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EAN : 9782715231320
144 pages
Le Mercure de France (19/08/2010)
3.3/5   10 notes
Résumé :
Une confusion extrême agite la narratrice : elle a d'abord soupçonné son mari d’avoir voulu l’assassiner. Maintenant qu’il a basculé par la fenêtre, elle ne sait plus quoi penser. Pourtant la peur et l’angoisse demeurent : des sentiments impossibles à partager, confiés à des cahiers où elle s’exprime tantôt à la première personne, tantôt spectatrice d’elle-même, dans un dédoublement vertigineux. Retrouver la paix lui sera-t-il possible? Avec une grande précision cli... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
« Des choses troubles émergent çà et là, on les enfouit sous une feinte indifférence mais elles prolifèrent dans l'ombre et le jour vient où elles dévastent tout. »
Robert Pinget

Elle est seule chez elle dans ce nouvel appartement, depuis qu'elle a fui sa maison. Pourtant, toujours, elle retrouve cette impression d'être observée, épiée. Et puis, il y a ce défaut au plafond, cette tache rouge, et ce mot italien qui s'impose à elle sans qu'elle puisse savoir d'où il sort: Lavasca

Elle parle d'elle – même, disant tour à tour « je » et « elle », dédoublement de la personnalité? Elle boit, trop, elle cache les bouteilles d'alcool pour que son mari ne les trouve pas. Elle va partir, quitter encore cet appartement, encore changer d'endroit, il faut fuir.
Des visages la poursuivent, des êtres à peine vus ou trop connus: son mari, qu'elle a tué en le poussant du haut de sa fenêtre; un italien, qu'elle a vu lui jeter un sort (la jettatura), une femme morte, violée puis noyée, que des pêcheurs ont ramenée dans un filet. Et son mari qui veut la convaincre qu'ils ont remonté du poisson! Ces chairs blanchâtres et molles étaient celles d'une femme, elle en est sûre, et c'est son mari l'assassin. D'ailleurs, dès la macabre trouvaille, il a voulu partir de leur lieu de villégiature sur la mer! C'est clair. Alors, elle l'a tué.
D'ailleurs, elle hait son mari, il lui a tout pris, à commencer par sa fille, Émilie, qu'il a accaparée en lui apprenant à peindre. Et puis un jour, après l'épisode de la noyée, il est parti, sans un mot.
Mais elle note tout, scrupuleusement, sur des cahiers quadrillés. Ainsi, on saura.
« Dès lors, j'ai su que j'étais de trop entre vous deux. Je me suis sentie rejetée comme une note en bas de page, pis encore, en fin de chapitre ou même du livre ».
Elle écrit, raconte en mélangeant tout et termine par ces mots: « Aussi, je vais fag.. »

Les cahiers ont été retrouvés après qu'on l'a ramassée, morte dans la rue. Emilie les lit, avec horreur, avec ahurissement: comment tant de désordre mental peut – il se concilier avec l'écriture, quotidienne, systématique, qu'elle a sous les yeux? Et comment comprendre ce dernier mot « fag »? Aucun verbe, sauf fagoter, ne commence comme cela. Quant à « Lavasca », qui épouvante tellement sa mère, c'est le nom de la clinique où elle a été soignée pendant des mois. Elle n'en dit pas un mot.
« Je recherche cette phrase que tu as écrite: «  Emilie qui m'a quittée, qui a cru le faire, car elle ne sait pas que je suis le poison qui circule dans ses veines ».

Expression de la folie, de la douleur, rapports mère – fille, femme – mari, éléments de paysages maritimes, ou esquisses de fragments d'Italie: le livre interroge plus qu'il n'apporte de réponses. Une mosaïque troublante et dérangeante. Une écriture rapide, aérée, vive et déjantée, ou bien souple et douloureuse, selon les locuteurs.
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Une femme dont nous ignorons le nom décide de prendre la plume pour exprimer son mal-être, sa dépression et sa fatigue de vivre. de vivre dans les conditions actuelles de son environnement personnel. Son mari ne l'aime plus et la délaisse. Certes ensemble ils ont eu une fille (Émilie, enfant qu'elle ne voulait pas, la seule qui aura une identité dans ce roman, ce n'est pas un hasard) mais l'homme a accaparé celle-ci dès son adolescence par le biais de la peinture pour isoler la mère qui semble sombrer dans la folie. L'homme, volage, tente bien une virée du côté de l'Espagne pour que le couple se ressource et se ressoude puisque Émilie a quitté le domicile conjugal. Ils ne parviennent pas jusqu'à leur but. La femme se sent trop mal psychiquement, épuisée, comme détruite, victime d'un fardeau trop lourd à porter. Elle se sent en effet dénaturée, epiée en permanence, comme victime d'un vaste complot. le couple s'arrête néanmoins dans un petit port. La femme voit dans un filet que remontent des pêcheurs un corps féminin, sans vie. Son mari n'y ayant vu que des poissons la décrédibilise. Pourtant, dans le journal du lendemain, un article fait part de la découverte d'une femme dans un filet de pêcheurs. Et si le mari était coupable ? Par sa dénégation ? Son attitude sur la défensive ? La femme en est certaine, quand ledit mari est retrouvé défenestré. Ce roman est découpé en deux parties distinctes : le carnet intime de la mère, tantôt en narratrice, tantôt témoin de sa propre vie, une seconde voix parlant à la troisième personne, qui serait une sorte de conscience, de lucidité, de garde-fou. La seconde partie est tenue par les écrits d'Émilie qui font écho à ceux de sa mère. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que les évènements ne correspondent pas du tout à ceux relatés par la maman ! Un court roman qui traite de sujets graves comme l'alcoolisme, la persécution, mais surtout la mythomanie et la perversion narcissique, l'emprise puis la victimisation. L'écriture y est chirurgicale, d'une précision extrême, les phrases longues alternant avec les courtes. Comment un être peut-il manipuler ses proches avec constance et sans discernement ? Une plongée stupéfiante au coeur de cette mythomanie dont il paraît indéniable que l'auteure en fut victime, tellement les exemples et les actions du quotidien collent parfaitement avec celles dont se souviennent d'autres victimes, elles aussi abusées, trahies, et parfois détruites. Tout sonne ici comme du vécu, c'en est effrayant de lucidité et de réalité : les crises de nerfs, les espionnages incessants, les inventions sans fin, la terreur pesant sur les proches. Un roman indispensable pour celles et ceux qui souhaitent approfondir leur réflexion sur la perversion narcissique, pour bien prendre conscience qu'un destin aussi machiavélique peut entrer à tout moment dans notre vie et qu'il est urgent de s'en prévenir. Un bouquin qui pourrait être un récit, sorti en 2010 chez MERCURE DE FRANCE, sa lecture laisse des traces, fait resurgir, chez les victimes des faits, des situations du quotidien qui, si elles mettent mal à l'aise, permettent de constater que cette pathologie n'est pas un cas isolé, ce qui peut en quelque sorte rassurer, et se dire que toute ressemblance avec des personnes existant ou ayant existé (dans notre parcours) n'est absolument pas fortuite. le goût laissé est plutôt celui du dégoût, un roman salutaire pour faire explorer la dangerosité extrême des pervers.es narcissiques et donner des pistes concrètes. Si ce livre peut paraître une fiction, je peux vous assurer qu'en fin de compte il n'en est nullement une, c'est ce qui fait son poids et son implacabilité, un roman d'une immense force. Merci Madame FOURNIER !
https://deslivresrances.blogspot.fr
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Durant les 70 pages que compte la première partie du livre, nous allons lire les écrits d'une femme suivant une structure de texte particulière qui n'engage pas vraiment à la lecture. Des phrases brutes, souvent sans lien logique. Un récit écrit tantôt à la troisième personne, tantôt à la première personne. L'autrice utilise ce stratagème pour marquer la dépersonnalisation de son héroïne, qui est parfois, souvent même, étrangère à elle-même:
"Elle regarde au loin. Très loin. Par-delà les montagnes. Elle ne voit rien. Peut-être n'a-t-elle plus de destin"
Tu dérailles …
Je sais, comment l'admettre ?

Puis, une deuxième partie qui nous rassure en nous donnant des explications sur la première partie du livre qui était si déstabilisante à lire. La structure narrative est telle que nous avons coutume d'en lire: des phrases contenant un sujet, un verte, des compléments. Un texte suivi. Et là j'ai été particulièrement contente d'avoir persévéré et d'être arrivée jusqu'à cette deuxième partie. Tant toutes les élucubrations lues depuis le début prennent un sens. du coup, à la lumière de la deuxième partie du texte, j'ai même effectué quelques retours en arrière pour mieux me rappeler quels étaient les termes utilisés par la narratrice.
Je n'en dirais pas plus pour ne rien dévoiler du suspens qui donne toute la saveur à ce texte.
Le sujet général du livre: des rapports mère/fille qui peuvent être très destructeurs quand cela ne se passe pas bien. La mère ne voulait pas l'enfant, mais puisqu'elle n'avait pas le choix, puisqu'Emilie était là, elle l'a complètement absorbée. "Je suis le poison qui coule dans tes veines".
L'autrice décrit avec grande précision les points de rupture chez la mère, la folie qui s'empare d'elle petit à petit, qu'elle constate sans arriver à l'admettre …
Le dernier mot est vraiment le dernier mot que cette femme écrit …

Un texte très particulier, que j'ai finalement beaucoup apprécié, qui m'a fait sortir de ma zone de confort (ce que je recherche mine de rien) tout en me rappelant la plume de certaines autrices que j'affectionne particulièrement: Emmanuelle Bernheim ou Annie Ernaux entre autres.
Je lirai sans aucun doute d'autres textes de Gisèle Fournier.
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Des mots jetés sur le papier, à la va vite ; des bouts de vies morcelés ; des fragments de pensées. Pour essayer de contrôler cette folie qui l'a gagne, pour la tenir à distance, la narratrice couche sur le papier son mal-être. Tantôt en mono syllabe lorsque tout va mal, tantôt en spectatrice de sa vie pour essayer de comprendre. Alors dans ces moments-là, elle essaye de démêler les fils. de savoir à quand tout a commencé à déraper : après son passage dans cette petite ville de Naples ? A la naissance de sa fille peut-être ? Ou même, ce jour où son mari lui a menti ?

Le dernier mot, c'est celui qu'a laissé la narratrice dans ses carnets. Un dernier mot interrompu, dont on ne connaitra que les premières lettres « fag ». Et c'est à partir de ces carnets et de ce dernier mot que sa fille va tenter d'amener un éclairage sur cette mère. Elle va retracer petit à petit la vie de celle qui l'a portée. Retracer le chemin de la folie pour essayer de comprendre et surtout, surtout briser ce cycle de folie qui se transmet de mère en fille.
(lire la suite...)
Lien : http://www.tulisquoi.net/le-..
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Quel étrange roman, surtout la première partie qui est assez confuse, on a vraiment du mal à suivre le propos de la narratrice : que veut elle nous dire ? où veut elle en venir ? On comprend que son mari est mort, mais meurtre ? suicide ?

Tout s'éclaire dans la seconde partie où la fille reprend les faits un à un avec son regard extérieur, son regard de fille sur une mère qui sombre dans la dépression.

Un roman fort et étrange dans les propos tenus dans la première partie, un roman qui fait un peu peur tellement il est réaliste.
Lien : http://keskonfe.eklablog.com..
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Si seulement, je pouvais être comme tout le monde. Faire comme tout le monde. En apparence du moins. Marcher tranquillement, au lieu de chanceler. Manger normalement au lieu de me contenter d’une tranche de melon ou d’une demi-barquette de fraises. Ne plus avoir ce nœud, là, au creux de la gorge, de l’estomac, ce verrou qui cogne contre les côtes. Simplement m’asseoir sur un banc, calmement, au soleil, lire un journal, regarder les passants déambuler, les gamins jouer au ballon, les gens pressés, costume cravate serviette à la main, ou chemisier blanc petit tailleur, ou ceux qui reviennent du marché, le cabas rempli de légumes, le vert des poireaux dépassant de quelques centimètres du bord du panier, puis les autres, baskets et jogging, et ceux dont on ne peut deviner, allure rapide ou alanguie, habillement neutre, sans cabas ni sac à provisions, la raison pour laquelle ils traversent cette place. Mais non.
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Vidéo de Gisèle Fournier
Gisèle Fournier, "Le dernier mot" .Gisèle Fournier a travaillé à Paris de nombreuses années en tant qu?analyste financier. Installée à Genève depuis la fin des années 90, elle se consacre désormais à l?écriture. Elle publie son premier roman, "Non-dits", en 2000, chez Minuit. Suivront trois romans et un recueil de nouvelles, tous édités par le Mercure de France. Son dernier roman, "Ruptures", a obtenu le prix Bibliomedia Suisse en 2008 et le prochain, "Le dernier mot", paraît en septembre 2010.
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