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Critique de Colchik


Voici l'inspecteur van der Valk expédié avec son épouse dans la Drenthe, une province nord-orientale des Pays-Bas. Un mystérieux corbeau sévit dans la petite ville où il se présente sous la couverture d'un fonctionnaire enquêtant sur les transformations sociologiques de la région. le bourgmestre déplore deux suicides qui sont la conséquence directe des missives adressées par le corbeau aux habitants de la ville.
Comme à son habitude, Nicolas Freeling excelle à présenter le décor de son intrigue. Il nous dépeint une petite ville cernée par les tourbières et les canaux de drainage qui collectent les eaux noirâtres de cette zone humide. La population a connu pendant des siècles une pauvreté effroyable et la modernité, qui prend les allures de quelques usines flambant neuves, bouleverse le fonds religieux ultra conservateur de la population. La prospérité, l'installation des nouveaux venus, l'urbanisation n'ont pas mis fin à l'extrême conformisme des habitants, le contrôle féroce de la communauté sur l'individu et la détestation de tout ce qui pourrait s'apparenter à des moeurs dissolues. le corbeau, dans un sabir religieux menaçant, s'attaque à ceux dont la moralité serait entachée par des pratiques sexuelles déviantes ou par des aventures extra-conjugales. Ses accusations sont invraisemblables mais, dans une petite ville où chacun s'épie et se juge, elles font des ravages chez ceux qui craignent de perdre leur honorabilité.
van der Valk peine à avancer dans son enquête car les langues ne se délient pas facilement. Il aime à se rendre chez un vieux Juif, traducteur de notices techniques pour les firmes installées dans le coin, que l'on avait soupçonné un moment être l'auteur des missives incendiaires. La culture du vieillard lui plaît, sa distance et sa discrétion l'intriguent, son destin tragique de rescapé de la folie nazie l'éloigne à tout jamais de ses congénères.
Coup double, van der Valk est, sans le savoir, confronté à deux énigmes. La découverte du corbeau n'est pas la plus surprenante. La conscience de l'inspecteur va être sollicitée de la manière la plus radicale qui soit, quand l'estime doit laisser la place au dégoût et à l'effroi devant la profondeur de la tragédie humaine.
Une nouvelle fois, van der Valk, dont le non conformisme l'amène à choisir les êtres les plus étranges, est confronté à l'idée de la justice (celle des hommes, celle de Dieu, celle du destin... ?) et à la faiblesse intrinsèque des êtres humains. Heureusement, il y a la généreuse Arlette pour panser ses blessures.
On peut deviner, avant l'aboutissement de l'enquête, l'identité des deux personnages dont van der Valk perce les secrets. Là n'est pas le principal intérêt du roman. Il réside plutôt dans cette plongée que nous faisons dans la mentalité étriquée d'une province, dans la galerie de personnages dont la plume acérée de Freeling dessine un à un les petites mesquineries et compromissions, les lâchetés. Une peinture au vitriol de la médiocrité.
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