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EAN : 9791030704433
288 pages
Au Diable Vauvert (05/05/2021)
4.03/5   19 notes
Résumé :
« En laissant mourir le roman, l’homme avait laissé mourir quelque chose de lui, peut-être son humanité. »

Norma, vieille dame au caractère bien trempé, vit avec l’urne de son défunt mari parmi ses nombreux voisins. Romancière au crépuscule de sa vie dans un monde dévasté, elle doit quitter son appartement voué à la destruction et finir ses jours dans un établissement de retrait. Mais telle une Shéhérazade déterminée à obtenir un délai pour choisir sa... >Voir plus
Que lire après Et nous aurons l'éternitéVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Derrière cette hypnotique couverture où deux êtres baignent au milieu de livres, se cache un récit qui m'a énormément marqué, aspiré, surpris.

Nous sommes en 2051, dans une France bouleversée par les changements climatiques. Une société telle qu'aurait pu imaginer Georges Orwell. L'eau est une denrée rare, rationnée, la viande n'existe plus. Les citoyens, sont réduits à l'état d'esclaves modernes, privés de liberté. le capitalisme a gagné sur la vie. Victoire facilitée par l'appauvrissement intellectuel de la population. Néanmoins, existent encore, heureusement, des personnes qui rejettent, dénoncent ce système. Parmi elles, Norma, une des rares personnes âgées à avoir survécu. Romancière, sa vie fut bien remplie. Une jeune étudiante lui propose de l'interviewer afin d'évoquer son passé de « fictionneuse ». Norma accepte, ce qui lui laisse un répit avant de devoir quitter son immeuble, destiné à la destruction, pour rejoindre un « établissement de retrait ».

Ce roman d'anticipation, se lit comme un livre d'histoire tellement il transpire le réalisme et nous montre la destination vers laquelle nous nous dirigeons à grands pas, sourds aux signaux que la nature nous envoie et que certains, scientifiques, écrivains… dénoncent. Extrait : « À part lire, qu'avez-vous fait ? Peu de choses en réalité. Comme d'autres écrivains de son époque, essayistes, écologistes, auteurs d'anticipation, scientifiques, journalistes simples citoyens, Norma avait tenté d'alerter sur les catastrophes à venir. Mais toutes ces publications, ces ouvrages, ces articles n'étaient lus que par une minorité de convaincus, membres de la société civile aux pouvoirs restreints, souvent perçus comme des catastrophistes qui se complaisaient à annoncer un effondrement de la civilisation thermo-industrielle qui ne venait jamais. Jusqu-à ce que tout s'emballe. » Mais, comme Catherine Fradier l'écrit si bien un peu plus tard, « Quelles que soient les épreuves que traverserait encore l'humanité, il y aurait toujours des riches et des puissants qui s'affranchiraient des règles imposées au plus grand nombre. Une poignée de voraces qui profiteraient des ultimes ressources, sans jamais cesser de garder un oeil sur la populace, le knout à la main ».

Heureusement, derrière ce noir tableau d'un avenir qui semble tout tracé, Catherine Fradier, nous rappelle que l'humanité n'est pas que mauvaise, preuve en est, les relations entretenues dans son immeuble entre les habitants, l'amour de la littérature qu'elle transmet autour d'elle et en particulier à son petit-fils et l'amour pour Charly, son défunt époux qui aura été plus fort que la mort.

Un grand merci aux éditions « Au diable Vauvert », pour ce roman qui, je l'espère, participera à éveiller des consciences.
Lien : https://imaginoire.fr/2021/0..
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Nous aurons pour nous l'éternité
Dans le bleu de toute l'immensité...


Je ne peux jamais me retenir de lire un roman dont le titre fait référence à une chanson que j'aime.
C'est ainsi que j'ai lu "On la trouvait plutôt jolie", "Le plus beau reste à venir", et c'est peut-être à cause de la référence que ma mère m'a offert "Elle s'appelait Sarah" à l'époque.


Au-delà de ce considérations musicales, qu'en est-il de cette oeuvre ?
Pour commencer, je suis surprise de faire partie des premiers lecteurs. Même si ce roman n'est sorti qu'il y a deux semaines, j'ai immédiatement tiqué en le remarquant en page d'accueil sur Babelio.


On se trouve là à mi-chemin entre la dystopie et la littérature générale.
Nous sommes en 2051: la planète a brûlé, les maladies se sont répandues et l'espérance de vie a drastiquement baissé.
Les livres sont les autres sacrifiés: pour sauver les arbres, on a tué les livres. Alors ont émergé les fictionneurs, qui écrivaient en ligne. Puis, les données inutiles du net ont été supprimées, les fictions en faisant évidemment partie.


Dans cette société où l'art et la littérature ont disparu au profit de la survie, Norma a gagné un sursis.
Ecrivaine de profession, elle vit avec l'urne funéraire de son mari Charly, ses quelques milliers de livres et son dernier manuscrit. Elle est supposée partir vivre en maison de retrait (pas retraite), un endroit qu'elle qualifie de "Corée du Nord, goulag, guimauve, Orwell, la culture d'endives, le Club de Dorothée, l'abêtissement suprême".
Pour autant ce départ est retardé: jour après jour, elle est interviewée par une étudiante. Si l'audimat (audimètre) est bon, elle restera encore un peu. A elle donc d'être la plus intéressante possible.
Et comme tous les moyens sont bons, elle s'invente une vie largement inspirée des grands classiques de la littérature, une vie qui passionne la planète entière.


Je me suis demandé, au cours de ma lecture, pourquoi Norma faisait ça: peu importe le sursis qu'elle gagne, elle a déjà décidé qu'elle n'irait pas en maison de retrait. Elle a un autre plan.
Alors pourquoi ?
Est-ce un moyen de prouver que l'humanité n'est toujours là, en attente d'histoires ? Un pied de nez envers ceux qui ont tué les livres ?
Chacun se fait son opinion.


Les amoureux de la lecture y trouveront leur compte, entre bon nombre de références et réflexion sur l'avenir du livre.
Un roman que je ne peux que conseiller, qui touche à l'art, à l'humanité, à l'écologie...
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J'avais en son temps écrit, dans un magazine qui m'employait, le plaisir que m'avait procuré la lecture de « Camino 999 ». le temps a passé, la retraite est arrivée et j'avoue n'avoir suivi que de loin les publications de Catherine Fradier. Voici que les Automn'Halles me donnent l'occasion de me pencher de nouveau sur un roman de cette « grande du polar » installée désormais tout près de Sète.



« Et nous aurons l'éternité » (éd. Au diable Vauvert), qui sortira en librairie le 6 mai, est une dystopie. En gros, ce qui nous attend autour des années 2050 si nous continuons à gaspiller les ressources en eau par exemple et à ne pas nous préoccuper outre mesure du réchauffement climatique.

Norma, une romancière (quand ce mot avait encore du sens), a dépassé les 80 ans, elle devrait déjà être dans une maison « de retrait », d'autant que l'immeuble où elle vit à Montpellier dans le quartier de l'Écusson est en passe d'être détruit pour laisse la place à une bâtisse qui comportera autant d'étages souterrains que d'étages en hauteur. Extrême chaleur oblige. La disparition de l'eau a signé celle de la nature et des animaux et les êtres humains dont la durée de vie est limitée sont plus proches des robots qui contrôlent les éventuels manquements aux règles drastiques que des roseaux pensants. le vocabulaire se réduit à une cinquantaine de mots et l'expression des sentiments se résument à des termes comme « coolissime ». Avec l'aide de ses voisins, alors qu'elle achève son dernier roman, Norma réussit à grappiller quelques mois en répondant aux questions d'une étudiante sur sa vie du monde d'avant quand les livres existaient encore. Et c'est là toute l'originalité du roman qui se révèle une véritable ode à la littérature. Je n'irai pas plus avant dans l'histoire.

Mutations climatiques signant l'effondrement des démocraties, multiplication des pandémies, ultrariches protégés, une image du monde tel qu'il pourrait bien devenir sous la plume alerte d'une Catherine Fradier qui n'a rien perdu de son mordant. À lire tant que l'édition et les librairies existent.
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📚 Et nous aurons l'éternité de Catherine Fradier

Avez-vous déjà pensé au futur de notre planète ?  Au futur de vos enfants ? de vos petits-enfants ? Quel monde laisserons - nous ? Nous, qui vivons dans l'insouciance de demain ou presque !

Ces questions-là, Norma, ecrivaine, n'y pensait pas vraiment non plus mais elle a vieilli. Nous sommes en 2051 et plus rien n'est pareil. le monde d'hier n'existe plus, les livres n'existent plus...

Cette petite vieille au caractère bien trempé, va tout tenter pour éviter d'entrer dans un établissement de retrait. L'imaginaire et son Charly seront son bâton de pèlerin...Jusqu'à...

Catherine Fradier est peut-être voyante ou pas...mais en tout cas, il me semble que son imagination est proche de la réalité.

Un livre qui vous fera réfléchir...qui vous fera peur...qui anticipe le monde d'après. A lire absolument.

PS : Là où, l'auteur va trop loin, c'est de nous proposer un monde sans raclette, c'est pas possible nous sommes d'accord 😉

#etnousauronsleternite #catherinefradier #bookstagram #futur #romans #dystopie #robot #nature #environnement
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Une romancière âgée vit le crépuscule de sa longue existence. le temps du succès est derrière elle et l'avenir ne s'agence pas sous les meilleurs auspices. Depuis le décès de son époux, elle vit en anachorète, retranchée du monde des vivants, plongée dans les souvenirs, avec l'urne du disparu comme unique témoignage des félicités perdues. Puis, elle doit abandonner son appartement pour emménager dans une séniorie ou maison de retraite. Un chambardement auquel elle n'est pas prête. Lorsqu'une étudiante sollicite le droit de l'interviewer sur son oeuvre, elle accepte le dialogue, mais se range bien vite à l'avis que toute existence comporte sa part de mystères et que certains coins d'ombre ne doivent pas être révélés tels quels et qu'il convient de les pavoiser en les enjolivant, quitte à se laisser dévorer par une part de fiction.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
- C'est un chef-d'oeuvre !
- Je te crois sur parole, Norma. Mais tu vois, je ne sais pas si j'ai envie de vouloir me mettre à lire. A tes côtés, j'ai pu observer où te conduisaient ces histoires, vers des mondes infinis où je n'irai jamais. Des mondes merveilleux avec toutes sortes de gens, de récits et de paysages. Ils t'habitent en permanence, je peux le voir quand tes yeux brillent, quand ton front se plisse ou que tu souris, ce drôle de petit sourire à peine perceptible que tu n'as que lorsque tu lis. Baab me disait que tu as des mimiques labiales qui n'appartiennent qu'aux lecteurs de livres. Ta bibliothèque n'est pas seulement là, sur ces étagères, elle est en toi, dans ta tête, dans ton coeur. C'est un état auquel je ne pourrai jamais accéder, et tu le sais. En ouvrant ce livre, ce chef-d'oeuvre, comme tu dis, fit Virgil en lui rendant l'ouvrage, je pourrais apercevoir un univers qui se refermerait à peine entrevu. Et il me resterait le regret, qui ne s'éteindrait jamais, de ne pas le parcourir, celui-ci ainsi que tous les autres. Parce que la littérature est morte. Parce que plus aucun livre n'est accessible.
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- Norma, ça ne va pas, vous devez mettre un foulard autour du cou. Regardez ! Ce n'est pas possible, on dirait un cou de dindon. Là, voyez comme ça pendouille. Faut nous cacher ça.

Interloquée, Norma leva les yeux vers la fille yeux charbonneux.

- Vous avez déjà vu des dindons ? J'en suis fort étonnée.
- A la fac, dans un documentaire sur les animaux de la petite cour. C'était pour nous expliquer le cou de dindon des vieux. Voyez la vidéo, vous comprendrez mieux.

Norma fixa l'hologramme, s'écouta parler. [...] Puis elle s'observa. [...]

- Mais, vous m'avez photoshoppée !
- Pardon ?
- Oui, vous m'avez passée au Photoshop. Elles sont où, mes rides ? Ce n'est pas moi, là !
- Ah, vous voulez parler de la retouche. Photoshop, quelle drôle d'expression ! Mais oui, on le fait d'office dès que les rides sont en surnombre. Pour vous, la question ne s'est même pas posée. Le lissage a été automatique. Je vous rappelle que ce sont des jeunes qui accèdent à ces interviews. Des jeunes qui n'ont plus de grands-parents ou, quand ils en ont, ceux-ci sont dans des établissements de retrait où personne ne va les voir. Les images des vieux tout ridés comme vous ne sont pas soutenables très longtemps et ça décroche vite. C'est un coup à atomiser l'audimètre.
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Quand le matériel fut installé par un garçon aux cheveux blancs coupés en brosse et qui entrecoupait ses phrases de "Yeah", Norma demanda si l'urne funéraire de son mari devait être déplacée.

- On ne la verra pas, répondit sèchement Albertine. Les étagères n'apparaîtront pas.
- Vous cachez les livres ?
- Oui, sinon l'audimètre n'aurait aucune chance de décoller.

Comme Norma insistait, Albertine rappela qu'elle n'était qu'une étudiante qui ne cherchait pas à comprendre et qui serait bientôt en quête d'un emploi. Et dans son type de job, elle avait intérêt à ne pas se mettre les institutions à dos. Norma pouvait le comprendre, n'est-ce pas ?

- Que les choses soient claires, Madame Conteville. Cette série d'interviews doit finaliser mon cursus. Et la note sera fonction de l'audimètre. Et plus la note sera élevée, meilleure sera ma position pour décrocher The job. Entre nous, votre vie, vos fictions, c'est juste du vent qui passe. Une seule chose importe. L'audimètre. Si on ne l'accrochait pas, je serais obligée de me rabattre sur un autre sujet. Et en ce qui vous concerne, votre dernière maison vous attend, à ce qu'on m'a dit ...

Norma lui adressa un grand sourire de toutes ses fausses dents et lui assura qu'elle aurait le meilleur audimètre de sa promotion. L'histoire de sa vie avait de quoi éveiller l'intérêt des plus blasés.

- Peut-être parviendrez-vous à leur faire oublier qu'aucun d'entre eux n'atteindra votre âge, ni même l'âge de votre fille, lui asséna Albertine en signe de gratitude.
- Nous devons parler de ma fille ?
- Pas nécessairement. Vous avez une si longue vie que la vôtre devrait suffire.

Pas d'ironie, ni même de second degré dans sa remarque, Albertine en était dépourvue. La désillusion l'imprégnait jusqu'au plus subtil de ses gestes, suintait de tout son être.
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Videos de Catherine Fradier (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Catherine Fradier
Dans cette interview, Catherine Fradier revient sur son processus d'écriture et les sujets qui l'ont animé pour l'écriture de son roman "Et nous aurons l'éternité".
« En laissant mourir le roman, l'homme avait laissé mourir quelque chose de lui, peut-être son humanité. »
Norma, vieille dame au caractère bien trempé, vit avec l'urne de son défunt mari parmi ses nombreux voisins. Romancière au crépuscule de sa vie dans un monde dévasté, elle doit quitter son appartement voué à la destruction et finir ses jours dans un établissement de retrait. Mais telle une Shéhérazade déterminée à obtenir un délai pour choisir sa fin, elle accepte d'être interviewée par une étudiante sur sa vie de « fictionneuse » alors que les livres ont disparu. Et toutes les fictions sont bonnes pour prolonger son récit…
Belle réflexion sur la mort, l'amour et la place du livre, un roman réjouissant d'une grande originalité, entre dystopie et littérature.
+ Lire la suite
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