The Mighty Thor Deluxe, tome 2

Ce tome comprend 2 recueils VO

The Mighty Thor 3 : épisodes 12.1 et 13 à 17, parus en 2012. Tous les scénarios sont de Matt Fraction.

Épisode 12.1 (dessins de Barry Kitson, encrage de Jay Leisten) - Sif et Volstagg chevauchent côte à côte pour rejoindre Thor et Loki sur le lieu de leur bataille contre un géant céleste. Ils échangent des souvenirs d'autres batailles où Thor et Loki ont unis leurs forces.

Avec cette histoire, Matt Fraction aborde la relation qui unit les 2 (demi)-frères d'une manière assez originale qui vient justifier le choix très surprenant de Thor dans un tome précédent car il ne pouvait pas abandonner Loki. Dans un premier temps, les réminiscences de Volstagg et Sif semblent superficielles et inconséquentes, jusqu'à ce que ce thème émerge. La mise en scène (la chevauchée) est totalement artificielle et ne sert qu'à présenter les personnages en mouvement, plutôt que statiques autour d'une table. Kitson et Leisten effectuent un travail détaillé, agréable à regarder, malgré une proportion élevée de gros plans statiques sur des visages. La mise en couleurs de Frank d'Armata est riche et magnifique comme d'habitude. Il s'agit d'un épisode à la thématique intéressante, mis en scène d'une manière un peu poussive. 3 étoiles.

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Épisodes 13 à 17 (illustrations de Pepe Larraz, couvertures de Walt Simonson) - Donald Blake est à Broxton en train de prendre un verre avec une charmante jeune femme. Il se confie à elle et explique qu'avant son entrée à l'université de médecine, tous ses souvenirs sont factices. Il explique que le jour le plus important de sa vie fut quand il trouva un bâton. Il explique qu'il n'est qu'un individu artificiel destiné à servir de havre pour une divinité belliqueuse, totalement désintéressée de son sort à lui. Pendant ce temps, Thor est sur le monde de Nidaveller pour aider un nain. Ce dernier a requis l'aide des Mères toutes puissantes (Gaea, Freya et Idunn) car lors de la reconstruction de son monde, une équipe est tombée sur un endroit dont l'accès est protégé par le sceau d'Odin. Ce dernier a disparu ; sûr de sa force, Thor brise le sceau et pénètre à l'intérieur des souterrains.

Le départ est très intriguant : Matt Fraction s'attaque de plein front à la dualité de Thor et Donald Blake. Il fait énoncer à ce dernier toutes les incohérences liées à son existence terrestre. Mais dans le même temps, il fait accomplir à Thor un geste particulièrement stupide qui consiste à briser le sceau de son père, sans autre motif qu'il peut le faire, sans aucune explication rationnelle, ou moment de réflexion quant à la raison de la décision de son père. Et puis Pepe Larraz semble vraiment beaucoup plus intéressé par les personnages que par les décors ce qui nuit régulièrement à l'immersion. En plus, du fait de la nature du récit, la narration devient vite décousue, répétitive jusqu'à lasser le lecteur. C'est d'ailleurs une sensation étrange de tourner page après page (ça se lit vite, la narration n'est pas très dense) pour être confronté soit toujours à la même situation (des individus prisonniers de leurs rêves), soit à des combats qui ne mènent nulle part et qui se déroulent sur une scène vide de décors. Fraction a beau insérer des éléments inattendus tels qu'un adolescent gothique amateur de métal, impossible de retrouver un peu d'intérêt pour ces gugusses en train de s'agiter en pure perte.

Il faut attendre le dernier épisode pour que les éléments raréfiés des 4 épisodes précédents finissent par converger vers une situation plus élaborée comprenant des enjeux plus sophistiqués que de frapper comme un sourd sur l'ennemi suivant. Tout d'un coup, Matt Fraction passe en mode "résolution de l'intrigue" et il extirpe la substantifique moelle des composantes de son histoire, en en révélant les saveurs. Les changements de lieux obligent Larraz à dessiner les décors un peu plus fréquemment. Et ses personnages conservent une forte présence lors des combats. le lecteur se réveille avec la fin du tome pour un final savoureux, après 3 épisodes insipides, malgré 3 idées intéressantes (d'un autre coté 3 idées en 3 épisodes, ça ne fait pas beaucoup).

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Everything burns : épisodes 18 à 22 de "Mighty Thor", et 642 à 645 de "Journey into Mystery". Il fait suite à The mighty Thor 3 (épisodes 12.1 et 13 à 17) et à The Manchester gods (épisodes 639 à 641 "Journey into Mystery", et numéro annuel 1 de la série "The mighty Thor"). Il contient les épisodes 18 à 22 de la série "Mighty Thor" (scénarios de Matt Fraction), et 642 à 645 de la série "Journey into Mystery" (scénario de Kieron Gillen). Il vaut mieux avoir lu la série Journey into Mystery (en abrégé JiM) depuis Fear Itself (JiM).

Mighty Thor 18 à 21 + Journey into Mystery 642 à 644 "Everything burns" - Freyja est assaillie par un cauchemar de feu inextinguible dans son sommeil. Thor lutte contre un incendie que ni la pluie, ni la neige ne peuvent arrêter. Sur Terre également, Loki assiste à une pluie de pies mortes. Yggdrasil prend également feu. le doute n'est plus possible : Surtur est de retour et il a commencé à s'immiscer dans les 9 royaumes. Il revient à Loki (un peu aidé par Thor) de trouver comment arrêter le déploiement de ce dieu destructeur, alors que les asgardiens s'entredéchirent, entre Vanir et Aesir, que Mephisto regarde tout ça d'un air amusé, qu'Hela refuse d'intervenir, et que les circonstances du mariage entre Odin et Freyja apparaissent au grand jour.

Dans le crossover avec les New Mutants (Exiled), la série JiM accaparait la majeure partie de l'intrigue, centrée sur les Disirs. Il en va de même ici, où Kieron Gillen rend ses aises sur la série "Mighty Thor" pour boucler une intrigue secondaire développée dans la série "JiM". Gillen continue de faire ce qu'il a fait depuis le début avec Loki : aller farfouiller dans la mythologie à la sauce Marvel, pour trouver des espaces de liberté (les relations entre Vanir et Aesir donnent lieu à une variation très savoureuse sur le thème de Roméo et Juliette), des endroits rarement visités par les scénaristes précédents. Il a toujours cette incroyable facilité à rendre Loki attachant et ambigu (toujours avec l'épée de Damoclès au dessus de sa tête constituée par le retour plein et entier du Loki adulte). Ce dernier se lance dans l'aventure avec la conviction de bien faire. Il mène ses combats avec son sens de la stratégie et de la manipulation, plutôt qu'avec ses poings. Il continue de développer des relations ambivalentes avec les autres, mais toujours très chaleureuses. Gillen sait fait croire à la possibilité de la rédemption de Loki à travers son incarnation en adolescent. Il dépeint un jeune homme qui va chercher les conseils de ses aînés tout en choisissant la manière qui lui convient le mieux pour atteindre les buts fixés.

Le lecteur ne peut que se ranger aux cotés de ce jeune homme plein d'allant et de vivacité qui a à coeur de faire le bien. le fait que Loki combine des plans impliquant la manipulation et la tromperie empêche ces histoires de verser dans la mièvrerie. Qui plus est, cela fait de Loki un personnage principal ambivalent dont le résultat des actions constitue autant des victoires, que des risques non maîtrisés. Pour les lecteurs ayant suivi cette incarnation de Loki depuis le début, ils auront d'ailleurs le plaisir de voir passée en revue chacune de ses victoires précédentes, analysées par Thor qui met en évidence que les risques pris ont depuis fait dégénérer les victoires en catastrophes.

"Everything burns" tient donc les promesses du précédent tome de "JiM", tout en respectant la tradition de fin de cycle. Les 2 séries se terminent sous la menace d'une apocalypse globale, Surtur déchaîné ayant pour objectif de purifier par le feu les 9 royaumes liés par l'arbre-monde Yggdrasil. de son coté, Matt Fraction suit la direction donnée par Gillen et met Thor au service des machinations de Loki. le résultat se lit comme une seule et unique histoire ; seule l'alternance des dessinateurs sur les 2 séries vient changer le ton de la narration d'un épisode à l'autre. Alan Davis dessine les épisodes de "Mighty Thor", avec un encrage de Mark Farmer. Il effectue un travail soigné, toujours aussi agréable à regarder grâce à la prédominance des courbes, avec une touche enfantine qui sied plus au caractère juvénile de Loki qu'à celui de Thor. Il réussit de très beaux visuels que ce soit la silhouette imposante de Surtur, Yggdrasil en proie aux flammes, ou Thor se noyant dans un océan de lave. Les épisodes de "JiM" sont illustrés par Carmine di Giandomenico qui donne une apparence moins "jolie" aux personnages, mais toute aussi convaincante dans sa dimension mythologique. du coup il concrétise moins de visuels marquants, par contre sa narration est très fluide et ses décors très convaincants.

Cette histoire capture l'ambiance de la série Journey into Mystery et permet aux 2 séries de disposer d'un final satisfaisant, jouant adroitement avec la mythologie asgardienne, et l'ambivalence de Loki, le personnage principal.

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Journey into Mystery 22 (illustrations de Stéphanie Hans) - Loki doit faire face à d'autres conséquences de ses actes : la couronne de la Peur, Ikol, Leah, l'évolution de sa relation avec son frère.

Le lecteur se rend compte qu'il restait encore une intrigue secondaire (issue d'un des tomes les plus savoureux de la série) à mener à son terme. Il est évident que Gillen avait prévu qu'il disposerait d'un tome supplémentaire et qu'il a choisi une narration synthétique en une page pour la boucler, et pouvoir aborder le noeud principal de la série : la raison d'être de cette incarnation juvénile de Loki, voulue et programmée par le Loki originel, dieu de la malignité. Il s'agit d'un épisode très émouvant où Gillen joue avec le destin et les sentiments du jeune Loki, tout en résolvant un petit paradoxe temporel relatif à la paternité d'Hela. Les peintures de Stéphanie Hans sont magnifiques, très inspirées, relayant parfaitement les états émotionnels de Loki, dans des décors de rêve. C'est une conclusion parfaite pour une série qui aura été trop courte.

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Mighty Thor 645 (dessins de Bary Kitson, encrage de Kitson et Jay Leistein) - Thor se soumet au jugement des asgardiens pour les actes qu'il a accompli pendant "Everything burns".

C'est au tour de Matt Fraction d'apporter une conclusion à la série "Mighty Thor" (elle aussi assez courte). Avec le recul, le lecteur peut avoir l'impression que Fraction n'avait pas de plan global pour ces histoires de Thor (par contraste avec le travail de Kieron Gillen). Cet épisode de fin est assez factice et se déroule selon un schéma stéréotypé pour arriver à la justification et à l'acceptation des actes de Thor (quelle surprise...). Les dessins de Barry Kitson sont détaillés et agréables à regarder, mais il n'arrive pas à sauver un scénario plat et peu intéressant.

Et la suite ? Jason Aaron reprend l'écriture de la série Thor avec Thor - Marvel Now, tome 1 : le Massacreur de Dieux (I)