Maigre et si attach(i)ante, Germaine, dite Gégé, est une gouvernante allemande au passé trouble.
Son corps étique n'est plus aussi attrayant qu'autrefois ! Son gagne-pain de l'Epoque ne fait plus recette.
Une petite famille bourgeoise se dessine autour de Gégé qui tour à tour déride, émeut, intrigue.
Discrète et pourtant si présente, fragile et pourtant si forte, Gégé..elle gère!
En confrontant les gé'nérations, François d'Epenoux réussit à dresser, avec finesse, tendresse et humour, un portrait gé-gé'nial !
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Jean va terminer son stage de fin d'études à Bordeaux chez sa vieille grand-tante.
Une vie bien réglée chez des petits bourgeois bordelais.
La tante, très occupée avec ses bonnes oeuvres, ses parties de bridge et ses séances thé.
L'oncle toujours satisfait de lui-même qui regarde d'un oeil bienveillant son petit entourage immuable.
Et, il y a Germaine dite gégé, la gouvernante allemande, arrivée chez eux on ne sait pas comment ; qui a vécu des horreurs pendant la seconde guerre et en fait des cauchemars.
Cauchemars qu'elle doit faire passer en buvant comme un trou de temps en temps, pour oublier.
Mais tout lui sera pardonné à cette petite bonne femme qui veille au bien-être de chacun dans la maisonnée.
Jean va passer tranquillement à l'âge adulte en observant le va et vient de chacun et en décrivant les attitudes et les travers des différents personnages avec moult détails et aussi avec une grande tendresse.
gégé, personnage principal, aussi petite qu'un moineau mais une présence chaleureuse et indispensable dans ce cocon où ils sont tous nichés.
Pas vraiment d'histoire, seulement la petite vie tranquille à Bordeaux et Lacanau pour les vacances.
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Je profite de ce temps maussade pour vous partager mon #avislivresque sur #gégé de @francoisdepenoux
Un roman très imagé et très poétique, autant dire que je n'ai pas l'habitude de lire 😅
Et pourtant je l'ai beaucoup apprécié, je me suis attachée à ces personnages un peu loufoques, gâtés ou pas par la vie.
Certains passages m'ont émue, d'autres m'ont fait rire.
Ce fut une jolie balade.
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Très jolie écriture mais... qu'a-t-elle voulu nous raconter là cette écriture poétique et métaphorique...? J'ai loupé la signification de l'histoire. le style était également un peu trop lourd pour moi. Découverte de cet auteur mais... pas convaincue non plus donc.
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Fallait-il que les gars de la marine ne fussent pas regardants sur la marchandise, pas exigeants sur la chair fraîche ; fallait-il qu'au cours de leurs traversées ils en eussent rêvé, de chouettes pépées du port, pour accepter de monter avec ce rogaton, ce minuscule quignon de femme chantant des airs allemands façon Marlène Dietrich, ange noir aux ailes atrophiées qui, mon Dieu, ne possédait – et n'avait jamais dû posséder–ni les jambes, ni la voix, ni les yeux, ni à vrai dire le moindre point commun avec son illustre modèle sinon celui, paradoxal et abusif, de pouvoir malgré tout être désigné sous le terme de femme…
Femme ! [...] Femme, Germaine Schüller ?
p.16
Comme beaucoup d'histoires, celle-ci trouvera donc son terme dans le décor impersonnel d'un hôpital.
Par commodité.
Comme si les affres et les tendresses de l'existence devaient finir étouffées dans du coton, endormis dans l'éther, nappés de carrelage blanc, lisse, désinfecté.
Cobra énorme englué dans la bile et les vapeurs d'alcool.
Le marteau cogne de plus belle dans mon coeur et mon crâne. Putain de gueule de bois.
Femme !
Femme, ce raisin sec en bas résille, femme, cette pauvre petite chose détrempée, plate comme un comptoir, sentant l'éponge, la bière et la sueur ?
Femme, cette créature édentée, au menton en galoche, aux petits yeux roulant sous des sourcils épais, aux bajoues couperosées et aux mains rouges comme du vin rouge, du gros vin rouge piqué pour les marins du port aux joues rouges de joie, eux aussi édentés, ouvrant des gueules larges comme des soutes et riant aux éclats devant cette crevette leur donnant en pâture la lointaine parodie de la grande Marlène ... Femme, Germaine Schüller ?
C'est une main recroquevillée comme un oiseau tombé du nid, un moineau tout tremblant de ne pas renoncer, défendant bec et ongles son espérance de vie.
Une autre main se tend pour ramasser l'oiseau dans le creux de sa paume, se refermer sur lui. Ma tante sous ses phalanges sent chaque pulsation de ce petit coeur d'ange, ce pouls dont elle sent bien qu'il ne bat maintenant que pour mieux combattre.
Entre ces deux mains serrées, paume contre paume, veines contre veines, rides dans rides et doigts entremêlés, on ne pourrait glisser un cheveu.
Il y passe pourtant toute la chaleur du monde.
Découvrez l'émission intégrale ici : https://www.web-tv-culture.com/emission/fran-ois-d-epenoux-le-roi-nu-pieds-53569.html
Nul doute que ce 13ème roman portera chance à François d'Epenoux tant il est une réussite et touche au coeur.
Depuis son premier livre, « gégé », en 1995, sélectionné pour le Goncourt du 1er roman, François d'Epenoux a prouvé qu'il avait un réel talent à raconter des histoires qui nous parlent, nous ressemblent, nous rassemblent, nous interpellent. « Les années areuh », « le presque », « Même pas mal », « le réveil du coeur » sans oublier « Les papas du dimanche » ou « Deux jours à tuer » adaptés au cinéma… autant de titres qui ont installé François d'Epenoux dans l'univers littéraire français avec une écriture sensible, des histoires simples, une mélancolie douce qui n'oublie jamais d'accrocher un sourire, par élégance.
Voici donc le 13ème roman de François d'Epenoux et c'est sans doute son roman le plus personnel puisqu'il y raconte le lien complexe qui l'unit à son fils.
Voilà l'histoire. Eric a bien réussi. La quarantaine fringante, il passe ses vacances sur le bassin d'Arcachon, avec sa seconde épouse et leur fils, et Moumine, la grand-mère complice.
Mais débarque Niels, il est le fils d'un premier mariage. Niels a fait le choix d'une vie en marge de la société, d'une vie militante, il est zadiste à Notre Dame des Landes, près De Nantes où un programme d'aéroport agite les populations mais où des dizaines d'hommes et de femmes ont fait le choix de refuser ce projet quitte à entrer dans une lutte, aussi violente soit-elle. Pour Eric qui mène une vie plutôt rangée et bourgeoise, tout cela est incompréhensible.
Eric et Niels sont en pleine opposition. Pendant ce séjour estival, chacun essaie de sauver les apparences, d'éviter les sujets qui fâche, jusqu'au jour où le père éclate, incapable de supporter plus longtemps le mode de vie de son fils. Chassé de la maison familiale, Niels rejoint la ZAD. Deux ans plus tard, la roue a tourné, la vie d'Eric part en lambeaux et le désir de retrouver son fils se fait le plus fort. Mais est-il encore le temps des retrouvailles ? Peut-on renouer le lien quand tant de choses cous séparent ?
Sur le thème de la confrontation parents-enfants, sur la difficulté de se parler, de se comprendre, mais aussi sur un monde qui court à sa perte et sur la façon dont chacun tente d'y remédier, François d'Epenoux écrit un roman puissant, fort, triste et beau à la fois, porté par une écriture bouleversante et sensible.
C'est un coup de coeur.
« le roi nu pieds » de François d'Epenoux est publié aux éditions Anne Carrière.
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