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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
La montagne apaisante, Luce une jeune femme seule dans une maison isolée au bord d'un lac a accueilli Dolores et Franck deux enfants en colère qui ont vu et entendu des choses qu'ils n'auraient pas dû voir ni entendre. Stubblefield, un homme capable de rendre heureuse une femme seule et blessée. Lit, le flic de la région expert en arts martiaux et en amphétamines et puis la violence sourde qui rode et qui s'approche inexorable, Bud tout en haine et en muscle est persuadé que les enfants savent où est le magot.

Nous sommes dans les années soixante, mais ce pourrait être un western. La nature hostile et bienveillante à la foi sert d'écrin à un drame intimiste où une famille décomposée tente de se recrée. du white trash aride et intimiste mais avec une lueur d'espoir.

L'écriture étonnante de Charles Frazier nous emporte, capable de digression sur la beauté sauvage de la nature, des phrases longues et souples, puis des raccourcis rapides dans l'action. le lecteur sans cesse surpris reste donc toujours en alerte. Maitrisé, efficace et féministe, Charles Frazier a écrit un roman de la décroissance. A lire.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Une très belle découverte qui m'a emmenée dans de longues balades «à brûler quelques litres d'essences» au travers de paysages forestiers de montagne chaotiques et menaçants, sur des chemins de terre, le long d'une gorge sombre ou autour d'un lac apaisant. Des panoramas vertigineux, à couper le souffle. «...de vertes vallées à des centaines de mètres [...], des montagnes bleues et circulaires, de plus en plus éloignées au point de se fondre dans le ciel». de la poésie, mais pas que dans ce nature writing qui se transforme sous nos yeux en un thriller déconcertant, haletant sur la fin, alors que la majorité de cette lecture est lente, calme et sensible, subtile ... oui pour un thriller ça peut paraître déroutant ;-)
Les personnages sont très attachants.
Luce, jeune femme blessée, violentée par la vie, retranchée dans un ancien pavillon de chasse isolé, hors du monde,et du temps, dont les désirs ne sont pas chiffrables en dollars «Ce que je désire le plus [...], c'est pouvoir imiter le chant de tous les oiseaux des environs.». Elle trouve de nombreuses compensations à cette solitude : parmi elles, celle de prendre le temps ... de voir pousser les légumes, d'observer les animaux, d'écouter les oiseaux chanter, «ne pas voir la moindre lumière, simplement les simples silhouettes noires des montagnes sous le ciel charbonneux et les étoiles qui brillaient tout là-haut.» Elle m'a beaucoup plu Luce !
«Elle ajouta qu'elle essayait autant que possible de s'affranchir de cette mauvaise idée qu'était l'argent. Sinon, quand on prenait un boulot, on vendait inévitablement son temps à quelqu'un qui en faisait peu de cas. Luce, à l'inverse, accordait beaucoup de valeur à son temps. Luce avait tout compris. Il fallait vivre loin de conneries du commerce. Utiliser aussi peu d'argent que possible.»
Les jumeaux, Dolores et Frank, jumeaux violents et pyromanes, enfants terribles qui vont troubler la tranquillité de Luce, qui se voit confier la garde de ses neveux, suite au décès de leur mère. Des enfants qui ont été témoins de l'horreur, violentés, ayant de ce fait perdu leur innocence et qui se réfugient dans le silence. Luce va avoir à jouer le rôle d'une mère. Qu'est ce qu'une mère justement ? Une bonne mère ? Est-elle armée pour assumer ce rôle ?
Bud, personnage exécrable, pour qui le sang vient à bout de tous les obstacles, et qui va plonger tous les protagonistes dans une nuit glaçante.
Sans oublier, Stubblefield junior, héritier du domaine dans lequel Luce vit, et qui amène un peu de douceur et de réconfort dans ce monde âpre et amer, ainsi que Maddie, la charmante voisine de Luce.
La psychologie des personnages est très approfondie, et l'intrigue est très solide, développée lentement.
Juste un petit bémol, quelques dialogues un peu terre à terre, qui m'ont parfois fait sortir de ce décor.
Mais un bémol qui n'enlève rien à la qualité de ce roman, qu'il faut prendre le temps de savourer. Charles Frazier a l'art de nous dessiner les paysages et de nous embarquer au coeur d'une course poursuite dans une nature sauvage et menaçante. Nous sommes spectateurs d'une projection très réussie. L'écriture est vive, belle et envoûtante.
Un hymne à la reconstruction, à la nature et à l'amour. Une très belle aventure que j'ai eu du mal à quitter !
Charles Frazier, j'ai hâte de vous lire encore, de découvrir Retour à Cold Mountain. Merci !
Lien : https://seriallectrice.blogs..
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Charles Frazier, né en 1950 à Asheville en Caroline du Nord, est un romancier américain. Il élève actuellement des chevaux dans une ferme près de Raleigh en Caroline du Nord, où il vit avec sa fille et son épouse qui enseigne la comptabilité. Son premier roman, Cold Mountain (1997), l'a propulsé aux premiers rangs des grands écrivains américains contemporains, surtout après qu'il ait été adapté au cinéma par le cinéaste britannique Anthony Minghella en 2004 avec Jude Law et Nicole Kidman à l'affiche. Son troisième ouvrage, A l'orée de la nuit, est paru en 2014.
Au coeur des Appalaches, Luce une jeune femme au passé difficile après un viol, vit seule en pleine cambrousse, jusqu'au jour où l'administration lui confie la garde de Franck et Dolorès, les deux gamins jumeaux de sa soeur Lily, assassinée par Bud son époux, sous leurs yeux. Les deux gosses traumatisés, se sont retranchés dans le mutisme et des réactions imprévisibles autant que violentes. La vie de Luce va se retrouver chamboulée à un plus d'un titre. Devoir rééduquer les deux enfants, si c'est encore possible ; gérer les approches bienveillantes de Stubblefield, son nouveau propriétaire, alors qu'elle fuit les hommes depuis plusieurs années ; et surtout, faire face à une menace mortelle, le retour au pays de Bud, innocenté par la justice, venu reprendre un magot (produit de ses rapines) qu'il pense détenu par les mômes…
Passons rapidement sur la vague ressemblance entre cette course au magot et le célèbre film, La Nuit du chasseur avec Robert Mitchum. Une parenté évidente mais sans suite, point final. Quand un roman débute par une phrase aussi simple mais aussi lourde de sous-entendu que : « Les nouveaux enfants adoptifs de Luce étaient beaux, menus et violents » vous pouvez vous attendre à un bon bouquin, la suite vous démontrera que vous étiez en-dessous de la vérité. Tout est parfait dans ce roman !
J'ai adoré le style et l'écriture de Charles Frazier, très détaillée de ces détails qui trahissent le vécu ; exsudant un amour immodéré pour la nature ; et ce rythme – un aspect auquel je suis particulièrement sensible – que je qualifierai de majestueux, c'est-à-dire pas très rapide mais loin d'être mou, fait de phrases bien dimensionnées procurant à la lecture, l'équivalence d'un bon vin restant en bouche lors d'une dégustation. La narration avance, envoûtante, car le récit s'enrichit à posteriori d'informations cruciales sur les liens entre tel ou tel, ou bien de pans de vie de chaque acteur, ce qui renforce la dramaturgie. de plus l'écrivain néglige une chronologie basique trop simple tout en évitant une alternance de passé/présent bien usée, il mène sa barque, et nous avec, dans une voie médiane plus attrayante intellectuellement parlant.
Jamais l'écrivain ne force le trait, il y a de la violence, une poursuite, du suspense, mais pas dans le sens traditionnel d'un thriller, Charles Frazier la joue plus subtile, utilisant la fascination pour sidérer son lecteur. Même la fin est réussie, un écueil particulièrement coriace en général mais ici, astucieusement négocié.
J'ai emprunté ce livre à ma médiathèque municipale, en fin d'ouvrage sur le petit carton réservé aux avis des lecteurs, quelqu'un a écrit « Ennuyeux ». Comment peut-on porter un tel jugement sur ce roman ? Personnellement, je le trouve magnifique pour ne pas dire plus.
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Ce récit est celui des grands espaces américains, où la nature est omniprésente et dicte la vie des communautés humaines qui s'y sont aventurées. C'est aussi celui de la violence, des non-dits et de la résignation.

L'histoire se situe dans les années soixante, au fin fond des Appalaches et de paysages grandioses, où Luce et quelques autres, des anciens, observent le monde moderne s'emparer de la petite ville située de l'autre côté du lac. Cette petite communauté se recentre sur l'essentiel, les saisons et la nature, les animaux qui ne s'observe qu'en dehors de l'animation des villes.

Le temps dont il est question ici est aussi un facteur essentiel de ce texte. Charles Frazier prend le temps de nous immerger dans des lieux, de nous faire découvrir des personnages, de nous faire partager leur histoire, souvent malheureuse, toujours triste. On ne rigole pas dans ce livre, le sujet est grave, pesant. La nature est grandiose et pesante à la fois, elle impose son rythme à la communauté. Les habitants de ce petit bourg sont également sombres : tenant de s'affranchir de la Loi pour défendre leurs prérogatives, ils ne sont jamais rappelés à l'ordre, le shérif et son adjoint défendant également leurs intérêts. La violence s'exprime parfois, elle est toujours latente, renforcée par cette loi du silence qui s'abat sur chacun, sur les plus faibles avec encore plus de force. Cette violence n'est jamais flamboyante, elle transpire dans les comportements de la communauté. Elle prend son temps mais reste omniprésente, et avec elle, la peur.

Ce récit est tout en longueur, lent souvent. Il faut se glisser dans le rythme de l'auteur et prendre le temps avec lui, sortir de nos trépidations pour prendre le temps d'apprécier pleinement ce texte. J'ai résisté au début du livre, espérant que le tempo s'accélère. Puis j'ai compris que l'auteur souhaitait nous guider lentement dans l'univers de Luce, plein de petites choses qui en font la richesse : la nature bien sûr, mais aussi les quelques amis précieux, les enfants, le temps, le silence, la solitude, et la musique sur un vieux gramophone, la musique tellement importante tout au long de ce roman et qui donne beaucoup de densité au texte. En fait, il me semble que le lecteur gagnerait beaucoup à accompagner sa lecture des musiques évoquées dans ce livre.
Lien : http://itzamna-librairie.blo..
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A la fois chantre d'une certaine nature, d'un cadre de vie sylvestre que l'on imagine aisément par les descriptions minutieuses de l'auteur, à la fois histoire d'amour et de renaissance, et montée en puissance d'une vengeance familiale qui se met en place insidieusement, ce roman est riche, complexe, parfois déroutant, angoissant et reposant à certains égards.
Il demande un peu de temps au lecteur pour s'installer. Il peut, à certains moments, ennuyer par des sensations de longueurs, et de lenteur. Il m'a en quelque sorte imposé une pause qui aurait pu lui être fatale. Au contraire, quand je l'ai retrouvé j'avais enfin pris son tempo pour ne plus le lâcher. C'est à ce moment –là que j'ai pu apprécier la qualité de traduction, la construction pas à pas des personnages, et la mise en place de cette histoire largement dominée par les forêts, et des êtres cabossés par la vie.

J'ai longtemps douté ; me suis souvent posé la question d'aller ou pas au bout de ma lecture. Je ne regrette pas de lui avoir donné le temps nécessaire afin de l'apprivoiser, et de laisser germer en moi l'envie de découvrir ses précédents ouvrages.

Lien : http://leblogdemimipinson.bl..
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J'ai repris la lecture de Charles Frazier, j'avais envie de nature… Après Retour à Cold Mountain et Treize Lunes, je retrouve les vieilles montagnes, les vallons profonds et les crêtes des états du sud.

Une thématique habituelle ; une femme esseulée et solide- Luce- vivant seule au début, des hommes du cru et pur jus, à savoir souvent sauvages, buvant beaucoup et ayant peu de respect pour la femme. Donc une société sauvage dans une nature sauvage. Dans la sauvagerie humaine, il y a toutefois des nuances… et un homme en particulier va sortir du lot dans le bon sens du terme.

Frazier nous mène très lentement mais surement dans le tableau ; il faut un peu de patience et savourer avec lui la nature, les couleurs, les crépuscules, les saisons, la neige qui reste dans le creux d'une feuille.. du pur Frazier ! Oui, il aime le bois et les matières et les décrit très souvent. Les humains sont là, depuis le début, mais certains on les devine, pas toujours clairement. Par petits pas, on découvre, on saisit, on comprend pourquoi. Les dégâts dans leurs vies sont là, les carapaces aussi. Quand on a eu des parents totalement immatures et irresponsables, on peut toujours survivre. Cette horrible mère, Lola, mon Dieu.

Les armes sont partout, on comprend que cela fait partie intégrante de la société américaine et depuis très très longtemps. Une vie, elle ne vaut pas grand-chose si c'est pour défendre son territoire, son opinion ou sa survie.

Le traducteur est resté très proche à l'américain, ce qui est parfois déroutant mais juste : on s'habitue vite au jonglage entre le « il » et le « tu » (you), pour dire presque « on ». Cela crée une certaine distance, presque humoristique par moment.

La dernière partie est pour moi la meilleure ; les recherches pour retrouver les enfants, le tableau du campement des chasseurs un peu ivres ; majestueux. La fuite des enfants sur le dos du cheval avec leur astuces de survie, les feux ; très beau. La traque de Bud avec ses raisonnements perdus…

Dans ce livre, il y a aussi de la sagesse : les 2 enfants (traumatisés mais pas si « débiles » que ça) vivent dans le présent, leur tante Luce, aussi. Ne pas se préoccuper du futur, ni se faire trop de soucis ; pour avancer, faire un pas après l'autre et regarder droit devant.

Ce Frazier, c'est quand même un très bon écrivain !

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Quel roman fascinant ! Je ne connaissais rien au "nature writing" si cher à la littérature américaine contemporaine et je suis sous le charme !
D'une plume à la fois vive et calme, Charles FRAZIER nous transporte au bord d'un lac des Appalaches où les personnages sont en lutte permanente : l'héroïne, Luce, si douce (elle m'a fascinée !), s'acharne à sortir les deux enfants de sa soeur de leur mutisme et à les guider par-delà leur traumatisme ; Bud, le meurtrier, se cherche un alibi pour approcher les enfants ; les hommes du coin composent avec une nature souvent hostile, et chacun se bat avec ses propres démons...
J'ai lu de magnifiques lignes sur la beauté sauvage de ce coin des Appalaches, adoré la démarche écolo de l'héroïne et de son agriculture d'auto-subsistance, la découverte d'endroits perdus et dangereux de la forêt.
J'ai aimé aussi la tension qui monte progressivement, les digressions sur la psychologie des personnages, ressenti beaucoup d'empathie pour presque chacun d'eux (et même parfois pour Bud !).
Bref !! Un sacré bon moment de lecture, et une histoire qui reste en mémoire, encore...
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Tout commence simplement avec Luce une jeune femme, vivant seule au calme, gardienne d'une maison au bord d'un lac, plus à l'aise avec la nature qu'avec les êtres humains. Mais, quand sa soeur Lilly, assassinée par Bud son mari violent, elle se voit confier la garde des deux enfants. Des jumeaux mutiques, fuyants et liés l'un à l'autre par leur traumatisme. Jusqu'à ce que Bud vienne s'installer dans le coin à trafiquer et surtout dans le but de récupérer un pactole de sa femme qu'il croit en possession de Luce. C'est un voyage au coeur de la nature sauvage où persiste encore la trace des indiens.
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