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J'avais déjà eu l'occasion de lire un récit de Marie de France dans un recueil consacré au fantastique. Ce récit intitulé "le Bisclavret", une histoire de loup-garou, m'avait bien plu mais je craignais tout de même que lire plusieurs récits de ce type à la suite ne se révèle lassant. Heureuse surprise, ce n'est pas le cas.

J'ai pris beaucoup de plaisir à retrouver "le Bisclavret" et les autres lais. Ces récits qui font la part belle au merveilleux et à l'amour courtois sont divertissants et parfois surprenants. Je n'ai ressenti aucune lassitude en enchaînant la lecture des histoires alors même que les motifs récurrents d'un lai à l'autre sont nombreux : la femme mal-mariée et tenue recluse, les hommes qui se transforment en animaux...
Ce qui frappe avant tout, c'est l'évocation du sentiment amoureux. Contrairement à l'idée reçue, qui dit amour courtois ne dit pas forcément amour chaste et paisible. Dans les lais, l'amour est un sentiment très fort, passionné, source de félicité mais aussi de grande souffrance. L'amour absolu est aussi un sentiment vertueux en lui-même et qui dépasse la morale. Ainsi, dans ces histoires le fait qu'une dame mal-mariée prenne un amant n'est pas jugé comme outrageux puisque celui à qui elle accorde cet amour est noble, beau et sincère. La fidélité au sentiment amoureux semble plus important encore que la fidélité au sens marital. L'amour au moyen-âge, un sujet passionnant à creuser...

J'ai pris grand plaisir à la lecture de ces récits pleins de poésie et de merveilleux. Ce sont de petits joyaux de notre patrimoine.

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Les Lais, rédigés au XIIème siècle par Marie de France, sont la traduction d'anciens contes bretons.
J'y retrouve tout ce qui me passionne: l'époque médiévale, le merveilleux au sens littéraire du terme, la tradition courtoise, et bien sûr ma chère Bretagne, terre si propice aux récits merveilleux.
Tous les lais sont brefs et simples à lire, les pages de gauche sont réservées au textes originaux et celles de droite à leur traduction. le va-et-vient entre les deux permet de se rendre compte de l'évolution de la langue, celle du XIIème siècle étant bien obscure pour des novices! J'ai choisi de faire découvrir quelques uns de ces textes à des collégiens qui demeurent bouche-bée face à cette langue, à la fois si proche et si différente de (celle qu'ils parlent) la nôtre.
Les lais, je le disais plus haut, mêlent parfois l'amour au merveilleux (Bisclavret, Lanval, Guigemar). Ceux-là sont mes préférés. Mais même si les fées n'interviennent pas systématiquement, chacun des textes est un pur moment de plaisir, une véritable plongée dans une époque incroyable.

Ecoutez Marie, embarquez avec elle...

" Ore oëz le comencement!"
("Ecoutez, maintenant, le récit commence!")
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Les Lais de Marie de France regroupent une douzaine de récits, des contes narrant les légendes moyenâgeuse. J'ai beaucoup aimé ces histoires, qui nous parlent d'amou, de trahison et d'honneur. On plonge avec plaisir dans cet univers merveilleux, rempli de héros parfaits, de chevaliers courtois, de gentes dames, mais aussi de fées, de loups garous et d'autres figures fantastiques. Une lecture agréable et indispensable pour qui veut se replonger dans un monde révolu.
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Le lai en ancien français est en vers mais le modèle narratif rappelle les contes de fées. La situation initiale donnée est la suivante : un roi, un homme puissant de haut lignage, vit en son royaume. le lai s'attache soit au seigneur lui-même, soit à sa jeune épousée, soit à l'amant, soit aux enfants à venir. L'amour courtois n'est pas toujours platonique, il est parfois charnel, comme un péché. Marie de France rendrait n'importe quel péché vertueux. Les Lais rendent immortelle la Matière de Bretagne, les aventures amoureuses des chevaliers avec les belles dames, mariées ou non (le terme - aventure - prend tout son sens ; qu'advient-il une fois la relation consommée ?)
Il y a rencontre, séparation, serment, rupture du voeu, retrouvailles, reconnaissance grâce aux objets qui semblent dotés de pouvoir qu'il s'agisse d'un anneau doré (mon précieux), d'une ceinture symbole de chasteté, d'etoffe de Constantinople ...
Les belles dames sont assez souvent enfermées dans leur château mais le chevalier trouve toujours un accès jusqu'à la belle, soit parce que la belle est complice soit parce qu'elle est l'instigatrice. Les femmes sont prisonnières en leur forteresse mais fort puissantes. En effet l'amour courtois place l'homme sous la domination de la dame à laquelle il rend hommage, comme s'il était sous l'emprise d'une certaine magie. Lorsque l'homme tombe sous le charme de la dame, il frôle la mort jusqu'à ce qu'elle lui accorde le don de "l'amoureuse merci".
Quelle est la loi des lais, de l'amour courtois dès lors qu'une fée violée par un chevalier tombe amoureuse de son agresseur ? Quelles sont les frontières du domaine d'amour dès lors qu'on traverse la rivière, qu'on part à la poursuite d'une biche blanche et qu'on est blessé par ses propres flèches ? Dès lors que les métamorphoses s'accomplissent et que les animaux prophétisent ?
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Marie de France a sans doute vécu, après la conquête normande, en Angleterre, à la cour des Plantagenêts. Les lais qu'elle a composés s'inspirent donc largement du folklore breton, des aventures dont se nourrissaient les conteurs, des deux côtés de la Manche, avec leur penchant si caractéristique pour le surnaturel. Marie de France s'inspire également de la tradition courtoise : ses personnages appartiennent à la chevalerie, ils sont avides de gloire mais aussi d'amour. Celui-ci est d'ailleurs le thème récurrent de ces lais, un amour le plus souvent interdit et parfois aussi tragique qu'absolu, qui se heurte aux combinaisons sournoises d'une réalité qu'il transcende. Ces lais ont gardé une étonnante fraîcheur, une musicalité qui séduit encore, un lyrisme plein de sensualité et de mystère, une douceur qui contraste avec la violence de leur époque.
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Ce recueil de lais, composés par Marie de France, est un petit bijou : il est vraiment passionant de découvrir la sensibilité d'une femme du Moyen Age (même si l'origine du texte reste quelque peu incertaine). L'auteur nous offre une analyse très précise des problématiques liées à la condition de la femme au Moyen Age, notamment concernant le mariage forcé. L'ouvrage, marqué par une présence du merveilleux très prononcée et par un fort héritage issu des traditions orales ou de la légende de Tristan et Iseut, se compose également d'une analyse et une réflexion minutieuses de l'amour, qui passe par des sentiments variés tels que la souffrance face à la séparation, la trahison, la mort d'amour, le bonheur lié au plaisir d'aimer.
Lien : http://metamorphoses-de-psyc..
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A l'époque de Marie, des jongleurs originaires de Bretagne armoricaine chantaient, en s'accompagnant de la rote ou de la harpe, des chansons qu'ils nommaient des lais et que le public appelait lais bretons, à cause surtout de l'origine de ceux qui les chantaient.
Nous ne savons pas grand chose de ces chansons dont l'existence est cependant attestée. Les jongleurs bretons y avaient recueilli les traditions légendaires de leur pays, entre autre chose.

Ces lais n'ont été qu'un point de départ pour Marie qui a puisé à bien d'autres sources pour les développer en nouvelles: légendes celtiques, Ovide, Wace...
Lien : http://promenades-culture.fo..
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La première chose qu'on flaire lorsqu'on commence cette oeuvre, c'est son époque. Parce que tout est différent de ce dont on a l'habitude dans nos romans contemporains, tant au niveau de la construction que la narration, que les personnages, que les situations… C'est une oeuvre étonnante car très cyclique et répétitive. J'ai beaucoup apprécié : ça donne un parfum d'exotisme.

Tout d'abord, qu'est-ce qu'un lai ? C'est un poème narratif destiné à être chanté et accompagné de musique. Il est écrit en vers, mais la traduction de l'ancien français au français moderne modifie les rimes et le nombre de syllabes, et elles ne sont donc plus qu'occasionnelles. le lai est court, une dizaine de pages en moyenne (voire 15-20 pour les plus longs), et a pour sujet principal l'amour, et notamment l'amour courtois.
Les personnages principaux sont donc systématiquement de preux chevaliers et de belles et nobles dames. Des êtres qui brillent par leur perfection, leur amour irréprochable, leur sens de l'honneur, leurs vertus guerrières ou sociales. Des personnages que, de nos jours, nous pourrions qualifier de fades et plats. L'emploi exagéré des superlatifs renforce cette impression : « C'était le plus noble des chevalier », « c'était la plus belle femme du royaume », « Jamais l'on n'avait vu chevalier si preux », « rien n'égalait sa beauté ». Ces thermes, utilisés pour tous les personnages, pendent toute crédibilité. Mais il ne faut pas les prendre au premier degré et bien se rappeler que ce texte est presque cinquante fois plus vieux que nous (que moi, en fait^^). Quand on y pense, c'est quand même impressionnant…

Les situations sont purement incroyables. le destin fait tellement bien les choses que s'en est énervant. On ne s'étonne de rien, tout est déjà préétabli. Mais c'est peut-être parce que les scénarios ont été surexploités par la suite (tant dans les livres que dans les films ou les séries).
Le réel merveilleux est présent dans tous les lais et il fait partie du quotidien des personnages. Par exemple dans « Yonec », un oiseau se transforme en chevalier, on ne sait même pas comment, ni pourquoi. Cela donne une ambiance un peu mystique et mystérieuse que j'ai bien aimé. le surnaturel ne doit pas être expliqué, sinon il perd tout son charme.

Au final, je ne sais pas trop quoi penser de ce livre. La lecture ne m'a pas déplu, les histoires sont courtes et les pages se tournent vite (bout à bout, mon temps de lecture ne doit pas dépasser trois heures). Mais ce sont souvent les mêmes intrigues réutilisées sans cesse. La principale originalité de l'oeuvre est le rythme de lecture, qui est donné par le texte à moitié en vers. En fait, on ne peut pas vraiment juger une oeuvre vieille de presque 1 000 ans. le contexte culturel était tellement différent du nôtre ! Personnellement, je pense que c'est un livre qui gagne à être lu, en particulier pour ceux qui s'intéressent à la littérature médiévale. C'est assez facile à lire pour qu'on puisse le proposer dans les programmes de collège (parce que, hein, Yvain ou le Chevalier au Lion, c'était bien mais à petite dose).
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Quelle formidable lecture!!Je ne suis pas particulièrement adepte de littérature médiévale mais ces Lais sont l'exception qui confirme la règle.Un petit trésor qui sous la plume de Marie de France nous retranscrit toutes les légendes et mythes du moyen-âge ainsi que la condition des femmes,la question du mariage,la seigneurie,avec humour et poésie.Je vous le recommande vivement.
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La littérature médiévale, ce n'est pas seulement des épopées tragiques pleines de fureur, de sang, de quêtes et de malédiction ; pas plus que des farces grivoises. Non, ça peut être aussi des textes
nimbés de grâce et brodés de féerie, frais comme le printemps et son parfum de mousse. Sucré comme une chanson pop qu'on écoute en été (un petit air du Pouvoir des Fleurs ou du Cantique Mécanique) et éthéré comme les mélodies d'une Cécile Corbel. Un truc un peu doux, un peu enchanteur comme le sont les Lais de ce recueil, bulles d'encre et de savon.

On ne saura jamais vraiment qui était Marie de France mais on lui doit d'être l'une des premières conteuses, voire poétesses à avoir écrit en langue vulgaire, ce qui au XII°siècle devait être une petite révolution. Si je ne suis pas une fervente admiratrice de Henri II Plantagenêt qui semble être le dédicataire de Lais, j'aime à penser que Marie de France fut de sa cour et de celle d'Aliénor, sans nulle autre raison que parce que cela s'accorde bien avec ce que j'imagine de l'entourage de la reine d'Aquitaine.

Les lais, ce sont des récits assez courts, des contes souvent inspirés de légendes. Ceux de Marie de France sont au nombre de douze. Certains d'entre eux sont fameux et ont trouvé une place dans des recueils, des anthologies de textes médiévaux (Lanval, le Lai du chèvrefeuille...) quand d'autres sont beaucoup moins connus (Le Bisclarvet). Plusieurs fois centenaires, ils ont malgré tout conservé leur fraîcheur d'eau de source et de fleurs de printemps. L'élixir de jouvence tient sans doute à plusieurs éléments: les octosyllabes d'une part qui savent rythmer un texte et faire résonner sa musique et la brièveté des récits. Pas de longs monologues ici comme c'était pourtant la tradition, le style est épuré bien que sensible ! Qu'ils doivent d'ailleurs être beaux en langue originale ces lais pour peu qu'on la déchiffre (l'anglo-normand...)... Encore que grâce soit rendue aux éditeurs et aux traducteurs qui nous mettent entre les mains des éditions bilingues qui rendent possible le va et vient entre deux dialectes!

C'est la matière de Bretagne (décidément, on y revient toujours!) qui a donné lieu à la plupart de ces histoires, matière assemblée, modifiée, sculptée par Marie de France. Elle leur a peut-être fait perdre un peu de leur magie ou de leur rudesse en les reprenant, mais au moins, elle les a écrit ! Chez les bretons, les chevaliers sont fils ou amants de fées, un pont ou un chemin de brumes mène dans l'autre monde, les épées et les miroirs sont magiques et les amours parfois fatales. En sus de cette thématique merveilleuse, Marie de France répand dans ses écrits celle de l'amour courtois, en vogue au XII°siècle. L'amour apparaît définitivement comme le fil conducteur des lais, mais s'il est courtois, ce dernier n'est pas toujours serein. le feu couve sous la mousse et les passions interdites fleurissent comme autant de roses et d'épines. Neuf des contes mettent en scène un amour adultère, dont mon favori : le chèvrefeuille !
Ce qui sauve ces récits d'un bouquet trop bleu, ce sont leur chute : bien que faisant intervenir le merveilleux, les lais se concluent souvent sur une note pessimiste où l'amour finalement apporte plus de douleur que de félicité. Sous la magie, le réel finalement et peut-être l'aveu de l'échec de l'amour courtois, par trop idéal et donc par définition inatteignable,et de la réalité de la condition des femmes de l'époque, qui contrairement aux héroïnes de Marie de France ne pouvaient prétendre à tant d'expériences et de péripéties...

Qu'on s'abandonne à l'étude de ses dénouements un peu tristes où qu'on préfère rêver aux fées et à l'amour fou et éternel, « Les Lais » de Marie de France sont un ouvrage à part, la porte ouverte vers un monde enchanté où la littérature et la poésie forment un élixir parégorique autant qu'un voyage dans le temps. Ce n'est pas révolutionnaire mais ça fait du bien.
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