La pratique de Robert Lepage ne cesse d’aller explorer et se confronter à d’autres disciplines que le théâtre, soit il intègre ces disciplines dans sa création, soit il dirige des créations autres que théâtrales : concert rock (deux concerts pour Peter Gabriel, qui ont marqué leur époque), cinéma (avec six longs métrages réalisés), cirque (plusieurs conceptions pour le Cirque du Soleil), opéra (plus d’une dizaine de créations dans le monde entier), installation muséale, projection urbaine in situ, danse, ballet, spectacle musical, etc. Et bien souvent, l’échelle est démesurée : un bâtiment conçu spécialement, avec une scène totalement mobile, pour le spectacle Kà du Cirque du Soleil (2004) ; une tournée dans des salles de 10 000 places pour les concerts de Peter Gabriel ; la plus grande projection au monde pour Le Moulin à images en 2008, qui retraçait quatre cents ans d’histoire de la ville de Québec.
Interpréter, ce n'est pas uniquement dire de façon naturelle les intentions du texte, mais s'assurer que les mots sont compris, qu'ils sont articulés, que le phrasé, les pauses, les respirations regroupent les mots pour que le sens émerge, que les mots rayonnants rayonnent et que ceux qui n'ont pas à rayonner rayonnent moins.
Si on le fait bien, on est surpris, on s'émeut soi-même, on entre dans l'énergie du texte, dans l'énergie des émotions qu'est censé déclencher le texte. On est au service du texte mais le texte finit par nous récompenser par des états. Et pas le contraire !
On ne travaille pas à s'émouvoir : on travaille à émouvoir.
Bien faire comprendre les mots et laisser leur poids agir.