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Critique de fanfanouche24


[Commandé à La Librairie Caractères le 10 juillet 2021 / Issy -Les-Moulineaux ]

Un texte léger, drôle et plein d'informations sur le métier d'éditeur…et sur les étapes de la « fabrication d'un livre »…

On voit grandir une gamine, une ado, Geneviève, surnommée « Jeune-vieille » par un copain d'école, pas très jolie selon ce même copain… mais qui lui fait toutefois un autre compliment important : elle sait raconter les histoires… et notre ado, ne s'en prive pas, capte aisément son auditoire, en narrant le récit des films qu'elle a vus mais aussi ceux qu'elle n'a pas vus ou qui n'existent pas. C'est plus drôle !. Il faut dire que notre jeune héroïne a une autre passion, en dehors d' »Ecrire », c'est le Cinéma !

Sa mère n'est guère enthousiaste vis-à-vis des velléités d'Ecriture de sa fille. Geneviève envoie son premier texte à quatre éditeurs de renommée. L'un va accepter de l'éditer…et de ce jour, la vie de « Jeune-Vieille » s'en trouve transformée…

“Robert [l'éditeur de l'héroïne] avait l'habitude de dire que son métier consistait à planter des arbres. Un métier de patience et de longueur de temps, un métier qui déborde les dimensions de sa propre vie. Découvrir un jeune auteur, l'accompagner pendant la douzaine d'années qu'il faudra pour le rendre visible, le faire grandir, lui trouver des critiques puis des lectrices, c'est voir loin au-delà de soi-même. (p. 90)”

Le récit est présenté sous un mode narratif double : à la première personne ,celle de l'héroïne, jeune auteure, et successivement à la troisième personne, ce qui permet à l'auteur de prendre de la la distance et d'avoir un ton mordant, plein d'autodérision sur les battages médiatiques autour des livres, transformant l'édition d'un livre en un vaste cirque, superficiel, n'ayant plus grand-chose avec le travail littéraire, et la solitude de l'écrivain…

Notre auteure se confirme comme écrivain, avec l'accompagnement fidèle de son éditeur, Robert Dubois, qu'elle va finir par « trahir » pour répondre aux sirènes mensongères de la gloire et de l'argent. Elle publiera un einième ouvrage dans une maison plus gigantesque mais aussi plus impersonnelle …Einième ouvrage qui deviendra « un film » comme elle le rêvait depuis gamine !!

Elle fera des « télés » pour promouvoir son livre… mais aussi des débats, sujets n'ayant plus rien à voir avec la littérature !!... Nous vient à l'esprit l'expression très familière formulant fort bien le creux, le vide de ces battages médiatiques : « Des marchands de soupe » !!...

Geneviève ne manque pas d'esprit critique envers elle-même et son travail d'écriture…ainsi que de son indélicatesse envers son éditeur…mais les « trompettes de la gloire » sont plus fortes que tout… Ayant réalisé son rêve de gamine, elle en reviendra assez désabusée…Son éditeur originel lui manque… ainsi que ses conseils , accompagnement « artisanal » et personnalisé !...

Un texte jubilatoire qui démonte ce monde de l'édition ,de la fabrication de « célébrités éphémères » , »Miroir aux alouettes »…. où l'argent, et ce qui « brille » priment sur une certaine idée de la qualité d'un texte!!....

« Ecrire et publier des livres n'avait jamais fait d'elle un écrivain, mais passer à la télé, oui. Elle n'était pas plus lue, mais les gens savaient qu'elle écrivait. Maintenant, ils en étaient sûrs puisqu'ils l'avaient vue à la télé. (p. 150)” –Tout est dit !!...

Restent d'intéressantes réflexions ou observations sur ce besoin insatiable d'ECRITURE : « L'écriture devint ma cabane. Dans un arbre perchée, bâtie de courants d'air, d'échardes et de clous qui dépassent, malcommode, mais au-dessus du monde. J'y montais mes idées noires, mes pensées étranges, des croûtons de pain au cas où viendrait la famine ou la faim, un bol de pluie pour l'oiseau à plumes et de l'encre. c'était mon repli, mon recoin. Je pouvais y monter mentalement à chaque instant (...) quand j'avais trop de choses en équilibre sur la tête et que je devais les déposer en urgence. Je connaissais par coeur les noeuds de l'écorce qui me permettaient de grimper sans peine et de devenir invisible. (p. 66)”


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