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Critique de isabellelemest



Depuis Beauvoir, on ne se pose plus la question de la place des intellectuels dans la société et notamment quand il s'agit de femmes. Il en allait tout autrement dans l'Angleterre encore victorienne des années 1900, avec sa division stricte en classes sociales et ses femmes sans accès au travail.

C'est la le thème qu'aborde E.M. Forster dans ce roman dont les héroïnes sont deux soeurs mi-allemandes, mi-anglaises, Margaret et sa cadette Helen. Vivant de leurs rentes, elles appartiennent à la société aisée, et sont indépendantes matériellement et intellectuellement. Passionnées de culture, de musique, de théosophie et de débats, elles vivent à Londres à l'instar des soeurs Stephen, Virginia Woolf et son aînée Vanessa Bell, membres comme Forster du fameux, bien qu'informel, "Bloomsbury group".

Mais la rencontre avec divers membres de la bourgeoise famille Wilcox, dont la fortune vient des activités profitables de businessman de Charles, le père, va amener l'aînée, Margaret, à subir l'attraction de l'enracinement dans une classe sociale supérieure, dans un lieu de résidence dans la campagne anglaise (la demeure éponyme d'Howards End) qui mettrait fin à son cosmopolitisme intellectuel et à sa liberté de femme indépendante.
A l'opposé, Helen se sent prise d'intérêt pour Leonard Bast, un employé modeste mais méritant, encore que mal marié, qui cherche à se cultiver et à s'élever au dessus de sa condition. Margaret se fiance avec Mr Wilcox, malgré le peu de convergences de leurs valeurs sociales et morales, mais un mauvais conseil de ce dernier, répercuté par les deux soeurs, fait perdre son emploi à Leonard Bast et le plonge dans la misère.
Voici les deux soeurs prises entre deux classes, entre deux feux, et près de s'éloigner irrémédiablement l'une de l'autre.
On ne dévoilera pas l'intrigue qui les amène, apres bien des atermoiements, à retrouver leur vraie identité, qui ne peut être qu'extérieure au conformisme de la société anglaise d'avant la première guerre mondiale.
Un roman vivant et enlevé, nourri de dialogues souvent spirituels, mais dont la portée reste pessimiste, car après tout Howards End, au sens propre comme au figuré, c'est la fin d'un monde dont les limites apparaissent clairement à travers la satire sociale dont l'ouvrage est nourri.
Lu en V.O.
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