Que ceux qui n'ont point dans leur âme un pastel à demi effacé se moquent de moi !
J'avais chaussé mes pantoufles et endossé ma robe de chambre. J'essuyai une larme dont la bise qui soufflait sur le quai avait obscurci ma vue. Un feu clair flambait dans la cheminée de mon cabinet de travail. Des cristaux de glace, en forme de feuilles de fougère, fleurissaient les vitres des fenêtres et me cachaient la Seine, ses ponts et le Louvre des Valois.
J'approchai du foyer mon fauteuil et ma table volante, et je pris au feu la place qu'Hamilcar daignait me laisser. Hamilcar, à la tête des chenets, sur un coussin de plume, était couché en rond, le nez entre ses pattes. Un soufflé égal soulevait sa fourrure épaisse et légère. A mon approche, il coula doucement ses prunelles d'agate entre ses paupières mi-closes qu'il referma presque aussitôt, en songeant : "Ce n'est rien, c'est mon ami."
"Hamilcar! lui dis-je, en allongeant les jambes, Hamilcar, prince somnolent de la cité des livres, gardien nocturne! tu défends contre de vils rongeurs les manuscrits et les imprimés que le vieux savant acquit au prix d'un modique pécule et d'un zèle infatigable. Dans cette bibliothèque silencieuse, que protègent tes vertus militaires, Hamilcar, dors avec la mollesse d'une sultane! Car tu réunis en ta personne l'aspect formidable d'un guerrier tartare à la grâce appesantie d'une femme d'Orient. Héroïque et voluptueux Hamilcar, dors en attendant l'heure où les souris danseront, au clair de la lune (...)
Le commencement de ce discours plut à Hamilcar, qui l'accompagna d'un bruit de gorge pareil au chant d'une bouilloire.
Savoir n'est rien, imaginer est tout. Rien n'existe que ce qu'on imagine. Je suis imaginaire. C'est exister cela, je pense !
Le pauvre sans désirs possède le plus grand des trésors ; il se possède lui-même.
Un jour de l'an passé, sur le pont des Arts, quelqu'un de mes confrères de l'Institut se plaignit devant moi de l'ennui de vieillir. " C'est encore, lui répondit Sainte-Beuve, le seul moyen qu'on ait trouvé de vivre longtemps."
J’ai toujours préféré la folie des passions à la sagesse de l’indifférence.
La vie ne nous semble courte que parce que nous la mesurons inconsidérément à nos folles espérances.
Les gens qui n’eurent point de faiblesses sont terribles ; on n’a point de prise sur eux.
- Les arts ! les arts ! s’écria M. Polizzi, en levant de nouveau les bras vers le ciel ; les arts ! quelle dignité ! quelle consolation ! Je suis peintre, Excellence !
Et il me montra un saint François qui était inachevé et qui eût pu le rester sans dommage pour l’art et pour le culte.
Tous les changements, même les plus souhaités, ont leur mélancolie.