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EAN : 9782262061111
380 pages
Perrin (21/01/2016)
4.26/5   17 notes
Résumé :
De septembre 1931 à octobre 1938, André François-Poncet a représenté la France à Berlin. Chroniqueur exceptionnel conjuguant portraits d'une grande acuité, souvent féroces et ironiques, avec analyses fouillées des événements, il offre un " grand récit " de l'histoire des années noires.
D'une plume trempée dans l'encre de Saint-Simon, l'ambassadeur décrypte parfaitement les fondements et l'idéologie du régime tout comme la psychologie de ses dirigeants. L'ouv... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
AUX PREMIERES LOGES

Les sept années berlinoises d'André François-Poncet projettent une lumière dure sur l'Allemagne en voie de nazification puis nazifiée.

L'agonie de la République de Weimar, l'incendie du Reichstag, le "hold-up" nazi de 1933 sur le Pouvoir et le défilé du 30 janvier annonciateur des Tenèbres, la cruciale année 1934 avec la liquidation de la S.A et l'avènement de l'ordre SS ( "La nuit des Longs Couteaux"l), les "années de pause" 1935 et 1936, la mise au pas de la Reichswer en 1937 et la lente marche à la Guerre pavée des annexions espérées, annoncées et répétées...Tout cela vécu directement...
Le chapitre consacré à Munich 1938 nous fait directement dans la salle de négociation. On assiste tel quel au renoncement. Un moment de honte et de dégoût devant un tel écrasement.

L'aveuglement de la Grande-Bretagne, les impuissances françaises issues de crises parlementaires répétées, de conflits politiques paralysants et d'un pacifisme dénervant rendent la Grande Allemagne, belliciste, prête à tout pour son espace vital et convaincue de la faiblesse méprisable es démocraties parlementaires, incontrôlable.

On note aussi l'erreur catastrophique d'analyse des nationaux- conservateurs regroupés autour des monarchistes donc Hindenburg. La palme de la complicité revient à Franz von Papen pour son rôle de "cheville ouvrière" dans l'accession d'Hitler.

Le début de la persécution antijuive, les liquidations d'opposants abattus ou déportés s'affichent au grand jour sans fard.
En 1932 le meurtre impuni d'un ouvrier par les S.A à Potempa annonce la mort du Droit régissant de façon pacifique les conflits issus de la vie sociale. Cette destruction aboutira au juge Roland Freisler, Fouquier-Tinville à la mode hitlérienne et à ses décisions de mort sans appel.

L'Allemagne se donne donc à un Parti terroriste et policier combinant pratiques de voyous et délire racial. Rien n'était pourtant inscrit, écrit ou gravé à l'avance.

Le portrait d'Hitler pose toujours la même question : comment cela été
possible ?. Il y a un moment où on ne comprend plus. Ian Kershaw l'explique par le pouvoir charismatique, Philippe Burrin par le ressentiment et l'apocalypse qui suintent de l'idéologie nazie , George Mosse par la brutalisation des masses et l'esprit "volkish"André François-Poncet par la volonté de puissance.

Cette figure n'est ni satanique, ni diabolique, ni démoniaque. Elle concentre en elle le principe pur de la bestialité humaine conjugué à un usage très habile de la force. Il incarne la force de la haine séductrice.

Le coût final est de l'ordre de 60 millions de morts, la destruction du continent européen, l'extermination d'un peuple entier massacré de façon obsessionnelle par des moyens pratiques issus d'un vrai savoir faire technique, la mise au pas d'une société régénérée par la Race et la mise à bas de tout ce que l'effort humaniste a tenté de réaliser.

La résurrection de l'Europe d'aujourd'hui relève d'un miracle, la vocation universaliste des USA qui permirent, à travers le Plan Marshall, une "réanimation" historique de l'Europe de l'Ouest tandis que le reste du Continent passait sous la Férule Soviétique. Peut-être aurait-on pu s'éviter cela....

André François-Poncet nous livrait, en 1946,une "Leçon d'Anatomie" politique remarquable, brillante, vive et acérée. Elle vaut toujours
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C'est en 1931 que Francois-Poncet prend son poste à l'ambassade en Allemagne . A l'époque, Laval est dirigeant du Conseil, et de l'autre coté du Rhin, Hitler,après avoir joué les bellicistes putschistes au cours de la décennie précédente, commence son ascension électorale.
L'ambassadeur va assister alors à l'agonie de la République de Weimar, coincée entre les jeux politiciens de pouvoir et la montée irrésistible des nazis dans les suffrages. Il chronique les calculs politiques (par désir de revanche pour von Papen)fatals qui vont amener Hitler à la Chancellerie. il met les mots sur cette rapidité avec laquelle les nazis vont renverser la table et faire fi des possibles opposants et contre pouvoirs qui auraient pu limiter l'action de leur chancelier.
Poncet offre un vaste panorama du 3eme Reich, de son idéologie, sa diplomatie, ses événements majeurs (la nuit des longs couteaux) . Des portraits fournis de Goebbels et Goering agrémentent ce récit . L'ambassadeur a une plume et sait dépeindre ces tristement célèbres personnages dans leur multiples facettes. Hitler n'est évidemment pas négligé. Poncet ne cache pas son aversion pour l'apparence vulgaire du personnage mais souligne aussi l'aspect lunatique du personnage, au regard vide ou blême à certains moments, et enflammé dans son éloquence à d'autres,et surtout son aptitude à saisir toute les opportunités sur le front diplomatique pour avancer ses pions.
Le livre se clôture sur les accords de Munich,ultime moment fort de la période en Allemagne de Poncet qui ensuite, demanda à être muté en Italie, persuadé de pouvoir à travers le Duce, avoir un intermédiaire pouvant influencer le Führer. L'ambassadeur ne se montre pas critique outre mesure sur la période diplomatique de septembre 38, lucide sur le lest lâché face au 3eme Reich, mais estimant que la France ayant pris du retard niveau armement sur son voisin n'avait pas d'autre option à l'époque.
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Il y a plusieurs bonnes raisons de lire ce livre.
Les mémoires de l'ambassadeur de France à Berlin (1931-1938) retracent avec avec justesse et clairvoyance la montée du nazisme pendant les deux dernières années de la république de Weimar, l'accession de Hitler au pouvoir et les relations diplomatiques entre la France, l'Angleterre et l'Allemagne dans ces années qui vont sceller le sort de l'Europe et du monde. L'auteur montre dès 1946 que le régime nazi ne repose pas sur la seule autorité du Führer et du Parti et que Hitler doit composer avec la Reichswehr (l'armée) qui a joué un rôle important dans l'élimination des SA en 1934. André-François Poncet consacre un long développement à la conférence de Munich (29 septembre 1938) à l'issue de laquelle Anglais et Français ont lâché la Tchécoslovaquie. Ici, l'ancien ambassadeur français reprend ses droits sur l'historien en imputant la majeure responsabilité de la politique d'apaisement à l'allié britannique !
Il minimise le rôle de Munich dans le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, refuse d'y voir un échec total, avançant que Français et Britanniques escomptaient un délai supplémentaire pour se préparer à une guerre qu'ils pensaient déjà inévitable. La suite a montré que l'armée française n'aura pas su profiter de ce répit...
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François-Poncet a été un fin observateur de la montée du nazisme, aux premières loges en tant qu'ambassadeur de France à Berlin. Cet ouvrage est une mine d'informations et de détails passionnants de la part d'un esprit fin qui sut voir avant d'autres l'abîme vers où le monde se précipitait.
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Publiés pour la première fois en 1946, les souvenirs de cet ambassadeur qui fut de 1931 à 1938 aux premières loges pour assister à l'éclosion du IIIe Reich constituent un témoignage essentiel sur cette période obscure. Présenté et annoté par Jean-Paul Bled, l'un des meilleurs spécialistes français de l'histoire de l'Allemagne, cet ouvrage est un document exceptionnel pour comprendre l'histoire de cette période et l'avènement de la doctrine Hitlérienne.
Virginie, toquée du doc
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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
L'entente intervenue nous a procuré un an de répit à un moment ou ni la France ni l'Angleterre ne se jugeaient suffisamment prêtes à la guerre.
Quel parti a t'on tiré de ce délais ? L'a t'on utilisé à plein ? C'est là peut être que réside la vraie question. C'est,pourtant celle que l'on pose le moins.
En réalité, conditionné par une longue série d'actes antérieurs, dominés par ce qu'il faudrait appeler la "psychose de paix",comme on parle de la "psychose de guerre",l'accord de Munich a été une œuvre humaine mélangée d'avantages et d'inconvénients. Il comportait trop et de trop pénibles sacrifices,pour qu'on pût se féliciter de ses avantages,trop d'avantages,pour qu'on n'en dut en retenir que les aspects douloureux. Aussi devrait t'il être permis de n'être,dans le recul des années,ni munichois ,ni anti munichois mais de s’élever sur ce chapitre à la sérénité de l'Histoire. L'Angleterre nous en donne l'exemple.
L'accord de Munich a été une œuvre plus particulièrement anglaise; nul ne saurait le contester. Lorsque la capitulation du III eme Reich est survenue,les journaux anglais ont publié de longs articles sur la guerre et la période qui l'a précédée. Aucun d'eux à ma connaissance n' a fait le procès de Neville Chamberlain,principal instigateur et inspirateur de la conférence et de l'accord de Munich. Une réserve à ce point remarquable s'explique peut être par la conscience que l'action du Premier Ministre a été en fin de compte plus utile que nuisible.
Peut être aussi faut il y voir un signe enviable de maturité civique et politique.
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Le plus frappant dans ce discours du 1er mai,ce n'est pas le fond, qui reste malgré tout assez vague,c'est l'action de l'orateur; c'est sa voix chaude et rocailleuse,tranchante et farouche,c'est la passion qui le transporte,le souffle qui l'anime et qui littéralement,dilate ses narines,il me fait penser au mot de ce Grec,disant que pour apprécier Démosthène,il fallait avoir vu "la bête elle mème". C'est aussi l'influence qu'il exerce sur son auditoire,une influence bien plus physique qu'intellectuel,accrue encore par le décor,la figuration théâtrale ,les effets d'ombre et de lumière,et toute cette mise en scène romantique,cet entourage d'étendards et d'uniformes,ces scintillements de casques et de baïonnettes, et l'enivrement qui se dégage du rythme irrésistible des musiques. Dans la foule qui l'écoute,beaucoup d'hommes,sans doute ont pour Hitler des sentiments de méfiance ou de haine. Mais ils sont eux aussi ébranlés, entrainés,comme le batelier par le chant de la Lorelei.
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Ce nettoyage donna à Goebbels l'idée d'organiser des autodafés littéraires.
Le 10 mai à Berlin, sur la place de l'Université,on voit arriver des camions chargés de livres; les étudiants qui les conduisent ont traversé la ville en chantant,au son des musiques; 20 000 volumes sont entassés sur un bucher, on les annonce à haute voix, à mesure qu'on les y jette; et des pompiers arrosent le bucher de pétrole tandis que Goebbels qui préside la cérémonie prononce un discours.
"La cérémonie d'aujourd'hui dit il est un acte symbolique,elle apprendra au monde que le fondement moral de la République de novembre 1918 est détruit à jamais. De ce tas de cendres va surgir le phénix d'un esprit nouveau ! ". Étrange cas que celui de cet intellectuel dont la perversité se plait à gouter les jouissances de la barbarie ! Plus étrange encore son illusion que le monde admirera son geste !
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A midi, des éditions spéciales imprimées à la hâte font connaitre officiellement que Hitler a été nommé chancelier.
Le Führer regagne son hôtel en proie à une émotion visible.
Désormais,il n'est plus seulement le Führer du national socialisme, il est le Führer du Reich.
Treize années d'efforts acharnées, d'idée fixe,de tension de la volonté,de dépense nerveuse, de résistance aux épreuves les plus diverses,treize ans d'audace,de patience et de ruse reçoivent en cet instant leur récompense, leur consécration ! Hitler est arrivé à sa fin . Sa plus ancienne prédiction s'accomplit. Le vagabond, le raté d'avant 1914, l'homme de liaison,le "soldat inconnu" de la Grande Guerre,l'orateur à demi dérisoire des brasseries munichoises de l'après guerre, l'adhérent d'un parti qui ne comptait que 7 membres est aujourd’hui au pouvoir et avec lui le mouvement qu'il a crée et qui compte 13 millions d'Allemands. Il semble qu'une protection surnaturelle puisse seule, expliquer cette prodigieuse fortune.
Hindenburg et les têtes légères qui l'ont influencé connaissent ils bien l'homme aux mains duquel ils ont remis les destinées du Reich ? Savent ils quels sentiments, quelles ambitions ,quelle moralité recouvrent cette figure aux traits si vulgaires,ces yeux opaques,ce front barré d'une mèche ridicule ? Ils ne tarderont pas , en tout cas, à s'apercevoir qu'il a derrière lui des forces autrement puissantes que celle d'une sociale démocratie sans ardeur,d'un Casque d'acier poussiéreux, ou d'une Bannière d'Empire essoufflée.
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L'incendie du Reischtag, comme plus tard,les massacres du 30 juin 1934 demeura l'un de ces sujets qu'il ne fallait pas aborder en présence d'Hitler. Mais Goering en parlait souvent. Il en parlait cela va de soi pour repousser avec une désinvolture à la fois irritée et sarcastique les insinuations, les accusations auquel il n'ignorait pas qu'il était en butte. Je l'ai entendu,à ce propos,se comparer à Néron et dire que les chrétiens avaient mis le feu à Rome pour pouvoir en accuser Néron,de mème que les communistes avaient incendié le Reischtag,pour pouvoir en accuser Goering. Tout de mème,ce souvenir le tourmentait.
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