Parfois, on n'a pas la force d'entendre à quel point les autres sont heureux déclare t-elle. Et comme ils ont réussi.
Il suffit de songer à l'insurmontable défi que représente le simple fait de rencontrer une personne avec laquelle on puisse vivre, et qui ressente la même chose pour vous, qui n'ait pas de casier judiciaire et ne soit pas interdit bancaire. Qui ne mente pas, ne trompe pas et ne possède pas de tare psychique majeure. Et qui, en plus vit à une distance géographique raisonnable, si possible dans la même province. Qui soit gentil et un peu rigolo.
Aller de l'avant ; les autres directions n'existent pas.
« Pour sa mère et son père, cela n’a aucune importance que Calle appartienne à leur monde ou pas.
Ils l’acceptent tel qu’il est et le considèrent comme un membre du clan à part entière.
Ses amies , elles, n’ont pas compris .
Elles se demandent ce que Fanny lui trouve.
Ce Provincial obsédé par l’ascension sociale .... »
C'est pour cette raison qu'ils sont ici,se dit Fanny. Parce que Calle pense qu'une visite dans sa ville natale va pouvoir le faire changer d'avis.Elle a plutôt l'impression de s'éloigner de lui à chaque kilomètres qu'ils parcourent.Il vient d'un endroit qui est très,très loin de son territoire.A tous points de vue.
Ce n'est pas facile. Le couple.
La logique impitoyable de la terreur qui voulait qu’un gain important ait sa contrepartie naturelle, que le destin faisait toujours payer un lourd tribut aux gens comme elle.
Le prix à payer pour avoir eu la chance de quitter la rue du Bonheur.
Qu’est-ce qui l’attendait ? Car quelque chose devait bien l’attendre. Quel terrible châtiment allait s’abattre sur elle ? Vingt millions de couronnes ne peuvent pas tomber sur une personne sans qu’elle ait fait quoi que ce soit pour les mériter.
Voilà ce qu’elle pensait, allongée sous son plafond en pente. Qu’elle avait à présent contracté une dette qu’elle devrait rembourser tôt ou tard. Et que le pire serait que le destin décide de s’en prendre à ses enfants.
- Vous voulez continuer à travailler malgré [ le gain du loto ] ?
Johanna réfléchit.
- J'aime avoir un endroit où aller, répond-elle. Tous les jours.
Derrière la porte de la salle de bain fermée, elle s'assied au bord de la baignoire, prend une serviette et la presse contre son visage et sa bouche pour ne pas réveiller les filles avec ses sanglots. Ils n'appartiennent qu'à elle et elle tient à les accueillir seule.
Elle a juste le temps de se connecter sur Internet pour vérifier le résultat du tirage d'hier soir...