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EAN : 9782895023197
L'Instant même (06/02/2012)
3.9/5   59 notes
Résumé :
Faire du tourisme en pantoufles convenait parfaitement à notre nature. Les fois où on se disait que ça serait cool de partir pour vrai, de sentir sur notre peau le vent de Pimplico, de magasiner au centre-ville de Happyland, de se faire des amis à Dirty Butter Creek, on savait tous les deux que ça n'était que du pétage de broue sans conséquence, d'ailleurs on prenait soin d'ajouter : « quand ça nous adonnera » ou « quand on aura les moyens ». Aussi bien dire jamais.... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (12) Voir plus Ajouter une critique
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En voilà un roman digressif comme on les aime, qu'on aimerait en avoir plein les bibliothèques et les libraires, qu'on relirait bien alors qu'on l'a donné à un ami cher, qu'on relirait même deux ou trois fois pour s'assurer que c'est bien vrai que l'histoire n'en est pas une, qu'elle ne finit ni bien ni mal, qu'elle ne finit pas du tout non plus, que les deux anti-héros sont bien des anti-héros, que rien d'exaltant n'arrive à une héroïne dans une quête à l'échec programmé, qu'il s'agit plutôt d'un road movie assis sur un tabouret, que le langage n'a rien de littéraire qu'il fait place à de la parlotte avec son piment de joual (entendez québécois pure souche) et surtout qu'il s'y donne d'énormes coups de griffe sur le métier d'écrivain, celui d'éditeur et la tâche ô combien noble (?) du lecteur.
À quoi sert un tel roman ? À rien ! Non, vraiment ! On y apprend qu'écrire n'a plus rien de sacré ni même de romantique ! D'ailleurs le titre c'est le logiciel qui le choisit.
Jouissif parce que cela se lit comme une brillante supercherie.
Et si c'était le Document1 d'une nouvelle ère de l'écriture… en tout cas, moi j'aime y croire à cette interprétation.
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Document 1, c'est une chaudière de décapant que François Blais garoche en pleine face des institutions littéraires. Oui oui, garoche.

Au risque de tomber dans les clichés, je dirais que Blais est le fils illégitime de Jack Kerouac, Réjean Ducharme, David Lodge et d'un kilo de marijuana. Plus drôle que n'importe quel humoriste et, surtout, terriblement bien écrit. Que demander de plus?
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Ou comment éclater un roman, dans le bon sens du terme
Réussir à rendre intéressant un roman sans réelle péripétie cohérente à l'objectif du récit, tout en parvenant à faire rire, est assez époustouflant.

Document 1 est le récit de Tess et Jude qui décident de partir en voyage à Bird-in-Hand en Pennsylvanie. « Décider » est un bien grand mot ici, car on y apprend surtout comment traquer des prédateurs sexuels sur le net, abuser de l'argent d'autrui et ne pas voyager, finalement. Il ne faut pas s'y méprendre. Dès les premières lignes, j'ai su que j'allais adorer ce roman de François Blais.

Elle aime les sushis et lui les bouillabaisses de sa mère

Il ne faut surtout pas s'attendre à un texte cohérent, avec un début plaçant le décor et une fin résolvant l'intrigue. D'ailleurs, la narratrice principale, Tess – car l'autre n'en branle pas une –, n'hésite pas à revenir sur des scènes passées ou à repousser sur plusieurs chapitres une explication vitale. Et elle a parfaitement conscience de perdre le lecteur !

L'oeuvre entière laisse l'impression d'un brainstorming de pensées pêle-mêle que la narratrice a couchées sur papier, ou plutôt dans un document Word. le titre choisi par l'auteur n'est pas anodin, de ce fait. Son personnage est très certainement du genre à ne pas trouver de titre convenable et ainsi laisser le document avec le titre par défaut du logiciel de traitement de texte: Document1.

Si ces nombreuses digressions rendent le texte intéressant à lire et donne envie de tenter l'aventure de suivre le raisonnement de la narratrice, j'ai néanmoins senti à quelques reprises une coupure entre les chapitres plus « sérieux » – oui, l'auteur a réussi à placer un historique des récits de voyages à travers le temps et à raconter la persécution des chrétiens par l'empereur romain Maximien. Cette cassure avec le style général décontracté du roman rend le contenu, ironiquement, moins intéressant à lire. Allez savoir, aussi, si les informations données par la narratrice sont véridiques ou inventées de toutes pièces, ce qui me fait me questionner sur la pertinence de ces chapitres dans l'oeuvre.

Simple spectateur ?

S'adresser directement au lecteur est une grande force de ce roman, nous obligeant à replonger dans l'histoire racontée, mettant à l'aise dès le début pour éviter qu'on se laisse submerger par la diarrhée mentale de la narratrice. Cette dernière n'hésite pas à nous balancer des liens de sites Internet et à déblatérer autour de ceux-ci. Maintenant je sais où aller voir pour savoir s'il y a des délinquants sexuels dans n'importe quelle ville américaine ou encore où je peux trouver des milliers de tests quétaines de personnalité – chouette ! le langage familier employé par les narrateurs séduit aussi dès le départ.

Ce livre a réussi l'exploit de toucher mon âme de future écrivaine, outre par simple divertissement lors de la lecture. Même si le ton reste léger, le fait que Tess aborde les difficultés et le processus pour approcher des maisons d'édition est très intéressant. Elle décrit aussi son processus d'écriture, étonnamment plus ordonné que pourrait laisser croire ses pensées éparses.

Verdict : à lire

Ce livre ne m'a pris que quelques heures à lire. Les digressions et le cheminement de la pensée de la narratrice m'ont tenue en haleine durant la majeure partie de ma lecture, malgré quelques pertes de rythme au fil du récit et un langage et un contenu moins éclaté que les premiers chapitres. Les chapitres ne sont pas d'une longueur intenable et leurs titres sont très drôles. Vous vous triturerez les méninges à leur trouver un sens ! Encore mieux, Document 1 donne envie de découvrir le Québec à travers ses deux protagonistes – ils sont tellement exaspérants qu'ils ne me donnent qu'une envie, celle de ne pas finir comme eux !
Lien : https://talesofsomething.wor..
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Document 1 est un petit souvenir de Québec. Je rêvais de ramener un peu d'accent québécois en France après être tombée sous le charme. On peut dire ce que l'on veut, mais entendre parler québécois cela me donne instantanément le sourire.
Un des objectifs des vacances (en plus de visiter des tas d'endroits et de se fabriquer des souvenirs pour toute la vie) était de ramener quelques livres et quelques disques (rappelez-vous que nous étions dans la patrie d'Arcade Fire, Hawksley Workman et Metric, entre autre).
Du côté des livres, je vous ai déjà parlé de Tous mes amis sont des superhéros, passons maintenant à Document 1. J'ai adoré ! C'est un roman très court, que l'on peut lire en une paire d'heures, mais que j'ai eu envie de savourer, pour que résonne cette langue dans ma tête. Je n'avais jamais rien lu de ce genre, j'ai trouvé ce livre vraiment déconcertant. Et drôle. Ce couple de geeks un peu losers a un jour l'idée de voyager de Grand-Mère à Bird-in-Hand en Pennsylvanie. Tess cherche de l'argent pour entreprendre leur périple et aussi un peu de courage et de motivation. Pas facile de sortir de son confort quand on a le monde entier pour soi grâce à internet.
J'ai ri. Beaucoup. Et pas seulement dans ma tête ; bruyamment (enfin tout est relatif). Je conseille donc cette lecture, mais peut-être que cela plaira surtout à ceux qui ont fait le voyage jusqu'au Québec, ceux qui connaissent un peu le québécois ou ceux qui ne sont pas rebutés par le résumé, qui donne un petit aperçu du style.
Lien : https://mademoisellemaeve.wo..
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Je soupçonne l'auteur d'avoir eu autant de plaisir à écrire ce livre que j'en ai eu à le lire. Car le moins qu'on puisse dire c'est qu'il y va à fond de train pour caricaturer les situations, pour lancer des piques énormes sur une certaine approche de la littérature, pour pointer du doigt des incongruences ou absurdités de la vie moderne. Tout cela autour d'un couple - de Tess en fait (la femme) car le gars fidèle à son image stéréotypée de B.S. ne fout presque rien – d'un couple donc qui fantasme d'aller faire une virée aux USA e qui représenterait un exploit car non seulement ils sont complètement fauchés mais ce sont de vrais lézards qui ne réalisent strictement jamais rien. Un plan astucieux pour financer leur chimère servira de toile de fond à cette comédie aux allures de critique sociale aussi virulente qu'agréablement subtile. Les personnages sont dépeints avec finesse, le ton rafraichissant, le récit captivant et sans temps mort. J'ai beaucoup aimé !
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critiques presse (1)
LaPresse
02 avril 2013
Dans ses livres, François Blais vit une relation plutôt intime avec son lecteur. Une familiarité ni insolente ni déplacée, plutôt cordiale et respectueuse, s'établit au fil des pages.
Lire la critique sur le site : LaPresse
Citations et extraits (22) Voir plus Ajouter une citation
Après avoir lu ces lignes, j'ai corné la page et j'ai crié à Jude de venir me rejoindre au salon toutes affaires cessantes (ça tombait bien: il ne faisait justement rien du tout), pour une de ces séances de brainstorming dont on a le chic. «Ça nous prend un titre, lui ai-je annoncé.
-D'accord, moi je veux être duc.
- Arrête de faire le clown, je veux dire un titre pour notre livre.
-Ah. Je pensais que tu en avais déjà trouvé un.
- Non, pour le moment il s'appelle encore Document 1, mais ça c'est l'idée de Microsoft Word. On peut sûrement faire mieux.
-Ça presse pas.
-C'est vrai, mais si on remet toujours au lendemain, on va se ramasser à la veille de l'envoyer et il va encore s'appeler Document 1.
Et ta sœur va encore nous accuser de procrastination.
-C'est de velléitaires qu'elle nous traite, mais j'avoue que ça revient un peu au même. Alors, as-tu une idée ?
Euh.. on pourrait consulter Dany Laferrière. C'est un pro des titres.
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Monsieur Fisher dit que le grand public n'est pas trop sensible à la beauté des mots, qu'il veut avant tout se faire raconter une histoire. Je n'ai pas honte de l'avouer: mes goûts rejoignent assez ceux du grand public. Les mots pour les mots, ça n'est pas trop ma tasse de thé. Je fais toutefois une exception pour les menus de restaurants. Moi qui préférerais laver le plancher à quatre pattes plutôt que d'ouvrir un bouquin de poésie, j'irais au restaurant uniquement pour me délecter des descriptions de plats.
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Au début, je ne me souciais pas de ces choses-là, j'y allais à la va-comme-je-te-pousse, adoptant pour seule règle de ne point faire chier mon lecteur (quand bien même serait-il une créature théorique), d'écrire des trucs que je pourrais avoir envie de lire si j'étais moi-même ce lecteur. D'instinct, je décidai de diviser mon texte en chapitres de longueurs variables, correspondant chacun à une séance d'écriture. Ce n'est qu'au bout du quatrième de ces chapitres que je commençai à douter, à me demander si cela était bien judicieux de m'instituer moi-même arbitre. Être à la fois juge et partie n'est jamais une position confortable. Je me disais que mes goûts personnels rejoignaient assez fréquemment ceux des professionnels de l'édition, puisque tous les bons livres que j'avais lus avaient préalablement été acceptés par un éditeur. Oui, mais les mauvais aussi.
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Jude: Dans ce cas, on a juste à inscrire «roman» sur la couverture et tout le monde n'y verra que du feu. On appelle n'importe quoi « roman », de nos jours.
Moi : C'est vrai. Mais ma première objection tient toujours: aucun éditeur ne va accepter de verser une grosse avance à des auteurs inconnus.
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Jude disait vrai: il s'agissait effectivement d'un chien pas très beau. Sa configuration générale s'apparentait à celle du lévrier, mais son bagage génétique contenait vraisemblablement l'ADN de toutes les races canines, à l'exception peut-être du saint-bernard. Il avait un peu la tête d'un colley, mais avec des petits yeux ahuris de chihuahua et un museau comme celui du chien de ma cousine Karine, un hideux chinese crested du nom de Marius. Ses côtes saillaient sous son pelage d'un blanc grisâtre constellé de taches noires et brunes. Il était si maigre qu'il fallait jouer sur les mots pour en parler comme d'un être en trois dimensions.
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