En 1946,
Paula Fox a vingt-trois ans et c'est une jeune fille, pour qui cependant la vie n'a déjà pas été facile, qui décide de partir découvrir cette Europe qui se relève à grand peine des années terribles de la Seconde Guerre Mondiale.
De par ses rencontres, elle fera le voyage vers le »Vieux Continent » en tant que journaliste pour un organe d'information anglais.
Autant, elle est abasourdie du Londres détruit, autant, les rencontres qu'elle fera à Paris dans une ville davantage épargnée dans son architecture, la plongeront dans les abîmes de la monstruosité de ce dont l'homme a été capable durant ce conflit.
Et quand elle découvre l'Est de l'Europe : la Tchécoslovaquie et la Pologne, le gouffre s'ouvre davantage sur la misère humaine et le désastre qui s'offre à son regard.
Car, c'est bien là, je trouve, l'intérêt de ce livre :
Paula Fox est une toute jeune femme, et c'est un regard "innocent" - je ne trouve pas d'autre mot pour le décrire et il faut l'entendre au sens fort - qu'elle pose sur les paysages et sur ceux qu'elle croise ou du moins les ombres qu'ils sont devenus. La jeune femme qu'elle est n'a, ni appréhendé l'existence de ces orphelinats dénués de tout où pourtant le sourire et l'envie d'aller de l'avant ont encore un sens, ni imaginé la réalité insoutenable de la disparition intégrale des Juifs de Pologne, ni envisagé le fait que les vainqueurs d'hier, ces hongrois fascistes, côtoient encore, au fil des rues, les démunis et oubliés d'aujourd'hui, ceux dont ils sont responsables de la persécution.
C'est une Europe anéantie dans laquelle tout sentiment d'émotion ou d'affection semble disparu.
C'est une Europe dans laquelle le froid de l'hiver le dispute au froid des coeurs, ceux de ces hommes et femmes qui ont trop vu d'abominations pour retrouver si vite, un semblant d'âme humaine.
Le style parfois journalistique de l'écrit fait que lire ces mots s'apparente davantage à feuilleter un album photos,
- qui en l'occurrence ne montre que la tristesse du monde, que lire un récit structuré et chronologique. Il en reste une impression de flashs bouleversants pour évoquer ces années où tout ce qui peut l'être reste à reconstruire, où tout ce qui a disparu hante pour longtemps les coeurs et les esprits.