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Critique de Garoupe


Sur fond d'enquête policière autour d'un trafic de bronzes mortuaires volés dans les cimetières parisiens, Didier Fossey s'attaque aux états d'âme d'hommes et de femmes qui dédient leurs vies à la défense des nôtres.

Partant du constat qu'au 5 novembre 2014, on dénombrait 46 suicides de policiers, chiffre laissant augurer d'un malheureux record, Didier Fossey, ancien policier, dresse le tableau d'une profession au profond mal-être, en butte à une certaine vindicte populaire, soumis à une pression hiérarchique frôlant le harcèlement, en tout cas l'incompréhension, soumettant leurs vies intimes au rythme des enquêtes, mettant en jeu leur santé et leur psychisme dans la balance, subissant les sous-effectifs des forces de l'ordre, miné par les décès de policiers dans l'exercice de leur fonction.

Sans atteindre un style extraordinaire, les thèmes abordés et l'excellente structure narrative du récit en font un livre hautement recommandable. L'intrigue ne vient pas prendre le pas sur le propos mais simplement l'appuyer. A force de faits, assurément partiellement tirés de son expérience professionnelle, à renfort d'éléments qui touchent de par leur cohérence et le réalisme (jusqu'à un certain point), Didier Fossey fait clairement appel à notre faculté d'identification. Voulant montrer tout le dramatisme d'une situation, il ne tombe heureusement pas dans le piège qui consisterait à en faire trop, à faire de ses enquêteurs des super-héros, au contraire, il en fait des hommes et des femmes normaux, faisant leur travail, comme d'autres vont subir la pression d'un travail de bureau, celui des policiers accentués par un risque physique indéniable et parfois nié.

On suit deux fils conducteurs, amenés à se rejoindre (et c'est là la seule entorse à ce sacro-saint principe de réalisme et de cohérence) : tout d'abord Guillaume, policier en pleine déroute psychique, aux tendances suicidaires et violentes à l'encontre de sa femme et de son amant, ensuite l'enquête, menée par l'équipe à laquelle Guillaume appartient, au sujet des vols de bustes dans les cimetières, série de vols à l'origine de la mort d'un policier, tué d'un coup de tournevis dans le coeur. le petit artifice, visible d'ailleurs comme le nez au milieu de la figure, qui permet à Didier Fossey de se faire se rejoindre ses deux fils narratifs lui sera tout de même pardonné pour le fond de son discours.

A la fois alarmiste et plein de (com)passion pour ces femmes et ces hommes en souffrance, le propos de Didier Fossey n'est pas tant de redorer un blason que de tirer une sonnette d'alarme sur une situation précaire qui, si fort heureusement n'aboutit pas systématiquement sur un passage à l'acte, est plus partagée qu'il n'y parait.

Pour finir, Didier Fossey se cale sur des chiffres au 5 novembre 2014. Il me semblait important d'aller plus loin. Sur l'ensemble de l'année, on dénombre pas moins de 55 suicides en 2014 (http://www.interieur.gouv.fr/Actualites/Communiques/Prevention-des-suicides-dans-la-police-nationale). Les chiffres sont pour l'année 2015 d'une dizaine. Les policiers morts en service sont au nombre de 8 en 2014, ils sont de 5 en 2015 (http://policehommage.blogspot.fr/p/liste-nominative-et-chronologique.html). Je précise que je n'ai pas d'opinion sur le site précédent : il m'a juste servi de source chiffrée.

Lien : http://wp.me/p2X8E2-qn
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