Qui sait gouverner son corps sait gouverner un pays, psalmodiait Wudong.
Au royaume de Qi, l'écrit était vénéré comme une relique sacrée. Les scribes étaient rares et plus encore les écrits. Les bibliothèques étaient considérées comme des sanctuaires contenant des trésors nationaux, elles étaient plus sévèrement gardées que des prisons. Quiconque volait un livre ou, a fortiori, le détériorait, était puni de mort. P.160
C'était un immense disque percé au centre, un Bi de jade noir constellé de minuscules particules argentées et dorées disposées comme autant d'étoiles parsemant un ciel de pleine lune dépourvu de nuages.
En fixant son regard sur la surface de l'objet, le marchand eut l'impression qu'il tenait dans sa main tout le firmament qui surplombait la terre lorsqu'il faisait nuit. Il se pinça pour être sûr qu'il ne rêvait pas. Non, les étoiles surgies des profondeurs de la pierre étaient bien là, minuscules et brillantes comme des astres.
"Regarde donc l'espace sombre,
Dans la chambre vide surgit l'éclatante blancheur.
Le bonheur est là où tout mouvement s'arrête."
La reine ferma les yeux. Elle voyait à son tour cette masse blanche et lumineuse qui lui faisait penser à un cocon de ver à soie.
Mais depuis que le Bi noir etoile l'avait amene chez la pretresse du pic de Huashan, tout cela paraissait derisoire.
Il croyait, jusqu'alors, avoir definitivement choisi entre la fortune et la gloire. Il s apercevait a present qu'il n'en etait rien.
Pouvait-on construire sur le mensonge et le ruse - même si le premier s’avérait pieux, et la seconde destinée à la bonne cause?
- Lorsque ce que l'on enseigne est si vrai et juste que ca devient genant. Dans certains lieux, dire la verite est pris pour une insulte!
- Quoi de plus beau qu'un cheval celeste entoure de chevaux nuages..., murmura songeur, le marchand.
Ici, l'Empire au centre du monde. La terre ouverte au labeur des vivants. Le continent milieu des Quatre-mers. La vie enclose, propice au juste, au bonheur, à la conformité.
Où les hommes se lèvent, se courbent, se saluent à la mesure de leurs rangs. Où les frères connaissent leurs catégories : et tout s'ordonne sous l'influx clarificateur du Ciel.
Victor Segalen, Stèles
Les nuits et réveils paraissent difficiles à ceux qui sont hantés par l'idée, qui leur fait horreur, qu'un jour ils vont passer de vie à trépas. Plus ils sont vieux et faibles, plus proche est l'échéance, et plus ils la redoutent. Leur sommeil est un calvaire.