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Malgré quelques longueurs, Sarah et le lieutenant français est un livre qui mérite d'être lu, un roman atypique où le narrateur extérieur n'hésite pas à commenter ce qu'il raconte, et, à la fin du récit, à intervenir dans la vie de ses personnages.

À trente-deux ans, Charles Smithson, membre de l'aristocratie vient de se fiancer à la très jeune et très riche Ernestina Freeman, fille de drapier. Leur avenir s'annonce sous les meilleurs auspices, ils sont amoureux et Charles est l'unique héritier de son oncle. Mais depuis quand la vie respecte-t-elle les prévisions humaines ? Charles est intrigué, beaucoup trop, par une mystérieuse jeune femme, Sarah Woodruff. On dit d'elle qu'elle a été la maîtresse d'un lieutenant français.

Le narrateur est très présent dans toute l'histoire, compare l'époque victorienne et celle des années 1960 (ce qui demande un effort au lecteur de 2022) et ne manque pas de faire des hypothèses sur les sentiments des uns et des autres, parfois avec humour. Les rebondissements sont nombreux et ils appellent tous des questions, ce sera à vous d'imaginer les réponses.

Une originalité supplémentaire consiste pour l'écrivain à avoir écrit trois fins possibles. Jusqu'à la première fin, tout allait bien même si j'ai pensé : tout ça pour ça ? Si je suis honnête, les autres fins sont plus intéressantes, mais elles m'ont sortie du livre en me rendant trop consciente que je lisais une fiction. le contrat entre l'auteur et moi était brisé.

Mais j'ai apprécié ma lecture grâce à son originalité.

Lien : https://dequoilire.com/sarah..
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OLNI : objet littéraire non identifié.... Je ne m'attendais pas du tout à ça ! Mais alors, pas du tout.... dit la fan de "Si par une nuit d'hiver un voyageur" qui n'a pourtant pas peur d'être bousculée dans ses habitudes. Eh bin là je l'avoue j'ai été surprise....
.
Histoire qui se passe dans les années 1860, écrite dans les années 1960. Une romance, une histoire d'amour.... Mais aussi des moments qui déraillent....
Bon déjà j'ai eu beaucoup de mal avec la première comparaison anachronique (qui arrive à peine quelques pages lues) : comparer un personnage de 1860 à un officier de la Gestapo, j'ai eu un coup au coeur. Finalement j'ai accepté le principe. Autant le dire, ce principe se répète donc si vous êtes très à cheval sur la rigueur historique, passez votre tour....
J'avoue ma surprise plus grande encore quand l'auteur a interrompu son récit pour nous parler de la difficulté de l'écriture, des personnages etc....

Je ne vous parlerai pas de la fin pour le coup ultra originale... Au point que je me demande comment ils ont fait pour le film.... Son visionnage me tente.... Mais car il y a un "mais", il ne me tente pas plus que ça car, pour revenir au roman, j'ai eu un peu de mal à accrocher aux deux personnages principaux, Sarah et Charles (qui n'est pas lieutenant, ni français). Sarah m'a paru trop moderne pour l'époque décrite, alors que Charles lui est en plein dedans... voire même un peu trop.
Donc j'ai aimé, mais sans plus....
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La réputation de Miss Sarah Woodruff n'est plus à faire à Lyme, bourgade du sud-ouest de l'Angleterre. Pour tout le monde, elle est la malheureuse préceptrice qui s'est entichée d'un lieutenant français et qui lui a sacrifié son honneur. Depuis le départ sans retour de l'officier, Sarah, surnommée Tragédie, erre solitaire et mélancolique, le regard perpétuellement tourné vers le large, dans l'attente d'un vaisseau qui lui ramènerait son amant. Elle attire l'attention de Charles Smithson, fiancé à la délicate Ernestina Freeman. Charles essaie tout d'abord de n'entretenir que de plates relations avec Sarah, mais celle-ci se révèle être une femme complexe et torturée, aux desseins impénétrables.

Il en est des fins de romans comme des chaussures: il faut en essayer plusieurs avant de trouver la bonne. Et si vous êtes comme moi, vous repartirez avec toutes, puisque toutes conviendront. John Fowles excelle dans l'art de se moquer de son lecteur et dans celui de revoir les règles du récit. Pourquoi se contenter d'une fin alors qu'il peut en écrire trois. Je me garderai bien de vous révéler leur contenu, mais je souligne l'habileté de Fowles dans la manipulation des points de vue. J'ai particulièrement apprécié ses interrogations sur le rôle de l'auteur: est-il tout puissant sur ses personnages, ou ceux-ci ont-ils une autonomie et une volonté propre? Particulièrement étonnant de voir Fowles se faire passer pour un personnage, et même prétendre être le narrateur. Pour tout ceux qui ont quelques notions de théorie littéraire, il est évident qu'auteur et narrateur sont deux entités littéraires différentes. Pour John Fowles, la différence n'existe plus et les codes traditionnels sont brouillés.

Les fins alternatives qu'il propose entrent en résonnance avec la théorie de Darwin qu'il ne cesse de faire apparaître dans les discours des personnages. L'intrigue se déroule au 19° siècle. N'oublions pas la querelle qui oppose les darwinistes et ceux qui considèrent que la théorie de l'évolution est un blasphème. Les trois fins de Fowles présentent des personnages qui évoluent en fonction du changement de leur environnement. J'ai vraiment apprécié l'application de cette théorie scientifique à un contenu littéraire.

Délicieux également de lire l'opinion de Fowles sur les usages de la période victorienne. La bigoterie est systématiquement tournée en dérision, et c'est un bonheur de lire l'arrivée au paradis de Mme Poulteney. Très surprenant de voir comment des personnages du 19° siècle sont comparés à des officiers nazis ou à des membres de la Gestapo, le tout par un narrateur qui est supposé être partie prenante de l'histoire. Fowles nous impose une gymnastique chronologique et anachronique des plus savoureuses. On a l'impression d'être de petits curieux soulevant un pan du voile du passé pour observer le 19° siècle à la lueur de nos connaissances et raisonnements modernes.

J'ai beaucoup apprécié les nombreuses adresses que Fowles lance au lecteur. Il nous pousse à nous interroger, à refuser la passivité classique du lecteur qui attend tout de l'auteur. Il met le texte en suspens et il déjoue toutes les attentes traditionnelles du lecteur. Il interroge sur la lecture elle-même: n'est-elle qu'absorption d'une irréalité figée?

L'histoire en elle-même n'est pas des plus originales. le thème de la femme manipulatrice, mi-ange, mi-garce (et quelle belle garce!) qui prend dans ses filets un bon gros benêt, c'est assez éculé. Mais le sujet n'est qu'un prétexte à tout ce que j'ai présenté plus haut, et le texte se lit très bien. Mention particulière pour la qualité des personnages secondaires. La servante et le valet sont dignes des pièces de Molière. Ils oeuvrent en coulisses et sont l'incarnation du bon sens et de la vraie vertu, qui n'a rien de commun avec celle que pratiquent les grenouilles de bénitier.

Vous l'aurez compris, ce roman m'a vraiment emballée! Je le prête à qui est intéressé!
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Ce roman n'est pas vraiment un roman. Nous sommes plutôt en présence d'un mix entre le roman historique, l'essai et l'exercice de style.
Si l'idée est en soi intéressante, le résultat fut pour moi une lecture, certes pas désagréable, mais laborieuse.
Sans doute ne suis-je pas le bon public, les interventions de l'auteur ne m'ayant apporté aucune satisfaction intellectuelle et ayant plutôt plombé mon plaisir de lecture.
Alors, oui, les anachronismes réguliers consistant à établir des liens entre les comportements des personnages ou certaines situations avec des concepts ou des faits historiques postérieurs à l'intrigue étaient au départ assez amusants. Mais sur la longueur c'en est devenu lassant. le franchissement incessant du « quatrième mur » par l'auteur m'a clairement empêchée d'entrer dans l'intrigue et de m'intéresser aux personnages du point de vue romanesque. Et comme mon intention de départ n'était pas de lire un précis d'histoire du 19e siècle, même si les informations étaient pertinentes et intéressantes, cela n'a fait qu'alourdir la lecture au point que je n'avais qu'une envie, terminer le bouquin.
Enfin, d'un point de vue intellectuel, le fait de proposer plusieurs alternatives à la fin des aventures de Charles et Sarah était intéressant. Mais j'étais tellement gavée de la plume de l'auteur que finalement, je n'y ai trouvé aucun plaisir.
En résumé, sans doute une oeuvre intéressante de bien des manières mais qu'il faut lire au moment opportun tout en ayant des attentes en adéquation avec l'ouvrage. Tel ne fût pas mon cas malheureusement.
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"Sarah et le lieutenant français" est un magnifique roman dont les thèmes essentiels sont les relations de l'amour, de l'imaginaire et du mensonge.

Ou l'histoire d'une femme indépendante qui fuit le mariage victorien et un rôle qu'elle abomine, soit par excès, soit par manque d'être.

Ou celle d'un gentleman qui voit se dérober ce en quoi il avait la foi la plus aveugle : ses privilèges de naissance, sa fortune, le confort d'un mariage arrangé.

Ou encore un roman réaliste confrontant le message darwiniste de l'évolution des espèces à celui de la lutte des classes sociales : noblesse oisive, riches commerçants, et domesticité laborieuse.

L'intrigue est entrecoupé de poèmes et de réflexions philosophiques que l'auteur nous livre en interrompant sans façon la progression du récit.

Bien que publié en 1969, ce roman témoigne d'une connaissance approfondie des moeurs du 19 ème : de nombreux allers-retours nous permettent de comparer les comportements des deux époques.

C'est une oeuvre de qualité qui peut figurer parmi les plus grands noms au firmament de la littérature anglaise : George Eliot, Thomas Hardy, William Thackeray, Samuel Butler...
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J'ai trouvé ce roman en chinant dans une bouquinerie en Bretagne et je suis vraiment contente de l'avoir acheté !
Bien qu'elle ait été écrite dans les années 1970, cette histoire se déroule dans l'Angleterre du XIXème siècle et débute dans le village de Lyme Regis. Sarah est la paria du village, celle qu'on montre du doigt car elle s'est fait séduire par un lieutenant français quelques années auparavant. Charles, un aristocrate récemment fiancé, s'intéresse à son cas et la prend en pitié. Mais plus il se rapproche d'elle, plus des sentiments qu'il ne prévoyait pas font surface.
L'auteur décrit avec une parfaite exactitude les moeurs de l'époque victorienne: les carcans rigides qui régissent la société et qui entravent toute expression des sentiments et toute allusion sensuelle ou sexuelle ; les idées et progrès scientifiques qui ont bouleversé la société comme celle Darwin et sa théorie de l'évolution ; le rôle et les conditions sociales des femmes à cette époque ; les clivages entre les classes sociales avec d'un côté les aristocrates propriétaires terriens, les bourgeois qui ont fait fortune dans le commerce et de l'autre la classe moyenne et les paysans ;
Les personnages sont ceux qu'ils sont car ils ont évolué dans un milieu social qui les a façonné ainsi. Mis dans un contexte différent, peut-être auraient-ils réagi autrement. En tout cas, leurs états d'âme sont très bien décrits, avec des traits de caractère très réalistes.
Mais ils ne sont pas aussi attachants que je l'espérais. Sarah est une figure assez énigmatique à mes yeux et jusqu'à la fin du livre et malgré toutes les options laissées par l'auteur, je n'ai pas réussi à la comprendre : est-elle une femme fatale qui joue avec les sentiments de Charles dans le but de le détruire ? ou une malheureuse, victime des circonstances et qui ne sait pas où elle va et ce qu'elle désire réellement ?
L'auteur joue aussi avec le lecteur : il l'interpelle, n'hésite pas à basculer dans des digressions divers sur Thomas Hardy ou tout autre sujet sur l'époque victorienne, entre dans l'histoire comme un personnage secondaire, et nous propose même trois fins douces-amères.
Pourquoi je n'ai pas mis le 5ème coeur ? le style d'écriture m'a paru souvent difficile, dense et peu accessible aux gens qui n'y connaissent rien à la littérature anglaise classique. Certaines longueurs alourdissent le récit.
Pour conclure, je recommande ce livre exclusivement aux habitués de la littérature anglaise classique du XIXème siècle !
Lien : http://leslecturesdehanta.co..
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John Fowles signe une intrigue très particulière, j'avoue qu'il m'a complètement prise au dépourvu !

D'abord de par son style décalé, ironique et qui n'hésite pas à interpeller le lecteur, voire à l'induire brièvement en erreur, pour se moquer de lui !

Et puis parce qu'en fait, contrairement à ce que le titre pourrait laisser croire, il ne s'agit pas du tout de l'histoire de Sarah et de son lieutenant français, mais bien de celle de Charles Smithson, gentleman plein d'avenir et promis à un agréable mariage, confronté à la manipulation psychologique la plus inattendue, machiavélique et sournoise, et que nous allons donc suivre tout au long de ses mésaventures et de sa déchéance...

Avec en prime un portrait au vitriol de la bonne société victorienne...

J'ai beaucoup aimé !
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Un gros pavé sur une histoire d'amour à l'époque victorienne.

Un homme sur le point de se marier avec une charmante petite oie blanche, comme l'époque savait en former, rencontre une femme sur laquelle pèse une réputation sulfureuse.

Soyons honnête, il n'était pas difficile d'avoir une réputation sulfureuse à cette époque mais là, quand même, la belle Sarah a exagéré puisqu'elle est allée retrouver le fameux lieutenant à qui elle s'est "offerte", de quoi alimenter les ragots de la petite ville pendant des décennies!

Tout à son futur mariage et à son bonheur Wintson aurait du rester insensible au chant de sirène de Sarah ...pourtant il n'en fut pas ainsi .

J'ai été surprise par l'histoire, de par le titre je m'attendais à ce que le lieutenant est une grande place ce n'est pas le cas et j'avais imaginé Sarah en victime ce n'est pas non plus le cas, l'histoire est moins traditionnelle que je ne le pensais, plus déroutante.

Ce roman a des qualités indéniables , il offre une fresque sociale très riche il a un style très victorien mais les interventions du narrateur, la fin qui n'en est pas une me laissent perplexe. Je n'ai pas été totalement séduite par ce roman.
Lien : http://theetlivres.eklablog...
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Plongée didactique dans l'ère victorienne, Sarah et le lieutenant français, est une oeuvre précieuse pour le lecteur sensible aux problématiques et à l'univers particulier de cette période. Il s'ouvre au mois de mars 1867, époque de fermentation idéologique, marquée par la parution du premier volume du Capital de Karl Marx, par la révolutionnaire idéologie prônée par Darwin et, par celle, non moins audacieuse de Malthus. Charles Smithson est une manière de hobereau naturaliste, paléontologue à ses - nombreuses - heures perdues; il occupe son oisiveté à collecter des spécimens d'échinodermes fossilisés dans sa ville de Lyme Régis, réputée pour abriter en ses entrailles de nombreux témoins d'une ère révolue. Son univers pour le moins pétrifié dans l'ambre de ce curieux hobby et dans son confort est bouleversé par les rumeurs qui entourent une mystérieuse et solitaire jeune femme, Sarah Woodruff, que les commères de la ville ont affublé de l'épithète de "tragique", et qui, dit-on, a eu des "malheurs". Elle entre chez Mrs Poulteney comme dame de compagnie - entendons nous bien- il s'agit plutôt d'une oeuvre charitable de cette dame patronnesse, bien qu'elle reçoit ses gages, envers cette pôvre fille pécheresse, qui a choisit cette maison, malgré d'autres offres plus intéressantes et agréables, à l'incompréhension générale, attendue la réputation de bigote pudibonde de la susdite dame. Cette réprouvée vit le malheur d'avoir une éducation et des aspirations intimes plus élevées que la condition sociale à laquelle elle semble condamnée...

Le roman frappe par le parti pris de narration de son auteur, narrateur contemporain omniscient et omniprésent maniant l'ironie et l'humour, fort de l'expérience acquise par l'humanité depuis cette ère révolue et fossilisée dans le poids de ses conventions obsolètes et hypocrites, et ne renonçant donc pas à la digression, plutôt digne d'un auteur du 18ème siècle comme Fielding, pour n'en citer qu'un. Les références à la littérature de l'ère victorienne sont omniprésentes, chaque chapitre s'ouvrant sur une citation d'oeuvres de l'époque, notamment In Memoriam ou Maud du poète Tennyson; ainsi tout le propos du roman semble revêtir la forme d'un savant pastiche. Il brise ainsi le carcan réaliste et s'épand joyeusement au gré de l'humeur et de l'inspiration; le dénouement est plaisamment déroutant. Cette oeuvre, véritable somme de l'époque victorienne, offre en outre une intéressante réflexion sur la création littéraire
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The French lieutenant's woman
Traduction : Guy Durand

Né en 1926 et décédé d'un cancer l'an dernier, John Fowles est l'auteur de nombreux romans dont deux au moins sont connus par les cinéphiles : "L'Obsédé", porté à l'écran par William Wyler, sombre et curieuse histoire d'un jeune homme qui enlève la femme dont il est amoureux et la séquestre dans une cave, la traitant comme un authentique objet de collection (lui-même collectionne les papillons) et "Sarah et le ..." où Meryl Streep gagna ses galons de star à la fin des années 1970.

Mais le film créait une double intrigue, la première, qui donne son titre au roman, permettant à la seconde, une liaison entre deux comédiens, de se faire et de se défaire pendant le tournage du scénario adapté du roman originel. C'était, pour tout dire, assez mal trouvé. Dans le roman de Fowles, cette partie XXème siècle n'existe pas. Tout s'y passe dans les années 1860, dans l'Angleterre victorienne, et Fowles tente une réflexion intéressante sur la société bien-pensante et bien-croyante de l'époque, s'amusant souvent avec cruauté à en souligner les hypocrisies les plus criantes.
Tout s'articule autour du personnage de Sarah Woodruff, fille de fermier élevée "au-dessus de sa condition" comme on disait alors et devenue préceptrice chez les Talbot. le hasard fait qu'elle y rencontre un lieutenant de vaisseau française ayant échoué en piteux état sur la plage de Lyme Bay. Comme Sarah est la seule à parler correctement français, elle devient, tout au long de la convalescence du marin, son interprète et son interlocutrice privilégiée. Peu à peu, le jeune homme, qui est pourtant marié, se fait pressant et, finalement, la persuade de le rejoindre à Weymouth d'où il réembarquera pour la France. Sarah l'y rejoint ...
Bien entendu, tout se passe mal et la jeune femme se voit contrainte de rejoindre Lyme où elle paraît plonger dans ce que nous appellerions une dépression nerveuse. On la traite désormais comme une "pécheresse" mais il faut bien dire que, si elle repousse tous ceux qui voudraient réellement lui venir en aide, elle n'hésite pas à accepter un emploi de lectrice chez Mrs Poulteney, la seconde Grande Bigote du coin. Sarah serait-elle masochiste ?
Quoi qu'il en soit, sa route va bientôt croiser celle de Charles Smithson, jeune trentenaire de la meilleure société, débarqué à Lyme pour y faire sa cour à Ernestina Freeman, avec laquelle il est fiancé. A partir de là, tout va se dérégler subtilement ...
Du roman du XIXème, Fowles a gardé les longueurs et le sens des digressions. Il faut donc déjà - à mon avis - s'intéresser à la littérature anglaise de cette époque pour ne pas se trouver rebuté par son roman. Les appels au lecteur pourront aussi étonner le lecteur non averti.
En revanche, la maîtrise de l'analyse et la façon dont les problèmes sexuels, ces éternels écueils de l'univers victorien, sont ici abordés appartiennent bien au monde moderne. La construction, qui participe du retour en arrière et des récits entremêlés, appartient elle aussi au XXème siècle. En outre, Fowles maîtrise fort bien son sujet et il est passionnant de le voir disserter sur la représentation de la femme et de la sexualité dans le roman victorien, dresser tel ou tel parallèle entre l'architecture de l'époque et sa mentalité étriquée et repliée sur soi. Tout doucement, il s'applique à transformer cette Sarah qui, souvent, nous apparaît comme une femme passée maîtresse dans l'art de l'intrigue, en une femme moderne avant la lettre et qui a dû ruser avec la société dans laquelle elle était née pour y survivre. Peut-être d'ailleurs n'est-ce pas un hasard si le nom de Becky Sharp, autre "résistante", celle-la pré-victorienne, de la littérature britannique, apparaît dans les premiers chapitres. ;o)
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