L’idée de l’unité de l'âme et de l’unité de la vertu est beaucoup plus prononcée dans Socrate que dans Platon. Le premier va môme, nous dit Aristote, jusqu'à supprimer la partie irraisonnable au profit de la raison. Dans l’âme, pour Socrate, tout est raison, — raison enveloppée ou raison développée, consciente ou inconsciente; l’activité volontaire n’est nullement distincte du développement rationnel. D'où il suit que la vertu est parfaitement une, et n’est que la science du bien.
L’amour de l’âme a son origine dans la beauté morale; il a pour caractère la vraie liberté, parce que tout ce qui est raisonnable est libre ; la durée, parce
que ce qui est conforme à la raison est immortel; le désintéressement , sans doute parce que le bien moral est un bien qui se partage sans s’amoindrir; et enfin une joie calme et pure, mais pénétrante et forte, comme la raison même.
Le Dieu de Socrate est simple et sans mélange, comme celui d’Anaxagore. En conséquence, il est immatériel, invisible pour les yeux du corps, et supérieur aussi à notre faible intelligence. C’est pour cela que tant d’hommes refusent de croire à l’existence de Dieu.
L’homme sage peut seul vivre en parfaite harmonie avec lui-même et avec ses semblables : l’accord intime des facultés dans chaque âme, sous la loi de la raison, rend seul possible l’accord des âmes entre elles.
L’ignorance du bien, au contraire, fait que nos facultés et nos tendances, non-seulement se combattent en nous-mêmes, mais se trouvent en opposition avec celles des autres hommes.