les lieux décrits et les analyses de l'âme humaine. Je ressors bien déçue...

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Quel épouvantable casse-tête pour une mère que de marier sa fille ! Que ce soit au début du XIXè siècle pour Jane Austen ou cent ans plus tard à celui du XXè pour EM Forster, le problème demeure aussi insurmontable !
Oui, mais il faut dire que la reine Victoria est passée par là et que durant son très long, trop long règne, il n'a guère été permis à la société anglaise de s'émanciper !

Donc après Jane Austen, EM Forster reprend peu ou prou les mêmes recettes qui ont fait le succès de Orgueil et préjugés, à savoir l'angoisse d'une mère de la bonne bourgeoisie campagnarde anglaise souhaitant bien marier sa fille et les atermoiements de cette dernière face à son destin. le lecteur peut alors constater que les mentalités de cette société n'ont guère évolué durant ce siècle écoulé !

Mais si Lucy n'a pas comme Elizabeth Bennet la chance d'avoir une armée de soeurs autour d'elle pour lui permettre de prendre conscience de qui elle est vraiment, elle a, quant à elle, accompli un voyage à Florence qui va peu à peu lui dessiller les yeux, lui permettre d'entrevoir la spontanéité italienne et donc remettre en cause la valeur du carcan social dans lequel son éducation l'a enfermé. En l'occurrence, la rencontre des Emerson père et fils, qui vont lui offrir la vue sur l'Arno et bien d'autres choses encore, sera déterminante !

Cette prise de conscience va-t-elle lui permettre d'échapper à la voie tracée d'avance à laquelle elle se trouvait condamnée ?

Ce roman griffe avec humour et férocité la société étriquée de la campagne anglaise et épingle avec acuité leurs travers plus ou moins amusants, en offrant de réjouissants portraits des différents spécimens esquissés, entre autres :
la gémissante vieille fille à chichi, chaperonnant sa jeune cousine en veillant à ce que les convenances, ou ce qu'elle juge telles, soient scrupuleusement respectées !
la lady, fausse intellectuelle se prenant pour un écrivain, saoulant les autres de ses bavardages futiles,
le clergyman pontifiant et imbu de son savoir .... et bien d'autres

Dommage que le style parfois empesé et ampoulé de l'auteur (ou est-ce dû à la traduction ?) gâche le plaisir de cette immersion très humoristique dans cette société compassée, si rigoureusement corsetée et tellement formatée de ce début du 20è siècle, dans laquelle l'auteur secoue joyeusement le cocotier !
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La jeune Lucy Honeychurch est issue de la bonne société anglaise et comme toute jeune fille de ce milieu qui se respecte, elle se doit d'effectuer un voyage en Italie, chaperonnée par sa cousine Charlotte.
"On ne vient pas en Italie chercher des suavités, on vient y chercher la vie.", et c'est bel et bien ce qui va arriver à Lucy.

Paru il y a plus de cent ans, "Avec vue sur l'Arno" est loin, très loin d'être démodé.
Ce roman a su garder son côté romantique, son chamboulement des convenances et des règles de bienséance de la société anglaise sous Edouard VII, et sa critique omni-présente de cette même société bien trop rigide pour une personne comme Lucy qui serait aujourd'hui qualifiée de feu sous la glace : "Lucy était, certes, une révoltée, mais non point dans le sens où il l'entendait; elle était une révoltée désirant non pas un salon plus vaste, mais l'égalité auprès de l'homme qu'elle aimait.'.
Je reconnais également que le cadre idyllique de la Toscane y est aussi pour beaucoup et renforce encore plus le côté romantique, entre la magnifique Santa Croce, les places de Florence et l'Arno avec ses vertes collines, le cadre ne pouvait que se prêter à une romance des plus passionnées.
Car c'est bien de romance dont il est question dans ce roman, d'un baiser volé sur une colline de Florence, d'un autre raté par un fiancé anglais trop conventionnel et enfin d'un dernier volé sur un chemin d'Angleterre trop étroit; mais également de passion : celle qui habite la jeune Lucy pour George Emmerson et dont elle n'aura de cesse de l'étouffer, finissant par mentir à tout son entourage et surtout à elle-même.
Car à cette époque, il n'était pas bien vu de s'éprendre d'un homme aussi libre que George et dont le père est lui-même peu conventionnel, d'autant plus que Lucy a été éduquée pour être une jeune fille bien sous tous rapports et à se laisser guider par la raison et non par ses sentiments.
Le lâcher prise sera d'autant plus dur que cela ira à l'encontre de toute son éducation : "La passion devait se croire irrésistible, oublier politesse, tact et autres fléaux d'une nature raffinée. Par-dessus tout, elle devait aller, sans demander de permission, quand elle avait droit de passage.", et c'est ce qui rend cette lecture encore plus magnifique et le personnage de Lucy extrêmement attachant.
Si la partie italienne sert essentiellement à planter le décors, la partie anglaise n'en est pas moins intéressante et pousse la critique dans ses derniers retranchements, tout comme la jeune Lucy.
Et si le style ou certaines tournures de phrases peuvent apparaître démodées, je trouve au contraire que cela donne encore plus de cachet à ce roman dont une adaptation cinématographique a été faite par James Ivory et qu'il me tarde de la découvrir, tout comme j'ai regardé avec plaisir des photographies prises lors de mon séjour en Toscane pour me ré-imprégner de toute l'ambiance florentine.

"Avec vue sur l'Arno", c'est un morceau d'Italie à déguster avec parcimonie pour en conserver jusqu'à la dernière page toute la saveur, et c'est une romance passionnée et exaltante qui se vit et fait rêver durablement le lecteur qui doit surtout oublier d'emporter son guide Baedeker pour en apprécier les moindres miettes.
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