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sur 428 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
« Et puis tout d'un coup je me suis mis à pleurer pour rien. Ce rien, c'était notre vie disparue sans que je te serre contre moi, petite maman, sans ces gestes que tu avais tant attendus puis qu'à la longue tu avais cessé d'espérer, comme on ferme la lumière dans une pièce déserte où nul ne viendra plus. »

Ne plus aimer d'avoir trop aimé. Puis se réconcilier avec son histoire et aimer à nouveau. Un parcours difficile qu'Eric Fottorino va accomplir sur les traces de ses pères, adoptif et naturel, et de Lina, sa mère surpassée pendant trop longtemps par sa propre mère aux yeux de l'enfant qu'il a été.

À Nice, Ascros, Bordeaux, Condéon, Barbezieux... Éric Fottorino va retrouver seul puis avec sa mère ces lieux de bonheurs, de chagrins, de drames familiaux. Pour combler sa quête identitaire et renouer le dialogue avec sa chère mère, ces étapes sont indispensables ; car il lui faut comprendre ce qui lui a échappé de sa famille et de son enfance.

Légitimement, comme tout un chacun, Eric Fottorino cherche à savoir avec quoi et avec qui il s'est construit. Et ce n'est pas facile quand on a une mère, fille-mère (comme on disait à l'époque) à l'adolescence à deux reprises, et deux pères, Moshé de Fès et Michel de Tunis, qui « portaient en eux les germes de toutes les haines ... : les séquelles de la colonisation, l'intolérance religieuse, l'antisémitisme français, le rejet des basanés. » Une autofiction émouvante et sincère, qui, si elle révèle l'intime, contrairement à d'autres ne règle pas ses comptes.
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« Être abandonné, avoir été abandonné, qui peut dire ce qui fait le plus mal ? »

Un dimanche, une mère révèle à ses trois fils qu'elle a accouché d'une petite fille qu'on lui a enlevé aussitôt. C'était en 1963, elle était déjà « fille-mère », c'était plus que n'en pouvait supporter sa famille, sa propre mère surtout qui a organisé l'abandon, avec la complicité de l'église et sans la consulter bien sûr.
Commence alors pour l'ainé, le « narrateur batard », une quête difficile mais devenue nécessaire : qui était cette enfant de dix-sept ans qui en aout 1960 l'a mis au monde clandestinement à Nice ? Sa mère, cette inconnue.

Refaire le chemin, sans juger, vers Nice, tenter de remonter le temps vers son enfance à Bordeaux, entre autre. Se rapprocher de sa mère adolescente, de ses souffrances, de ses pères aussi, naturel et d'adoption.
Chercher à comprendre. Se heurter à l'incompréhensible.
« J'essayais de recoller nos vies. » « On s'en était sortis vivants. Vivants, mais pas indemnes. »

Ce roman, largement autobiographique, est d'une grande sobriété. Il dit sans fioritures les ravages des non-dits, le poids des secrets au sein d'une famille, leurs répliques même cinquante ans plus tard. Son authenticité, sa justesse de ton font sa force. C'est l'hommage émouvant d'un fils à sa mère mais aussi le témoignage rapporté d'une époque pas si lointaine où les carcans de la société pouvaient briser des vies en toute impunité.

Commencé dans la brutalité de la révélation d'un secret, il s'achève par une délivrance, une ébauche d'apaisement et de tendresse entre un fils et sa maman.
C'est peut-être cela en définitive que j'ai envie de retenir au-delà de la quête personnelle de l'auteur : le pouvoir d'apaisement et de libération des mots, plus forts que les maux, magistralement démontré par Eric Fottorino.
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Lorsque les écrivains prennent la plume pour évoquer la figure maternelle , pour peu que Calliope, muse de la poésie se soit penchée sur le berceau de l'auteur, le récit fait alors vibrer les âmes, séduites par l'expression sublimée de l'amour filial.


A partir d'une confidence tardive qui révèle un secret de famille bien gardé, l'auteur part à la recherche des vestiges de la jeunesse de sa mère, mêlant ce qu'il en sait et ce qu'il en devine, reconstruisant l'histoire à partir de bribes et de témoignages glanés au hasard. Déambulations sur les lieux historiques , recueil de confidences de témoins jusqu'alors ignorés, le lecteur est guidé sur les traces de la jeune fille, à qui l'on a volé l'enfance pour la condamner deux fois . C'est ainsi que l'auteur tisse la lame de sa filiation, deux pères, c'est à dire aucun, une famille cependant, mais à jamais amputée d'une enfant dont personne ne savait l'existence.

Si l'impression première laisse penser que l'histoire s'orientera vers la recherche de cette soeur ignorée, il n'en est rien. C'est bien de ses propres racines que l'auteur explore. Sans juger, en essayant juste de comprendre.

« J'étais le survivant d'une histoire trouble qui nous avait séparés, une histoire douloureuse oubliée à dessein »

La démarche est incontournable, l'auteur ne peut l'éviter :

« Mon existence en dépendait. Toutes mes pensées affluaient vers une gamine saisie au vif sur la promenade des Anglais, dans ces journées de soleil où elle croyait que l'avenir existait. il était temps de rembobiner le temps. d'aller là où je n'étais jamais allé , au plus profond l'oubli »

La filiation peut se faire confuse, au point de ne plus avoir de qui l'on parle, de quelle enfant, mère ou fille , d'autant que se mêle souvent l'ombre de la grand-mère, à l'origine de tous ces liens anéantis.

Pour ces deux êtres retranchés derrière un silence affectif lourd de sens, les retrouvailles sont poignantes. Ce qu'il a découvert sur cette petite dame qu'il a côtoyé des années durant, qu'il n'a jamais pu appeler maman, a fondamentalement modifié leur relation, recréant le lien distendu par les non-dits, les impossibles à dire.

C'est ce rapprochement inespéré qui fait surgir l'émotion, et achemine le récit vers un fin bouleversante.
Lien : https://kittylamouette.blogs..
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Conquise par la critique qu'en avait posté Lolokili, j'ai sauté sur ce livre sans même me poser la question de savoir s'il s'agissait ou non d'un roman autobiographique. Au cours de ma lecture, il m'est apparu comme une évidence qu'il ne pouvait en être autrement.
Il me semble, en effet, qu'un auteur, aussi talentueux soit-il, ne pourrait nous transmettre avec une telle intensité, des sentiments, des blessures, des ratages, s'il ne les a pas lui-même vécus, ressentis, éprouvés.

Ce livre transpire à toutes les pages de vies volées, de rendez-vous manqués, de non-dits, de cris désespérés et d'amour. Surtout d'amour.
Et quelle belle écriture !
Touchée. J'en ressors sincèrement émue.
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Lina a réuni ses trois fils et leur famille. A ses trois fils dont Eric, le narrateur et auteur du livre, elle révèle qu'elle a eu une petite fille qu'elle a dû abandonner à cause de sa mère.
Cette naissance était survenue après la naissance d'Eric, dans une maternité de Nice.
Quant à Eric, elle avait 17 ans quand elle avait acouché de lui dans cette même maternité.
Le père d'Eric, Moshe, un juif, était retourné dans son pays.
Heureusement pour les deux enfants suivants et Eric lui-même, Lina s'était mariée et Eric avait bénéficié de l'affection d'un père adoptif certes mais un bon père.
Lina avait trouvé son salut dans le dévouement qu'elle donnait en soignant ses malades en tant qu'infirmière. Eric n'a guère d'affection pour cette mère qui remplissait son devoir mais il avait décelé depuis toujours son regard lointain, sa relation bizarre avec lui.
Eric est bouleversé, il s'absente quelques temps et rejoint Nice sur les traces de ses origines.
Ils se retrouvent mère et fils à la fin du livre dans des circonstances pas très joyeuses.
Une vie pas très heureuse pour la maman, une vie de choses non expliquées pour le fils.
Encore la preuve que l'enfant a droit a ses vérités.
Un roman parfois lourd à lire car l'auteur part au fond de ses sentiments, de son être qui a pas mal souffert de cette situation sans savoir ce qu'il vivait vraiment.
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Auteur que je n'ai jamais lu, alors pourquoi pas ? Je me dis, aux premières pages parce qu'il parle de sa famille, encore un auteur français nombriliste. Mais l'écriture est belle. L'histoire devient prenante, au point qu'elle m'empêche de le poser. Et finalement je l'ai beaucoup aimé. C'est plein de sensibilité et tendresse et la description des rues de Nice n'est pas pour me déplaire. 3 frères sont convoqués par leur mère qui leur apprend qu'ils ont une soeur que la grand-mère avait décidé de placer. Il faut préciser qu'à 17 ans, elle a déjà accouché d'un enfant, Eric, le narrateur qui va partir à la recherche de ses origines. Emouvant !
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Une très belle histoire, dans l'émotion, et le ressenti. Retrouver ses liens, son identité, remonter le fleuve des souvenirs, des années, des lieux.
L'écriture est parfois très poétique et parfois très succincte.
Un peu de redondance, une petite langueur, mais la fin rehausse le tout, en émotion intense.
Il est difficile de poser des mots sur ce genre de roman, ce sont des ressentis muets mais profonds et bouleversants.
Je n'ai pas lu le roman précédent, Rochelle, qui semblerait être de début de cette quête d'identité.
Une belle lecture.
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Eric SIGNORELLI (FOTTORINO) part à la « recherche » de sa mère après que celle-ci lui ait révélé, ainsi qu'à ses frères, qu'elle avait eu une petite fille qui lui a été arrachée à la naissance.

Eric va partir à Nice, à la rencontre de cette jeune fille de dix-sept ans, de ce qu'à été sa vie d'adolescente et de femme, mais surtout de mère, lui qui n'a jamais pu l'appeler « Maman », mais Lina.

Lina est tombée enceinte d'Eric à l'âge de 17 ans. Sa mère a tout fait pour qu'elle ne puisse pas se marier avec Moshé. Un juif ! Même pas imaginable. Elle a voulu séparer l'enfant de sa mère, Lina, mais celle-ci ne s'est pas laissé faire.

Après Eric, Lina retombera enceinte, mais cette fois, sa mère l'obligera à signer un acte d'abandon avant la naissance. Elle n'aura pas l'occasion de serrer l'enfant dans ses bras.

Eric part sur les traces de sa naissance et de sa mère. Il part à la recherche du temps perdu. Il essaie de se mettre à la place de cette jeune fille de dix-sept ans, de comprendre ce qui lui est arrivé. Il va comprendre que sa mère l'aimait d'un amour infini et que sa Mamie, qu'il aimait par-dessus tout, a tout fait pour les séparer.

Arrivera-t-il à faire la paix avec lui-même et a retrouver enfin sa mère ?

C'est l'histoire d'une famille déchirée, d'enfants qui se sentent abandonnés, sur qui les secrets pèsent lourds et sont dévastateurs pour tous, qui devront se construire à partir de miettes. Ils vont devoir porter ce fardeau sur leur épaules jusqu'au moment où ils auront le fin mot de l'histoire. Sinon, ce fardeau, ils le porteront jusqu'à la fin de leur vie.
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De cet auteur, je n'ai lu que "Chevrotine" dont je ne garde à ce jour aucun souvenir.
Il n'en sera pas de même avec celui-là, car j'ai été bouleversée par son récit.
Les années 60, j'ai bien connu. Et l'opprobre qui pesait sur les filles-mères aussi. J'en avais l'exemple autour de moi.
Arracher ainsi un enfant à sa mère est quelque chose d'odieux, de répréhensible, surtout lorsque celle-ci n'est qu'une enfant mineure. Car oui, à l'époque, la majorité était à 21 ans et avant, le bon vouloir des parents primait sur le désir de l'adolescente.
Arracher ainsi son premier amour à une jeune-fille de dix-sept ans est également odieux. Et tout ça, parce qu'il était juif !
Cette mère, je l'aurais haïe de toutes mes forces.
Et le petit-fils, lui, l'a aimée énormément, ne sachant rien du passé.
L'auteur a fait un magnifique travail de mémoire, il a accompagné cette mère qu'il a eu du mal à aimer, il a compris, enfin, un peu tard, ce qui s'était joué à son insu.
Je le répète, bouleversant, mais sans pathos.
A mon prochain passage à la médiathèque, je vais emprunter d'autres livres de lui.
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Cette lecture m'a remuée, « bousculée », elle m'a interpellée concernant mon rapport aux membres de ma famille.

Suite à une révélation de sa mère, l'auteur part à Nice, sa ville natale, à la recherche de son identité. Il a 57 ans au moment de l'écriture du livre, et il se confie sur les liens distants qui existent entre sa mère et lui depuis sa plus tendre enfance. L'auteur n'hésite pas à se remettre en cause. Dans sa quête, il va essayer de mieux comprendre son passé.

« Les années m'ont sauté à la figure, tout ce temps passé sans te parler, en t'évitant, en esquivant le dialogue, avec des mots vides et désamorcés, des politesses en guise de tendresse » …

Alors le récit ne fait que confirmer que tout ce que l'on vit dans notre enfance, évènements joyeux comme perturbants, a une répercussion sur notre rapport à l'autre. Comment faire évoluer des liens dans le sens positif ? Certainement déjà par une prise de conscience et une compréhension des faits.

« Et puis tout d'un coup je me suis mis à pleurer pour rien. Ce rien, c'était notre vie disparue sans que je te serre contre moi, petite maman, sans ces gestes que tu avais tant attendus puis qu'à la longue tu avais cessé d'espérer. »

Le récit m'a poussé à me questionner sur mes relations aux autres membres de ma famille, et en particulier mes parents. Souvent, on est plus avare en affection avec eux qu'avec nos amis. Alors « on ne choisit pas sa famille », certes… certes… C'est donc une raison pour en « mal-traiter » ces membres ?
Si je devais pointer du doigt une qualité qui fait bien souvent défaut dans les familles, ce serait la communication…
Connaissez-vous l'équation suivante ? "Un mal-exprimé+un mal-écouté = un mal-entendu (malentendu)… "
Apprise dans une formation sur la « communication non-violente », elle donne à réfléchir…Alors on ne vit pas dans le monde des bisounours, c'est sûr. Mais si on essayait de surmonter toutes ces barrières qui existent dans une famille, si on communiquait mieux (ou « communiquait », tout court, parfois…) pour ne pas laisser des « non-dits » détériorer les relations, si on se témoignait un peu plus d'affection, on s'en porterait certainement mieux. Et la famille redeviendrait un lieu de sécurité et un agent de stabilité.

Et puis, la quête de l'auteur se passe 5 mois après le dramatique attentat qui a eu lieu le 14 juillet sur la promenade des Anglais à Nice. L'événement est encore très présent chez les citadins, et notamment chez les enfants. L'auteur, de par une rencontre inattendue, en fait mention, et ce souvenir douloureux provoque automatiquement une certaine émotion.

Voilà, ce livre ne m'a pas laissée indifférente.
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