Les calendes grecques

« Mon père et moi, aujourd'hui, formons une personne unique face à ceux qui nous ont accusés, lui de folie, moi de délire. Nous fûmes victimes de la guerre qui nous appela avant de nous rejeter. Elle l'atteignit au cerveau, moi aux jambes. Et des jambes, elle gagna le cerveau. Mais nous avions, lui et moi, la même horreur des ordres et des uniformes. J'eus la chance de pouvoir choisir, pas lui: il partit conscrit, je partis volontaire. Il revêtit le costume des Poilus, je n'acceptais jamais d'autres vêtements que les miens. Sa guerre à lui devint, pour l'Histoire, une lutte terrible. Il gagna à Verdun et au Chemin des Dames. Je perdis à Séville et à Barcelone. »

Un vieil homme invalide vit reclus dans une chambre de bonne parisienne. Ses journées sont rythmées par ses souvenirs et par les visites de madame Averty, qui s'occupe de lui. Il sent la fin venir et fait le bilan de sa vie, entouré de fantômes, des fantômes qui lui tiennent compagnie: son père, rentré amoché, comme des milliers d'autres, de la Grande Guerre, son oncle, sa tante, son ami José, de la XIIIè Brigade, tombé devant Teruel en 37, et surtout Sabina, son grand et unique amour, dont il a perdu la trace lors de la Retirada, et à laquelle il n'a jamais cessé de penser. Il réinvente son histoire. Et si Sabina n'avait pas disparu. Et si...
Il imagine ses obsèques, où il aurait cent personnes pour lui rendre un dernier hommage, sous la protection de motards avec fourragère, des larmes, des discours, des tombereaux de fleurs "A notre camarade, en souvenir des luttes communes".
Car le vieil homme est un ancien Brigadiste. S'il a survécu à la guerre civile, une rixe avec des membres de la Cagoule à son retour du front l'a laissé invalide, avec une vie entre parenthèses, et une impossibilité de nouer des liens avec d'autres femmes, tant la quête de Sabrina l'a phagocyté.

Premier roman de Dan Franck, Les Calendes grecques est le portrait émouvant d'un homme hanté par ses souvenirs, un long monologue touchant avec de belles pages sur les Brigades Internationales, les oubliés de l'Histoire et les causes perdues.

Un très vieil homme impotent passe ses journées dans un fauteuil roulant à ressasser de lointains souvenirs, tout seul dans son appartement. Personne ne vient le voir excepté une femme, Mme Avery qui passe quelques minutes chaque matin pour s'assurer que tout va bien, l'habiller, l'aider à se lever et lui préparer son petit déjeuner. Aux portes de la mort, le vieillard se rappelle les épisodes de la guerre civile espagnole qu'il vécut dans les rangs des Brigades Internationales. L'image de Sabina, son grand amour de l'époque disparu mystérieusement, l'obsède à un demi siècle de distance...
Un roman lent, âpre et assez difficile d'accès. Ce vieillard grincheux et dont les pensées tournent en boucle finit par lasser tant il semble égocentrique et perdu dans ses obssessions. le monde rétréci dans lequel il évolue (façon de parler) est totalement centré sur sa petite personne. Tout se passe dans un cerveau perturbé par la maladie, un cancer en phase terminale. L'homme imagine son décès et son enterrement (meilleur moment du livre) et croit retrouver Sabina sous les traits de Mme Avery (pire passage). le lecteur sera sensible au ton un peu décalé et à la dérision caustique d'un texte traitant de l'amour, de la guerre, de la folie et du désespoir. Un cocktail pas tellement roboratif. Publicité mensongère, la quatrième de couverture parle de « récit chaleureux comme du Prévert et loufoque comme du Devos... Humour à revendre... Et pas mal de tendresse » On corrigera ces commentaires dithyrambiques en précisant que l'humour est surtout grinçant et la tendresse rare et un brin bourrue. Quant à Prévert et Devos, on les laissera se retourner dans leurs tombes respectives. Cette oeuvrette ne mérite pas tant d'honneur !
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