AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Apoapo


Cet ouvrage publié un an après la disparition d'André Gorz aurait pu être une hagiographie ou une plate anthologie. Il a le mérite non seulement d'avoir évité ces deux défauts, mais surtout de mettre en perspective les aspects multiples de la pensée du philosophe : une pensée politique dont son autodidactisme et son indépendance de toute « chapelle » a permis d'évoluer, notamment au sujet du revenu universel mais aussi des interprétations sartrienne et althussérienne du marxisme français.
Christophe Fourel, directeur de la publication, signe les deux premiers articles du livre : « L'actualité d'André Gorz » et « Itinéraire d'un penseur », indispensables rappels de l'oeuvre et de certaines importantes données biographiques. Suivent, sur les aspects les plus significatifs de cette oeuvre magistrale et inspirante, des contributions de spécialistes qui ont aussi entretenu des rapports personnels avec Gorz : ainsi, certains chapitres insistent davantage sur les précurseurs de ses apports, d'autres sur la fortune de ceux-ci, d'autres enfin sur leur propre positionnement par rapport aux idées du philosophe. Cela donne un caractère plus vivant à cette pensée et souligne, comme l'indique le titre, sa modernité qui, à tant d'égards, frappe pour son côté anticipateur, voire prophétique : en particulier sur la sortie du capitalisme - « barbare » ou « civilisée » selon un choix qui reste à faire et ne relève pas du « matérialisme historique » - et sur les problématiques de l'écologie politique et de la sociologie du travail, affrontée bien avant la révolution du numérique.
Patrick Viveret, en réinterprétant le testament spirituel de Gorz précédant son fameux suicide de couple, Lettre à D. Histoire d'un amour, nous invite à « […] penser les enjeux émotionnels de la transformation sociale » ;
Jean Zin signe : « André Gorz, pionnier de l'écologie politique » ;
Carlo Vercellone : « L'analyse gorzienne de l'évolution du capitalisme » ;
la grande Dominique Méda, et Denis Clerc s'intéressent à la critique gorzienne du travail, qui diffère de la leur tout en parvenant aux mêmes conclusions ;
Marie-Louise Duboin-Mon, en s'occupant de « l'économie distributive », m'a appris la dette que Gorz avait sur ce thème vis-à-vis de Jacques Duboin (1878-1976), penseur fort intéressant que j'ignorais complètement ;
Jean-Baptiste de Foucauld met en relation le thème du « temps choisi » avec Jacques Delors et le club « Échange et Projets » qui eut un grand impact dans le débat français sur la « loi des 35 heures » ;
Philippe van Parijs parle de ses échanges avec Gorz sur le thème de « l'allocation universelle ».
S'ensuivent trois textes inédits du philosophe : un entretien très intéressant sur l'aliénation, qui constitue peut-être le fil rouge de toute son oeuvre, un texte de jeunesse sur Kafka et un dernier, qui fait opportunément office de conclusion, intitulé « Nous sommes moins vieux qu'il y a vingt ans ».
Commenter  J’apprécie          30



Ont apprécié cette critique (2)voir plus




{* *}