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EAN : 9782220057088
325 pages
Desclée de Brouwer (24/05/2006)
5/5   1 notes
Résumé :
En 1907, le pape Pie X condamne, sous le nom de " modernisme ", une série de thèses et d'auteurs qui soumettaient la foi catholique au défi de sciences humaines en plein essor, histoire et philosophie surtout. Le danger est jugé si grave que le Saint-Siège entoure alors la recherche théologique d'un redoutable barrage défensif, dont l'outil majeur n'est autre qu'un thomisme d'école, et les principaux agents des thomistes intransigeants qui peuplent les universités e... >Voir plus
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Le premier projet de ce qui deviendra la collection "Sources chrétiennes" voit le jour à Fourvière en 1937; et ses deux premiers volumes, la Contemplation sur la vie de Moise de Grégoire de Nysse et le Protreptique de Clément d'Alexandrie, aux Editions dominicaines de l'Abeille et du Cerf en 1942, sous la double direction des pères Daniélou et de Lubac. Entre-temps, une véritable fièvre patristique a saisi Fourvière, ou du moins le groupe de Fontoynont, comme en témoigne Urs von Balthasar : "Ainsi arriva-t-il que, pendant que les autres allaient jouer au ballon, moi avec Daniélou, Bouillard et quelques autres (...), je m'adonnais à Origène, Grégoire de Nysse et Maxime, tout en projetant de consacrer un volume à chacun d'eux."

La signification prêtée à la collection par les religieux qui y travaillent dépend évidemment de leur degré d'implication dans l'entreprise. La plupart d'entre eux, hellénistes ou philosophes, n'y voient qu'un commode instrument de culture et d'édification pour un public limité de clercs et d'universitaires. L'ambition de Foutoynont est autre. Outre un moyen de redonner à Fourvière élan et rayonnement, elle lui paraît fournir l'aliment consistant dont on a besoin, non seulement les nouvelles élites chrétiennes, mais aussi le clergé, sur le niveau intellectuel duquel il nourrit quelque inquiétude. Mais pourquoi les Pères grecs (le Traité des mystères d'Hilaires de Poitiers, dix-septième vilume de la collection et premier titre latin, sort en 1947)? Par souci oecuménique ? Honorer les maîtres grecques, voire byzantins, de l'hellénisme chrétien peut assurément contribuer au rapprochement Orient-Occident. Plus profondément, Fontoynont est convaincu que le catholicisme se prive d'une de ses racines en privilégieant unilatéralement Ambroise, Jérôme et surtout Augustin. L'ignorance de la tradition grecque ancienne l'a appauvri en accentuant de façon abusive son penchant latin. Le retour au Pères grecs peut contribuer à lui rendre un meilleur équilibre.

Chapitre 5. Blondel, Fourvière et les Pères
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Le catholicisme intransigeant a échoué, non seulement dans sa tenative de résistance à la laicisation et à la sécularisation, mais aussi danss a volonté d'en préserver les fidèles par l'érection d'un mur étanche entre eux et leur siècle. (...) Et le catholicisme n'a pas échoué uniquement parce que ces adversaires -l'Etat républicain, l'école laique, la science moderne- se sont montrés plus forts ou plus convaincants que lui, mais aussi parce que la solution qu'il prône, celle de la forteresse assiégée sûpre d'elle-même, n'est pas la bonne. Sa logique est en effet une logique d'affrontement qui oppose vérité à vérités, foi à croyances, confessionnalité à laicité. En mettant l'accent sur l'infaibilité de son magistère, sur l'impossibilité du salut en dehors d'elle, sur l'obligation d'une discipline quasi militaire en son sein ou sur ses dévotions les plus récentes et les plus controversées, l'Eglise du Syllabus et de Pascendi creuse délibérement le fossé qui la sépare du monde où elle vit et se oprive ainsi de toute possibilité de convertir.

Le pari de nos nouveaux théologiens est inverse. On peut le résumer en une formule lapidaire : réformer le catholicisme pour lui permettre d'engager un débat constructif avec son temps. Tout comme celui de leurs devanciers, leur propos est donc d'ordre apologétique : son but ultime est bien d'amener ceux de l'extérieur à admettre la vérité de la foi chrétienne. Mais cette apologétique a changé de style : elle passe par un sérieux examen de conscience préalable faute duquel elle est persuadée de ne pouvoir réussir. Hantise de l'incroyance et désir de la réduire conduisent les nouveaux théologiens à suggéere une modification en profondeur de l'image de l'Eglise et de sa foi que repoussent ceux du dehors.

Chapitre 6.
II. La tradition au service de l'ouverture
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Le regain de vitalité intellectuelle du catholicisme français après la crise moderniste n'est pourtant pas le seul fait des religieux. Il provient aussi de ceux qu'on appelle parfois les "théologiens en veston", c'est-à-dire de laics que leur formation universitaire et leur activité professionnelle, en un mot leur appartenance à l'intelligencia, met en mesure d'intervenir ès qualités dans les débats religieux de leur temps. Cette intervention n'a rien d'une nouveauté : sans remonter jusqu'à Montalembnert ou Veuillot, et tout en admettant que le modernisme fut d'abord une affaire ecclésiastqiue, on ne saurait ignorer que des philosophes (Maurice Blondel, Edouard Le Roy), des historiens (Georges Goyau, Pierre Imbart de la Tour), voire des sociologues (Paul Bureau) y ont joué un rôle non négligeable, et même capital pour les deux premiers cités.
L'imposante cohorte des "théologiens en veston" de l'entre-deux-guerres peut donc se réclamer à bon droit d'une vigoureuse tradition. Mais une telle continuité que confirme la longévité intellectuelle d'un Goyau ou d'un Blondel ne doit pas masquer une forte différence de degré.

Chapitre 4.
Le thomisme au risque de l'histoire ?
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Un pointage rapide, et forcément lacunaire, permet en effet de rassembler une soixantaine de noms. Cette liste manifeste la montée en puissance des universitaires dans l'intelligentsia catholique, au détriment des "gendelettres", écrivains ou publicistes, néanmoins représentés par des figures de la taille de Bernaos, Claudel ou Mauriac, sans oublier Joseph Malègue, dont le roman Augustin ou le maître est là met précisément en scène la configuration moderniste (1933). A l'exception notoire de Jacques Maritain, Pierre-Henri Simon et Joseph Vialatoux, presque tous ces universitaires travaillent dans l'enseignement public où ils illustrent le retour en force des catholiques au plus haut niveau. Ce sont des littéraires (Bernard Guyon, Royer Pons) et des historiens (Joseph Hours, André Latreille, Jacques Madaule, Henri-Irénée Marrou), mais surtout des philosophes parmi lesquels, outre Blondel et Le Roy, Etienne Borne, Jacques Chevalier, Aimé Forest, Maurice de Gandillac, Etienne Gilson, Henri Gouhier, Jean Guitton, Jean Lacroix, Gabriel Madinier ou Paul Vignaux.

Chapitre 4.
Le thomisme au risque de l'histoire ?
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En 1907, le pape Pie X condamne solennellement, sous le nom de modernisme, un ensemble de propositions qui lui semblent mortelles pour la foi, car elles soumettent l'interprétation du message chrétien aux méthodes corrosives de la critique historique et philosophique. Mesure après mesure, l'Eglise romaine colmate ensuite les brèches par lesquelles ces innovations ont pu s'introduire en son sein. La vigoureuse riposte antimoderniste achève ainsi de faire du catholicisme intransigeant une forteresse hermétique aux assauts et aux tentations du siècle. Cinquante ans plus tard, le quatrième successeur de Pie X, devenu saint Pie X en 1954, décide la convocation d'un concile général dint l'un des deux buts explicites n'est autre que l'aggiornamento de l'Eglise : une "mise à jour" impliquant à tout le moins l'ouverture de quelques unes des fenêtres condamnées avant 1914. Il n'y a certes pas symétrie exacte entre les deux évènements. Mais la séquence contrastée qu'ils forment à un demi-siècle de distance ne manque pas d'intriguer qui se penche sur le passé récent du catholicisme.

Introduction
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