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EAN : 9791097079352
300 pages
EDITIONS DU DETOUR (22/03/2018)
3.62/5   4 notes
Résumé :
David Frayne trace d'abord une limpide théorie historique du travail, convoquant Calvin, les grands utopistes, Marx, Keynes et de nombreux autres jusqu'à André Gorz. Son but est de mettre en évidence la construction pro gressive du travail comme alpha et omega de notre insertion dans la société, et la provocation que constitue, de fait, l'idée de défendre une autre vision du bonheur. L'aliénation du travail contraint, les souffrances psychiques ou physiques, ne sont... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Commençons par le plus étonnant. David Frayne est un sociologue britannique qui a souhaité se pencher sur un phénomène qui grandit même s'il demeure invisible, celui du refus du travail par des individus qui estiment que leur temps pourrait être mieux employé. Attention, il ne s'agit pas de marginaux ou de descendants de hippies. Non, ce sont des gens normaux qui s'inquiètent tout simplement de ce que le travail aspire leur énergie, leur santé, leur temps, les confine dans un rapport prédéterminé à une société de production et de consommation sans qu'ils y trouvent une réelle satisfaction et encore moins l'épanouissement promis par les chantres de l'accomplissement par le travail.

Le sociologue commence par revenir sur les grands concepts autour du travail, de sa définition à l'évolution de son rôle dans une société de plus en plus libérale. L'occasion d'explorer les théories et discours de nombreux économistes, avec une nette préférence pour les écrits d'André Gortz... C'est limpide, très pédagogique et extrêmement facile à lire, je vous rassure. Et ce tour d'horizon est destiné à mettre en lumière l'une des nombreuses contradictions véhiculées dans nos sociétés modernes : l'épanouissement par le travail est une promesse de moins en moins réaliste de par l'incapacité des entreprises et des institutions à proposer des postes dans lesquels les individus ont l'impression d'exercer leurs capacités de façon optimales. D'où la perception de décalage de plus en plus grand entre aspirations et réalités, menant parfois à des souffrances extrêmes. Autre constat : le travail détermine l'individu et ne pas en avoir revient presque à ne pas exister. Conséquence : à chaque étape de sa vie, l'individu n'est guidé que par la construction de son sésame, l'employabilité. Depuis son parcours de formation jusqu'à la gestion de sa carrière. La notion de plaisir est ainsi gommée au profit de celle d'efficacité. Ce qui éclaire par ailleurs le débat qui a lieu en ce moment autour de l'Université qui oppose partisans d'une orientation utile à ceux d'un libre choix. Je ne peux pas résumer ici l'ensemble du propos mais sachez qu'il permet de faire un point très complet sur le rôle du travail dans nos vies et de ses incidences sur nos logiques personnelles et nos façons de planifier nos vies.

Dans une seconde moitié du livre, David Frayne entre dans le récit et l'observation des quelques individus qui tentent de faire autrement. Réduire la place du travail dans leurs vies au profit d'autres activités, voire refuser carrément le travail. Il décortique leurs parcours, leurs motivations, les difficultés auxquelles ils se heurtent au point parfois de jeter l'éponge. Tout ceci sans juger ni faire de prosélytisme mais en cherchant à être attentif à ceux qui veulent croire qu'un autre modèle est possible. Pas de conclusion, pas de certitudes assénées mais l'invitation (très tentante) à poursuivre la réflexion :

"En fin de compte, il est indéniable que travailler donne accès à toute une série de plaisirs essentiels : pas toujours dans le processus de production lui-même, mais dans l'interaction sociale qu'il implique, les rétributions monétaires, le statut social, la possibilité d'avoir une existence publique. Toutefois, je demande simplement pourquoi notre droit à toutes ces choses dépend de notre soumission au travail - une activité qui relève souvent de l'exploitation, nuit à l'environnement et qui en plus est rare ? "
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
En fin de compte, il est indéniable que travailler donne accès à toute une série de plaisirs essentiels : pas toujours dans le processus de production lui-même, mais dans l'interaction sociale qu'il implique, les rétributions monétaires, le statut social, la possibilité d'avoir une existence publique. Toutefois, je demande simplement pourquoi notre droit à toutes ces choses dépend de notre soumission au travail - une activité qui relève souvent de l'exploitation, nuit à l'environnement et qui en plus est rare ?
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