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EAN : 9782072852152
176 pages
Gallimard (07/01/2021)
3.47/5   80 notes
Résumé :
À l’approche de Noël 2018, le docteur Paul Gachet emmène sa femme et sa fille à la découverte de Florence. Alors qu’il brûle de leur faire découvrir les Botticelli, les charmes de la vieille ville et du fleuve Arno, leur séjour est perturbé par l’apparition d’une performeuse serbe, Marina Abramovic, à travers les rues de la cité jusqu’aux salles du Palazzo Strozzi. Qui est cette femme soudain omniprésente qui bouleverse tous les repères de Paul Gachet et des siens, ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (15) Voir plus Ajouter une critique
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Qu'est-ce qui peut bien pousser un homme, chirurgien orthopédiste de son métier, en vacances à Florence en Italie avec sa femme et sa fille, parcourant les allées de la Galerie des Offices et les boutiques de bijoux sur le Ponte Vecchio, à s'intéresser à l'affiche d'un spectacle organisé par une performeuse au point d'en perdre le sommeil et de n'avoir de cesse de tout savoir sur cette artiste ?

C'est ce qui arrive étonnamment à Paul Gachet, que rien ne prédestine à ce choc artistique, lui qui ne va jamais voir du spectacle vivant et ne s'intéresse qu'à très peu de choses hormis les prothèses orthopédiques qu'il pose sur des enfants qui en ont besoin.
La rencontre avec Marina Abramovic, puisque c'est son nom, va être décisive dans la vie de cet homme tranquille. Il va tout d'abord visiter l'exposition qui lui est consacrée, et découvrir l'univers de body art qu'elle incarne, tout en glanant toutes les informations disponibles à son sujet.

Il découvrira donc que Marina Abramovic naît à Belgrade, qu'en 1973, elle effectuera ses premières performances avec des objets dangereux ainsi que des médicaments, afin de se mettre à l'épreuve. Elle participera ensuite en 1975 à la Biennale de Paris, qu'elle commencera sa collaboration avec Ulay (son compagnon entre 1976 et 1988) et que Marina A fera partie du courant artistique de l'art dit « corporel » se retrouvant même physiquement en danger, une fois, presque morte asphyxiée, sous un rideau de flammes pendant des performances brutales et perturbantes. ..

Paul Gachet est tout simplement bouleversé par l'exposition qu'il voit à Florence. A son retour à Paris, il continuera ses recherches sur l'artiste, les images de ses performances hantant même ses nuits sous forme de rêves étranges et de cauchemars.

Deux ans plus tard, c'est une photo découverte par hasard – mais le hasard existe-t-il ? – intitulé « L'impossible rapprochement », et sur lesquels figurent Marina et Ulay, qui cherche à se toucher mais en sont mystérieusement empêchés, que notre personnage principal fera un lien avec la pandémie qui va dévaler sur la planète : un étrange virus fait son apparition, et tout se passe comme si l'artiste serbe avait eu une prémonition avec ses installations bouleversantes, notamment celle qui portait un titre prophétique : « The Cleaner » …

Personnellement je ne connaissais pas Marina Abramovic (depuis j'agis comme Paul Gachet et je découvre son travail), mais par contre je savais qu'Eric Fottirino était un auteur intéressant. de lui je connaissais son goût pour le cinéma – « Baisers de cinéma » que je vous recommande – qui a parlé avec beaucoup de pudeur des rapports Père/fils dans « l'homme qui m'aimait tout bas », ou encore sur la paysannerie française dans « Mohican », un livre que j'ai chroniqué l'année dernière.

Avec « Marina A » il nous raconte un homme ordinaire kidnappé par une rencontre artistique qui va bouleverser la suite de son histoire – avec un style toujours fluide et très agréable à lire. On y gagne aussi la découverte d'une artiste fascinante, qui pourrait bien elle aussi vous happer comme l'a été Paul Gachet : méfiez-vous des livres qui n'ont l'air de rien mais qui ont une grande portée, celui-ci en fait partie.
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A l'instar du docteur Gachet, le narrateur, j'ai toujours été intriguée, dérangée, déstabilisée par le travail de Marina Abramovic. Mais mystérieusement et inexplicablement fascinée aussi.
Paul Gachet (comme le médecin de van Gogh, clin d'oeil?) la découvre pour la première fois par hasard à Florence en 2018 où se tient son exposition rétrospective The Cleaner.
A la fois choqué et questionné par la violence, de ces performances extrêmes de body art si loin des beautés florentines du musée des Offices. Car Marina A met son corps en scène jusqu'à frôler la mort pour délivrer ses messages.
La vie du médecin en est bousculée et peu à peu Marina A envahit ses pensées jusqu'à fissurer et ébranler ses certitudes, le modifier.
Le travail de Marina A prend tout son sens avec l'arrivée de la pandémie amenant Paul Gachet, durant le premier confinement, à réfléchir sur lui-même, son égoïsme, son égocentrisme petit-bourgeois bien pensant.
Prendre soin de l'autre, tel est l'un des messages majeurs de Marina A, un message qui nous parle et nous ouvre les yeux en cette période de Covid et de distanciation sociale recommandée, de repli sur soi....
Un livre vraiment magnifique qui permet de découvrir ou redécouvrir cette artiste visionnaire qu'est Marina Abramovic tout en nous livrant une riche réflexion sur notre époque et sur nous mêmes.
L'art qui touche nos émotions, l'art qui nous fait réfléchir, l'art qui nous fait avancer.
« l'art ne doit pas être beau, il doit avoir du sens » Marina Abramovic
Un grand coup de coeur.
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Marina A. a percuté la vie de Paul Gachet un jour de décembre 2018, lors de l'exposition « The Cleaner » à Florence. Ce n'est que deux ans plus tard, lors du confinement suite à la pandémie planétaire, que cette rencontre intellectuelle prendra tout son sens et se révélera à Paul. Elle viendra le questionner notamment sur son rapport à l'autre.
Paul est un personnage de fiction. Il est médecin, vit a Paris, est marié et a une fille.
Marina Abramovic existe vraiment. Elle est une artiste serbe, une performeuse d'art corporel.

Ma première rencontre avec Marina Abramovic n'a pas été la même que celle de Paul Gachet, personnage principal du roman d'Eric Fottorino « Marina A ». Je ne l'ai pas découverte lors de l'exposition « The Cleaner » à Florence mais à la lecture de « La beauté des jours » de Claudie Gallay en 2017. Intriguée et curieuse, j'étais allée me documenter sur elle et avais visionné des vidéos sur son travail. Comment dire... j'étais ressortie un peu décontenancée, gênée et dans une incompréhension totale.
Et voilà, qu'un autre auteur me la remet sur mon chemin. Je n'ai donc pas hésité, visiblement je n'en avais pas fini avec cette performeuse de body art. Je me suis lancée dans ce roman et je ne regrette pas ma lecture car elle a été une autre approche beaucoup plus accompagnatrice. J'ai pu mieux comprendre et apprécié les performances de Marina Abramovic. Paul Gachet a été mon guide et quel guide ! L'aurais-je autant apprécié si celui de Claudie Gallay n'avait pas déjà tracé une route dans mon esprit. Je ne pense pas. Alors merci à ces deux auteurs de m'ouvrir au monde.
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Marina A pour Marina Abramovic, artiste performeuse serbe que va rencontrer le docteur Paul Gachet, narrateur du dernier livre étonnant et fascinant de Eric Fottorino. le nom Paul Gachet nous rappelle évidemment le docteur ami de van Gogh et on peut se demander si ce choix est fortuit ou non. Nous sommes à l'hiver 2018 à Florence, la grande ville d'art des peintres géniaux de la Renaissance italienne, où une famille parisienne bourgeoise, le père chirurgien orthopédiste en pédiatrie, sa femme professeur de philo et leur jeune fille adolescente viennent se ressourcer au contact de tous les arts, y compris culinaires.

C'est l'histoire d'une fascination qui s'empare du père à la vue d'affiches représentant une femme énigmatique aux cheveux et au regard très noirs. Cette femme est omniprésente, semble le poursuivre. Il est désemparé. Il ne sait qui elle est mais il subit son emprise comme un séisme. Il découvre qu'elle est une artiste performeuse dont une rétrospective est présentée au palais Strozzi. Piquée par la curiosité, au lieu d'aller aux Offices, la famille s'y rend et découvre les performances de cette artiste qui ont un effet totalement dévastateur chez le père. Il ne comprend pas ce qu'il voit, il est choqué mais en même temps terriblement fasciné. Ce livre est ainsi un long questionnement: pourquoi cet intérêt pour cette femme? Pourquoi cette fascination? Marina a connu la dictature communiste et l'effroyable guerre des Balkans. Cette performeuse, nous dit l'auteur, est une lanceuse d'alerte. Sa méthode est de mettre son corps en danger, livré à disposition comme un objet, réclamant qu'il soit malmené, mutilé, jusqu'aux limites du supportable. Chez celui qui a pour métier de réparer des os brisés, c'est un choc inouï d'assister à ces mises en scènes criantes de réalité. A première vue, ce pourrait être une violence gratuite. Mais on s'aperçoit que ce qui fascine le narrateur et l'auteur avec lui, c'est le degré de confiance absolue qui existe entre l'artiste et l'autre, que ce soit le public, ou son compagnon Ulay, performeur allemand, avec lequel elle a beaucoup travaillé, poussant leurs corps jusqu'aux limites de cette confiance. Dans la deuxième partie du livre, le narrateur, alors qu'il était au début incompréhensif, ignorant de l'art, éprouvant même de la répulsion, au contact sismique de cette femme prend conscience de l'altérité, de l'importance de la relation avec l'autre, de ces deux petits mots: "Après vous". Les performances de Marina sont des actes de liberté et d'humanité. On comprend que l'auteur a écrit ce livre pendant les confinements. Il est question de gestes barrière, de distanciation entre l'artiste et son compagnon, d'"impossibilité de rapprochement", d'isolement. L'auteur est saisi par une réflexion sur notre société individualiste, sur la perte de l'humanité, sur l'art et ce qu'il nous dit lorsqu'il nous choque et en même temps nous tend la main. L'art peut modifier une vie."L'artiste serbe avait ouvert une brèche en moi, une manière de regarder. le besoin d'ouvrir les yeux autrement". Elle nous dit: "Prenez soin de vous!"Le narrateur se demande à la fin s'il a compris quelque chose. "Marina A était sans doute la seule lanceuse d'alerte au monde à crier sans un mot, à écrire avec son corps, son sang, ses silences". En fin de lecture, malgré le plaisir évident d'avoir participé à cette expérience inédite, je ne peux m'empêcher de ressentir un sentiment d'étrangeté, peut-être engendré par le choc de deux formes d'expression artistiques si opposées rassemblées pour un moment dans cette Florence emblème de l'art de la Renaissance.
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J'ignorais totalement l'existence de Marina Abramovic. Avec ce roman Eric Fottorino l'a faite certainement découvrir à beaucoup de lecteurs qui étaient dans mon cas. Cette femme serbe naît dans les années 40/50, en Yougoslavie alors sous la dictature communiste du maréchal Tito. Elle pratiquera à partir de années 70, le Body-art, elle fera de l'art avec son corps, pendant une période avec son compagnon Ulay. Son moyen d'expression consiste à réaliser des « performances » en se mettant dans des attitudes souvent provocantes, assez fréquemment nue, sans hésiter à se blesser, dans le but de délivrer des messages sur la société, sur le comportement des humains, sur les droits de l'homme et de la femme. le personnage narrateur du roman est un docteur, orthopédiste pour les enfants, et déjà dans son nom, on reconnaît la patte d'Eric Fottorino, le docteur se nomme Paul Gachet, comme celui qui au 19ème siècle a été un des mécènes des impressionnistes, notamment de van Gogh. le docteur se rend, à Noël 2018, avec Maud, sa femme et Lisa, sa fille à Florence. Au cours des visites de musées, il découvre des affiches de Marina Abramovic, elle est partout, et cette présence l'intrigue dans un premier temps. Lorsqu'il apprend qui elle est et surtout ce qu'elle veut prouver par ses performances, cela va devenir une obsession qui va bousculer ses repères. Deux ans plus tard pendant le premier confinement du printemps 2020, il prend conscience en étudiant les « oeuvres » de Marina A de l'importance de l'expression « après vous » et surtout du comportement qui doit en découler.
L'auteur nous avait habitués a des autofictions, il veut probablement nous obliger à la réflexion, en nous révélant cette forme d'art des 20 et 21ème siècles. Bon ! Je ne serais pas aussi dithyrambique sur ce roman que sur les autres bien que l'on retrouve son écriture toujours très agréable, fluide, son humour caché sous les jeux de mots, et ses clins d'oeil très personnels. Je n'accroche pas, non pas à Eric Fottorino, mais à Marina Abramovic.
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critiques presse (2)
Telerama
26 septembre 2022
Aucun critique n’est parvenu à dire l’art de Marina Abramovic (74 ans) mieux qu’Éric Fottorino dans ce livre hybride, tout à la fois roman, biographie et ­analyse de son œuvre.
Lire la critique sur le site : Telerama
LeFigaro
04 février 2021
Par le biais de la fascination de son narrateur pour la performeuse serbe Marina Abramovic, Éric Fottorino s’interroge sur notre humanité et son avenir.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (27) Voir plus Ajouter une citation
Dans ma vie j’avais toujours agi selon mes connaissances, laissant de côté mes émotions. L’art n’avait pas trouvé sa place, il était une étrangeté inaccessible, hors de portée de ma raison. Un univers improbable que je tenais pour futile ou gratuit comparé à l’exercice d’un métier tangible, chauffeur routier, architecte ou assureur, pour rapprocher des activités sans lien entre elles sinon d’obéir à des règles.
L’art était à mes yeux le contraire de la contrainte et de l’exigence. Je croyais ça. Que c’était du vent, alors que le vent c’était moi. (…)
L’art n’avait pas sa place dans la mienne, surtout au bloc opératoire, et si peu ailleurs. A quoi pouvait-il donc me servir ? Ca ne servait à rien, l’art.
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Etais-je désormais condamné à ne plus voir la vie qu’à travers le regard de l’artiste serbe ? Je me suis demandé si c’était ça, regarder : dynamiter le réel avec d’autres images qui le pervertissaient. J’aurais préféré fermer les yeux, ne rien voir, ne rien savoir. Pourtant une force m’entraînait. Je devais à tout prix apprendre les vérités cachées que connaissait Marina Abramovic, je devais savoir ce que savait cette chamane venue d’un pays qui n’existait plus. Comme n’aurait pu exister aucune synagogue sur la terre sans les militaires qui les gardaient. Derrière leurs armes il y avait un homme et une femme nus, fragiles, sans défense, vulnérables.
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Les performances de Marina étaient une suite de métamorphoses que je percevais comme autant de tentatives pour vivre ensemble. Les flagellations disaient " je suis vulnérable". Les secours in extremis des spectateurs face à l'étoile communiste en feu ou au pistolet chargé brandit par un excité dans rythme 0, signifiait "j'ai besoin de vous". Les baisers voraces, la flèche pointée sur le cœur, les corps enchevêtrés racontaient l'amour, la confiance en l'autre, la confiance éperdue. Les regards échangés par-dessus une table marquait ensuite la distance teintée de bienveillance. Chaque fois le corps était en jeu. Exposé, dénudé, menacé, malmené, puis rhabillé, éloigné, protégé, préservé.
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Ce travail me révélait ce qu’il y a de plus horrible chez les gens. Il montrait à quelle vitesse quelqu’un peut se décider à te blesser lorsqu’il y est autorisé. À quel point il est facile de déshumaniser quelqu’un qui ne se défend pas. Cela montrait aussi que la majorité des gens « normaux » peuvent devenir violents en public si on leur on donne la possibilité.
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Les instructions étaient écrites sur un panneau: "il y a 72 obtes sur la table que chacun peut utiliser sur moi comme il le désire." Au début, tout est calme, le public l'embrasse, met des fleurs dans ses mains, fait des polaroids et lui fait prendre des poses. A la fin, elle a été dénudée, allongée, ligotée, giflée, saignée.

[...]

Puis le galeriste est entré pour annoncer que les six heures étaient écoulées et que la performance était finies. Abramovic s'est relevée, elle à traversé le public -tiens, ce n'était donc pas un objet, c'était une femme, voilà ce qu'ils ont pensé, a t-elle dit. "La leçon que j'ai tirée de cette pièce, c'est que dans nos performances nous pouvons aller très loin, mais si nous laissons le public faire, nous pouvons être tués."
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Videos de Éric Fottorino (110) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Éric Fottorino
Eric Fottorino vous présente l'hebdomadaire "Le 1" à l'occasion des 10 ans du journal. En partenariat avec l'IJBA.
Retrouvez le journal : https://www.mollat.com/Recherche/Editeur/0-7102238/le-1
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