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Critique de Renod


La Seine-et-Marne est un territoire sans identité et sans charme. L'horizon se résume à une succession de champs aux couleurs ternes, du vert parfois, du marron surtout. Ces paysages plats sont striés par des lignes de bitume ; départementales ou nationales où fusent des véhicules pressés d'atteindre un ailleurs. Seuls dépassent au loin des pylônes électriques, un silo et un abribus. Les murs de l'abri sont couverts de tags, le sol est maculé de crachats, l'air est saturé par l'odeur de shit. Un jeune se tient affalé sur le banc, engoncé dans sa capuche, concentré par la préparation de son prochain joint. Ce jeune, c'est le narrateur de “77” (sept-sept). le récit tient en une journée, du départ au retour du car. L'adolescent va suivre le cours de ses pensées et nous expliquer par de nombreux flashbacks pourquoi il a choisi de ne pas monter dans le car. le texte est vivant, proche du slam ou du « spoken word ». C'est un récit à lire à voix haute, à scander, à interpréter. le monologue se compose de bouts de phrase, de répétitions, de flux de pensée qui s'entrecroisent portés par la rage, la douleur et le cannabis. le narrateur dépeint le quotidien de ce village en marge, pourtant situé à à peine une heure de Paris. Une commune péri-urbaine – ni ville, ni campagne - peuplée de déclassés parmi lesquels se détachent l'agriculteur qui possède toutes les terres, l'idiot du village, la voisine sénile ou la Parisienne qui passe ses week-ends dans sa résidence secondaire. le reste, ce sont des vieux, surtout des vieux. Et des enfants qui s'ennuient dans cet horizon indépassable.A la maison, les pères s'effacent ou écrasent. Dehors, c'est toujours la violence qui règne. Ils doivent se faire une place à la force de leurs poings, dominer ou être dominé. C'est une lutte permanente pour obtenir du respect. La gueule d'ange et le corps frêle de notre narrateur le classe parmi les faibles, les perdants. Il choisit de s'endurcir mais il va prendre conscience que le personnage qu'il façonne ne correspond en rien à sa personnalité et qu'il lui faudra trouver sa propre voie, découvrir sa véritable identité. Ce roman se démarque par son phrasé mais aussi par son message qui lui permet de dépasser le simple constat sociologique.
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