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Paul Benita (Traducteur)
EAN : 9782277070481
377 pages
J'ai lu (28/11/2007)
3/5   6 notes
Résumé :
1969, Foster Cité, Californie. Susan Nason et Eileen Franklin, huit ans, sont les meilleures amies du monde. Le 22 septembre, c'est le drame. Susan a disparu. On ne retrouvera son corps que quelques jours plus tard.
1989. Par un bel après-midi, Eileen Franklin joue avec ses deux enfants. Un regard, un geste de sa petite fille : la scène qu'elle avait enfouie en elle pendant plus de vingt ans resurgit. Susan, qui se débat ; la silhouette menaçante d'un homme b... >Voir plus
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Sins of the Father
Traduction : Paul Bénita

Le 22 septembre 1969, à Foster City, en Californie, disparaissait Susan Nason. le corps de la fillette, âgée de 8 ans, ne sera retrouvé que quelques jours plus tard.
Au soir de ce même 22 septembre, Janice Franklin, dix ans, tente de consoler sa petite soeur, Eileen, meilleure amie de la disparue, avant que l'enfant n'aille se coucher. La petite tremble et pleure. Quoi de plus normal dans le contexte ?
Pourtant, chez les Franklin, rien n'est vraiment "normal" et Janice le sait bien, elle qui a déjà subi des attouchements sexuels de la part de leur père, George. Mais Janice n'a que dix ans et, à cet âge, les adultes, s'ils n'ont pas toujours raison, savent en principe toujours ce qu'ils font. Ce n'est qu'avec les années et le poids accumulé des souffrances que finissent par se déclarer, chez les plus chanceux de ces enfants, la haine et la révolte.
Pour Eileen Franklin, il faudra vingt ans pour que la mémoire explose. En 1989, alors qu'elle joue avec sa petite fille, certaines images commencent à s'imposer à elle : son père violant la petite Susan sur le matelas de sa vieille camionnette tandis qu'elle-même, en larmes, sur le siège avant, ne sait que faire ; puis son père empoignant une pierre et ...
Quand j'ai acheté ce livre, je pensais qu'il y avait un risque pour que tout cela ne fût qu'inventions - même si les enfants maltraités et victimes d'abus sexuels sont légion, il n'en reste pas moins vrai que parfois, nous l'avons vu tout récemment à Outreau par la faute d'une équipe "sociale" indigne de ce nom, les actions reprochées aux adultes n'ont existé que dans l'imagination de leurs accusateurs.
Et puis, bien sûr, j'ai lu. Et mon expérience personnelle m'incite désormais à croire en la parfaite sincérité d'Eileen Franklin.
Tout d'abord, Eileen ne recule pas devant cette vérité intime que connaissent tous les enfants abusés et/ou maltraités : à la haine (furieuse, dévorante) que leur inspire leur bourreau, se retrouve toujours, inextricablement lié, un sentiment antinomique d'amour et d'admiration.
"Comment est-ce possible ?" s'étonneront les profanes. Tout simplement parce que, à l'origine, tout enfant aime son père et sa mère. Et il s'accroche autant qu'il le peut à cet amour, jusqu'à ce que, sous la pression du temps et de la souffrance, il accepte d'admettre la présence conjointe de la haine. Les enfants devenus adultes qui s'y refusent jusqu'au bout abuseront en général à leur tour de leurs enfants et risqueront de devenir - surtout les hommes - des prédateurs sexuels.
Or, lorsqu'elle évoque cette dichotomie de son être, Eileen laisse passer une telle douleur, on la perçoit si profondément écorchée vive qu'on ne peut douter un seul instant de sa véracité.
"Mais pourquoi a-t-elle mis 20 ans à se souvenir ?" dira-t-on encore. Mais c'est là un faux problème en ce sens que l'enfant soumis à de telles pressions fait en général le "noir absolu" dans son esprit après ou au moment même des faits. Ce "noir absolu" correspond à l'évanouissement physique sous le coup d'une douleur trop profonde. Mais ici, c'est pour protéger du basculement dans la folie ou dans le mutisme.
On note encore que, après la mort de la petite Susan, le comportement d'Eileen changea du tout au tout à l'école et que cela joua malheureusement sur l'achèvement de son parcours scolaire. Elle finit même un temps par jouer à l'"escort girl" et l'on sait que le mépris total du corps, ou plutôt le refus de le percevoir comme son propre corps, accompagne dans leur métier les prostitués des deux sexes. Et, ceci n'est plus à démontrer, on rencontre très souvent dans leurs rangs des adultes ayant été abusés dans leur petite enfance.
Le mariage d'Eileen avec un homme de quatorze ans son aîné, qui peut donc jouer le rôle du Père, ainsi que leurs relations souvent conflictuelles, viennent compléter la donne.
D'autre part, si l'on se tourne vers George Franklin, que voit-on ? Un homme marié trop jeune et qui s'adonne à l'alcool et bat ses enfants - tous ses enfants sans exception à ceci près que, après le meurtre de Susan, il ne touchera plus jamais à Eileen.
Ce n'est évidemment pas chose suffisante pour le juger coupable. Susan ne rompra d'ailleurs jamais les ponts avec lui, ce qui donnera lieu au domicile de la jeune femme, à la naissance de sa fille, Jessica, à une scène pénible et choquante qui a probablement contribué à raviver la "mémoire morte" d'Eileen : elle surprend un jour son père en train d'examiner le sexe du bébé avec autant de soin que pourrait en apporter un gynécologue ...
Le jour où la police se présenta chez lui "pour affaire le concernant", George Franklin eut cette étrange réaction : "Vous avez parlé à ma fille ?" dit-il. Et lors de la perquisition qui suivit, on découvrit chez lui des revues pédophiles, des photos et divers objets pour le moins suspects.
Les jurés, d'ailleurs, ne se laissèrent pas prendre aux beaux discours de la Défense : ils condamnèrent l'accusé à la réclusion criminelle à perpétuité.
Un livre qui, en dépit du sujet, n'a rien de tapageur et qui conte, avec sobriété, une histoire que l'on souhaiterait unique en son genre alors que, hélas ! les tragédies de ce genre sont légion. Je recommande d'autant mieux sa lecture que, pas un instant, l'auteur ne s'acharne sur le personnage de George Franklin qu'il dépeint, lui aussi, comme une victime (de son propre père) devenue bourreau. Là encore, c'est bien souvent le cas et même si cela n'excuse en rien l'horreur des crimes accomplis, cela , en tous cas, permet de mieux les comprendre.
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