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Critique de gianro


A l'orée de la nuit pourrait faire penser à un roman policier: il y a un meurtrier,des crimes,de l'argent volé, des poursuites, des vies abîmées...
Il y a deux enfants qui ont été témoins de l'assassinat de leur mère par leur beau-père, celui qui
recherche cet argent que la mère a caché avant d'être tuée. Les enfants ont aussi été victimes de violences de la part de cet homme et se sont réfugiés dans le silence, une sorte de mutisme animal qui leur donne une apparence de jeunes sauvages un peu idiots.
Les enfants sont placés chez leur tante qui habite une vieille et immense maison abandonnée prés d'un lac, au bout d'une route sans issue.
Bud, le meurtrier, retrouve les enfants, fouille la maison, menace: les deux gamins s'enfuient dans la montagne avec une vieille jument pour échapper à cette folie des adultes.
La tante, son ami, des villageois se mettent à la recherche des enfants, ainsi que Bud.
Ainsi résumé, cela ressemble en effet à un roman policier qui n'est pas sans faire penser au beau film de Charles Laughton, La nuit du chasseur. Pourtant, l'essentiel n'est pas là mais dans l'attention accordée à ce qui, dans un roman policier,n'a généralement que peu d'importance: le paysage, les sensations visuelles, auditives olfactives.
Luce, la tante qui recueille les enfants et s'occupe patiemment de les ramener à l'humanité, mène une vie rude mais librement choisie. L'argent et le travail n'en sont pas le centre. Elle se contente de peu, se nourrit avec ce qu'elle cultive, vit au jour le jour et solitairement, aime lire, écoute de la musique le soir. Au centre de son existence, il y a ce qu'elle appelle les compensations de la solitude: « voir pousser les légumes et, à l'automne, les oiseaux qui passent en vagues successives, leurs appels chantant les terres lointaines et d'autres paysages et puis la tristesse et le courage des nouvelles pousses condamnées qui jaillissaient de vieux châtaigniers flétris. Et, le soir, on pouvait sortir et regarder partout et ne pas voir la moindre lumière, simplement les silhouettes noires des montagnes sous le ciel charbonneux et les étoiles. »

Contemplation, attention accordée aux infinies variations des couleurs de la terre aux différentes heures du jour, sorte de pratique zen accordée aux choses du quotidien. le beau roman de Frazier témoigne, comme d'autres grands romans américains, que si une vie au plus prés da la nature ne vous lave pas des souillures que la vie vous a infligé, elle possède un pouvoir d'apaisement incomparable.
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