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Citations sur Les pantoufles (23)

Je n'étais pas devenu l'Homme Invisible, mais l'Homme Silencieux...
Je ne foulais plus le même sol que mes congénères, j'avançais en marge. A côté de mes pompes, en quelque sorte.
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Ce n'était pas désagréable de marcher dans la rue avec des charentaises aux pieds, ça vous donnait la douce impression de fouler un tapis moelleux et silencieux de mousse, le dur trottoir revêtant les atours de sentier du sous-bois. J'avais utilisé toutes sortes de chaussures dans ma vie, du plus banal soulier de ville à l'espadrille, de la botte en caoutchouc à la tong, de la chaussure Stan Smith à la santiag, en passant le sabot en plastique et la palme d'homme grenouille.
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J'aurais bien laissé glisser la fin du jour, comme ça, sans rien faire. D'ailleurs, j'aurais volontiers laissé glisser une multitude de choses. A commencer par le temps. N'était-ce pas un début de sagesse que de parvenir à ne plus brusquer le temps, donner sa chance à la durée, parfaire ainsi son aptitude à accueillir l'évènement ? Devenir lent au milieu de la frénésie convulsive des autres. Ne plus jamais lacer de chaussures.
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En pantoufles et complet-veston, je risquais de détonner un peu, voire de passer carrément pour un cinglé.
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On regarde sa montre, on constate qu’on est déjà en retard, on cherche le parapluie pliable, on vérifie que le portefeuille se trouve bien dans la poche intérieure de la veste, on dégotte le parapluie posé à même la moquette du couloir, on remarque un vilain petit duvet de poussière sur le dessus du meuble Ikea, on se demande s’il en est de même pour tous les autres meubles, on se dit qu’il serait peut-être souhaitable de changer de femme de ménage, on claque la porte de l’appartement. Puis, ayant snobé l’ascenseur, à l’instant où l’on quitte la moquette du palier pour le carrelage de l’escalier, au bruit étouffé de ses pas, on se rend compte qu’on a oublié de chausser ses mocassins.
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Brune se positionna face à moi et commença à tortiller du croupion sur la musique d'un tube disco des années soixante-dix où il était essentiellement question de naître pour être vivant. [...] Tu es extrêmement magnétique, on te l'a déjà dit ? me glissa Brune, en rapprochant son visage du mien. Enfin, crus-je entendre. Avec les décibels que vomissait la sono, je n'étais pas sûr. Elle avait tout aussi bien pu dire tu es extrêmement sympathique, énergique, hypnotique. Ou encore, érotique, maléfique, authentique, excentrique, olympique, hygiénique, enfin, quelque chose dans le genre. A mon grand regret, ça ne pouvait être aristocratique, trop de syllabes." (p.71)
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Étonnamment, Justine ne me fit aucune remarque concernant mes pantoufles. Elle se contenta de les regarder, avec, à chaque fois un air désolé. Elle estimait certainement que j'étais au fond du gouffre et devait se dire que ça allait de pair, cette paire, avec mon état mental du moment. J'étais quelque peu vexé qu'elle me pensât si mal en point. Comment lui faire comprendre que, contrairement à ce qu'elle imaginait, je me sentais plutôt bien, aérien, fluide ? "
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« Venez que je vous présente mon ami ! Mon galeriste, Otto, au trot, venait dans ma direction, suivi de quelques personnes parmi lesquelles se trouvait l’invité très britisch (enfin, si l’on peut dire, car je lui trouvais finalement une classe tout à fait française, une élégance sans minières). A mon cher, nos amis sont très intéressés par votre démarche ! J’ai tenté de leur expliquer la portée c’une telle performance, mais je pense qu’il conviendrait que vous les éclaircissiez sur cette réalisation artistique. Après tout, vous êtes plus à même de nous en livrer tous les enjeux. Otto Stich s’était positionné à mes côtés, face à ses amis, une main passée dans mon dos. Il posait comme un pêcheur fier de sa prise. La sensation était désagréable de se sentir piégé et exhibé comme un vulgaire brochet de huit kilos. Devant moi, cinq paires d’yeux rivés à mes pantoufles. Que faire ?

Jouer le jeu. Après- tout, n’éprouvais-je pas le sentiment d’être dans un jeu depuis quelques heures ? Un jeu dont j’étais peut-être en mesure d’arranger les règles à ma convenance… Alors que j’eusse dû connaître le désarroi le plus complet depuis le moment où, sortant de mon appartement, j’avais oublié mes clés, je commençais à réaliser que les choses ne se passaient pas si mal, après tout. Mes pantoufles, incontestablement, me permettaient de glisser sur les aspérités qui parsemaient le chemin. Il m’apparaissait dorénavant inenvisageable de m’assoir sur le côté pour me déchausser. Je pensais même tout à fait sérieusement rentrer la partie arrière des talons vers l’intérieur afin de porter mes charentaises comme des savates. L’art, comme une conquête de l’absolu !
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« J’arrivai, en avance sur l’horaire convenu avec Astrée, devant l’immeuble des Berthet place Saint-Sulpice. Je décidai d’attendre, en face, assis sur l’un des bancs de la place. Le jour déclinait lentement, repeignait les façades en ocre orangé. Derrière moi, le clapotis de la fontaine jouait un petit air de farandole ; ne manquaient plus que les joueurs de boules et on se serait cru en Provence. J’aurais bien laissé glisser la fin du jour, comme ça, sans rien faire. D’ailleurs, j’aurais volontiers laissé glisser une multitude de choses. A commencer par le temps. N’était-ce pas un début de sagesse que de parvenir à ne plus brusquer le temps, donner sa chance à la durée, parfaire ainsi son aptitude à accueillir l’événement ? devenir lent au milieu de la frénésie convulsive des autres. Ne plus jamais lasser ses souliers.
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Il n'en fallut pas moins pour que mon esprit se mit à vagabonder, m'imaginant comme le précurseur d'un courant de mode qui lancerait sur les trottoirs, aux quatre coins de la planète, des hommes et des femmes, riches ou pauvres, intellectuels ou manuels, jeunes ou vieux, convaincus d'appartenir à une élite planant au-dessus des autres, portant tous des pantoufles à leurs pieds.
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