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sur 390 notes
Comment ne pas partager, au moins en partie, le désarroi de Jean-Louis Fournier lorsqu'on a vécu le même genre de mécomptes avec un proche ?
Jean-Louis Fournier « déguste » encore davantage, puisque c'est sa fille qui rejoint les catholiques intégristes !... Vous savez, ces gens qui voient le Diable partout, et dont l'obsession semble être de vous sortir de « l'erreur » dans laquelle elles croient que vous êtes. Ces personnes qui s'abandonnent au gourou beau causeur. Ceux et celles-là qui font même peurs aux curés et agacent prodigieusement l'évêque.
Mais où est passée cette fille curieuse, colorée, vivante et qui avait un réel talent de graphiste ? Cette enfant, avec qui il partageait le rire, l'humour, les doutes, la vie quoi…
Comme le dit Fournier, sa fille a eu « l'illumination »… Qui l'a aveuglée pour de bon ! C'est la foi obtuse et ultra-scolaire des frais convertis. Les proches serrent les dents, n'osent plus rien dire, rentrent les épaules et attendent que cela passe…. Mais ça dure !.. Comme des jours et des mois d'un coma spirituel.
Jean-Louis Fournier, pourtant, aime toujours sa fille et preuve en est son incompréhension. C'est sa fille, envers et contre tous les empêcheurs de rire, de jouir et de vivre.
Beaucoup de tristesse, dans ce petit livre, et beaucoup d'humour pour conjurer cette maladie de l'âme… Avec l'élégance de laisser le dernier mot à l'enfant tant aimée.
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Un véritable cri d'amour ? Un appel au secours ? Une bouée jetée à la mer ? Toujours est-il que cette lettre ouverte et à coeur ouvert a trouvé écho, preuve en est la réponse de l'intéressée en fin de roman...

Depuis que sa fille Marie (un prénom prédestiné ?) a rencontré Monseigneur (comme il l'aime l'appeler), elle a surtout rencontré Jésus. Cela fait maintenant dix (longues) années qu'elle est entrée dans les ordres et ne donne guère souvent de nouvelles à son papa, Jean-Louis Fournier. Graphiste à l'avenir prometteur, elle a tout laissé tomber. Charmante, drôle, tout en couleur, elle est devenue sérieuse, autoritaire et grise. Aussi, il lui écrit, indirectement dans ce roman. Et ce sont des souvenirs joyeux, des petites choses ici et là de l'enfance, des espoirs pleins la tête et des étoiles dans les yeux, l'espoir d'un retour possible vers lui dont nous parle l'auteur. Où il est inévitablement question de sa fille, il n'oublie pas de parler de lui, de sa vie et de ses erreurs.

L'on pourrait s'insurger devant ce déballage si personnel, ce témoignage par roman interposé, se moquer tout simplement de lui et de ses états d'âme ou au contraire reconnaître non pas seulement ses talents d'écrivain mais aussi l'homme blessé qu'il est encore aujourd'hui. Chacun aura son propre ressenti à la lecture de ce témoignage. Cette lecture touchante, sincère, directe, à la fois triste et drôle, emplie d'une profonde détresse, légère et pourtant lourde de sens m'aura touchée et interpellée. Ne manquait que son humour bien noir et caustique, pourtant si présent dans ses précédents romans.

La servante du Seigneur... Ave Marie...
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Un cri, une douleur … D'un père qui a perdu sa fille. Mais elle n'a pas disparu. Elle est ici-bas mais n'est plus visible. Elle est rentrée dans les ordres. Une servante de Dieu. Les règles sont strictes. Impossible de communiquer avec. Et quand cela est possible, les conversations n'ont pas de sujet commun, un mur d'incompréhension se dresse alors. Nous ne sommes plus dans la même réalité. Chacun campe sur ses certitudes. J'ai raison, tous les autres ont tort. : principe fondamental de l'être humain.
L'auteur s'adresse à sa fille, prend le lecteur à témoin. La déchirure est tellement importante qu'il n'y a plus d'amour propre : juste crier au monde cette blessure à l'âme, qui fait divaguer l'humain sur les flots de sa bile.
Beaucoup de semblables ne sont pas écrivain et meurent de ce renoncement, de cette différence, de cette incompréhension, de ce manque de bienveillance.
Pourquoi ? Pourquoi n'est-elle pas telle que je l'ai élevé ? Qui l'a changé ? Qui lui a bourré le crane ?
Sur le final il lui laissera la parole.
Je suis l'heureux père d'une ado magnifique. Je suis à même de comprendre ce genre de sentiments.
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Après la lecture de quelques critiques, très négatives et dures pour certaines, je me jette à l'eau... La mienne sera douce, car ce livre m'a tenue en haleine du début à la fin... Très vite lu, je n'ai pas vu le temps passer. A vrai dire, c'est le temps lui-même qui m'a dépassé.
Fidèle à lui-même, Fournier, par l'écriture, cherche à évacuer un malheur qu'il a du mal à supporter... Il faut dire que sa vie est parsemée d'embûches et qu'il est bien nécessaire de transfigurer un réel qui fait mal...
Ici, le lecteur apprend que sa fille, avec laquelle la connivence était totale, s'en remet à la religion, prie pour lui, s'est radicalement transformée depuis qu'elle partage sa vie avec un théologien... Difficile réalité pour celui qui a écrit le CV de Dieu, Satané Dieu... Celui dont l'humour décapant n'épargne pas la religion. Comment, alors, accepter que sa fille prenne le parti de ce dont on se moque ? Comment débattre avec celle qu'on aime si elle refuse la contradiction et préfère la foi aveugle à un doute, rationnel ?
J'aime ce livre de Fournier, quand bien même il révèle la nostalgie d'un père. Car ici, la nostalgie n'est pas seulement amère... Elle est l'amour d'un être exaspéré qui veut retrouver cet amour... le père veut retrouver sa fille. Ses moqueries ne visent pas à la salir, mais à retrouver ce lien si fécond qui les unissait, et qui peut encore les unir... Ce livre est un appel à l'amour.
Par moments d'ailleurs, l'auteur se remet en cause lui aussi : "On est tous les deux orgueilleux et pudiques" : certains défauts de sa fille sont aussi présents chez ce père, un être très émotif, doté d'une sensibilité aiguë qui l'amène à toujours vouloir se réconcilier avec un passé chaleureux. Un passé qui pourrait devenir présent, et avenir...
En somme, ce livre paraît être un combat, une demande exacerbée à Marie d'écouter ce coeur qui souffre de n'être pas entendu...

"Tu es encadrée dans le bureau vert, une vielle photo, tu dois avoir douze ans. je te regarde souvent. Tu es très charmante, tu fais jeune fille de bonne famille, coiffure classique, beau sourire.
Tu me souris chaque fois que je passe dans la pièce. J'y passe souvent, exprès.
J'ai la nostalgie du passé.
On s'entendait bien avant.
Pourquoi maintenant c'est si difficile ?
(...). On ne dit rien. On ne montre rien.
Nos sentiments sont classés secret défense."

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Et bien pour quelqu'un qui se prétend victime de sa pudeur, il a franchi un grand pas dans l'impudeur, JL Fournier, et visiblement, sans se poser la question des victimes collatérales...
Il semblerait que sa fille, Marie, a eu besoin de prendre l'air, de s'éloigner de son père, et qu'elle a trouvé du réconfort dans la foi. Soit. Que le monsieur qui lui a fait découvrir la foi ne plaise pas au papa de Marie, cela peut se comprendre : mais ce qui est beaucoup moins compréhensible c'est l'amertume d'un père envers sa fille qui, quoi qu'il en dise, se manifeste tout de même assez souvent et est présente en cas de coup dur.
Car ce qui transparaît, c'est le formidable égoïsme d'un père qui voudrait que sa fille soit si possible à son image, et surtout à sa dévotion et non pas à celle d'un "gourou"...
Alors certes, la vie de JL Fournier n'est pas une vallée de roses, mais est-ce une raison pour pourrir celle de sa fille et étaler leurs différends sur la place publique ? Elle aussi, a du avoir une enfance épouvantable, avec deux frères lourdement handicapés et des parents qui ne s'entendaient pas, alors qu'il lui fiche la paix...
La réponse de Marie en fin de livre est parfaitement explicite : "Tout le monde n'a pas la chance d'avoir un père qui offre sa propre fille au monde entier après l'avoir défigurée....»
Et puis c'est facile de publier ça alors que sa fille s'est convertie, car il y a fort à parier et il se l'est probablement dit, que du coup, elle va lui pardonner...
Bref, assez pathétique tout ça !
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Le livre commence par un beau poème : j'ai sondé les nuages… (voir citation).
Puis Jean- Louis fournier s'adresse à sa fille en employant le tu, il lui livre ses regrets : tu étais… tu avais…. Tout ce qu'elle était et faisait avant… et il change de destinataire, cette fois en employant « elle », il explique au lecteur ce qui est arrivé à son enfant : elle a laissé de côté ce qui faisait sa vie pour se tourner vers Dieu, soutenue par « Monseigneur » dont on ne sait que très peu de choses.
Qu'exprime-t-il exactement ? de l'amour, de la nostalgie, de la jalousie peut-être à l'égard du « Monseigneur » qui lui aurait pris son enfant. On ne peut lire cet ouvrage qu'avec une certaine méfiance, car la fin comporte une réponse de sa fille qui lui transmet sa façon de voir les choses.
Lisons-le donc comme une belle déclaration d'amour d'un père à sa fille en appréciant l'humour toujours grinçant dont l'auteur parsème son oeuvre.
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Toujours très sensible au style, à l'humour noir, aux pirouettes déjantées... de Jean-Louis Fournier pour conjurer la peine, la douleur ...J'ajoute mes impressions après avoir lu en une soirée le dernier texte de cet auteur, que j'affectionne tout particulièrement.
Ouvrage bouleversant qui a provoqué à juste raison de nombreux coups de coeur des uns et des autres...dont le mien

Ce dernier livre est un vibrant hommage d'amour à Marie, sa fille, qui s'est éloignée, amoureuse d'un homme plongé dans la théologie...la spiritualité. le père n'adhère en rien à ce choix et ce changement radical de vie et d'engagement lui est étranger et insupportable...

Peu importe si le choix de cette fille unique, chérie , adorée par son père est judicieux ou non...
Ce qui pose question, c'est son éloignement d'avec ce père, leur incompréhension mutuelle...après une complicité, des moments heureux; du moins c'est le ressenti du papa envers leur passé commun.

Ce texte met sous un ton toujours drôle, plein d'auto- dérision, un cri de désarroi face à une fille aimée, brillante, complice... qui est devenue un étrangère. Sentiment doublement ressenti lorsque Jean-Louis Fournier
choisit de mettre en fin de volume une lettre de Marie, sa fille, que l'on sent blessée et en colère. La difficulté de se comprendre en dépit de l'amour immense qui circule entre ce père désemparé et sa fille; Celle -ci raconte un passé différent de ce que le papa semble avoir compris.

Viennent ensuite les questionnements face à nos perceptions vis à vis des êtres qui nous sont les plus proches. La question est là, vivace, éternelle et sans réponse. Nous n'aimons pas toujours que nos proches changent, prennent d'autres directions.
Jean-Louis Fournier... l'exprime très justement dans les mots suivants : "Qu'ai-je le mieux réussi dans ma vie ,
pour quelle oeuvre aurais-je pu être nommé meilleur ouvrier de France ?
Quel film, quel livre ?
J'ai regardé les photos de famille, je crois que j'ai trouvé.
C'est toi, mon chef- d'oeuvre. (...)

je veux que tu reste fidèle à l'original. (p.144-145)


Et comme le souligne aussi fort bien l'auteur, nous pensons les êtres que nous aimons, heureux , et ce n'est jamais une certitude ?

"Etre heureux ne devrait être conjugué qu'à la première personne du singulier et par le principal intéressé. Il n'y a que lui qui sait s'il est heureux ou pas.
Conclure que quelqu'un est heureux est toujours risqué. . (...)
Les symptômes comme le rire, l'humour, la bonne humeur, ne sont pas suffisants pour diagnostiquer le bonheur ".(p.117)
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« Elle est dans les ordres ou elle est aux ordres ? » (p. 40) le narrateur raconte comment sa fille lui échappe, comment cette jeune personne pleine de vie et de fantaisie s'éteint et se raidit dans une foi acquise sur le tard. Elle ne devient pas nonne, mais elle boit les paroles d'un certain « Monseigneur », plutôt amant mystique que directeur de conscience avisé. « Maintenant, elle vit avec un allumeur de réverbères. Elle vit dans l'ombre des certitudes du Moyen Âge. Il est illuminé, mais il n'éclaire pas. Elle croit y voir clair. » (p. 86) Un peu goguenard, un peu incrédule, le père narrateur accepte avec difficulté le changement qui s'opère chez sa fille. Elle dont il était si proche, la voilà inaccessible et même rancunière. « Elle n'a pas été mise sur terre pour que ma volonté soit faite, pour que je sois heureux. L'important, c'est qu'elle soit heureuse. Est-ce qu'elle est heureuse ? » (p. 96) Indulgent mais impatient, le père attend le retour de sa fille, ne pouvant se résoudre à la voir devenir une autre, loin de lui.

Ce texte est très court, mais très percutant. À la fois adresse désespérée à la fille et dialogue bancal, La servante du seigneur n'est pas un texte pathétique. Il y a dans ces pages tout l'humour vachard d'un bouffeur de curé qui se retrouve couillon devant la religion qui lui enlève sa fille. Mais la question religieuse, finalement, n'est qu'un prétexte : La servante du seigneur est avant toute chose la douloureuse prise de conscience d'un père qui aurait voulu que sa fille, bien que devenue femme, reste son enfant chérie, sans jamais lui échapper pour un autre ou pour un ailleurs.
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La servante du Seigneur est le quatrième roman de Jean-Louis Fournier que je lis. Et le plaisir est là, intact, profond. Il conforte la place de cet auteur dans la liste sélective de mes auteurs préférés. Sa manière d'appréhender la vie, les événements joyeux et douloureux qui ponctuent l'existence me touche profondément.
Dans ce livre, l'humour noir danse dans les bras de l'amour bouleversé; la souffrance du père questionne la foi en un Tout Autre; les choix mûris bousculent les liens fragilisés.
Ici, l'auteur nous invite à entrer dans l'intimité de sa relation avec sa fille, cette fille qu'il aime, qu'il a aimé voir grandir et s'épanouir comme un bouton de rose, une rose pétillante, peu ordinaire, originale et unique.
Au long des pages, on ressent ce lien incassable, né il y a plus de quarante ans, entre ces deux êtres que les choix de vie ont finalement et inexorablement séparés.
Sa fille a choisi de donner sa vie à Dieu. Soit. le père n'est pas contre ce choix et respecte la liberté de celle qu'il a entraînée à prendre son envol.
Ce qu'il redoute et rejette, ce qui met son coeur en peine, c'est l'impression que ce choix trop radical va emmener sa fille vers des horizons fermés, extrêmes, séparés du monde, des passions, des belles émotions et de la Vie.
L'amour et l'inquiétude paternels se mêlent au fil des lignes.
Et on vacille.
On passe du rire aux larmes, de la tendresse à la colère, de l'incompréhension à l'admiration. Impossible de rester insensible...
Un tout petit roman pour de très grandes émotions. Mission accomplie, Monsieur Fournier !
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Toujours l'humour de Jean-Louis Fournier, mais cette fois teinté d'amertume.
Il ne ménage pas sa fille, pas plus qu'il ne se ménage d'ailleurs.
Parfois il s'adresse à elle « tu », parfois au lecteur « elle ».
Il n'accepte pas le choix de vie de sa fille devenue adulte; de vivre avec un homme engagé dans la religion. Il est déçu par rapport aux aspirations qu'il avait pour elle.
Pourtant n'est-ce pas plus au moins le sentiment de la majorité des parents ?
Il peut être difficile d'accepter de voir son enfant comme « un » adulte autonome et indépendant et non plus comme « son »petit enfant pour lequel on décide et qu'on oriente.
J'ai eu le sentiment d'un homme vieillissant et malheureux qui se raccroche à sa fille maintenant qu'il est seul. Doit-il pour autant lui faire grief de ses choix ? Lesquels d'ailleurs n'engagent qu'elle.
Bref, Jean-Louis Fournier a l'air un peu paumé lui aussi.
Comme bien des pères, il a du mal de voir sa fille lui échapper et appartenir à quelqu'un d'autre qu'à lui. Espérons qu'un jour, elle arrive à ne s'appartenir qu'à elle-même !
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