Toujours très sensible au style, à l'humour noir, aux pirouettes déjantées... de
Jean-Louis Fournier pour conjurer la peine, la douleur ...J'ajoute mes impressions après avoir lu en une soirée le dernier texte de cet auteur, que j'affectionne tout particulièrement.
Ouvrage bouleversant qui a provoqué à juste raison de nombreux coups de coeur des uns et des autres...dont le mien
Ce dernier livre est un vibrant hommage d'amour à Marie, sa fille, qui s'est éloignée, amoureuse d'un homme plongé dans la théologie...la spiritualité. le père n'adhère en rien à ce choix et ce changement radical de vie et d'engagement lui est étranger et insupportable...
Peu importe si le choix de cette fille unique, chérie , adorée par son père est judicieux ou non...
Ce qui pose question, c'est son éloignement d'avec ce père, leur incompréhension mutuelle...après une complicité, des moments heureux; du moins c'est le ressenti du papa envers leur passé commun.
Ce texte met sous un ton toujours drôle, plein d'auto- dérision, un cri de désarroi face à une fille aimée, brillante, complice... qui est devenue un étrangère. Sentiment doublement ressenti lorsque
Jean-Louis Fournier
choisit de mettre en fin de volume une lettre de Marie, sa fille, que l'on sent blessée et en colère. La difficulté de se comprendre en dépit de l'amour immense qui circule entre ce père désemparé et sa fille; Celle -ci raconte un passé différent de ce que le papa semble avoir compris.
Viennent ensuite les questionnements face à nos perceptions vis à vis des êtres qui nous sont les plus proches. La question est là, vivace, éternelle et sans réponse. Nous n'aimons pas toujours que nos proches changent, prennent d'autres directions.
Jean-Louis Fournier... l'exprime très justement dans les mots suivants : "Qu'ai-je le mieux réussi dans ma vie ,
pour quelle oeuvre aurais-je pu être nommé meilleur ouvrier de France ?
Quel film, quel livre ?
J'ai regardé les photos de famille, je crois que j'ai trouvé.
C'est toi, mon chef- d'oeuvre. (...)
je veux que tu reste fidèle à l'original. (p.144-145)
Et comme le souligne aussi fort bien l'auteur, nous pensons les êtres que nous aimons, heureux , et ce n'est jamais une certitude ?
"Etre heureux ne devrait être conjugué qu'à la première personne du singulier et par le principal intéressé. Il n'y a que lui qui sait s'il est heureux ou pas.
Conclure que quelqu'un est heureux est toujours risqué. . (...)
Les symptômes comme le rire, l'humour, la bonne humeur, ne sont pas suffisants pour diagnostiquer le bonheur ".(p.117)