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Citations sur Éloge du blasphème (14)

En France, le journaliste conçoit son métier comme un devoir : dire sa part de vérité, même si elle est difficile à entendre. C'est un journalisme souvent engagé, plus éditorialisé, plus idéologique aussi, parfois moins rigoureux. Le journalisme anglo-saxon est plus « factuel », plus précis, mais plus clientéliste. Il cherche avant tout à satisfaire ses lecteurs ou téléspectateurs, considérés comme des clients. D'où l'explosion de tabloïds et d'affaires exploitant la vie privée. Extrêmement choquants et jugés indignes du journalisme du point de vue français.
Les médias anglo-saxons qui ont fait la leçon à Charlie Hebdo pour sa couverture « offensante » sur Mahomet n'ont eu aucun scrupule à montrer les images du policier abattu par un terroriste juste avant sa mort, sans se demander si elles pouvaient « offenser » sa famille. Le client est roi. Le client veut du sang et des ragots sur la vie privée, pas qu'on insulte sa religion. Comme il y a peu de « clients » nord-coréens vénérant Kim Jong-un aux États-Unis, et bien plus de « clients » musulmans vénérant Mahomet, c'est donc Mahomet qu'il faut veiller à ne pas dessiner.
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Trouver des excuses à ceux qui choisissent le terrorisme, c’est mépriser tous ceux que la misère, l’adversité ou l’ennui n’ont pas transformés en bourreaux. C’est dire aux assassins, continuez à tuer pour vous faire entendre. On vous comprend, on vous écoute. Quand d’autres leur crient d’apprendre plutôt à écrire ou dessiner.
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Deux visions de la laïcité et de la liberté d'expression

D'après l'approche anglo-saxonne, l'égalité consiste à respecter tous les totems et tous les tabous de chaque communauté pour qu'elles coexistent sans conflits. L'approche laïque à la française croit au droit de les briser tous... Pour pouvoir se parler, se disputer s'il le faut, et se mélanger.
Cette divergence de vues repose sur des siècles de divergences philosophiques et politiques. La France a bâti sa démocratie, son aspiration à l'égalité, sur le fait de séparer l’État des Églises. L'Amérique a été fondée par des puritains rêvant d'une plus grande liberté religieuse. Les totems religieux y sont plus sacrés que d'autres. Quant à l'Angleterre, elle n'est ni une république, ni laïque, mais une monarchie parlementaire liée à une religion d’État : l'anglicanisme. Cette religion privilégiée l'incite à manier avec précaution les susceptibilités d'autres religions, moins privilégiées. Quitte à respecter un interdit religieux qui n'existe pas.
Le Coran n'interdit pas la représentation de Mahomet. Il interdit l'idolâtrie. Précisément ce que font les fanatiques en tuant pour empêcher qu'on désacralise son image. En combattant ce fanatisme obsédé par la représentation de Mahomet, en le désacralisant, Charlie Hebdo se montre bien plus fidèle à l'esprit du Coran que les obscurantistes. Quand bien même le Coran interdirait de représenter Mahomet, cet interdit n'est évidemment pas valable pour un journal satirique écrit par des athées dans une démocratie laïque !
D'ailleurs, si le critère retenu est celui de ne pas « offenser », il faudrait retirer de l'espace commun tout ce qui peut froisser. Les dessins qui choquent Al Qaïda mais aussi les films hollywoodiens qui choquent Kim Jong-un. Cela revient à importer les lois des dictateurs et des fanatiques en démocratie. A placer leurs susceptibilités au-dessus de nos lois.
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Dans tous les pays où l’Etat n’est pas séparé de la religion, les citoyens athées et les minorités religieuses sont au mieux des citoyens de second rang, au pire persécutés.
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De quoi parlons- nous ? Sémantiquement, ce mot ne désigne pas la « phobie » envers les musulmans mais envers l’islam : « islamo- phobie » et non « musulmano- phobie ». Certains l’emploient de bonne foi et d’autres de parfaite mauvaise foi. Les intégristes l’utilisent pour dénoncer toute critique envers l’islam, son dogme ou ses abus, comme étant « phobique » et donc problématique. Des antiracistes utilisent le même terme pour viser la phobie envers les musulmans et se retrouvent à faire le jeu des intégristes.
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En France, le racisme peut frapper, mais il est puni par la loi. Les lâches peuvent tirer, mais on pleure leurs victimes comme des héros. Ce n’est pas un hasard climatique. Des siècles de lutte ont permis d’arracher cette démocratie laïque à la dictature du sacré grâce au « blasphème ». Notre bien le plus sacré.
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Les universalistes cherchent à unir toutes les victimes de discriminations contre la haine. Les communautaristes cherchent à les monter les unes contre les autres.
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Un dessinateur comme Geluck, qui dessine des chats ne lui faisant courir aucun risque, a dénoncé une fatwa… Celle endurée pour avoir jugé « dangereuse » la « une » de Charlie : « La liberté d’expression qui est totale chez nous (…) ne doit pas nier une certaine responsabilité (…) Je suis certain que tous les dessinateurs survivants et disparus n’avaient aucune intention de blesser les musulmans sincères et démocratiques mais ils le font néanmoins *27 . » Et de citer un dessin de Tignous qu’il trouve « magnifique » parce qu’il ne transgresse aucune loi de l’islam ni le tabou interdisant de représenter le Prophète. Terrible appel à renoncer au droit au blasphème, même en démocratie, même dans un journal satirique athée, par peur de la violence et de l’intolérance. Même si Geluck n’approuve pas cette intolérance, il la légitime. Le fait de juger « irresponsables » ceux qui brisent les tabous revient à lâcher ses camarades dessinateurs et leur combat pour la liberté, au pire moment. La dessinatrice Coco de Charlie lui a répondu en dessinant un chat émasculé : « Un gros pif, une gueule de con et pas de couilles. »
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Les citoyens ont bravé la peur d’être agressés, blessés, ou tués, pour respirer l’air rassurant d’être ensemble. Malgré les miasmes de ceux qui chipotent et craignent la récupération. En agitant des pancartes « Je suis Charlie » et quelques drapeaux français. Pacifiquement, tendrement. Aucune écume de haine n’est sortie de cette houle réconfortante, belle, déterminée, triste mais joyeuse, rebelle et unie. Aucun frisson déplacé, aucune rage. Ce n’est pas une manifestation « contre », mais une marche « pour ». Un pur moment de partage.
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Les contrées réellement démocratiques et laïques sont des îlots, submergés par des identités religieuses étouffantes et souvent meurtrières. La démocratie laïque reste pourtant notre avenir.
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