AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782204095105
346 pages
Le Cerf (16/06/2011)
5/5   1 notes
Résumé :
Pourquoi valorisons-nous autant la " tolérance " et le " respect des différences " ? Pourquoi sommes-nous devenus incapables de nous projeter au-delà de l'instant présent ? Pourquoi vénérons-nous le corps et la sensation ? Qu'est-ce qui nous gêne dans les institutions ? A quoi sert le politiquement correct ? Pourquoi est-il désormais impoli de croire en l'absolu et de le dire, et si convenable de croire que nous sommes " libérés " ? D'où viennent les catégories de l... >Voir plus
Que lire après L'ère du consommateurVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Laurent Fourquet, haut-fonctionnaire, propose une critique de la figure du consommateur que nous sommes tous plus ou moins. Il invite à retrouver le pouvoir de résistance du message chrétien et de la figure du Christ qui n'est que don.
Nous sommes tous régis par la figure du consommateur, un homme dont la philosophie est fondée sur Nietzsche, qui se désintéresse des autres, qui déteste l'idée d'une mise à distance de soi, pour qui le bonheur est de consommer. . . Celui qui ne consomme pas n'existe pas (embryon ou pauvre) ou plus (vieillard), le moi est «en cale sèche», ne sachant plus rêver, ni éprouver regret ou nostalgie (voir Michel Houellebecq).
Le consommateur ne peut que détester les institutions qui prétendent le gêner dans sa recherche de consommation (armée, église, école … ), il sanctifie la révolte, mais une révolte ludique s'enivrant de mots et de postures de théâtre (1968 ou révolution sexuelle : jouissons le plus possible au moindre coût …) Tout se vaut, soyons tolérant, identifions nous par la «culture» (catholique, juive,…) que nous pouvons toujours bricoler.

Et on s'achemine peu à peu vers des états regroupant des individus «politiquement corrects» où l'homme n'est libre que d'adhérer à ce que la société attend de lui: être doux, bénin, éclairé, correct, sans idées personnelles et sans refus…
Pour tenter une résistance, il n'est d'autre solution que de s'élever à la hauteur de la métaphysique. La haine du consommateur envers le christianisme nous guide pour lutter contre son monde: vouloir imiter le Christ, c'est à dire se placer tout entier et pour toujours sous les auspices du don. Ce livre peut nous aider à prendre mieux conscience de cet impératif.

Bernard Chatelain
Lien : https://www.mcc.asso.fr/L-er..
Commenter  J’apprécie          20

Citations et extraits (35) Voir plus Ajouter une citation
L'adolescent jouit d'abord du privilège de l'âge, dans un monde qui vénère la jeunesse, ce moment de la vie où la faculté de jouissance est maximale. S'appuyant sur cette légitimité, il convoque les adultes devant son tribunal et les condamne à chaque instant pour défaut de jeunesse. En tant que « non jeunes », les adultes sont collectivement coupables de « tout ce qui ne va pas » dans ce monde. Quelle est cette catégorie du « ce qui ne va pas »? C'est ce qui empêche l'adolescent de jouir de tout quand il le souhaite et comme il le souhaite. L'adolescent moderne est en effet habité par une perception purement tactile du monde comme le démontre la floraison dans le langage « ado » de mots qui font triompher la sensation au détriment de la pensée : cool, cute (dans les pays anglo-saxons), trop bien, trop génial, etc. L'adolescent, tel qu'il est aujourd'hui formaté est en effet une conscience qui ne pense pas mais qui éprouve des impressions sensorielles, lesquelles entrent immédiatement dans les grandes catégories génériques du « cool » ou du « pas cool ».
L'existence d'un tel adolescent n'est plus régie par la durée continue du temps. Elle hoquète d'instants en instants, de sensations en sensations. Compte tenu du statut d'hyper-consommateur de l'adolescent, (je parle évidemment des enfants des classes supérieures et moyennes supérieures), qui en fait un agent économique essentiel, tout doit être organisé pour satisfaire son désir infini de jouissances. A contrario, la moindre insatisfaction de l'un de ses désirs, est vécue par l'intéressé comme une injustice intolérable, et devient, pour la société, un drame objectif qui doit être immédiatement réparé et compensé.
Ainsi se crée un monde qui gouverne les jeunes adultes pendant une quinzaine d'années et leur enseigne la conviction que tout ce qui s'est créé et tout ce qui se créé ne valent que par la jouissance qu'ils leur procurent, que cette jouissance est toujours légitime et qu'une résistance à la satisfaction de celle-ci est un scandale moral. L'adolescent ainsi formaté n'est pas un monstre : il est simplement le produit d'un système qui le façonne de façon à ce qu'il réponde le plus parfaitement possible à l'idéal du Consommateur et, qui, en retour, le promeut comme modèle à imiter, valorise ses caprices et ausculte ses vagues à l'âme lorsque cet adolescent découvre un jour qu'il y a une vie au sortir de l'adolescence et que celle-ci n'est pas uniquement occupée à satisfaire des désirs de plus en plus blasés. Au sortir de l'adolescence (qui va désormais jusque vers la trentième année), l'ex-adolescent est en effet expulsé de l'univers enchanté de l'hyperconsommation et il ne se remet pas d'un tel traumatisme. De là ce type, fréquent, du « vieil adolescent » qui jusqu'à sa mort est poursuivi par le sentiment d'un monde dur et incompréhensible et la nostalgie du temps où il pouvait être tranquillement égoïste et irresponsable. (p60 et 61)
Commenter  J’apprécie          20
Ce terrorisme mental imprègne effectivement notre présent : le déploiement de l'immense vague du « politiquement correct » fait que, si nous jouissons en théorie d'une absolue liberté, il existe en pratique une longue série d'opinions que nous ne pouvons pas formuler parce qu'elles se traduiraient par la mort, au moins symbolique, de celui qui les endosse. L'espace du politiquement correct n'arrête pas de s'étendre depuis une quinzaine d'années, au point d'imposer, dans nombre de cas, la suspension absolue du jugement. Par ailleurs, la puissance de feu du conformisme dominant est telle qu'il n'hésite pas à se présenter, sans vergogne, comme l'inverse de lui-même : c'est, fréquemment, au nom du refus du politiquement correct que l'on applique en réalité les normes et les interdictions du politiquement correct.
Il existe ainsi un faisceau d'indices permettant de cerner le profil de l'époque : celle-ci apparaît comme l'âge qui vient après une révolution majeure et qui impose, par la persuasion et la contrainte, l'orthodoxie nouvelle produite par cette révolution. Comme, au lendemain de la Révolution française, il était impossible de revenir en arrière (tous ceux qui l'ont tenté l'ont appris à leurs dépens), nous avons, nous aussi, passé la ligne. Un détail pourtant nous distingue de nos prédécesseurs d'il y a deux siècles : ceux-ci ne se gênaient pas pour croire explicitement à leurs valeurs et affirmer celles-ci. Au contraire, notre monde se flatte d'être un âge sans orthodoxie ni valeurs. L'ordre moderne s'affirme comme l'absence d'ordre et même comme l'âge de la déconstruction du concept d'ordre. Si nous voulons réfléchir aux valeurs qui irriguent notre époque, nous devons donc penser, ensemble, les deux termes de ce paradoxe apparent : une structuration autoritaire et absolue de nos valeurs et, simultanément, un déni de cette structuration qui va jusqu'à valoriser l'absence de structuration, la « dé-structuration ». Si nous oublions l'un de ces deux termes, nous passons à côté de l'époque. (p15)
Commenter  J’apprécie          30
Pour mieux sentir cette loi qui veut que, plus une valeur est vide, plus elle est voulue par l'esprit du temps, la relation entre l'homme et la femme, telle que l'impose l'époque, constitue un exemple intéressant. On peut avancer, sans crainte d'être démenti, que l'un des principaux efforts de la société actuelle vise à déviriliser l'homme et à déféminiser la femme. L'homme, d'abord : les valeurs traditionnellement associées à la masculinité sont des valeurs que j'ai qualifiées de « valeurs de pure dépense » : courage allant jusqu'à l'héroïsme, goût du risque, orgueil de sa force. Comme toutes les valeurs de dépense, ces idéaux sont dangereux puisqu'ils conduisent à dépenser pour rien (aux yeux du Consommateur évidemment) un capital qui devrait être consacré à l'acquisition de biens consommables. Il est donc nécessaire (et les idéologues du Consommateur l'ont bien compris) de dévaloriser les valeurs masculines en les associant par exemple au fascisme ou à un machisme meurtrier. Parallèlement à cette dévalorisation s'opère un travail de reconfiguration de la masculinité visant à convaincre les hommes d'aujourd'hui qu'il leur faut affirmer des valeurs qui étaient autrefois l'apanage des femmes : fragilité, coquetterie, goût de l'introspection, etc.
En ce qui concerne les femmes, le travail idéologique sur celles-ci procède de façon exactement inverse. Il vise à dégoûter les femmes des valeurs traditionnellement considérées comme féminines : pudeur, sensibilité, délicatesse, instinct maternel, en les convainquant que ces valeurs sont un piège dans lequel le monde patriarcal les a enfermées. En contrepoint, les valeurs d'ambition, d'agressivité, d'égoïsme, de réussite professionnelle sont présentées comme des valeurs que les femmes doivent revendiquer si elles ne veulent pas demeurer dans leur aliénation. Ce discours est porté, tout particulièrement, par le féminisme, dont la finalité première est de culpabiliser les femmes qui se conforment au modèle ancien de la femme, par exemple en choisissant de se consacrer à leur foyer, au profit du modèle de la professionnelle active dont le statut est présenté comme intrinsèquement « libérateur ». Les préoccupations gouvernant ce discours sont exactement analogues à celles qui encouragent l'homme à se déviriliser : là encore, il s'agit de discréditer des valeurs de dépense désintéressée (tendresse, douceur...), c'est-à-dire des valeurs inutiles au regard de l'injonction à consommer. (p129 et 130)
Commenter  J’apprécie          10
Notre incompréhension radicale du passé vient précisément de ce travail de désacralisation, que nous nommons « libération » et célébrons à ce titre, et qui nous interdit de concevoir qu'un objet qui n'est plus aujourd'hui qu'une marchandise banale, comme l'union entre l'homme et la femme, par exemple, fut jadis un sacrement. La désacralisation du corps féminin (que l'on appelle plus fréquemment « libération sexuelle ») constitue l'une des étapes essentielles de ce travail de ressentiment contre le sacré. A travers la reconfiguration, sous forme d'une marchandise extrêmement rentable, du corps de la femme, la société a accoutumé les hommes et les femmes à penser que tout ce qui va dans le sens d'un « respect » du corps féminin et de la virginité de celui-ci était dépassé, « ringard » et, pour tout dire, « réactionnaire ». Ceci explique pourquoi la prétendue « libération » des femmes s'est mécaniquement accompagnée d'un développement proportionnel de la pornographie. Les récriminations de certaines féministes contre la pornographie sont, à cet égard, comiques : le processus de désacralisation ne s'interrompt jamais à mi-chemin. En conséquence, si l'on veut comme les féministes, que le corps féminin devienne un capital, c'est-à-dire une réalité économique, il faut alors accepter que ce capital puisse être valorisé de toutes les façons possibles et imaginables. J'ai pris cet exemple mais, en définitive, un tel schéma se retrouve dans tous les mouvements de « libération », toujours présentés comme des vecteurs de « progrès » : la « libration » à l'égard d'institutions comme l'Église ou l'Armée par exemple, ou la « libération » à l'égard de valeurs contraignantes comme le patriotisme, le sens de l'honneur, etc. À chaque fois, la prétendue « libération » se ramène en réalité à une nouvelle extension du domaine de la marchandise. (p226 et 227)
Commenter  J’apprécie          10
Il faut maintenant revenir vers le monde des choses qui occupent l'esprit du Consommateur. Pour celui-ci, je l'ai déjà indiqué, tout est « chose » et il n'est pas question de séparer les choses en triant celles qui sont consommables et celles qui échapperaient, en raison de leur dignité supérieure, à cette qualification. Bien au contraire, tout l'effort du Consommateur vise à étendre sans fin l'empire des biens consommables de façon que celui-ci se confonde, pour finir, avec l'univers des choses.
Cet effort se heurte à un certain nombre d'obstacles. En premier lieu, il existe dans la société des appareils organisés qui se présentent comme indépendants de l'individu et même supérieurs à celui-ci, soit en raison de la vérité dont ils sont les gardiens, soit au regard de l'intérêt général dont ils sont dépositaires. On nomme habituellement ces appareils des institutions. On citera parmi celles-ci l'Église (vue ici uniquement sous l'angle de sa fonction sociale), la Famille, l'École, l'Armée, etc. Le Consommateur déteste par principe les institutions parce qu'elles prétendent lui échapper en incarnant un « quelque chose », des « valeurs » échappant à l'intimation de consommer ou d'être consommé.
Cette détestation explique la crise générale des institutions depuis cinquante ans. Cette crise n'est pas, comme l'opinion dominante le répète, une crise due à la nécessité de « moderniser » ou de « démocratiser » ces institutions. Il s'agit en réalité, d'une tentative (réussie) du Consommateur pour dévaloriser les institutions en refusant de leur reconnaître une légitimité spécifique, et donc la faculté d'être autre chose qu'un distributeur automatique de biens de consommation. (p73 et 74)
Commenter  J’apprécie          10

Les plus populaires : Non-fiction Voir plus
Livres les plus populaires de la semaine Voir plus

Lecteurs (1) Voir plus



Quiz Voir plus

Quelle guerre ?

Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell

la guerre hispano américaine
la guerre d'indépendance américaine
la guerre de sécession
la guerre des pâtissiers

12 questions
3174 lecteurs ont répondu
Thèmes : guerre , histoire militaire , histoireCréer un quiz sur ce livre

{* *}