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Critique de Madame_lit


Chère lectrice, Cher lecteur,
Au péril de la mer, c'est avant tout l'histoire du Mont-Saint-Michel connu comme étant la Cité des livres. Un peintre de l'an 14**, Éloi, dévasté par la mort de sa bien-aimée y échoue. Dans ce lieu, il apprend à survivre grâce à un moine et il devient copiste en raison de ses talents  artistiques alors qu'il est analphabète.
En parallèle, la narratrice, maman de notre époque, est divisée entre son désir de revenir à l'écriture car elle est passionnée par les mots et son rôle de mère. Elle a vu pour la première fois le Mont-Saint-Michel lorsqu'elle avait treize ans et elle a été fortement marquée par ce dernier. Ainsi, elle raconte dans son carnet un récit se déroulant dans le lieu; elle communique ses observations afin de reprendre contact avec sa plume et parce que son histoire se noue à celle du Mont-Saint-Michel.
À travers l'écriture et grâce au Mont-Saint-Michel, les deux personnages pourront renaître et espérer.
Véritable ode aux livres, ce petit roman de Dominique Fortier nous plonge dans une mer douloureuse, dans la souffrance d'Éloi, qui doit porter sa croix au coeur Du Mont.
En cet an de grâce 14**, le Mont se dressait au milieu de la baie; en son centre s'élevait l'abbaye. Au milieu de celle-ci était nichée l'église abbatiale autour de son choeur. Au milieu du transept un homme était couché. Il y avait dans le coeur de cet homme un chagrin si profond que la baie ne suffisait pas à le contenir.
Il n'avait pas la foi, mais l'église ne lui en tenait pas rigueur. Il est des peines tellement grandes qu'elles vous dispensent de croire. Étendu sur les dalles, bras écartés, Éloi était lui-même une croix. (p. 11)
Je ne suis pas un homme de Dieu, je ne suis pas un homme de sciences. J'étais peintre et ne le suis plus. le peu que je connais du monde, je le dois aux récits de plus savants que moi. Voici ce que je sais : j'aimais une femme et elle est morte. (p. 14)
J'ai été très touchée par ce peintre, par sa peine et par ses aventures. le Mont-Saint-Michel devient pour lui un refuge contre la douleur, contre le temps, contre les vivants…
Mais encore, la narratrice, en étant passionnée par les mots, nous donne quelques définitions et explications sur la langue. Par exemple, elle nous apprend que les mots «livre» et «liberté» possèdent la même étymologie.
Plus que des maisons de pierre et de bois, nous habitons d'abord des cabanes de mots, tremblantes et pleines de jours. On dit je t'aime pour se réchauffer; on dit orange, et l'on sent ses doigts; on dit il pleut pour le plaisir de rester à l'intérieur, pelotonné près de la lumière du mot livre. (Livre, qui vient de liber : la partie vivante de l'écorce d'un arbre, mais aussi liberté). (p. 45)
Et bien entendu, puisque le roman met en scène le Mont-Saint-Michel, les références aux livres, aux bibliothèques, aux copistes ont su ravir mon coeur de passionnée par ces sujets. J'ai presque envie de sauter dans un avion pour aller visiter ce Mont et m'imbiber de l'aura de cette Cité des livres…

De plus, l'écriture de Dominique Fortier est poétique. C'est le chant de la mer que nous entendons au cours de cette lecture, c'est le rythme des marées qui scandent les pages que nous tournons, c'est la beauté du cours de l'eau qui s'infiltre partout pour permettre une renaissance et noyer les malheurs des uns puis des autres jusqu'à la purification…
Un livre pour les amoureux des livres…
Il importe de mentionner que Dominique Fortier a gagné en 2016 le Prix littéraire du gouverneur général du Canada grâce à cette histoire.
Bien à vous!
https://madamelit.me/2017/09/07/madame-lit-au-peril-de-la-mer/
Lien : https://madamelit.me/2017/09..
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