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3,51

sur 262 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
S'il vous reste quelques illusions sur le monde merveilleux de l'édition, vous n'allez pas les garder. Ou alors vous trouverez cet ouvrage excessif et refuserez d'y croire. Ancien éditeur, Paul Fournel évoque ici ce qu'il connaît du milieu littéraire actuel, qui est surtout affaire de business : copinage, népotisme, clonage de best-sellers, reprise de sujets qui font recette, pseudo prix littéraires, marchandage entre éditeurs sur auteurs et ouvrages, marketing bien sûr (TV, presse, salons, séances de dédicaces), scénario vendu à des réalisateurs avant même que le livre soit publié. J'en passe. Rien sur les 'écrivains fantômes' (dits 'nègres'), n'en jetez plus, le lecteur est déjà assez écoeuré par toutes les magouilles citées ici. Un rappel intéressant qui adoucit ce triste tableau : une maison d'édition peut publier des 'petits auteurs' à condition qu'elle vende aussi des best-sellers.

Un autre aspect de l'édition est abordé : son avenir, à l'heure du développement de la liseuse et des publications en ligne. Loin d'être pessimiste, Fournel voit au contraire dans ce nouveau support un formidable potentiel pour un autre rapport à la lecture et à l'écriture (qui n'évince pas le précédent), pour découvrir de nouveaux talents et jouer avec la littérature et les mots - ce n'est pas le président de l'Oulipo qui pourrait rejeter de si belles perspectives !

Très bon moment de lecture avec ce savoureux roman qui fait grincer des dents et sourire, l'auteur excelle dans ces deux registres.

--- la couv de l'édition Folio ne me semble refléter ni le propos, ni l'humour caustique de l'auteur
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Un éditeur, au terme de sa carrière, confronté aux financiers qui tentent de lui imposer une gestion de l'entreprise qui ne lui plait guère, se voit imposer une tablette électronique (d'où le titre impropre à l'objet prétexte du livre mais parfait pour ce roman). Cela déclenche chez lui une certaine lassitude et l'idée de jouer un tour à ceux qui aimeraient bien qu'il laisse sa place dans la maison. Il utilisera les compétences de jeunes stagiaires à cette fin.
Comme je le disais plus haut, la liseuse n'est qu'un prétexte , pour amener une histoire de revanche jouissive et nous permettre de pénétrer dans les coulisses d'une maison d'édition avec ses méthodes, ses querelles, ses relations humaines parfois particulières. L'écriture est légère, pleine d'humour, j'ai beaucoup ri, et pourtant l'arrière plan reste une fin de carrière et même une fin de vie.
J'ai eu la surprise dans la postface de voir que l'auteur semblait s'être livré en plus à un exercice de style très particulier avec la structure de ce roman. Les spécialistes apprécieront sans doute.
En tous cas, un très bon roman qui se lit très facilement.

Lien : http://allectures.blogspot.f..
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Roman délicieux qui devrait séduire tous les lectrices et lecteurs boulimiques.
Robert Dubois, éditeur du genre vieille école, se voit offrir une liseuse (on parle ici du doudou high tech et non pas du tricot de nos grands-mères) pour emporter ses manuscrits partout avec lui. Un temps dubitatif, il en vient à l'adopter ou du moins à l'apprivoiser. Il se lance alors dans une emprise autrement plus aventureuse en s'associant à un bande de jeunes geeks motivés par la perceptive de faire fortune dans les nouvelles technologies appliquées à la création littéraire.
Au prétexte d'une intrigue bien ficelée, Fournel démontre par l'absurde les mécanismes qui transforment une maison d'édition en pompe à fric. Son regard incisif et ses raccourcis croquignolesques valent mieux que milles démonstrations. Mine de rien, l'auteur dresse un état des lieux sans concessions du petit monde du livre, auteurs, éditeurs, libraires et lecteurs compris, tout en pointant ses dérives économiques. Chacun en prend pour son grade. Au-delà de ce constat un poil cynique, Fournel délivre surtout un plaidoyer passionné sur le plaisir de lire, toujours et encore, quelque que soit le support, et nous engage à explorer les nouveaux champs offerts par la technologie, considérée pour le coup comme outil de renouvellement de l'écriture. Si ces promesses se concrétisent à la hauteur de sa plume légère, gracieuse, bourrée de jeu de mots plus rigolos les uns que les autres, le livre et lecture ont assurément de beaux jours devant eux.
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J'ai trouvé cette lecture jubilatoire.
Voici un livre sérieux ponctué de finesse et de drôlerie où l'amour des mots et du livre jaillit à chaque page.
A l'heure où les grosses maisons d'édition avalent les petites, tout cru et où le livre papier est menacé par la liseuse électronique, notre éditeur-héros Robert Dubois est confronté à ces deux fléaux en même temps, le jour où une jeune et jolie stagiaire lui tend cet objet plat, noir et sans âme qui l'arrache à son monde de papier. Loin de sombrer dans le pessimisme et d'abandonner la bataille, Robert va relever le défi de la modernité. Excellent prétexte pour nous parler du plaisir charnel de la lecture, des émotions qu'elle suscite et des aventures livresques qu'elle fait vivre bien au-delà de la forme du support.

Avec beaucoup de subtilité et d'humour, il nous révèle son postulat : la littérature n'est pas un a priori qu'on met dans le texte, elle est une oeuvre collective extrêmement complexe où auteur, éditeur, presse, libraires, écoles et lecteurs posent leur marque et décident, ce qui changent sans cesse le champ et les formes de la littérature. C'est un être vivant en évolution constante, jamais stagnant ou immuable.

Paul Fournel nous parle d'un domaine qu'il connait ; nouvellistes, explorateur littéraire, président de l'Oulipo, éditeur à ses heures, il nous donne une vision de l'intérieur. Egratignant les uns, déifiant les autres, ignorant les importuns et les pétris de certitude, il émeut et nous fait rire grâce à cet éditeur bonhomme, amoureux de son métier et de ses enfants de papier, nous décrivant un monde qui disparaît.
Si tu aimes très fort le texte que tu publies, il a déjà fait un pas vers sa première éternité.

La post face nous apprend que ce texte répond aux contraintes oulipiennes en épousant la forme d'une sextine (6 strophes de 6 vers et un tercet) constitués de 180 000 signes et blancs. Je ne saurais dire si la forme à contribuer à mon plaisir n'en ayant été avisée qu'à la fin. Mais le texte est infiniment riche, précis, léger et dense à la fois et on goûte autant la forme que le fond.

Refermant ce livre, je peux dire à Robert Dubois que la vie vaut la peine d'être lue.

Lien : http://argali.eklablog.fr
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Plaisir de lecture immédiat, roman très drôle, traitant du tournant de l'édition avec l'arrivée du numérique.

Un vieil éditeur se voit confier une liseuse par une stagiaire qu'il ne connaît pas, au début il est réticent, puis il se familiarise à l'objet. Il va prendre conscience de l'urgence de réformer son travail. En s'alliant avec les stagiaires il va fomenter un renouveau de l'édition numérique, mais ceci n'est qu'un prétexte, ce qui compte ici c'est la forme, le rythme, le plaisir de lire.
C'est avant tout l'histoire d'un homme qui aime les livres et la bonne chère, un homme encré dans le réel mais enlisé dans un monde consumériste ou il faut faire du chiffre, trouver des auteurs à succès, faire le tri dans les innombrables sorties, et finalement ne plus rien lire, juste survoler ces romans identiques les uns aux autres, en choisir un au hasard que l'équipe marketing essayera de monter en épingle pour en faire un succès de librairie.
Portrait d'un homme désabusé dans un monde qui change et qu'il ne maîtrise plus. Tout s'effondre autour de lui, parviendra-t-il à s'en sortir, lui le bon vivant dans ce monde virtuel?

En rédigeant cette satire du monde de l'édition, Paul Fournel égratigne le système marchand avec beaucoup d'humour, ce livre est une charmante fable qui donne avant tout envie de lire, de découvrir de nouveaux auteurs, de nouveaux genres sous quelque format que ce soit.
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Plus qu'un roman - une déclaration. Déclaration à l'acte de lecture.
Le livre bien sûr, objet.
Le contact avec le livre. L'odeur, le bruit, la matière livre. Et puis l'objet du lecteur.
L'empreinte de l'écrit.
Et puis la page devient écran. Étrange objet lumineux. Luciole numérique.
Il faut bien s'y faire. L'adopter, l'amadouer, le manipuler
L'objet contient encore mais il devient.. tablette -bibliothèque.
Le livre devient liseuse. Étrange destin.
A rapport différent – lecture différente ?
La lecture reste l'objet du lecteur. L'éditeur va devoir composer et le lecteur s'aligner.
Nouvel outil.
A nouveau support – nouvel écrit ?oui, Forcément.
Mais tout bon lecteur vaut toujours son pesant de volumes.
Et la liseuse peut bien clignoter, elle n'y changera jamais rien.

Astrid Shriqui Garain
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Je n'avais pas encore terminé la lecture de la liseuse, que déjà l'évidence s'imposait à moi: Ce roman est un petit régal.

Robert Dubois est directeur d'une maison d'éditions dans le 6ème arrondissement de Paris. Occupé à travailler dans son bureau, il reçoit la visite imprévue d'une jeune stagiaire venue lui remettre une liseuse.
Dans La liseuse, Paul Fournel fait un portrait tendrement caustique, un brin nostalgique du monde de l'édition. En vrac : les petits arrangements entre amis, les jeux d'influences, les caprices des écrivains (pour passer Chez Pivot!), la peu reluisante spéculation sur la réussite d'un livre, les stratégies de vente (si vous saviez amis lecteurs...), l'avènement de l'édition numérique, le choix à faire dans les piles de manuscrits, le travail emmené à la maison et en voyage, l'enchaînement des salons littéraires et des séances de dédicace dans les librairies (promotion oblige), les petites habitudes dans les bons restaurants du quartier (cartes de menus, l'art subtile de déguster un artichaut, la saveur des bons vins, …), et puis l'amour d'une vie, Adèle.

Écriture subtile et colorée, "épicurienne", La Liseuse est un roman savoureux dont je recommande très chaleureusement la lecture.


Une petite dédicace : le Café de Flore et le Boulevard Saint-Germain sont tout proches. Café long et crème chantilly, sans liseuse.
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Ce livre est un bonheur, un vrai délice !!! Robert Dubois n'est pas un vieux grognon mais un homme d'un certain âge, raffiné et aimant son métier. Editeur depuis plus de tente ans, il a ses habitudes et quand une stagiaire lui remet une liseuse contenant des manuscrits, il s'étonne dans un premier temps mais ne change rien à ses habitudes de lecteur. Autant l'utiliser tout en écoutant les idées de quatre stagiaires en matière de nouvelles éditions et donc de possibilités.

Beaucoup d'humour, un regard intelligent, malicieux et rempli de tendresse, des clins d'oeil à Brest et à Dialogues (oui !) pour nous parler de l'amour des livres dans lequel chaque lecteur passionné se reconnaîtra !

la suite sur :
http://fibromaman.blogspot.fr/2012/04/paul-fournel-la-liseuse.html
Lien : http://fibromaman.blogspot.f..
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Je serai sans détour. Me voici réconciliée en 192 pages avec la Littérature (avec un L) car plonger dans ce roman et ne pas pouvoir s'en détacher tant la lecture en est jouissive et addictive, et se dire que oui, il y a des aussi auteurs qui sont des talents purs et dont le discours est percutant, incisif, drôle, subtil mais aussi pudique et émouvant, est d'un grand réconfort, après plusieurs expériences livresques malheureuses de ce caniculaire mois de juillet où lire est une activité quasi incontournable.

C'est dit, j'ai adoré ce petit bijou de finesse et d'intelligence qui non seulement est absolument réjouissant pour ce qu'il nous livre du monde de l'édition, et du tournant numérique qui le met à mal, mais qui, cerise sur le gâteau est un délice littéraire, une oeuvre d'art plumitive, un tableau de maître, aussi esthétique qu'une assiette de chef étoilé !

Moi qui ne cesse de découvrir l'immensité de mon ignorance, n'avais jamais entendu parler jusqu'à l'épilogue, de l'Oupilo et des contraintes d'écriture telles que la sextine! Ni des membres de ce groupe d'écrivains qui explorent l'écriture évoqué avec subtilité par Paul Fournel tout au long de son récit.
Paul Dubois, éditeur désabusé en passe d'être mis au rencard se retrouve à devoir utiliser une liseuse pour son travail de lecteur de manuscrits. C'est un bouleversement de ses habitudes de travail qui entraîne une analyse critique du milieu littéraire, mais par extension de la société et de ses nouvelles dérives. Jamais acerbe, toujours fine et drôle, servant de prétexte à un portrait sociétal des plus réjouissants, cette ballade/balade littéraire m'a fait sourire voire m'esclaffer et je ne me rappelais pas avoir lu un texte avec autant de passages spirituels à relever.
Satire courte et pertinente, « La liseuse » démontre une fois de plus que la qualité s'affranchit de la quantité. J'en recommande vivement la lecture sous le format de son choix, « papier » pour les uns, « numérique » pour les autres.
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L'on pourrait croire que c'est l'histoire d'une fille qui lit..inlassablement,

si l'on se fiait uniquement au titre..et l'on s'y tromperait !

Et c'était assez drôle, j'y pensais quand je constatais que j'étais prise en photographie samedi dernier, plongée dans le lecture de la liseuse, une sorte de mise en abyme .

Puisque la liseuse perd de son humanité,

qu'elle s'empare de la querelle,

qu'elle indispose,

qu'elle préfigure la mort de l'imprimé, de l'objet livre auprès de Robert Dubois, éditeur qui rechigne à s'en saisir tant elle lui semble incongrue, cette « vulgaire » tablette électronique, et une très belle surpris par la contrainte oulipienne choisie! Bravo!!

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