Le mont Fuji n'existe pas

Moi, je pensais que nous avions touché le fond avec ce roublard de Foenkinos qui, en mal d'inspiration, en vient à interpeler une petite vieille dans la rue pour se trouver une intrigue. Et bien non, pas complètement, voici une autre version de « j'ai la flemme d'écrire un vrai roman, alors je vais bricoler un truc nouveau ».
Imaginez une auteure qui rencontre des gens et leur invente des histoires. Elle ne va jamais au bout de l'exercice, s'arrête en chemin, se contente d'effleurer les sujets - par ennui sans doute. L'éditeur a le toupet de s'enorgueillir d'un nouveau genre littéraire qu'il a appelé « brain porn », c'est-à-dire un procédé selon lequel l'écrivain associerait le lecteur à la construction de son personnage. Ben voyons ! On aurait gagné du temps en choisissant une des solutions suivantes 1) Dire à l'auteure de se mettre au boulot et de revenir avec un manuscrit présentable. Ou 2) Demander à un lecteur plus créatif d'écrire le livre à sa place.
Je ne sais pas ce qui est le plus horripilant dans ce bouquin. le néant du texte ou la tentative de le combler par des références culturelles ou des souvenirs nombrilistes qui nous éloignent encore un peu plus de son propos ?
C'est d'autant plus rageant que la dame sait écrire, qu'elle pourrait mettre sa langue au service d'un récit plus développé, plus poussé, et non d'une suite de balbutiements bien tournés.
Je propose de débaptiser « le mont Fuji n'existe pas » en « le roman de Frappat n'existe pas ». Ou alors, il faudra qu'on m'explique ce que qu'on entend par « roman ». Parce que, là, je doute.
Bilan : 🔪🔪

Du même auteur j'avais adoré Lady Hunt et le dernier fleuve, mais pour moi le Mont Fuji n'existe pas est sans aucun doute son plus beau livre. C'est un magnifique roman spectral, peuplé de revenantes, de fantômes, d'apparitions, et de simulacres. Hélène Frappat y a trouvé une forme nouvelle qui n'a rien à voir avec l'autofiction, puisque c'est le sang de toutes les personnes qu'elle rencontre et transforme en personnages qui coule dans ses veines d'écrivain-vampire. L'histoire commence dans le labyrinthe du Minotaure et la narratrice est Ariane qui conduit le lecteur à travers cette chambre d'écho qu'est la condition humaine. Dans cette période tellement morose, le sens du romanesque et du mystère que Hélène Frappat met en oeuvre dans le Mont Fuji n'existe pas m'a redonné envie de croire en l'amour, en la fiction, et en la richesse de tous ceux qui traversent nos vies, parfois en passagers clandestins. Il y a chez tous les personnages de ce roman une noblesse et une aura unique.

Très très beau livre sur la création littéraire et sur le pouvoir empathique de l'écrivain. Ce que montre Hélène Frappat dans un style à la fois hallucinatoire et d'une grande précision c'est que dans toute personne sommeille un personnage de fiction. Au fond l'autre a toujours une grande histoire à raconter, pourvu qu'on s'intéresse à lui…. Une grande leçon sur notre capacité - notre devoir - à écouter le monde qui nous entoure, et à le sublimer….

Les personnes rencontrées deviennent des personnages de roman ou bien, exactement l'inverse, les personnages de roman inventés par l'auteur deviennent de vraies personnes que l'on croise dans un bar, à la sortie d'une école ou à la plage...
C'est à la fois un peu magique et comme inévitable. le hasard n'existe pas et l'héroïne romanesque est dépassée par la femme de la vraie vie.
Parce que bien sûr entre la vie et la littérature, il n'y a presque rien : un songe fugace, une rencontre provoquée, un train presque raté.
Rêvons avec Hélène Frappat les deux pieds sur terre, c'est encore plus beau, et ce d'autant que le mont Fuji existe vraiment (enfin peut-être).

Loupé
Ni intérêt, ni sens... Et tromperie de l'éditeur sur la quatrième page de couverture ... mais je suis un mauvais lecteur.
Probablement un livre écrit sur une page blanche... qui n'aurait jamais du être publié...
Bref, il ne suffit pas d'avoir une "idée" pour écrire...
Bref, toujours, un échec de lecture !