Nature et parure

À la découverte des hommes et de leurs dimensions créatives, le photographe allemand Hans Sylvester a voyagé dans le monde entier. Mais depuis 2002, un peuple le fascine particulièrement puisqu'il lui a rendu visite trente-neuf fois. Une fascination tout à fait justifiée car les Suri, des éleveurs semi-nomades de la vallée de l'Omo, dans le sud de l'Ethiopie, pour se camoufler, se protéger du soleil, ou tout simplement par « se faire beau » maquillent leur corps et le parent de fruits, de fleurs et de végétation — surtout leur crâne qu'ils rasent — de façon aussi magnifique qu'inventive. Hélas, une tradition en grand danger de disparition à cause des récentes sécheresses qui précarisent la situation des Suri, et des nombreux touristes qui ôtent toute spontanéité, notamment aux plus jeunes, en les photographiant.

Pour la beauté des parures naturelles, pour les regards des jeunes modèles, espiègles et joyeux, mais aussi profonds, méditatifs et mélancoliques, comme si ceux-ci savaient déjà qu'ils risquaient d'être les derniers à exercer leur art, un livre époustouflant à découvrir absolument.
Merci à Babelio et aux Éditions De La Martinière.

A la croisée du courant artistique du Land art, des performances contemporaines de la plasticienne Orlan et du peintre de la Renaissance Arcimboldo, se trouve l'art ancestral inconnu de la tribu Suri, peuple vivant dans la vallée de l'Omo (Ethiopie). Pour quelques heures, chacun se pare d'éléments naturels et devient une oeuvre d'art vivante. Afin de sublimer leurs visages, leurs corps, leurs crânes rasés (les Suri n'apprécient pas la pilosité), ces hommes, femmes et enfants, incroyables de spontanéité, d'imagination et de subtilité, créent avec ce que la nature leur offre : les fruits, les feuilles, les branches, les fleurs, les peaux, les plumes. Ils créent aussi des pigments naturels pour peindre leurs corps.
Ce livre rassemble les photos d'Hans Silvester, photographe allemand, parti à la découverte de ce peuple fascinant, pour qui la beauté est une idée pure. Elle n'a pas de référence dans le monde occidentale et ne se reflète que dans le regard des autres.
C'est avec une grande émotion que j'ai découvert cette tribu, à travers leur si belle tradition captée par Hans Silvester. J'ai plongé mes yeux dans les regards fiers, tantôt durs, tantôt charmeurs ou rieurs. J'ai observé leurs créations ; et j'ai compris que ce peuple ne faisait qu'un avec la nature. La diversité des parures, dans la variété des éléments utilisés et la créativité d'agencement, montre une connaissance et une analyse poussée de leur environnement.
Je suis heureuse que ces photos, après avoir été exposées en galerie, fasse aussi l'objet d'un livre aussi soigné. La rencontre avec cette tribu peut se poursuivre à tout moment. Mes enfants de 4 et 11 ans ont ainsi pu faire connaissance avec une autre partie du monde, une autre culture, une nouvelle forme d'art. Et une discussion sur la beauté a été engagée. Pour cela, encore une fois, merci les livres. Et particulièrement, merci les éditions la Martinière d'avoir fait ce choix de publication.
Le dernier merci sera pour la Masse critique de Babelio pour cet envoi, ce livre qui m'a tant touché.

Hans Silvester, photographe allemand, est tombé sous le charme des parures des Suris, habitants de la vallée de l'Omo. Il y a fait une trentaine de voyages à partir de 2002. Conscients des ravages du tourisme dans cette région de l'Éthiopie, il immortalise ces oeuvres d'art éphémères avec son appareil photo. Ce livre est le témoignage d'un art populaire en danger à cause des ravages mercantiles.
Les Suris n'apprécient pas les cheveux qui poussent sur leur crâne. Alors, ils se rasent la tête. Et pour se protéger du soleil et se camoufler, ils composent des masques à base de pigments minéraux et couvrent leur tête de pousses végétales. Ils pratiquent cet art à l'instinct. Malheureusement l'arrivée des Chinois dans cette région a cassé cette fantaisie.
« Je voyais ces hommes nus en armes, c'était impressionnant. Puis l'argent est arrivé. En vingt ans, les Chinois ont amené les pistes, les téléphones. Et les miroirs. »
Avec les miroirs, la spontanéité de leur créativité s'est éteinte.
« Tous les dessins sont devenus exacts, trop exacts, regrette le photographe. La liberté, la fantaisie, tout a disparu. Ils sont contents de voir le résultat dans le miroir. le regard de l'autre, c'était ça, le vrai reflet. »

Avec le réchauffement climatique, l'essor du tourisme et la présence des chinois, ce peuple d'éleveurs a de plus en plus de mal à exercer cet art primaire, cette communion avec la nature.
Ce superbe album fait la part belle aux photographies. Et elles sont magnifiques. le livre comprend une petite dizaine de textes explicatifs écrits par Eric Fottorino en collaboration avec Hans Silvester. Juste de quoi comprendre cet art et les dangers qui le menace.
Les photographies captent des regards, des instants de vie, des tableaux vivants. Un très beau témoignage d'un art qu'il faut savoir préserver.
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