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Critique de le_Bison


Si l'histoire commence à Fès, dans la Medina, je la retrouve à Bergen, cette jeune fille frêle et fragile, tout au Nord de l'Europe, au Nord de la vie, du froid et des ancêtres viking qui boivent leur cervoise dans des crânes humains. Il pleut, comme tous les jours. La nuit tombe vite mais des étoiles scintillent encore dans le ciel. Probablement l'âme des ancêtres qui veillent sur les corps encore vivants. Mais j'apprends vite qu'elle n'est plus vraiment vivante. Un passé lourd, des coups et une fuite. Bergen, comme une échappatoire avec vue sur la mer, mais pas la Méditerranée.

Je pousse une porte, un pub bruyant, des hommes bourrus qui chantent, lancent des fléchettes et cognent des choppes en métal. « Krol » ! En tous sens. Cela « krol » de partout – et j'ai oublié de mettre une sk[r]oll au frais. La langue y est inconnue, mais belle. Au Maroc aussi, elle m'était inconnue mais me paraissait moins belle, plus écorchée. Elle, je la sens justement écorchée, comme une abandonnée de la vie, malgré ses vingt-trois printemps. Comme quoi, certaines blessures physiques atteignent au plus profond de l'âme.

Je pousse une autre porte, celle d'un accordeur. Drôle de métier me diras-tu, d'autant plus que tu n'y trouveras aucun instrument de musique. Juste une musique, celle d'Edvard Grieg. Pour le repos de l'âme. Pour relâcher les muscles. Et le souffle. Souffler, elle en a bien besoin. L'accordeur l'a vu, de suite. Il répare les corps, en même temps que les âmes. Avec patience, avec écoute. Ne pas brusquer un corps défait. le temps ne presse pas, surtout qu'il pleut dehors. Se laisser bercer par la musique, écouter le son de son coeur, la musique de son âme. La vie est devant soi, se dit-il. Alors ne pas la brusquer. L'attendre à chaque rendez-vous. le moment viendra où elle se relâchera, comme on relâche ses cheveux au vent. A ce moment-là, il pourra accorder son corps à son âme.

Une troisième porte s'ouvre. Je glisse un oeil, des tableaux, des toiles d'un vieux peintre alcoolique. Lui aussi a arrêté de peindre. Il a perdu l'amour, l'âme du peintre. Mais peut-être qu'avec elle, il redécouvrira la beauté. La beauté du monde, sa beauté à elle. Peut-être. Parce qu'il voit surtout sa souffrance, ses bleus dans la nudité bleutée qu'une lune nordique éclaire. Les bleus de l'âme.
Lien : http://memoiresdebison.blogs..
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