Certains intellectuels parisiens croiraient encore à l'équation "Bretonne arrivée à la capitale = Bécassine" ? Allons, allons... Parce qu'elle s'est sentie humiliée publiquement lorsqu'un journaliste l'a présentée comme 'sortie de rien',
Irène Frain est partie à la recherche de ses origines paternelles. de cette quête est né ce témoignage sur le parcours de son père breton.
Cet ouvrage m'a beaucoup appris. Qu'il est bon de renoncer à ses a priori, notamment. J'avais relégué
Irène Frain dans mes indésirables - une auteur de romans démagos et faciles, une femme exubérante et prétentieuse. A tort. Sa plume est élégante et simple et bien que le récit soit autobiographique, l'auteur n'englue pas le lecteur dans les méandres de l'introspection. On y découvre la vie d'un homme d'origine modeste né dans les années 1910, on apprend sur la culture et la société bretonnes (les Rouges et les Blancs, et moins connus, les Noirs - les descendants de protestants). J'ai retrouvé des points communs avec mes aïeuls de cette génération, notamment sur les années de guerre : les hommes prisonniers en Allemagne, les femmes seules avec des enfants en bas âge, les retrouvailles difficiles pour ces couples. --> « Les premiers moments d'euphorie passés, ma mère n'eut qu'un commentaire à son propos : 'Il est devenu dur'. A plusieurs reprises, dans ses courriers de la fin 1944, il l'avait prévenue : 'Tu risques de ne pas me reconnaître. Toi aussi, tu auras changé. Je ne parle pas de nos corps, mais de nos esprits. Ils ne seront plus jamais les mêmes. Il faudra nous adapter, nous comprendre.' »
A lire pour en savoir plus sur la Bretagne, sur les conditions
de vie dans les milieux modestes dans les premières décennies du XXe siècle. Et parce que cet ouvrage est une belle déclaration d'amour d'une femme à son père.
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