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EAN : 9782367250458
496 pages
Kontre Kulture (30/11/-1)
4.38/5   4 notes
Résumé :
Pierre De Brague est l'auteur du mémoire en préface des Cahiers du Cercle Proudhon : "Le Cercle Proudhon ou l'existence d'une révolution conservatrice française".

De 1911 à 1914, s'est tenu en France une des expériences politiques les plus intéressantes de l'Histoire des idées.

Cénacle de réflexion se revendiquant de la figure tutélaire de Pierre-Joseph Proudhon, principalement réuni autour d'Édouard Berth et de Georges Valois, respectiveme... >Voir plus
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Tout conspire, on le voit, dans une démocratie, à dissoudre, à ruiner, à anéantir la famille les lois, les actions, l’idéal sont contre elle [famille]. Le divorce en progrès ; le féminisme plein d’arrogance ; la ménagère abandonnant son foyer pour devenir une « marchandise », un objet de consommation que l’homme rejette dans la circulation après s’en être servi, la fréquence grandissante des avortements ; la diminution des naissances ; l’autorité paternelle méprisée ; les chefs de famille et leurs enfants jetés à la rue par M. Vautour ; la multiplication des attentats aux mœurs, voilà ce que nous donne normalement la démocratie triomphante.
(...)
On se plaint de l’invasion des métèques. À qui la faute ? À nous d’abord qui n’avons personne pour les suppléer.

Le progrès agricole, comme l’a bien vu M. G. Sorel, ne consiste pas seulement dans l’emploi d’instruments perfectionnés et dans l’usage des engrais chimiques. Le type de l’agriculture hautement progressive nous est fourni par le jardinage qui est une industrie biologique demandant une main-d’œuvre très abondante, très instruite et fort habile. C’est vers lui que nous devrions tendre. Or, nous nous en éloignons.

Pourquoi donc ? Parce que la main-d’œuvre nous manque, parce que la famille s’éteint. Le paysan, aujourd’hui, fait sa partie dans le concert démocratique. Il va, il vient, il circule. Il devient peu à peu un excellent démocrate. De plus, ceux qui ont quitté le village y reviennent de temps à autre pour corrompre le cultivateur en lui vantant, en lui enseignant les pratiques de ces « sacrés malins » que sont les gens de la ville.

Je sais peu de spectacles aussi poignants que celui de la désertion des campagnes. Ces maisons qui s’effondrent, ces friches qui remplacent les cultures, ces enfants arrachés à l’école pour aller dans les champs tenir la place des hommes qui manquent, rien n’est plus émouvant ni plus significatif.

Oui, la démocratie est vivante, bien vivante, elle éclate de santé. Mais tout à côté, la famille meurt, la patrie meurt, la terre meurt. Comme certaines fleurs, la démocratie ne s’épanouit bien que dans les cimetières.

Or, nous voulons vivre, nous voulons vivre en travaillant, revivre dans nos enfants, maintenir notre patrie.

Dès lors, notre voie est toute tracée. Comme travailleurs, comme pères de famille, comme Français, notre plus pressant devoir est de ruiner les institutions démocratiques. (Albert Vincent, mai-août 1912, pp. 317-321)
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Notre position. — Veut-on dire de nous que nous sommes anticapitalistes, en vue de nier le rôle du capitalisme dans la production et de tirer toutes les conséquences que cette négation comporterait ? C’est proprement idiot, et nous avons presque honte d’être obligés de rectifier une telle sottise, mais j’aurai plaisir, personnellement, à rappeler que j’ai fait, dans l’ouvrage que cite Marans dans sa lettre, une apologie du capitaliste telle qu’aucun défenseur du capitalisme n’a osé le faire jusqu’ici. Mais veut-on dire que nous sommes politiquement anticapitalistes ? Alors, on dit strictement la vérité. Oui, nous sommes résolument opposés au capitalisme politique. Par syndicalisme, par nationalisme, par catholicisme nous sommes opposés à la domination de l’or, à la ploutocratie, qu’elle soit nationale ou internationale, qu’elle règne sous son nom propre ou sous le couvert de la république ou de la monarchie.

Mais ceci n’est pas nouveau dans les positions politiques déterminées depuis vingt ans. Cette opposition au régime de l’or, qui donc l’a affirmée avec plus de force que Maurras, au nom de la contre-révolution, dans ce livre dont nous répétons encore qu’il est le plus beau livre du siècle, l’Avenir de l’intelligence ? À quoi tend le mouvement de l’Action française, si ce n’est à arracher le pouvoir politique à l’Or pour le rendre au Sang ? Veut-on dire, enfin, que nous sommes anticapitalistes dans l’économie ? Il nous faut dire encore que c’est parfaitement exact. Poursuivant, dans l’économie privée, l’application de principes qui doivent régir la politique, c’est-à-dire, en somme, l’économie générale, nous nous opposons à la domination capitaliste dans l’économie.

Ce n’est pas seulement le pouvoir de l’État, la domination d’une nation qui doit être arrachée à l’Or, c’est encore, si l’on veut la santé de toute la nation, c’est encore les pouvoirs particuliers qui existent dans l’État. Le capitalisme s’est révélé un des plus grands moyens de production qui existent au monde s’il est contenu dans ses limites (ce que nous avons désigné : l’économie financière des entreprises) ; mais il est le plus grand facteur de destruction des nations qui le laissent sans frein. (George Valois, mai-août 1912, pp. 331-332)
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Contre ce règne des spéculateurs et des financiers, caractérises par une lâcheté essentielle, et qui ne peut se maintenir que par l'habileté et la ruse, il n'y a donc, selon M. Pareto, qu'un recours : celui de la force brutale.

Contre l'or, il n'y a que le fer qui puisse prévaloir, et c'est pourquoi dans tout ce monde moderne, ploutocratisé jusque dans les moelles, il y a un préjugé si universel contre la violence, et, dans toutes les classes, un si grand esprit de conciliation. La transaction est, naturellement, la loi essentielle d'un monde marchand sur un marché, tout peut et doit se marchander. La Finance, comme le disait Nietzsche dans le passage que
je citais plus haut, favorise la puissance do la moyenne, c'est-à-dire de la médiocrité qui, en l'absence do toute conviction forte, est toujours pour la « tolérance », pour la « liberté », pour la « transaction ».

Elle attaquera, elle minera sourdement tous les mouvement d'idées qui pourraient faire prévaloir une valeur supérieure à la valeur marchande. Elle corrodera le catholicisme par le modernisme, qui est essentiellement une transaction entre la Foi chrétienne et le monde moderne ; la philosophie par le pragmatisme, qui est un modernisme philosophique ; le socialisme et le nationalisme par le parlementarisme ; partout enfin où elle flaire un esprit d'intransigeance guerrière susceptible de dresser et de maintenir contre elle quelque absolu et quelque surnaturel au sein de cet universel relativisme naturaliste du monde moderne si favorable à son règne, elle essaie immédiatement de l'entamer, de l'envelopper, de le « pacifier ». (Édouard Berth, décembre 1912, pp. 384-385)
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Cénacle de réflexion se revendiquant de la figure tutélaire de Pierre-Joseph Proudhon, principalement réuni autour d’Édouard Berth et de Georges Valois, respectivement sous l’égide de Georges Sorel et de Charles Maurras, le Cercle Proudhon se veut une union sacrée envers les institutions démocratiques, honnies en tant que bourgeoises, libérales, républicaines, parlementaristes et ploutocrates.

Combat de patriotes français issus de deux traditions antidémocratiques, de droite et de gauche, le Cercle Proudhon tente de concilier royalisme et syndicalisme révolutionnaire, Tradition et Révolution, nation et lutte des classes, dans un même attachement aux valeurs et aux vertus du travail, de la production, de la culture classique, de la virilité et de l’héroïsme.
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Révolutionnaire contre les socialistes réformistes, et Contre-révolutionnaire vis-à-vis des modernistes républicains, le Cercle Proudhon se posait, comme en témoignent ses publications sous forme de Cahiers, en véritable alternative au libéralisme marchand, à l’exploitation du peuple et à la destruction de la nation.

L’étude de ses écrits et de ses composants nous pousse plutôt à tirer les espoirs et les limites d’une pareille expérience et d’envisager les idées et les actes de cette « révolution conservatrice française » comme un modèle et un honneur pour tous ceux qui se veulent conséquents sur le champ politique.
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