Françoise Sagan a écrit « Je suis romancière par vocation et écrivain de théâtre par amusement ». Elle trouve qu'écrire une pièce de théâtre est extrêmement distrayant. Il n'est donc pas surprenant qu'en 1970,
André Barsacq monte cette comédie douce-amère au Théâtre de l'Atelier à Paris, dont le titre chantant est "
Un piano dans l'herbe".
Maud est quadragénaire, elle a beaucoup d'argent, une santé de fer et envie de s'amuser. Au cours d'un pique-nique en Touraine où elle convie ses amis pour les vacances, elle leur propose de jouer à avoir vingt ans pendant un mois. Elle a retrouvé son journal intime de l'époque et veut le suivre au jour le jour pour reproduire ce qu'il s'est passé quand ils étaient heureux.
Enfin, c'est ce qu'il lui semble car son principal objectif est de savoir si
Jean-Loup, le grand amour de sa jeunesse jamais revu, a reçu son invitation. Maud est pleine de nostalgie en pensant à ce poète qui, un soir, avait sorti le piano dans l'herbe pour qu'ils dansent comme des fous.
Mais est-ce bon de réveiller certaines choses du passé ?
Ce qui est cocasse, c'est que cette bande d'amis se sentent vieux alors qu'ils sont quadragénaires. Mais c'est aussi le reflet d'une époque, celle des années 60 et de mai 68 d'ailleurs évoqué à plusieurs reprises comme une rébellion justifiée.
Certes c'est une pièce assez légère sur la bourgeoisie de château qui ne souffre pas de la misère. Pour autant, j'ai aimé le sujet : revoir un amour de jeunesse perdu de vue est une fausse bonne idée parce que s'il n'a pas changé cela vous rend nostalgique et s'il a changé (ce qui est souvent le cas y compris dans la pièce) c'est la déception (voire la déprime) qui vous envahit. Au final, cela rend triste alors il vaut mieux s'occuper de ceux qui ne vous oublient pas et qui sont là, la réalité plutôt que les illusions.
Dommage que les pièces de
Françoise Sagan ne soient pas plus souvent jouées sur scène.