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sur 59 notes
Elsa a été victime d'une « tournante » à l'âge de 8 ans et d'un viol à 19 ans, en 2005. Douze ans plus tard, le criminel est identifié, jugé, condamné et la romancière, maman d'un second enfant trouve les mots pour raconter son drame.

Sa situation diffère fondamentalement, sur un plan juridique, de celle de Christine Angot dont les diverses dénonciations n'ont pas abouti à la condamnation de son « agresseur », aujourd'hui décédé, et donc présumé innocent conformément à l'article 9 de la déclaration des droits de l'homme et du citoyen.

Avec franchise, pudeur, sincérité et beaucoup de talent, Elsa Fottorino décrit le contexte des deux agressions, leurs blessures et les années d'enquête avec une police manquant parfois de tact et une justice pauvre en moyens et en empathie pour les victimes. La description du procès est cruelle et riche de leçons à tirer.

Elle analyse les sous entendus guidant encore l'éducation des garçons et des filles et les postures familiales qui en découlent. Elle revient sur sur ses études d'abord provinciales puis parisiennes et la détermination avec laquelle elle a imposé sa vocation à ses parents.

Outragée, mais jamais brisée, puis libérée grâce aux années et à l'affection des siens, la romancière offre un regard salvateur sur son cas, qui est celui de milliers de femmes, et rédige des pages sublimes où le lecteur voit comment la nature l'a aidée à retrouver sérénité, confiance et foi en l'avenir.

Cent cinquante pages éducatives à lire particulièrement par les lycéens et lycéennes afin d'éveiller les consciences au respect des personnes et rappeler que « le désespoir n'a jamais empêché personne d'être heureux. Ceux qui en ont ne serait-ce que le souvenir savent. »

Parler tout bas transmet un message fort et salvateur !
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« Je vais vous parler de l'horreur. L'horreur banale, anodine, qui nous cueille sur le sentier de l'ordinaire et nous rend à lui sans laisser de trace » Ainsi débute ce témoignage d'une jeune mère qui revient sur ce viol subit il y a douze ans alors qu'elle avait 19 ans.
Difficile de raconter l'indicible, surtout lorsqu'on a préféré mettre tout cela entre parenthèses pour continuer à vivre, parce qu'il le faut bien.
« On disait que j'allais bien. Je le disais à mon tour pour ne pas décevoir. Et aussi, je crois, parce que c'était vrai »
Mais la réalité rattrape Elsa Fottorino lorsque, douze ans après les faits et l'affaire classée sans suite, le coupable est enfin identifié. La jeune mère, qui attend son second enfant, voit l'histoire de ce viol la submerger à nouveau.
C'est avec pudeur et délicatesse qu'elle revient sur ce drame et sur l'enquête, les interrogatoires et le procès auquel elle ne veut pas assister.
C'est alors qu'elle décide de prendre la plume pour dire vraiment ce qui lui est arrivé et ne plus se contenter de parler tout bas.
Ce témoignage est davantage un cheminement intérieur qui s'attache à raconter le mal-être, la peur, le vide causé par le traumatisme, la culpabilité et ce déni de sa souffrance qu'elle enfouie. Il lui faut cinquante pages pour se raconter dans l'intime avant de pouvoir parler du viol, de sa violence et de la sidération qui a suivi, cinquante pages avant d'aborder l'horreur et toute la procédure qui suivra.
Il y a une certaine lenteur dans le récit, l'auteure prend le temps avant d'affronter à nouveau ce passé et on la comprend, on l'admire pour sa sincérité, sa mise à nue. Faut-il en passer par là pour, enfin, en avoir terminé avec ce poids ?
Elsa Fottorino nous raconte aussi la vie, avec ses souvenirs d'enfant, et le bonheur d'être mère.
L'écriture est sobre, avec une mélancolie qui affleure souvent, et on ne peut qu'être touché par ce récit émouvant et vrai.
Je remercie Lecteur.com et les éditions Mercure de France pour la découverte de ce roman émouvant.



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Un jour d'hiver, la narratrice, 19 ans, est violée dans un bois, à quelques centaines de mètres de chez ses parents. Douze ans plus tard, son agresseur est arrêté. Convoquée pour le procès qui va suivre deux années après, elle découvre que l'homme a fait onze autres victimes.

Dans « Parle tout bas », la narratrice qui est aussi l'auteure du livre, Elsa Fottorino, revient sur cette déflagration dans sa vie. Mais contrairement à de nombreux autres ouvrages qui abordent ce thème de manière très détaillée, « Parle tout bas » nous livre ici la confession intime d'une femme qui a pris le parti de transformer une chose monstrueuse en exercice littéraire. Prenant de la distance par rapport à ce qui a été et à son statut de victime, l'auteure s'applique à travailler son style. Non, elle ne dira presque rien sur l'agression elle-même. Elsa Fottorino se protège, protège son nom aussi – elle est la fille d'Eric Fottorino, journaliste au "Monde" puis fondateur du magazine hebdomadaire « Le 1 ». A-t-elle le choix ? Pas vraiment de ce qu'elle en dit. Ce viol, très vite ses proches l'ont amenuisé. « Plus de peur que de mal » lui disait-on… Alors en jeune fille sage qu'elle était, elle a suivi le mouvement. Pourtant, la honte est toujours là, le traumatisme bien présent même s'il est caché. Quand on lui annonce le procès alors qu'elle est enceinte et heureuse, c'est finalement la ramener à cet état d'objet, de corps sans être, qu'elle a enduré dans cette forêt de février. Mais une fois encore, elle ne cédera pas au rôle qu'on voudrait lui assigner.
En nous parlant du procès auquel elle n'a pas voulu assister, elle raconte les différentes étapes qu'elle a traversées, de la sidération à la mémoire traumatique, de l'enquête et des démarches, du procès à la reconstruction. Elle montre d'ailleurs qu'on peut se « réparer » psychologiquement autrement que par la justice et se défaire de l'identité de « victime » , en gardant ainsi une forme de dignité aux yeux des autres, tout en reconnaissant que ce fameux statut est nécessaire pour que justice se fasse.

Par l'écriture, Elsa Fottorino a voulu explorer la complexité des sentiments et les états contradictoires qui nous traversent dans pareille situation. Ses mots sont choisis, son style est sobre et sans fioritures. Je regrette juste parfois un manque de clarté dans sa narration qui, à force d'introspection, perd un peu le lecteur. La chronologie y est très confuse. Mais ce sera mon seul bémol à ce récit tout en pudeur.
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Subir un viol, c'est un drame dont on se remet difficilement, ou jamais. Il faudra douze années à Elsa Fottorino pour, enfin, réussir à écrire son histoire, revenir sur les faits, l'enquête et la procédure, longue' qui ont suivi son agression jusqu'à voir l'affaire classée sans suite en l'absence de coupable. Et puis, alors qu'elle attend son second enfant, il y a un rebondissement de l'affaire avec un suspect et dix autres plaintes. Toute l'horreur de ce traumatisme refait surface
« Pour la première fois depuis le début de l'histoire, je peux dire « j'ai mal » et je sais précisément où. »
C'est avec pudeur et simplicité qu'Elsa Fottorino raconte ces longues années de peur et cette éclaircie, enfin, lorsqu'elle s'autorise à écrire son histoire, parlant pour toutes ces victimes silencieuses car un viol, comme le dit si bien l'avocate générale, est un « meurtre de l'âme ».
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La narratrice parle de « l'évènement » pour parler de ce viol, ce mot violent est utilisé pour parler d'autres victimes. le sujet est traité avec délicatesse (je ne trouve pas de mot) comme pour les autres victimes et elle même. Lorsqu'elle fini par évoquer l'acte elle dit juste ce qu'il faut pour qu'on comprenne sans heurter personne.

Ce qui m'a plu dans ce roman c'est qu'il ne suit pas une chronologie linéaire, on ne se perd pas dans les repères temporels. Il y a avant et il y a après… mais dans ces deux espaces il y a tellement de questionnements. Douze ans

Ce qui m'a marqué c'est ce temps qui rattrape la narratrice. Elle avait enfoui ce traumatisme et voilà qu'on lui demande de le faire resurgir. J'ai eu l'image d'un élastique, c'est comme si elle avait avancé en tirant sur cet élastique accroché à cet instant T et que d'un coup d'avoir trouvé le coupable coupait ce point de départ et que tout lui revenait à la fois en faisant des boucles.

On lui a appris depuis toujours à être discrète, se taire et ne pas faire de vague parce que c'est une fille et il y a aussi le milieu dans lequel elle évolue. Elle a continué à se forger la carapace qui la protège. Elle en deviendrait froide et « insensible ». On joue tous un rôle alors pourquoi pas celui-ci si ça lui évite les questions.

J'ai beaucoup aimé la délicatesse avec laquelle elle parle de toutes les victimes d'agression en ayant conscience que chaque une attitude différente en fonction de paramètres personnels, il n'y a pas une bonne ou une mauvaise façon de réagir et de survivre (ou pas).

J'ai aussi remarqué qu'il y a beaucoup de scènes présentes où la lumière est omniprésente, comme si elle voulait tendre vers plus de lumière dans sa vie, sortir de l'obscurité ce secret pour enfin vivre pleinement.

Ma crainte d'être dans la position du lecteur voyeuriste s'est vite évanouie pour mon grand soulagement.
Lien : https://latelierderamettes.w..
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La narratrice revient sur un viol qu'elle a subie quand elle avait 19 ans.
A l'époque, l'enquête n'avait pas pu aboutir. Mais douze années plus tard, à la faveur d'autres témoignages concordants d'autres victimes, elle est sollicitée pour participer au procès de son violeur.

Elsa décrit assez bien le désordre intérieur qui ressurgit après tout ce temps, alors même que la narratrice pensait avoir tourné la page. le silence qui a permis de survivre, mais a enfermé cette journée et celles qui ont suivi dans un passé qu'elle n'avait pas compris, un passé qu'elle n'avait pas regardé en face, et qui la torturait insidieusement.

En revanche, l'autrice mélange les époques et les faits, et j'ai parfois eu du mal à suivre. Elle m'a un peu perdue au milieu du roman, que j'ai eu un peu de mal à terminer.


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Elle avait 19 ans, besoin d'air, avait séché les cours. Elle a sauté sur un VTT, pris le chemin de la forêt, il l'a stoppée.
Puis violée.

Il faut construire une vie après cette mort de l'âme. Une vie faite d'un classement sans suite, puis d'une réouverture du dossier, d'un violeur en série, d'un homme qui s'en prend aux petits corps de jeunes filles de 15 à 20 ans.
Elle n'était qu'une parmi la série.

La parole sur le viol se libère parce qu'elle s'écoute enfin. Si ces femmes connues sont si nombreuses à avoir été violées, combien d'anonymes?

J'ai vécu ma vie avec cette peur. J'ai toujours peur. Je ne compte pas les agressions de rue ni les agressions sexuelles que j'ai eu. J'ai toujours fait profil bas pour ne pas être violée. Chacune sa stratégie.

Elsa Fottorino, espérant sauver sa peau, a inondé son violeur de mots.
Aujourd'hui, elle les couche dans ce récit.

Si je n'ai pas été sensible à son style, confus, décousu, j'ai été sensible à sa douleur et sa pudeur. Ni crudité ni pathos, mais tout y est.

Si vous avez le courage…
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Ce roman paru le 19/8 est une claque. Elsa Fottorino nous livre le quotidien des victimes d'un viol. Avec pudeur et humanité, la narratrice nous parle, nous explique la vie pendant et après un viol. Ce roman pas bien épais bouleversant, est écrit avec sensibilité. Au travers des lignes, on y découvre le traumatisme qui impacte la vie de la narratrice sans pour autant qu'elle l'admette. On y découvre les phrases surfaites du juge, des avocats, des policiers, ces mêmes phrases qui sont censées apaiser et faire oublier. Mais peut-on oublier ? Peut-on se reconstruire ? Comment 12 ans plus tard Peut-on être capable de vivre à nouveau l'horreur ? L'autrice aborde avec finesse la façon dont les victimes peuvent surmonter différemment le viol. Seul bémol, le roman alterne des passages du passé et du présent avec parfois une difficulté de s'y retrouver.
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La narratrice est enceinte d'un garçon et sa première pensée est qu'il risquera moins . Il aura moins de risques de subir ce qu'elle-même a subi lorsqu'elle avait dix-neuf ans. Tous ses souvenirs resurgissent quand la police lui apprend que son violeur va être jugé…

Pas de pathos , mais une écriture sensible, qui montre la difficulté de la parole. Les policiers qui posent trop de questions, les paroles maladroites (vous vous en êtes bien sortie…parce qu'elle a continué à vivre), la violence de mettre un nom sur victime et violeur (« On m'avait transportée dans le langage…comme s'il m'avait possédée une seconde fois. Et voilà qu'on me brandissait aussi le sien, de nom : « Léonard Scarpa, de Reims »)…La narratrice ne parle pas avec colère et envie celle qui extériorise sa rage elle, elle parle tout bas, « comme de la porcelaine félée ». Les phrases sont courtes mais touchent au coeur.
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Alors qu'elle avait séché une épreuve de français pendant sa première année de classe préparatoire, en 2005, la narratrice, 19 ans, part faire du vélo en forêt de Saint-Germain et elle y est violée. Elle porte plainte mais son agression, ainsi que celle de 11 autres femmes ne sera résolue que douze ans plus tard.
Pendant tout ce temps, elle a enfoui le traumatisme, refusant que les autres ne la réduisent qu'à une victime; elle a un enfant et en attend un deuxième. Elle refuse de témoigner au procès du violeur mais accepte que son témoignage écrit soit lu par son avocate devant une photo d'elle projetée sur un écran dans la salle d'audience. Seule l'écriture lui permet de se libérer, d'expectorer les non-dits, de sortir de la stratégie d'évitement : ce qu'on ne dit pas, n'existe pas.
Ce roman est une auto-fiction qui lui permet probablement de se réapproprier sa vie pendant les 12 ans écoulés, car la jeune fille de 19 ans, c'était elle; encore aujourd'hui, elle ne peut prononcer ou écrire le mot "viol", elle refuse de nommer l'innommable; d'ailleurs, elle ne raconte pas son agression, elle en livre des bribes (peur, sidération mais aussi tentative de garder un certain contrôle en parlant à son agresseur, en essayant d'établir un contact).
Un passage m'a interpelée, celui où elle revoit tous les micro-évènements de cette journée fatidique qui se sont conclus par son agression; et si, un d'entre eux n'avait pas eu lieu? Et si? Et si? La narratrice tente d'insuffler une sorte de rationalité à ce qui n'en a pas. C'est une stratégie de protection qui est familière à certains d'entre nous.
Ce roman, c'est aussi le parcours déshumanisé du dépôt de plainte, des questions intimes, des examens médicaux, de l'obligation de voir et revoir la scène ad nauseam.
Malgré le thème très fort qui m'a touchée, j'ai été perdue dans les temporalités changeantes; l'écriture parfois confuse, qui est probablement la retranscription du maelstrom de sentiments qui ont envahi l'auteure, a fait de ma lecture plus un exercice de compréhension du texte qu'un pur ressenti d'émotions.
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