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Trois jours avec un écrivain.

J'ai eu du mal dans la première moitié du livre, me demandant si j'allais persévérer. Comme souvent dans la littérature française contemporaine, je trouvais le style un peu ampoulé, l'histoire moyennement intéressante.

Si ami lecteur, vous passez par ce passage à vide, allez de l'avant. Le livre se révèle dans les quatre-vingt dernières pages. Là où d'autres s'essoufflent, c'est le moment où l'auteur prend son envol. Le rythme atteint sa cadence véritable. J'ai terminé d'un seul allant.

Et la prouesse de l'auteur reste d'avoir réussi à créer chez le lecteur de l'empathie pour un personnage d'écrivain ô combien antipathique, tellement, finalement, il est misérable et donc humain.
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"Ce que j'aime dans le roman, c'est qu'il dit la vérité. Dans la vie, on passe son temps à mentir aux autres et, plus grave, à se mentir. On esquive, on tait, on tord. le roman, lui seul, touche au vrai, sous prétexte de tout inventer. Vous lirez, ici tout est vrai car rien n'est vrai."

Cette déclaration, c'est Norman Jail, un écrivain un peu mystérieux, l'homme d'un seul roman à succès publié dans les années 40 qui la fait à la jeune étudiante venue l'interviewer dans sa tanière. Au fil de leur entretien, le mystère autour de Norman Jail semble s'épaissir plutôt que s'éclaircir. Qui est-il vraiment ? Pourquoi ces dizaines de manuscrits non publiés sont-ils bien rangés dans sa bibliothèque ? Quelle est la véritable histoire autour de ce qu'il pense être le livre de sa vie, dont le manuscrit aurait été emporté par la femme qu'il aimait et qui l'a quitté ? Peut-on faire confiance à son récit qu'il prend un malin plaisir à parsemer de mensonges avoués et de fausses pistes ? Et quelle est la réelle raison de la présence de son interlocutrice dont le visage semble réveiller en lui de lointains souvenirs ?

J'ai mis longtemps à me décider à lire Trois jours avec Norman Jail, attirée par le thème mais inquiète à l'idée de retrouver des choses déjà un peu vues (le coup de l'interview de l'auteur mystérieux, ce n'est pas très nouveau ; la réflexion sur le rapport entre vérité et fiction non plus). En fait, j'ai eu raison de m'inquiéter car ma lecture s'est avérée parfois laborieuse. Comme si l'auteur forçait un peu trop sur la technique, au détriment de la fluidité romanesque. Alors certes, le fait de rendre le personnage de Norman Jail plutôt antipathique nourrit le propos et contribue fortement à la réaction de recul de la part du lecteur. Mais ce n'est pas seulement ça. Il y a ces jeux de mots dont l'auteur parsème le récit, certainement pour contribuer à éclairer son thème sur les faux-semblants que sème l'écrivain. Mais moi, ils m'ont profondément agacée au point de gâcher ma lecture.

Forcément, on reçoit aussi un livre par rapport à ce que l'on a déjà vécu et déjà lu. L'exploration des mystères de la création littéraire est un thème très couru chez les romanciers. Je n'ai pu m'empêcher de comparer avec Buvard (Julia Kerninon) ou avec la virtuosité de Ian McEwan qui s'est emparé de ce thème à deux reprises avec Expiation et Opération Sweet Tooth, des livres très différents qui m'avaient non seulement convaincue mais divertie, grâce à une maîtrise parfaite de la mise en abyme.

Reste quelques observations bien senties sur l'écriture, l'inspiration et le métier d'écrivain. Une ambition littéraire certaine mais qui n'a pas trouvé d'écho en moi. Dommage parce que j'apprécie énormément Eric Fottorino, sa superbe initiative avec le journal le 1 et ses savoureuses chroniques sur le vélo. Pas grave, ça marchera sûrement mieux une prochaine fois.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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[...] J'ai été employé aux écritures.

La vérité sur l'Affaire Norman Jail ?
Oui mais que dire de ces Trois jours avec Norman Jail ?
Que dire de ces trois heures passées avec Eric Fottorino ?
Ça commence plutôt bien, et c'est même ce qui nous a piégé, parce que le bonhomme sait écrire : il n'est pas journaliste et directeur du Monde pour rien.
Les effets sont enfilés avec brio comme des perles dont l'éclat aurait été terni, le brillant épuisé, d'avoir été passées d'un collier à un autre puis à un autre encore.
Mais justement son bouquin parle (trop) du travail d'écriture : un sujet battu et rebattu, qui fera à coup sûr les unes de la blogoboule, un thème qui ne sent peut-être pas la finale du prix qu'on court mais tout au moins l'épreuve éliminatoire, peut-être même le match de gallinacées et très certainement l'entrainement par équipe sous le maillot gallimard (Fottorino est mordu de vélo).
Pendant de trop longues pages et d'interminables chapitres, les premiers jours passés avec Norman Fottorino s'étirent en longueur pendant qu'il nous raconte, avec brio, les affres de l'écriture, de l'écrivain, de son stylo et de sa page blanche.
Avec brio mais sans grande originalité. Tout a déjà été dit, du moins sur ce ton là, et n'est pas Bukowski qui veut, qui osait se mettre à nu, au propre comme au figuré.
Dans ce registre où les écrivains parlent des écrivains, Norman Jail a beau se dire buvard, on n'est très très loin du charme magique du premier roman de Julia Kerninon et en dépit d'un dénouement qui se donne des allures de polar, on est également très loin de l'auto-dérision haletante de l'Affaire Harry Québert.
Et puis, Fottorino le dit lui-même, le lecteur n'aime pas trop qu'on lui démontre les tours de magie des écrivains et préfère rester sur sa naïve surprise : ô bravo, mais d'où lui est venue cette tournure-là, ô joli, mais de quel chapeau ou stylo sort-il cette belle phrase aux oreilles de lapin, ...
L'écriture comme la prestidigitation doit rester un peu secrète et la voici étalée et décortiquée sur des dizaines de pages.

[...] Un roman réussi est un tour de magie.
[...] Vous ne savez pas bien comment l'auteur a fait, et si vous le saviez, le charme serait brisé.

Alors oui, le spectateur est bien déçu. le show est bien rodé, les éclairages sont professionnels, la musique est de qualité, alors on reste dans la salle jusqu'au clou du spectacle. Un retournement que même le lecteur le plus inattentif a vu venir de loin mais Norman Fottorino n'est pas avare de son métier et nous ressert encore un ou deux twists, des rappels en quelque sorte.
Mais nos applaudissements ne sont guère enthousiastes.
Pour celles et ceux qui aiment les écrivains.
Lien : http://bmr-mam.blogspot.fr/s..
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Pour la rédaction de son mémoire, Clara étudiante désire s'entretenir avec Norman Jail afin de lui poser des questions. Auteur d'un seul roman publié à l'âge de vingt ans avant la Seconde Guerre mondiale, le vieil homme vit depuis à la façon d'un ermite au bord de la mer. Il accepte de la recevoir et Clara découvre qu'il n'a jamais cessé d'écrire mais sans jamais soumettre ses manuscrits à un éditeur. Peu à peu, l'écrivain dévoile quelques pans de sa vie privée. C'est un homme également marqué et meurtri par une femme prénommée également Clara à laquelle il était marié. Cette dernière lui aurait subtilisé son deuxième manuscrit (qui selon lui était son grand roman). L'écrivain se montre très loquace au jeu des questions et décrit avec de nombreux détails sa relation à l'écriture. Mais il se contredit également. Où est la réalité dans ses propos ?
Obsédé par l'écriture, ses propos sur la création littéraire sont un régal, comme :
« Quand ce que j'écris me dérange et me touche, j'appréhende le moment où je vais poursuivre ma besogne. Je suis alors seul à savoir que je manipule un matériau dangereux, et il n'y aura personne pour venir à mon secours si les choses tournent mal.
- Qu'entendez-nous par « tournent mal »?
-Si je vais tellement loin dans les mots que ma vie en sera à jamais changée. Chaque écrivain devrait se poser cette question quand il a terminé : pourrai-je continuer à être la même personne quand j'aurai publié « ça » ?"

« Écrire est une perpétuelle naissance. Plus j'écris, plus je m'invente à mes propres yeux. Je m'écris en main propre. Je nais de mon encre et je glisse entre les lignes ma part de nuit. C'est important, la nuit, dans un livre. C'est ce qui échappe, ce qui résiste. Ce que les mots détournent et refusent. En écrivant, vous comprenez ce que la lumière doit aux ombres. Et le passé au mensonge. »

Le récit est narré par Clara et l'auteur lui confie un manuscrit à lire, Or, ce dernier n'est constitué que de premiers chapitres avec trois personnages dont Norman Jail.
Je n'en dirai pas plus sur cet écrit ni sur sa fin qui prend le lecteur au piège.
On pourrait croire que ce roman s'arrête là mais non. Eric Fottorino poursuit l'histoire de Norman Jail et nous offre d'autres belles surprises.

Passionnant, ce roman aux nombreux tiroirs nous offre de belles réflexions sur l'écriture, le roman, le rapport au réel et c'est brillant !
Lien : http://claraetlesmots.blogsp..
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Comme souvent, la plume d'Eric Fottorino est alambiquée au point d'être parfois déconcertante. Il y a de tout dans ce roman: Norman Jail, vieil écrivain solitaire, l'homme d'un seul titre publié, n'a cessé d'écrire depuis son jeune âge, sans jamais ne faire éditer d'autres livres. Une étudiante s'intéresse à lui, qui vient l'interviewer. Tout le roman de Fottorino est bâti sur cette magie de l'écriture, ce souffle de la vie que l'auteur cherche à transmettre et qui ne repose que sur une alchimie mystérieuse entre un homme et ses mots. Mais pourquoi se perdre dans une histoire parallèle de juifs déportés qui arrive comme si l'auteur avait voulu fusionner deux idées ? A force de vouloir trop surprendre, on finit par perdre son lecteur. J'avais déjà fait le même reproche à Korsakov. C'est dommage, car l'érudition de Fottorino et son souffle littéraire sont au demeurant très appréciables.
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La nouvelle livraison d'Eric Fottorino nous offre une belle réflexion sur l'écriture, sa magie, les affres dans lesquelles elle peut plonger l'écrivain. La rencontre passionnante entre Norman Jail et l'étudiante qui vaille que vaille va poser les questions qu'elle a préparées et s'entêter à obtenir des réponses de cet homme secret, étonnant, amoureux des mots, le tout à l'excès. La technique du roman dans le roman est réussie car elle apporte les réponses que l'on attendait.

Une plume inventive, pleine de jeux de mots, qui nous réjouit dans ce court roman que je vous recommande vivement.
Lien : http://la-clef-des-mots.e-mo..
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Norman Jail est un écrivain qui se raconte à une jeune femme qui prépare un mémoire. Il évoque une vie faite d'écritures jamais publiées. L'écrivain se répend, s'ecoute discourir, s'analyse. Les mots se mêlent, il en joue, formule, forme et déforme, compose, décompose et recompose.... Je l'ai trouvé un peu prétentieux, pédant, pas très sympathique. J'ai songé à abandonner la partie tant les propos s'étirent. Et puis je me suis réveillée sur cette fin inatendue. Bien vu!
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Une étudiante en lettres vient interroger un étrange écrivain au pseudo américain : Norman Jail. Il est resté sur un premier succès littéraire, ne publie plus depuis, noircit les pages d'un manuscrit sans cesse recommencé. Enfin… c'est ce que l'on croit. Et d'ailleurs que doit-on croire ?
Des contradictions permanentes, une ambivalence, des retours en arrière.
De mise en abyme en mise en abyme.
Le tout est accompagné de rapprochements de mots tout au long du roman.
Parfois sans queue ni tête, l'auteur perd son lecteur dans ses méandres spatio temporels pour finalement lui délivrer une clé, des clés qui donnent sens à son roman. Le dénouement s'avère limpide et puissant.
Au delà des jeux de mots, simples voire simplistes, ce fut pour moi, novice, une expérience littéraire. Pas toujours facile. Mais que je crois avoir su apprécier.
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Fottorino avait fait mieux.Il faut vraiment supporter 160 pages de variations sur l'angoisse de l'écrivain devant sa page blanche pour découvrir dans les 40 dernières pages le début du roman. Une critique m'avait dit de tenir bon jusqu'aux 80 dernières pages cela m'a empêché de lâcher prise mais ce fut bien long. C'est à se demander si derrière ces angoisses d'écrivain il ne cache pas une autobiographie.
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Quand on commence un billet, une chronique ou un avis, appelez cela comme vous voulez, on se retrouve, comme l'écrivain, confronté à la page blanche, à la recherche des premiers mots à partager pour tenter de donner envie à d'autres lecteurs de découvrir à leur tour notre dernière lecture, notre dernier coup de coeur.

Et pour ce livre à l'écriture sublime, c'est d'autant plus difficile.

« Un jour j'ai réalisé que le mot 'Écrire' contenait toutes le lettres du mot 'Crier'. Un homme qui écrit est un homme qui crie. »


"Trois jours avec Norman Jail" nous raconte l'histoire d'une rencontre. Un quasi tête à tête entre une jeune étudiante en littérature, et un écrivain, Norman Jail, l'homme d'un seul roman. Une rencontre qui ferait rêver plus d'un lecteur, moi la première.

Partager, échanger, s'interroger, tenter de tout découvrir sur ce mystérieux auteur. S'immerger dans sa vie, déterrer les secrets, tenter de comprendre pourquoi d'autres livres n'ont pas suivi le premier...

« le reste de sa vie, Norman Jail l'avait passé à noircir des milliers de pages, n'en publiant aucune. Son oeuvre était un monument aux mots. »


« Je ne suis pas un buveur, je suis un buvard. »



À travers ces conversations, l'histoire s'installe, entre réel et imaginaire, et Éric Fottorino nous balade dans un récit brillant, où se révèle également une analyse profonde de l'auteur face au processus d'écriture. Une véritable passion pour les mots.

« Un livre est un essaim de mots parfaitement alignés, sans hésitations ni repentirs. Les traces de lutte à mort ont disparu : les violences, les accrocs, la rage, l'abattement, l'à-quoi-bon. Tout ce qui fait un livre à l'état brut, ses impasses, ses sorties de route, ses doutes à n'en plus finir. »


Et nous ne sommes pas au bout de nos surprises, l'histoire de cet homme est édifiante. En approchant de la fin, on s'aperçoit une fois encore que les écrivains sont de grands manipulateurs, qu'ils transforment la vérité au gré de leurs envies, et nous lecteurs, envoûtés par ces agencements de belles phrases, nous y tombons à pieds joints.

« Il avait beaucoup parlé, j'avais beaucoup écouté. »


« C'était sans doute cela, un écrivain, un être pour qui plus rien ne compte, excepté ce qu'il était. »


Un récit remarquable, une plume que j'ai pris plaisir à retrouver, après l'avoir découverte avec "Chevrotine", son précédent et magnifique roman (noir).

Je vous invite à savourer ce roman, avec à portée de mains carnet et stylo, car si comme moi vous aimez les belles phrases, ici elles foisonnent, pour notre plus grand plaisir de lecteurs amoureux de belle littérature.

Gros coup de coeur.
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