AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Bernard de Fréminville (Auteur de la postface, du colophon, etc.)
EAN : 9782070425914
288 pages
Gallimard (20/11/2003)
3.74/5   17 notes
Résumé :
Des médecins, adeptes des chocs chimiques et électriques, soumettent les internés à l'horreur. Ces bourreaux, convaincus des vertus thérapeutiques de la douleur, de la peur et de l'humiliation, sont sauvagement exécutés par des érudits. Mais qui sont-ils ? Pourquoi traquent-ils Octave Lepgorin, un psychanalyste qui pourtant, comme eux, clame que les neuroleptiques soignent les institutions et non les fous ? Un drôle de flic féru d'histoire médiévale mène l'enquête d... >Voir plus
Que lire après Petites morts dans un hôpital psychiatrique de campagneVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
C'est une découverte plutôt étrange et macabre que fait Octave Lepgorin, psychanalyste en rentrant chez lui pour accueillir son premier rendez-vous : un travesti bavant, écumant, vomissant dans son salon… Nulle porte fracturée mais un message menaçant posé à côté du téléphone, lui annonçant sa mort programmée et le mobile à l'asile de Prémont. Au volant de sa Peugeot 203 dans laquelle il découvre une nouvelle menace écrite au rouge à lèvres écarlate sur son pare-brise, il prend la route pour Prémont chez son ami psychiatre Charles Koberg. C'est en compagnie de ce dernier, de sa femme Annette et d'une charmante rousse, Geneviève, qu'ils découvrent une vidéo digne du pire film d'horreur…Trochin, un psychiatre de l'asile, a été torturé et mutilé de façon horriblement barbare, rappelant des méthodes utilisées en psychiatrie au 19ème siècle pour soigner entre autres les hystériques…

L'inspecteur Mathieu Gambié, amateur lui aussi de 203 et d'histoire médiévale, d'ouvrages sur la chasse aux sorcières, l'inquisition, qui offrent des descriptions détaillées de possédées qui deviendront les hystériques, forme avec Octave un couple atypique pour dénouer les fils de cette ténébreuse affaire. En effet plusieurs meurtres ont suivi le premier dans ces lieux couverts de brume, habités par un passé encore très présent, dissimulant dans ses souterrains d'obscurs cachots, malgré les méthodes médicamenteuses qui semblent plus douces…mais il y a-t-il un remède à la folie ? Les psychiatres ne sont-ils pas menacés d'un sentiment de surpuissance, détenant un pouvoir pouvant facilement déraper ? Et de la camisole de force, contrainte sur les corps, à la camisole chimique, qui agit sur l'esprit, du pouvoir des institutions à celui des laboratoires, le progrès est-il réel ?

Michel Steiner nous offre un polar original, en profitant pour dénoncer certaines méthodes de la psychiatrie, le tout avec beaucoup d'humour, des personnages déjantés à souhait, des dialogues savoureux, des décalages chronologiques qui mêlent les époques, répondre à un portable dans une voiture des années 50 tout en évoquant une bulle papale du temps de l'inquisition… Il pose de vraies questions tout en nous emmenant dans une enquête endiablée, ne nous épargnant pas quelques scènes bien sadiques… Un régal, une belle découverte, même si au final on ne sait toujours pas qui sont les plus fous… les internés ou ceux qui les enferment ?
Commenter  J’apprécie          294
Petites morts dans un hôpital psychiatrique de campagne est en fait un manifeste anti-psychiatrique. Les meurtres de plusieurs psychiatres sont l'occasion pour M. Steiner de nous relater l'histoire de cette discipline médicale aussi fascinante que rebutante. Celle aussi de nous faire partager sa crainte concernant la prescription à outrance et banalisée de médicaments psychotropes, et la dérive toujours possible vers un outil de répression et de contrôle des déviants de nos sociétés. Ce livre m'a ramenée vers les folles années où j'ai exercé à l'hôpital Sainte-Anne. J'ai moi aussi distribué ces petites pilules, j'ai assisté aux séances d'électrochocs, certes sous anesthésie, j'ai participé à la mise sous camisole de contention, j'ai même aidé à décrocher un pendu, ma pire expérience, j'ai été confrontée à la folie d'êtres fascinants, terrifiants, attachants . Et un jour, j'ai démissionné... Qui sont les plus fous ? Les patients ou les soignants ? Plein d'érudition, mais grâce à la présence d'un flic passionné d'histoire médiévale, l'auteur sait nous rendre très digeste cette plongée derrière les hauts murs asilaires.
Commenter  J’apprécie          120
Michel Steiner annonce la couleur : Petites morts dans un hôpital psychiatrique de campagne est un manifeste anti-psychiatrie, post-facé par Bernard de Freminville, psychiatre dont la thèse de médecine s'intitule “La raison du plus fort. Traiter ou maltraiter les fous ?”. A la suite de ses recherches pour cette parution universitaire, il a abandonné la psychiatrie pour devenir éditeur.


L'auteur informe que si ses personnages sont nés de son imagination, tous les sévices infligés aux internés du XIXème siècle sont bien réels, historiques et documentés. Sous couvert d'un roman noir, l'auteur invente une intrigue policière aux personnages savoureux parmi lesquels un psychanalyste joueur de poker ou un flic érudit et latiniste.


Trochin, psychiatre à Prémont (Prémontré ?) est assassiné. Michel Steiner  lui a réservé, en s'amusant beaucoup, quelques-uns des sévices infligés par Charcot à ses malades : séquestré durant 5 semaines, bourré d'hormones destinées à modifier son sexe, émasculé, empoisonné au cyanure, une sorte de concentré de tous les traitements infâmes réservés aux déviants du XIXème siècle.


Dans ce polar qui est également une leçon d'histoire de la psychiatrie, Charcot en prend plein son grade : il torturait publiquement "ses hystériques " pour lutter contre leurs attaques d'orgasmes avec des prises de température vaginale, des lavements au clystère, des sangsues sur le vagin, excisions du “nerf” incriminé dans les dérèglements sexuels, blessures sur le corps volontairement infectées pour distraire l'esprit de la malade de ses propres pensées, j'en passe et des meilleures comme la pendaison, l'estrapade, ou l'origine des électrochocs. Bref, un polar pour soigner notre ignorance !
Commenter  J’apprécie          00
Je ne sais pas vraiment si policier est le bon terme pour ce livre. Je trouve le terme limitatif. Cela ne serait pas faire justice à ce roman de le décrire de cette seule façon. Certes il y a crimes et de quelle manière!

Mais ce sont des "prétextes" à présenter le coté sombre de la psychiatrie et les abus commis pendant des années. Les criminels ne sont pas toujours ceux que l'on croit. Sachant que la torture des électrochocs a été remplacée par des camisoles chimiques qui ont des conséquences qui peuvent tout aussi lourdes et douloureuses.

On a à faire à des médecins sans conscience, des sadiques, des violeurs mais aussi des médecins qui préfèrent ne rien voir et recevoir des chèques de l'industrie. C'est érudit avec des liens avec la religion (l'inquisition, bulle papale), peut être un peu trop étalage de culture avec un coté gore qui peut déranger.

C'est un livre intéressant, drôle à certains moments. L'interaction avec le psy / joueur de poker et le commissaire est prenante.

Par contre le rôle de Geneviève est peu crédible. Et puis était-ce indispensable de faire de tous les psys présents des obsédés sexuels ou coureur de jupon?

Bref ce n'est pas un livre indispensable mais qui ne manque pas d'intérêt.
Commenter  J’apprécie          20
Je cherchais ce livre depuis longtemps, allez savoir pourquoi.
Bon voilà je l'ai lu, de la première à la dernière page, sans rien omettre, mais sans aucun plaisir ( ce serait le comble, vu les horreurs décrites dans ces pages).
On apprend dans les dernières pages que les faits sont tirés de choses ayant réellement existé. Ce qui est vrai, sans aucun doute et c'est terrifiant!
Mais le style ne m'a vraiment pas plu.
Les échanges entre le policier chargé d'une enquête plus que perturbante et du psychanalyste mêlé à l'affaire sont brutaux, vulgaires...
Non je n'ai pas aimé ce livre ni ce qu'il contient.

Commenter  J’apprécie          50

Citations et extraits (3) Ajouter une citation
L'hôpital était en rase campagne, à quelques kilomètres au nord de Prémont, sur la gauche de la nationale qui conduit droit aux betteravières de la Somme. Au bout d'une petite route que les Ponts-et-Chaussées avaient décrétée sans issue, se dressait une muraille monumentale, l'enclos centenaire des jours sans fin de milliers de tourmentés et d'exclus. Avec l'arrivée des neuroleptiques, dans les années cinquante, fini les déserteurs, plus de cris de révolte ni de colère, les camisoles devinrent chimiques et, dès lors, l'imposant mur de pierres ne fut plus que le paquet-souvenir délimitant les cent hectares de l'ère nouvelle.
Commenter  J’apprécie          80
Qui, en France s'intéresse aujourd'hui au sort réservé aux dizaines de milliers d'internés? Les années soixante-dix datent, si je puis dire, et l'anti-psychiatrie n'est plus qu'un mot mis au rencart dans un lexique, qui, d'ici quelques décennies, ne sera plus consultable que dans la dernière bibliothèque psy fréquentable : la décharge dans laquelle les neurosciences vident leur poubelle.
Commenter  J’apprécie          50
- Regarde cette calligraphie ! Elle est superbe, elle sent la communale d'avant-guerre, la robe-tablier, les lignes et les coups de règle sur les doigts. Tu vois quelqu'un de la génération du stylo bille ou du feutre écrire comme ça ?
Commenter  J’apprécie          00

autres livres classés : romans policiers et polarsVoir plus
Les plus populaires : Polar et thriller Voir plus


Lecteurs (58) Voir plus



Quiz Voir plus

Freud et les autres...

Combien y a-t-il de leçons sur la psychanalyse selon Freud ?

3
4
5
6

10 questions
433 lecteurs ont répondu
Thèmes : psychologie , psychanalyse , sciences humainesCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..