Nous possédons des facultés qui sont devenues supra-liminales sous l'influence de la lutte pour l'existence. Mais nous en possédons d'autres que la lutte pour l'existence a laissées intactes et qui sont restées subliminales. Le moi supra-liminal n'a pas accès à ces dernières facultés. Mais, à la suite d'un hasard de l'évolution ou d'un exercice quelconque, il se produit en un point une communication entre les différentes couches de notre être, et une faculté subliminale apparaît au grand jour de la conscience supra-liminale.
Un psychologue américain et un psychologue français ( M. Scripture, in American Journal of Psychol., IV, 1 avril 1901 ; M. Binet. in Revue philosophique, 1896. L'article de M. Binet se rapporte principalement à Jacques Inaudi, le prodige le plus récent, qui diffère des autres en ce qu'il est du type auditif plutôt que visuel. Son don a été découvert pendant son enfance. Son intelligence générale est au-dessous de la moyenne. Un autre prodige récent, Diamanti, semble au contraire avoir une intelligence générale plus ouverte.) ont réuni quelques explications fournies par ces prodiges sur leur méthode de travail. Mais le résultat a été bien maigre, quoique les données que nous possédons suffisent à montrer qu'en réalité le travail avait commencé par être subliminal, l'effort conscient ou supraliminal était soit totalement et absolument absent soit n'entrant en jeu qu'après que la faculté en question eût subi un exercice prolongé, au point de faciliter les communications entre les deux couches. Le prodige arrivé à l'âge adulte et qui reconnaît les artifices arithmétiques auxquels il avait eu recours étant garçon ressemble à ces sujets hypnotisables exercés par la suggestion à se souvenir pendant la veille des événements qui se sont passés pendant le sommeil hypnotique.
A partir de ce moment sa faculté de perception supra-normale est susceptible de gagner aussi bien en étendue qu'en profondeur. Le sujet peut devenir capable de communiquer avec le passé et avec l'avenir, de participer à des événements qui s'accomplissent loin de lui, et cela par des moyens qu'on ne peut qualifier autrement que de supra-normaux, car aucun de nos moyens normaux, ordinaires, reconnus par la science, n'est à même de nous fournir les renseignements et les connaissances qui parviennent au sujet dont les facultés subliminales ont acquis ce degré de tension et d'acuité.
Tout homme est à la fois profondément unitaire et infiniment complexe ; il hérite de ses ancêtres terrestres un organisme multiple et pour ainsi dire « colonial », polyzoïque et peut-être aussi poly-psychique au plus haut degré, mais en même temps une âme ou un esprit absolument inaccessible à nos moyens actuels d'analyse et qui dirige et unifie cet organisme, âme qui a pris naissance dans un milieu spirituel ou méta-éthéré, et qui, lors même qu'elle est incarnée dans un corps, reste en communication avec ce milieu et y retourne après la mort corporelle.
La question qui importe le plus à l'homme est celle de savoir s'il possède ou non une âme immortelle, ou, pour éviter le mot immortelle qui appartient au domaine de l'infini, si sa personnalité implique un élément quelconque susceptible de survivre à la mort corporelle. Les terreurs les plus graves, les espoirs les plus hardis qui aient jamais été capables d'opprimer et de stimuler les esprits mortels, ont toujours été liés à cette question.