Loin de vouloir cracher sur les romanciers historiques, il faut quand même reconnaître que souvent, les auteurs qui nous invitent au coeur des époques anciennes se laissent emporter par le besoin de faire un peu beaucoup couleur locale. Ce n'est pas que je sois contre (mes meilleurs souvenirs de fac sont les cours d'ancien français) mais bon, c'est toujours dommage de lire trois phrases et de ne pas en comprendre une seule, faute de parler le Chrétien de Troyes ou le
Rabelais. Avec
Eric Fouassier, point de tout cela ! Il maîtrise l'époque sans vouloir en imposer et c'est sacrément appréciable. Pas de prétention, ce qui lui donne une humilité somme toute respectable !
Alors bon ! Qu'en est-il de ce polar historique ? Eh bien, je dois tout d'abord avouer que je suis toujours aussi cruche puisque j'ai attaqué "
Le Piège de Verre" sans réaliser que c'était la suite de "
Bayard et le crime d'Amboise" que je n'avais bien entendu point lu. Mais, l'auteur m'ayant absous de ce faux-pas malheureux sur Facebook, je dirais aux éventuels rigoristes des sagas, pouet pouet !
Donc revenons à nos moutons : nous voilà sous le règne d'Anne de Bretagne. Trois alchimistes au front gravé d'étranges lettres sont retrouvés assassinés. Héloïse Sanglar, jeune femme apothicaire, est appelée à la rescousse par la reine elle-même afin de démanteler ce qu'elle pense être un complot contre la couronne.
Héloïse, en fait, c'est l'amoureuse du chevalier Bayard (quand même!) mais comme il y a un peu d'eau dans le gaz entre eux depuis la fin du précédent opus (oui je sais, je ne l'ai pas lu mais on le comprend quand même à la lecture !), ben elle trouve l'occasion d'oublier son chagrin d'amour en se lançant à la poursuite des comploteurs avec le baron de Comballec. Ils se retrouvent alors à devoir résoudre les énigmes mentionnées sur un étrange parchemin, seul moyen en leur possession pour atteindre leur objectif final. Mais au final, ce parchemin leur veut-il vraiment du bien ou n'est-ce pas le meilleur moyen d'amener Héloïse et son acolyte dans un piège bien plus machiavélique que celui imaginé par les envoyés royaux ?…
Ah oui, je dis cela je dis rien, mais Bayard, parti lui au combat pour noyer son chagrin, il l'a dans la peau son Héloïse alors vous pouvez déjà vous dire qu'il va débarquer un moment ou un autre en preux chevalier qu'il est. Et puis y a aussi Comballec qui n'a pas ses yeux dans ses poches (et autre chose encore) mais chut !!!!! Je vous laisse découvrir.
Une intrigue rondement menée
Eric Fouassier nous offre une intrigue parfaitement maîtrisée et aux péripéties s'enchaînant merveilleusement bien. Ce roman se lit comme du petit lait et c'est surtout cela l'essentiel. On se laisse prendre au jeu des énigmes qui ne vont pas sans rappeler ce qui constitue pour moi l'un de mes top 5 de tous les temps le personnage de Guillaume de Baskerville du génialissime "Nom de la rose" d'
Umberto Eco. Dans un tout autre domaine, la scène du bac lancée à pleine vitesse dans des remous en furie m'a fait penser à "Rivière sans retour" d'
Otto Preminger… Bon là tout le monde se dit, non mais il a fumé la moquette ou quoi ? Parce qu'Héloïse est aussi rousse que Marilyn est décolorée mais quand même, moi je suis sûr qu'il y a quelque chose à creuser de ce côté… Robert Mitchum en Comballec, franchement, avouez que cela aurait eu de la gueule ! Quant à Philippe de Clèves, on ne m'ôtera pas de l'idée qu'il y a en lui un petit côté Frollo hugolien…
Je m'arrête là mais juste pour dire que c'est vraiment le genre de romans qui n'est pas réservé aux initiés. Tout le monde y trouve son propre plaisir et c'est sans doute ce que l'on attend d'un moment réussi de lecture.
Mes chouchous
Ils sont deux, cette fois. J'ai eu un petit faible pour la reine bafouée que fut Jeanne de Valois. Cette femme, répudiée à des fins politiques par Louis XII, consacre la fin de sa vie à la prière et révèle son humanité et son « modernisme » lorsque Héloïse vient partager avec elle, à la fin du roman, son terrible secret. Enfin, à l'opposé, j'ai adoré le personnage de l'albinos Malavoise, l'homme à tout faire et surtout à trucider du roman. Un vrai rôle pour
Ron Perlman.
En définitive, voilà une lecture que je recommande vivement même pour de jeunes adolescents. Et promis, je lirai le premier opus très rapidement (même si… pouet, pouet).
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