Ce qu'en disait
Suzanne Mollo à la parution du livre en 1972 (extraits):
"Voici un livre sévère et pessimiste, qui, à travers une analyse de la situation actuelle de l'Université dans la crise de croissance économique des nations industrialisées, pose les difficiles problèmes de l'adéquation de la vie professionnelle et de la formation universitaire. L'Université prépare-t-elle à un emploi? Permet-elle un choix professionnel et une ouverture aux mutations qui ne manqueront pas de se produire?
Fourastié fait bien vite remarquer que la crise actuelle de l'Université, tant en France qu'à l'étranger, rend celle-ci particulièrement inapte à répondre à ces exigences. Cette crise, dont il révèle l'ampleur en soulignant la démoralisation profonde et l'anarchie intellectuelle qui menacent la masse de la population aurait, selon
l'auteur, deux causes :
— une croissance explosive des effectifs scolaires et
— une transformation accélérée de l'enseignement passant d'une attitude rituelle et fidéiste à une attitude critique, démonstrative et rationnelle.
La première partie de l'ouvrage est consacrée aux problèmes d'adaptation des jeunes générations aux emplois professionnels de leur vie active.
Fourastié constate — aussi étrange que cela paraisse — que le lien entre la formation reçue à l'école de 5 à 25 ans et le travail professionnel « est assez lâche, voire inexistant » et ceci pour deux raisons : la plasticité de l'homme et sa faculté de s'adapter à des situations préparées et l'explosion des effectifs scolaires. L'auteur
ajoute que jusqu'à présent une distinction importante entre culture et apprentissage écartait l'université de la formation des cadres économiques, politiques et sociaux.
Elle se réservait la formation des enseignants qui pendant longtemps « absorbaient » la plus grande partie des effectifs étudiants. Les choses sont en train de changer. En raison du développement des sciences et de l'efficacité des techniques qui leur sont liées, l'université et l'économie sont « contraintes » de s'accorder, ce qui nécessite la connaissance de l'emploi et la prévision de son évolution.
« C'est la révolution des techniques de production qui est responsable de l'imprévisibilité de l'emploi »; imprévisibilité partielle due au progrès technique, à l'évolution de la consommation qui va du secteur primaire vers le secteur tertiaire.
Ce sont les économistes accompagnés d'un grand nombre de spécialistes de la production qui font la prévision, provoquent au besoin des redressements
nécessaires……"
Le sujet reste d'une actualité aigüe….