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Michel Senellart (Éditeur scientifique)François Ewald (Directeur de publication)Alessandro Fontana (Directeur de publication)
EAN : 9782020324014
368 pages
Gallimard (01/10/2004)
4/5   10 notes
Résumé :
Le cours prononcé par Michel Foucault au Collège de France de janvier à avril 1979, Naissance de la biopolitique, s'inscrit dans la continuité de celui de l'année précédente, Sécurité, Territoire, Population.
Après avoir montré comment l'économie politique, au XVIIIe siècle, marque la naissance d'une nouvelle raison gouvernementale - gouverner moins, par souci d'efficacité maximum, en fonction de la naturalité des phénomènes auxquels on a affaire -, Michel Fo... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Ennuyeuse, irritante ou stimulante,
l'analyse du néolibéralisme selon Michel Foucault,
ne peut pas laisser indifférente...

Le sujet nous mène tout droit à l'actualité gouvernementale,
car ce néolibéralisme est apparemment partout à l'oeuvre :
en Allemagne dès l'après-guerre, aux États-Unis,
et en France déjà sous la présidence de Giscard...

L'histoire du néolibéralisme, qui est donc le sujet de ce livre,
regorge de témoignages, à saisir,
pour réviser ses connaissances,
ou tenter à son tour, sa propre révision de l'histoire...

Parmi cette centaine de témoignages,
on remontera par exemple au libéralisme de Adam Smith,
avec sa formule de la « main invisible »,
Puis au néolibéralisme, en question dans le colloque Walter Lippmann, etc..

Mais il faut un témoignage pour conclure la série :
un certain Becker éclaire enfin ce qu'est l'utopie biopolitique :
l'application au niveau gouvernemental,
de l'étude systématique des comportements humains,
en réaction à des variables contrôlables du milieu...

Il semble, d'ailleurs, que Foucault prenne un malin plaisir,
à ne pas commenter les aspects les plus rebutants du néolibéralisme ;
Il passe ainsi rapidement sur l'eugénisme,
ou la programmation de la « sélection des plus aptes » ;
Il passe aussi sur l'expression « fabrique du consentement » du fameux Lippmann ;
Ces silences embarrassants,
laisseront à chacun le temps de la réflexion,
Pour certains, le temps de la tentation néolibérale...

Si ce témoignage de l'utopie biopolitique doit conclure la série,
c'est qu'il intervient apparemment à l'opposé du laisser-faire,
caractéristique de la doctrine libérale classique ;
C'est du moins ce que Foucault reconnaît à l'homo economicus,
ou sujet d'intérêts :
à savoir la liberté irréductible de définir ses intérêts...

Mais il reconnaît aussi plus tôt, dans le libéralisme,
un régime politique qui ne fabrique des libertés,
que pour les consommer ;
Des libertés à marchander,
donc réductibles à leur contrepartie,
voilà la vision ;
Et d'ailleurs, transactions ou contrat (social), quelle différence ?

Le néolibéralisme retrouve ainsi sa continuité avec le libéralisme,
dans l'économisme, ou l'analyse économique appliquée systématiquement,
à tous les comportements des humains, pris comme des entreprises...

La formule classique du « laisser-faire »,
c'est l' « open bar » pour des nations européennes
face à un marché mondial virtuellement illimité ;
Puis la loi du marché s'exprime par la formule,
« L'inégalité égale pour tous ! » ;
La rareté des ressources en toile de fond,
fait résonner la formule comme la fin de l'histoire ;
En 1978, on sait qu'il y des signaux écologiques qui alertent,
sur cette folle manière de penser,
mais Foucault y est totalement insensible...

Tout absorbé dans l'inertie d'un monde chosifié,
il finit ainsi de dresser son histoire, dans son laboratoire,
ajoutant une pincée de formules sensationnelles :
Ce qui ressort de la volonté d'un peuple serait dépassé ;
Les droits de l'homme seraient « rétro-actionnaires » ;
L'économie serait, quant à elle, une « discipline sans Dieu »...
Pour ma part, je dirai exactement le contraire,
en songeant à Dieu comme l'extension logique de l'Ego (Jim Morrison)...

En un mot, le gouvernement libéral aurait inventé le pragmatisme,
le jeu gagnant-gagnant versus le jeu à somme nulle, etc..
C'est à coups de marteau,
que l'auteur fait ainsi entrer les artefacts de ses fouilles,
dans les strates bien ordonnées de son histoire...

Mais sur le sol contemporain, c'est la panne d'imagination,
L'engluement dans son sujet, le néolibéralisme ;
Son analyse de la société civile tente, sans conviction,
de retrouver un sens social concret,
à partir d'une situation qu'il a d'abord rendu abstraite,
entre volonté collective suspecte,
et égotisme blanc comme neige ;
- soupir face à son public au collège de France -
Peut-on imaginer un autre art de gouverner ?...

Face à son public,
il rappelle aussi la méthode d'étude des réalités humaines ;
qu'il a déjà appliquée à divers aspects,
comme la folie, la criminalité ou la sexualité ;
Or, tous ces témoignages recueillis,
comportent leur part irréductible de liberté ;
de mauvaise foi en particulier ;
Est-ce que ce sont des choses qu'on peut classer,
dans des strates archéologiques ?...

Cette lecture aura-t-elle été assez stimulante ?
Permet-elle, par exemple,
de répondre aujourd'hui à ces slogans de supporters trumpistes :
« liberties not liberalism »,
ou dans le style “fun” d'une élue républicaine :
“I don't wear a mask for the same reason I don't wear underwear ;
Things gotta breathe.”...

Les enregistrements audio de ce cours au collège de France,
sont disponibles ici en douze parties ;
Voici le lien vers le 1er de la série :
https://youtu.be/U0c4bwrrwcw
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Si Michel Foucault avec son cours atteint son lectorat malgré l'aspect chaotique de son propos, nous devons bien admettre qu'il ne parvient pas à une telle réussite malgré ses atermoiements mais bien grâce à eux. Ce sont les aspects incertains, contradictoires et peu vérifiés de sa recherche qui intéressent les commentateurs de tous bords, ils permettent, sous l'autorité du grand intellectuel, de dire un peu près tout et n'importe quoi sur le néolibéralisme.


Ce qui frappent dans les cours donnés aux collège de France par Michel Foucault ce sont les mouvements permanents, les glissements, les revirements rapides des analyses et les hasardeux travellings historico-géographiques. Michel Foucault tâtonne, brouillonne au fur et à mesure qu'il prend connaissance de nouveaux objets néolibéraux et nul ne serait le lui reprocher : « souvent [recherche] varie, bien fol est qui s'y fie ». Ce qu'il faut ici, croyons-nous, c'est plutôt interroger, l'épistémologie foucaldienne, son efficience, ses conséquences politiques, car « (…) [les] recherches ne méritent pas une heure de peine si elles ne devaient avoir qu'un intérêt spéculatif ». Est-ce qu'un subjectivisme qui tend à ramener tout jugement de valeur ou de réalité à des actes ou des états de conscience individuel est le mieux à même de rendre compte d'une phase du capitalisme qui très matériellement libère les capitaux, dysfonctionne et exacerbe les inégalités, qui très physiquement contrôle et réprime ? Ce qui compte pour le philosophe, ce ne sont pas les pauvretés, les crises économiques, écologiques et existentielles à répétition, mais semble-t-il la seule capacité normative des théories néolibérales d'informer des politiques qui font agir les individus dans la direction attendue et souhaitée. Ce qui l'intéresse dans le néolibéralisme, ce sont seulement ses discours qui permettent un certain type « d'action sur les actions », ce sont, relevant d'un moment historique des pouvoirs, ses vérités économiques révélées qui sous-tendent ses théories. le néolibéralisme n'est pas essentiellement considéré par Michel Foucault comme une phase économique concrète du capitalisme mais relève bien plutôt d'un certain mode de gouvernement des hommes, d'une certaine manière de conduire les individus dans une société donnée, relève d'une certaine forme historique de savoir-pouvoir façonnant des subjectivités d'homo oeconomicus. L'épistémologie foucaldienne qui postule des manières de gouverner et de se gouverner qui s'exercent sur les individus par eux-mêmes en tant que technique de soi et qui fait crédit à la vérité économique néolibérale du marché, a des implications politiques naturelles : la réponse au pouvoir néolibéral ne peut que se situer sur le terrain des normes et des pratiques utopiques ; l'émancipation de l'individu ou du groupe ne peut que consister à se produire subjectivement et à se réinventer.


Michel Foucault dans son cours fait la généalogie du néolibéralisme à partir des discours qui ont contribué à sa constitution et à son émergence. Il retrace pour nous dans sa « Naissance de la biopolitique », les manières non pas effectives mais réfléchies dont les gouvernants ont tenté de conceptualiser leurs pratiques, d'établir les domaines, les différents objets, les règles générales et les objectifs d'ensemble de leur intervention afin de gouverner de la meilleure façon.
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Les cours de Foucault rassemblés sous le titre de Naissance de la Biopolitique ciblent dès les années 70 les principes sur lesquels se fondent nos sociétés consuméristes et nos politiques d'aujourd'hui. D'une clarté parfaite qui ne permet pas l'ambiguité, ces écrits clairvoyants sont surtout d'une brûlante actualité.
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
le néolibéralisme ne va donc pas se placer sous le signe du laissez-faire, mais, au contraire, sous le signe d'une vigilance, d'une activité, d'une intervention permanente
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Il n'y a pas de rationalité gouvernementale du socialisme.
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La science économique ne peut pas être la science du gouvernement. [...] L'économie est une science latérale par rapport à l'art de gouverner.
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La structure juridique du pouvoir vient toujours après ; après-coup, après le fait du pouvoir lui-même.
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Le marché économiquement libre lie politiquement.
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Videos de Michel Foucault (73) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Michel Foucault
Michel Foucault affirmait que « dans son versant critique, la philosophie est ce qui remet en question tous les phénomènes de domination ». Cette analyse des rapports de pouvoir demeure au coeur de tout un pan de la tradition philosophique et s'incarne dans un questionnement qui passe par le rapport au terrain. Comprendre les effets de domination – et tenter de les contrer – c'est aller là où ils s'exercent, c'est-à-dire là où ceux et celles qui les subissent peuvent en devenir, par leur expérience même, des expert·e·s. En franchissant le seuil d'une prison ou d'un camp de réfugié·e·s, en enquêtant sur les expérimentations autogestionnaires et écologiques au travail, chacun·e des philosophes invité·e·s façonne un discours critique qui engage un autre rapport au réel et à la philosophie. La réflexion critique se forge ainsi par les entretiens comme par le travail sur les sources et les archives, rendant présente autrement la puissance d'un terrain passé.
Retrouvez sur notre webmagazine Balises, les articles en lien avec la rencontre : "Philosophie de terrain et sciences sociales : rapprochement, hybridation ou dissolution de la philosophie ?" et "L"entretien en philosophie de terrain" https://balises.bpi.fr/philosophie-de-terrain/ https://balises.bpi.fr/entretien-philosophie-de-terrain/
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