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Adelia Aguilar tome 1 sur 4
EAN : 9782264061201
528 pages
10-18 (19/03/2015)
3.98/5   141 notes
Résumé :
Cambridge, 1171. Un enfant a été massacré dans des conditions atroces et les Juifs, désignés comme boucs émissaires, ont été forcés de se retirer dans le château seigneurial afin d'éviter un lynchage en règle. Henri, roi d'Angleterre, ne voit pas ces événements d'un très bon œil. Le véritable assassin doit être trouvé, et rapidement. Un enquêteur de renom, Simon de Naples, est dépêché depuis le continent et débarque en ville accompagné d'un Maure et d'une femme, méd... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (34) Voir plus Ajouter une critique
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sur 141 notes
LE ROMAN POLICIER MÉDIÉVAL, UN GENRE ROMANESQUE TRÈS APPRÉCIÉ
La Confidente des morts est un roman appartenant à une catégorie littéraire qui rencontre un indéniable succès populaire, celle du policier historique médiéval.
Et le "terrain" est déjà bien occupé par de grandes signatures, tels Ellis Peters, Kate Sedley, C. J. Sansom, Peter Tremayne, Paul C. Doherty et sous ses pseudonymes (C. L. Grace, Paul Harding, Ann Dukthas), Candace Robb, Laetitia Bourgeois...
Dans ces conditions, est-il encore possible pour un auteur d'écrire un roman policier médiéval original ? La réponse est oui et la preuve en est ce roman écrit par Ariana Franklin...


L'AUTEUR, ARIANA FRANKLIN
Née à Londres en 1933, Mary Diana Narracott s'installe avec sa famille dans le Devonshire quelques années plus tard pour échapper aux bombardements dont est victime la capitale anglaise durant la bataille d'Angleterre (juillet 1940-mai 1941).
Devenue l'une des plus jeunes journalistes de sa génération, elle se marie avec le critique et écrivain Barry Norman, quitte Londres pour la campagne anglaise et devient auteur, sous le pseudonyme de Diana Norman, de romans historiques et, sous le pseudonyme d'Ariana Franklin, de romans policiers historiques.
C'est sous ce dernier pseudonyme qu'est publiée la série des enquêtes d'Adelia Aguilar, médecin des morts. À ce jour, seul le premier tome a été traduit en français par les éditions 10/18. Il a reçu le CWA Ellis Peters Historical Award en 2007 et la Macavity Award en 2008. En 2010, la romancière a reçu le CWA Dagger in the Library Award pour l'ensemble de son oeuvre, qui comprend 16 romans et 3 essais. Elle est décédée en 2011 à l'âge de 78 ans.


L'HISTOIRE
Ce roman se déroule à Cambridge (Angleterre), en 1171. Plusieurs enfants ont été successivement retrouvés morts, assassinés dans d'abominables conditions. Les Juifs de la ville, coupable idéaux, sont alors accusés d'avoir commis ces meurtres atroces, et ce sans aucune preuve. Afin d'éviter de se faire lyncher par la population, ils se réfugient dans le château seigneurial.
Nonobstant le caractère particulièrement odieux de ces crimes, le roi d'Angleterre, Henri II, s'inquiète, car la communauté juive participe grandement aux revenus de la Couronne. le coupable doit donc être démasqué au plus vite ! Par l'entremise du roi de Sicile, il fait appel à un enquêteur de renom, Simon de Naples, assisté de Mansur, un Maure, et d'Adelia Aguilar, femme médecin. Cette équipe se rend à Cambridge pour identifier et arrêter le coupable.


UN FAIT RÉEL À LA BASE DU ROMAN
En fin de roman, Ariana Franklin précise qu'elle s'est inspirée de certains faits réels pour construire son intrigue, notamment celui de l'assassinat de William de Norwich, un enfant dont le corps a été découvert lardé de coups de couteau en 1144. Accusés de ce meurtre, les Juifs de Norwich sont massacrés par la foule ou trouvent refuge au château de Norwich. Cette histoire prit une telle ampleur que William acquit le statut de martyr avant d'être canonisé et son culte a attiré un grand nombre de pèlerins, enrichissant l'église locale.


UN CONTEXTE HISTORIQUES TRÈS PEU DÉVELOPPÉ
Si le contexte historique n'est évoqué qu'à travers quelques allusions – la lutte entre Mathilde d'Angleterre, la mère du futur Henri II d'Angleterre, et son cousin Étienne de Blois ou bien l'assassinat de l'archevêque de Canterbury, Thomas Becket –, le roi Henri II d'Angleterre est bel et bien présent au début et surtout à la fin du roman. Et ce peu de références historiques ne signifie pas que son règne fut un long fleuve tranquille, loin de là, mais l'intrigue policière ne nécessitait pas de s'appesantir sur les détails du règne d'Henri II et l'auteur a vraiment mis l'accent sur la restitution physique de Cambridge et sur les descriptions de la vie quotidienne et des us et coutumes des anglais au XIIe siècle.
Toutefois, ce roman parvient à aborder quelques grands sujets historiques en les mêlant subtilement à l'intrigue policière : les tensions entre le roi Henri II et le clergé anglais qu'il cherche à contrôler, mais aussi le retour des croisés et leur mauvaise réputation : outre le fait qu'ils ont souvent été à la source de conflits entre les Juifs, les Chrétiens et les Maures qui vivaient paisiblement dans le tolérant royaume de Sicile, ceux qui sont revenus de Terre sainte sont en général aigris, malades et appauvris, même si quelques-uns sont revenus fortunés comme sire Gervase et sire Joscelin et se sentent avoir tous les droits.


LE CAMBRIDGE MÉDIÉVAL
L'auteur a semble-t-il pris un plaisir fou à restituer la ville telle qu'elle pouvait se présenter au XIIe siècle, cernée par la rivière Cam et les marais, à tel point que ses descriptions et la carte très précise figurant en début de roman m'ont permis d'imaginer la ville et ses environs en volume et de suivre le cheminement des personnages à travers la ville.

"Ce n'était pas au soleil que sacrifiait cette ville, mais à l'eau. Celle-ci courait dans les rigoles de part et d'autre des rues et toutes les habitations, toutes les boutiques avaient leur petit ponceau. Réservoirs, chenaux et bassins vous faisaient voir double. Un porc debout dans une flaque en bord de route se reflétait comme dans un miroir. Des cygnes semblaient flotter sur le ventre de leur réplique. Des canards dans une mare nageaient au-dessus du portail voûté décoré de chevrons de l'église qui se dressait à côté d'eux. Des ruisseaux vagabonds capturaient le reflet des toits et des fenêtres, tandis que le feuillage des saules paraissait pousser des ruisselets dans lesquels ils se miraient."

"Adelia en profita pour contempler Cambridge, sur la berge d'en face. En l'absence de toute autre diversion, l'amoncellement des toits entre lesquels jaillissaient des flèches d'églises, sur fond de ciel clair, avait quelque chose d'impressionnant, voire de beau.
Plus en aval se dessinait l'arche massive et élégante du Grand-Pont, engorgé par la circulation. Derrière, à l'endroit où la Cam formait un bassin plus profond, au pied de la colline – presque une montagne, vu la topographie – sur laquelle était juché le château, les bateaux se massaient contre les quais, si serrés que, de là où se trouvait Adelia, il semblait inconcevable qu'ils puissent se dégager les uns des autres."


UNE INTRIGUE BIEN FICELÉE
Rédigé d'une plume alerte qui nous tient en haleine jusqu'au bout, à la fois très documentée et très accessible, ce roman est magistralement maîtrisé et bien équilibré entre descriptions et dialogues. Dès les premières pages, le lecteur est happé par l'histoire et l'enquête se révèle pleine de péripéties, de rebondissements, de pièges, de fausses pistes, d'autant que le meurtrier est excessivement dangereux. Par moments, l'auteur ralentit volontairement le rythme, créant une atmosphère inquiétante et procurant au lecteur peur et angoisse pour la vie des personnages. le lecteur est alors pris entre deux envies : celle d'avancer très vite pour connaître le fin mot de l'histoire et celle de poursuivre sa lecture au même rythme pour ne pas finir le livre tant l'intrigue est bien ficelée.


UNE ÉQUIPE DE CHOC... ET UNE HÉROÏNE HORS NORME
Outre une foule de personnages bien campés et très différents les uns des autres, donnant une belle galerie de personnages représentatifs de la population anglaise au XIIe siècle – les religieux avec le père Geoffrey, la mère Joan, le clerc Roger d'Acton, frère Gilbert et les soeurs Agatha, Odilia et Veronica ; les seigneurs, croisés de retour de Terre sainte, sire Joscelin et sire Gervase ; les Juifs tels Yehuda Gabirol ou Dina ; les gens de la société civile : Rowley Picot, Gyltha, Ulf, les servantes Matilda B et Matilda W, Hugh le veneur, le vieux Walt, le shérif Baldwin… –, l'auteur a choisi de mettre en scène une équipe pour le moins étonnante, car pouvant difficilement passer inaperçue ! Ce choix est intéressant, original, mais peu crédible compte tenu du contexte. En effet, le trio d'enquêteurs se compose du juif Simon de Naples, de l'eunuque maure Mansur et d'Adelia Aguilar, médecin légiste (ou confidente des morts !).

Si le personnage d'Adelia se fait plutôt discret au départ, nous laissant croire durant quelques pages que Simon de Naples est le personnage principal, son rôle prend subitement de l'ampleur. Certes, elle ne paie pas de mine comme le remarque le père Geoffrey : "elle était bien femme et, pauvrette, aussi dénuée d'attrait que d'apprêt. Une femme capable de se couler dans la foule et d'y disparaître, une femme de l'ombre, une souris parmi les souris. (...) Il n'y avait aucune raison qui justifiât une telle fadeur ; ses traits étaient menus et réguliers, de même que ce qu'il pouvait deviner de sa silhouette sous son ample manteau. Sa peau, saine, présentait le duvet et le léger hâle que l'on rencontre parfois dans le nord de L'Italie et de la Grèce. Elle avait les dents blanches. Vraisemblablement, aussi, des cheveux sous le bonnet au bord retroussé qu'elle portait enfoncé jusqu'aux oreilles. Quel âge ? Encore jeune.
Ce visage éclairé par le soleil était un visage qui avait renoncé à la beauté en faveur de l'intelligence, que la sagacité privait de sa féminité. Elle était propre, récurée comme une planche à laver – ça, on ne pouvait lui reprocher le contraire –, aucune trace d'artifice."
Mais Adelia est une femme qui vient du royaume de Sicile, de Salerne plus précisément, là où se trouve une célèbre école de médecine où les femmes peuvent enseigner et exercer ! C'est avec prudence qu'elle exerce son art en Angleterre, sous la protection et la couverture de Mansur. Loin de l'obscurantisme et des superstitions qui caractérisent encore cette période, Adelia étudie les cadavres, à la recherche d'indices lui permettant de déterminer la cause des décès. C'est un très beau personnage féminin, même si Adelia est parfois un peu énervante, trop fleur bleue quand elle découvre qu'elle est amoureuse... on dirait qu'elle a 14 ans ! Parce qu'en temps normal, c'est une femme érudite, au tempérament fort et qui ne se laisse pas marcher sur les pieds. Elle connaît aussi quelques moments de faiblesse, ce qui la rend d'autant plus humaine.

Plus effacé, le personnage de Simon de Naples n'en est pas moins intéressant. Plus aussi est un personnage très moderne bien qu'il ait bondi au départ lorsqu'il a appris qu'il allait enquêter avec une femme médecin légiste. Cet homme, qui aime et respecte beaucoup sa femme – il en parle à plusieurs reprises au cours de l'enquête –, un enquêteur consciencieux, calme et discret. Ariana Franklin nous le décrit ainsi : "En tant qu'agent, enquêteur, émissaire, éclaireur ou espion – fonctions qu'il avait toutes exercées au service d'hommes puissants dont il était bien connu –, la force de Simon Menahem de Naples tenait à ce qu'on le prenait pour ce dont il avait l'air. Ses interlocuteurs n'arrivaient pas à concevoir que ce petit bonhomme chétif et nerveux, si empressé, si innocent, si prodigue de renseignements – toujours exacts – puisse être plus malin qu'eux."

Il y a un personnage anecdotique puisqu'il n'apparaît qu'au début du roman, mais il est si drôle que je ne peux m'empêcher de l'évoquer : Gordinus l'Africain. Doyen de l'école de médecine de Salerne, c'est lui qui a sélectionné Adelia Aguilar comme enquêtrice, choix qui en a fait hurler ou bondir plus un ! Sa rencontre avec Mordecai fils Berachyah, secrétaire personnel du roi de Sicile, est vraiment savoureuse, car, outre le fait qu'il soit à moitié sourd et déforme les propos de son interlocuteur ou répond de manière fantaisiste à ses questions, il ne se souvient des gens que par leurs problèmes médicaux (les hémorroïdes pour Mordecai).
Ainsi, les personnages qui peuplent ce roman sont tous uniques, dotés de personnalités très différentes, bien décrits. Et c'est surtout par les yeux d'Adelia que l'on découvre les traditions de l'époque.


UNE SOCIÉTÉ MARQUÉE PAR LE POIDS DE L'ÉGLISE
Parfaitement imbriquées dans l'histoire, la vie quotidienne et les moeurs de l'époque sont présentées de manière très intéressante et concrète, exemples à l'appui, puisque les personnages y sont confrontés en temps réel : place des femmes dans la société, poids de l'Église, peur des étrangers, repas, activités professionnelles, fonctionnement des couvents et des pèlerinages...

Évidemment, la condition féminine est l'aspect le plus prégnant et le plus révoltant dans ce roman. Considérées comme des pécheresses congénitales, les femmes ne sont bonnes qu'à enfanter et faire la cuisine, et n'ont pas le droit d'exercer la profession d'apothicaire ou de médecin – elles peuvent être sages-femmes – sous peine d'être accusées de sorcellerie. Un bémol tout de même : les accusations de sorcellerie ont été plus fréquentes aux XVIe-XVIIe siècles, donc en pleine Renaissance, qu'au Moyen Âge. Mais la sorcellerie est forcément liée au Moyen Âge dans l'imaginaire collectif (stéréotypes présents dès l'époque romantique). Cependant, tout en reprenant quelques clichés, l'auteur nous présente un Moyen Âge moderne grâce au personnage anachronique d'Adelia Aguilar, enquêtrice rationaliste et humaniste qui s'oppose à tous les délires mystiques qui agitent l'esprit de la population (existence du diable, crimes rituels réalisés par les Juifs...).

Le deuxième thème très intéressant abordé dans ce roman est le culte des reliques, un commerce bien lucratif ! Historiquement, ce sujet est fort bien documenté, mais il est assez drôle de le voir mis en scène dans le roman sous la forme d'une bataille de reliques entre le père Geoffrey, supérieur du monastère de Barnwell, tout en rondeurs, et la mère Joan, véritable matrone, supérieur du monastère de Sainte-Radegonde ! En effet, la première victime du serial killer ayant été retrouvée sur un terrain appartenant au monastère sainte-Radegonde, la mère Joan s'est empressée de s'emparer de sa dépouille pour en faire un martyr et, par là même, générer des revenus par l'afflux de pèlerins et d'estropiés en quête de guérison. Comme quoi, la récupération d'événements tragiques à des fins pécuniaires, ça ne date pas d'hier...
"Sur les étalages dressés au bord du sentier menant à l'église s'alignaient des talismans, des médailles, des bannières, des figurines et des plaques à l'effigie du petit saint Peter, des objets tressés avec les branches du saule du petit saint Peter, des ampoules de sang du petit saint Peter – si tant est que ce fût du sang humain –, tellement dilué qu'il était à peine rosé."

Dernier point important, la condition des Juifs dans la société anglaise sous le règne d'Henri II. Certes, les Juifs ne sont pas isolés, même s'ils ont tendance à se regrouper dans un même quartier (volontairement ou non, selon les pays), mais les crispations resurgissent au moindre événement et peuvent conduire à de véritables massacres ou chasses à l'homme. Ici, sans la moindre preuve, toute une communauté est prise à parti et menacée de mort soi-disant parce que les crimes rituels sont forcément l'oeuvre des Juifs, ceux-là même qui sont tenus comme responsables de la mort du Christ. Hélas, l'antisémitisme ne date pas, ici encore, d'hier... Un détail hallucinant a retenu mon attention : j'ignorais que c'est sous le règne d'Henri II d'Angleterre que les Juifs d'Angleterre ont eu pour la première fois le droit de disposer de cimetières locaux– une concession datant de 1177. Auparavant, comme le souligne l'un des personnages du roman, "que nous mourions à York ou à la frontière de l'Écosse, dans le Devon ou les Cornouailles, il nous faut acheminer nos cercueils jusqu'à Londres. Évidemment, nous devons nous acquitter d'un droit de péage spécifique." En effet, l'unique cimetière se trouvait alors à Londres, à proximité du quartier juif.


EN CONCLUSION
Points forts :
– Un roman qui renouvelle le genre du roman policier médiéval.
– Des personnages qui sortent de l'ordinaire.
– Un suspense très prenant, qui tient le lecteur en haleine jusqu'aux dernières pages.
– Un récit mêlant avec brio l'intrigue et la connaissance des moeurs de l'époque.

Points faibles :
– le réalisme et la violence de certaines scènes (autopsies, découverte des corps...) sont parfois à la limite du supportable, surtout qu'il s'agit d'enfants. Mais ces passages sont courts, accrochez-vous !
– Une présentation du contexte historique au début du roman aurait été un plus pour mieux cerner l'époque dans laquelle se déroule ce roman.
– La suite de la série n'est pas encore traduite ! On attend les prochains romans avec impatience !
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Challenge plumes féminines 2020 – item n°20

Je ne connais pas du tout l'auteure mais j'avais flashé sur le titre (me faisant penser au Lecteur de cadavres) et sur la couverture (des roses jaunes et noires sur un fond rouge). Je l'ai acheté en 2016 mais la pioche d'Août m'a aidé à le sortir de ma pal et je remercie Neneve pour le coup de pouce.

Déjà comparé à mon précédent bouquin, le style est plus vivant et bien plus agréable à lire. Plus qu'à attendre que l'histoire se lance après la présentation des personnages. On alterne entre passé et présent pour comprendre différentes informations : la formation de la jeune femme, l'enlèvement des enfants, la persécution des juifs… Ça ralentit un peu le récit mais donne une envergure historique à l'ensemble. le trio d'enquêteurs est atypique de part leurs origines (Maure, Juif, femme médecin) et de leurs personnalités. Ça met de l'ambiance dans leurs relations et leurs rapports avec les habitants de Cambridge car ils y sont étrangers. L'auteure a un style très particulier qui m'a apporté le sourire plus d'une fois, surtout lors de sa description burlesque de certains personnages (ex p250 pour Ulf). L'histoire se situe en 1171 en Angleterre avec, comme toile de fond historique les croisades. Comme le prophétise si bien l'auteure, cela a engendré bien pire du côté des Arabes… Cette partie de l'histoire n'est pas folichonne mais elle est quand même intéressante à connaître, même si la mémoire du passé s'efface trop vite. L'enquête est longue et sinueuse, j'ai émis différentes hypothèses pour les meurtriers suivant les indices mais j'ai toujours été loin du compte. Plus on se rapproche de la fin et plus la lecture se fait rapide. Par contre, j'ai pris plaisir à me délecter de la fin, notre personnage risque gros…

Comme vous l'aurez compris, j'ai eu un gros coup de coeur pour ce roman et pour le style de cette auteure. Malgré quelques longueurs, j'ai adoré son personnage féminin, soeur de coeur du lecteur de cadavres, dans cette Angleterre puritaine du 12ème siècle. Je pourrais la retrouver car j'ai découvert qu'il s'agissait du tome 1 d'une courte série de 4 tomes. L'auteure est malheureusement décédée avant que d'autres tomes puissent paraître, elle a principalement écrit des romans historiques sous son vrai nom avant de se lancer dans ce genre dérivé. Si vous êtes amateurs de romans policiers historiques, je vous conseille très fortement de découvrir ce personnage féminin hors norme pour l'époque et le style très vivant de l'auteure. Pour ma part, dès que je peux, je me procure le tome 2.

Sur ce, bonnes lectures à vous :-)
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Une fois de plus, c'est grâce à Babelio que je dois cette très belle découverte littéraire.
En effet, c'est au hasard de mes flâneries que j'ai découvert des critiques mettant en avant cette série qui compte quatre livres. Nous sommes en 1171, en Angleterre. C'est Henri Plantagenêt qui règne. Vous savez, le mari d'Aliénor d'Aquitaine et aussi le père de nombreux enfants dont entre autres Richard Coeur de Lion.
Bref, revenons à Henri II, qui règne avec autorité sur son royaume. Pour élucider des meurtres incriminant la communauté juive, il va faire appel à un médecin des morts et un enquêteur. Ces deux derniers sont dépêchés par le roi de Sicile. Si l'enquêteur, Simon de Naples possède toutes les compétences requises, c'est le médecin des morts qui va créer la surprise : en effet, le médecin est une jeune femme : Adelia Aguilar.
J'avoue avoir eu un coup de coeur pour Adelia, femme de talent et de caractère mais pas seulement. le contexte historique est fort bien restitué et l'intrigue tient bien la route. de plus la galerie des portraits de personnages qui entourent la jeune femme est fort sympathique, il faut le dire…
Je vais assez vite entamer le tome deux de cette histoire, en sachant déjà que la série ne compte que quatre éléments. En effet, l'auteur, Ariana Franklin, est décédée en 2011, avant d'avoir terminé le cinquième tome des enquêtes d'Adelia Aguilar.

Challenge ABC 2023/2024
Challenge A travers l'Histoire 2023
Challenge Mauvais Genres 2023
Challenge Pavés 2023
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Si j'ai acheté ce livre, c'est parce qu'en dehors de sa belle couverture (je sais, ça ne devrait pas être un critère!) il m'avait été conseillé lors d'un petit test fait dans une librairie - "quel polar est fait pour vous ?" ou quelque chose du style. La preuve que les tests littéraires sont plus fiables que ceux des magazines féminins !

Ariana Franklin étant Anglaise, et l'intrigue se passant au Moyen Âge, difficile de ne pas penser aux enquêtes de Frère Cadfael d'Ellis Peters. Comme chez sa compatriote, l'enquête est menée par un personnage marginal. Cette fois-ci, il s'agit d'une femme légiste venue de Naples et voyageant avec un médecin Sarrasin et un Juif (quel trio de choc!).
J'ai trouvé ces personnages attachants, l'intrigue bien menée avec tout ce qu'il faut de rebondissements. Bien sûr le cadre historique est fascinant et on sent le travail de recherches mené en amont de l'écriture - et détail important : je ne me suis pas ennuyée une seconde dans de longues descriptions qui n'apporteraient rien au roman.
Le seul bémol qui a volé la 5° étoile à ce livre c'est la pseudo petite histoire d'amour !
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J'ai été complètement captivée par ce livre !

C'est typiquement ce que j'aime dans les policiers historiques : apprendre les moeurs et les coutumes de l'époque au travers d'un récit palpitant et dynamique !
Cela a été mon roman de la semaine dernière et du début de celle-ci

Concernant le roman : Adelia est une femme et pour comble de malchance elle est médecin (donc considérée comme une charlatan au mieux) et … médecin des morts (donc vouée au bûcher pour sorcellerie pour l'époque au pire). Elle est mandée par le Prince de Sicile en Angleterre afin de résoudre une série de meurtres d'enfants ayant pour cadre Cambridge et dont les suspects seraient les juifs. Elle se voit accompagner de Simon de Naples, un grand enquêteur de l'époque (juif), de Mansour son garde du corps (musulman). Bref, un trio inattendu !
Le roman est superbement bien écrit avec juste ce qu'il faut d'allusions historiques pour poser le cadre général du récit et nous permettre de comprendre les manières de vivre et la puissance du clergé dans les décisions de l'époque. Henri II Plantagenêt fait quelques apparitions vers la fin du roman et l'on sent au travers de ses propos qu'il est tiraillé entre les traditions (obéissance à l'église) et la modernité. Ce roi est également celui qui eut une plus grande ouverture d'esprit vis-à-vis de la communauté juive en instaurant par exemple les cimetières juifs dans toutes les villes (avant cela, les juifs d'Angleterre, d'Écosse devaient rapatrier les corps jusqu'à Londres). L'antisémitisme à l'époque est présent et ne se cache pas : les juifs sont considérés comme des êtres bons pour payer des impôts, mais non comme des êtres humains méritant des droits.
En ce qui concerne l'aspect policier du roman, l'enquête est passionnante et rythmée avec des rebondissements ! Les crimes perpétrés sont immondes (enlèvement et meurtres d'enfants après les avoir torturés et disséqués). le dénouement est génial puisqu'il se fait en deux temps : mort de l'un des suspects et procès « arrangé » pour le second.

Enfin, parlons des personnages du roman : nous avons trois êtres de confessions différentes qui vont s'allier pour résoudre cette énigme. le personnage d'Adelia est vraiment incroyable : Son enfance est déjà étrange : elle a été abandonnée au pied d'un volcan et recueillie par une une famille noble et de médecin. Son père adoptif est juif et sa mère adoptive est catholique. Adelia une femme sûre d'elle, de ses connaissances et ne recherchant que la vérité. Pour l'époque elle dénote superbement puisque la femme était juste bonne à se marier et concevoir des héritiers. Sa rencontre avec Rowley Picot va être source de remise en causes pour elle du point de vue personnel et professionnel.

Bref, totalement captivée par ce livre qu'en voyant arrivé la fin, je me suis empressée d'acheter le tome 2 que j'ai commencé. Il semble encore plus dynamique, encore plus WOUAHOUU que le premier avec une guerre civile à éviter entre Henri de Plantagenêt et son épouse Aliénor. de plus, les personnages ont évolués et pour certain de manière étonnante... un indice .. Adelia est maman et le père de son enfant est évêque
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Citations et extraits (34) Voir plus Ajouter une citation
L’auteur de l’herbier, comme la plupart de ses pairs, se référait abondamment à Galien et reproduisait les prescriptions courantes : du laurier pour se protéger de la foudre, de l’épiaire pour se prémunir de la peste, de la marjolaine pour maintenir l’utérus en place – comme s’il était susceptible de vous remonter dans la gorge comme une cerise dans une bouteille ! Pourquoi n’allaient-ils pas y voir par eux-mêmes ?
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- Doux Seigneur, pardonne à ce roi contrit et affligé. Tu sais que Thomas Becket s'opposait à moi en toutes choses, si bien que, de rage, j'ai souhaité sa mort. Péché ! Péché! Car certains chevaliers se sont mépris sur son courroux et, croyant me contenter, s'en sont allés l’occire, abomination pour laquelle Tu T'es en justice détourné de moi. Je suis un vermisseau, mea culpa, mea culpa, mea culpa. Je ploie sous Ta colère, tandis que l’archevêque Becket, élevé à la gloire éternelle, siège à la droite, siège à la droite du Christ miséricordieux, Ton Fils.
Des visages se tournèrent, des plumes se figèrent à mi-phrase, le cliquetis des abaques s'interrompit.
Henri cessa de se marteler la poitrine.
-A mon avis, reprit-il sur le ton de la conversation, le Seigneur ne tardera pas à s'apercevoir comme moi que Thomas est une plaie.
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L'homme est tiraillé entre le Ciel et l'abîme, [...]. Tantôt il s'élève vers l'un, tantôt il bascule dans l'autre. Il est aussi obtus de s'aveugler sur son aptitude au mal que de nier les sommets qu'il est capable d'atteindre. Il se peut qu'à l'échelle des astres, les deux ne fassent qu'un.
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— Est-ce que je ne fais pas régner dans ce royaume une paix telle qu’il n’en a jamais connu ? Par la sainte verge, comment croient-ils que je m’y prends ?
Plusieurs clercs lâchèrent nerveusement leur plume pour approuver du chef. « Oui, Monseigneur. Tout à fait, Monseigneur. »
— Si fait, Monseigneur, confirma Aaron.
— Pas par le jeûne et la prière, je peux vous le dire, poursuivit le roi, recouvrant son calme. Il en faut, de l’argent, pour équiper une armée, payer des juges, écraser les révoltes à l’étranger et financer le train de vie outrageusement dispendieux de mon épouse. La paix engendre la richesse, Aaron, et la richesse engendre la paix.
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Les voilà, ils arrivent. Au loin sur la route, les harnais tintent et de la poussière s’élève dans la tiédeur du ciel printanier.

Des pèlerins revenant de Cantorbéry après Pâques, des médailles à l’effigie de saint Thomas, l’archevêque martyr, épinglées à leur manteau ou à leur couvre-chef – les affaires doivent être bonnes, pour les moines.

Cette caravane constitue un intermède bienvenu au milieu du défilé des carrioles conduites par des paysans aussi fourbus et renfrognés que leurs bœufs, après une journée de semailles ou de labour. Les voyageurs sont bien nourris, bruyants, exaltés par la grâce que leur assure ce pèlerinage.

Pourtant, l’un d’eux, tout aussi exubérant que les autres, est un tueur d’enfants. Et le pardon divin n’a pas cours pour pareil meurtrier.
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